Prends possession de ce corps, de ce cerveau...
Cela faisait des mois que je n'avais plus fait de japa en marchant... et ce matin, cela m'a repris pendant environ 30/45 minutes. Un point amusant, je mesure 1 m 68 et à la fin, il y avait dans la conscience par endroit l'impression de mesurer 1 m 90 ou 2 m 10. Sans doute qu'une partie de ma conscience a été attirée, aspirée là-haut, bien au-dessus de la tête.
Mon japa de ce matin s'est limité à ces prières de la conscience des cellules qui évoquent "prends possession". Les voici :
Prières de la conscience des cellules
(les étapes du japa de Mère) 1958-1959
Le japa commence une affirmation très forte :
Et le corps dit au Seigneur Suprême :
«Ce que Tu veux que je sois, je le serai,
ce que Tu veux que je sache, je le saurai,
ce que Tu veux que je fasse, je le ferai.»
Et voici les extraits avec lesquels j'ai "travaillé" ce matin :
OM
OM, Seigneur Suprême
Prends possession de ce corps
Manifeste-Toi en lui.
🌸
Seigneur, Dieu de bonté et de miséricorde,
Seigneur, Dieu d’unité souveraine,
Seigneur, Dieu de beauté et d’harmonie,
Seigneur, Dieu de puissance et de réalisation,
Seigneur, Dieu d’amour et de compassion,
Seigneur, Dieu de silence et de contemplation,
Seigneur, Dieu de lumière et de connaissance,
Seigneur, Dieu de vie et d’immortalité.
Seigneur, Dieu de jeunesse et de progrès,
Seigneur, Dieu d’abondance et de plénitude,
Seigneur, Dieu de force et de santé,
Seigneur, Dieu de paix et d’immensité,
Seigneur, Dieu de pouvoir et d’invincibilité,
Seigneur, Dieu de la Vérité victorieuse.
Prends possession de ce corps,
Manifeste-toi en lui.
Je me suis demandé ce qu'il se passerait pour nous si nous faisions l'expérience de ces mots : sa bonté, sa miséricorde, son unité souveraine, sa puissance, sa réalisation... que tous ces mots deviennent concrets, vécus, vivants, incarnés, perçus, dans notre mental, dans notre vital, dans notre physique...
Ma concentration était de trouver comment établir la jonction entre ma conscience et ces états vibratoire représentés par ces mots, de trouver l'attitude juste qui permette d'expérimenter. En fait, j'essayais d'être aussi tranquille, transparent, impersonnel que possible...
Je note ici que Sraddhalu est réservé sur la pratique du mantra et du japa car cela peut amener beaucoup d'excitation dans notre nature alors que notre base doit être la paix. Je vois ce qu'il veut dire et j'ai connu ces états où le mental mouline les mots sans arrêts en essayant de forcer les choses, d'attirer à lui des expériences. Mais ce n'est pas rédhibitoire, nous pouvons apprendre de nos erreurs et maintenant, les mots ne me semblent plus incompatibles avec le silence parce que les mots semblent prononcés à partir du cœur et le mental reste aussi tranquille et silencieux que possible, observateur.
Et puis le rythme des mots prononcés peut être très tranquille, comme si nous voulions savourer chaque phrase.
Une dernière remarque à propos de cette phrase Seigneur, Dieu de beauté et d’harmonie. La Mère a évoqué à plusieurs reprises dans l'Agenda les effets extraordinaires de la vibration d'ordre et d'harmonie – aussi, j'ai pris l'habitude de dire Seigneur, Dieu de beauté, d'ordre et d’harmonie.
Le japa continue avec cette prière...
OM, Seigneur Suprême
Prends possession de ces cellules
Prends possession de ce cerveau
Prends possession de ces nerfs
Prends possession de ce corps
Prends possession de cette matière
Prends possession de ces atomes
OM, Seigneur Suprême
Manifeste Ta Splendeur
... que je n'ai jamais utilisé car je passe directement à celle-ci :
OM
Om, Seigneur Suprême, Dieu de bonté et de miséricorde,
Om, Seigneur Suprême, Dieu d’amour et de compassion,
Om, Seigneur Suprême, prends possession de ces cellules,
Om, Seigneur Suprême, prends possession de ce cerveau,
Om, Seigneur Suprême, prends possession de ces nerfs,
Om, Seigneur Suprême, prends possession de cette pensée,
Om, Seigneur Suprême, prends possession de cette parole,
Om, Seigneur Suprême, prends possession de cette action,
Om, Seigneur Suprême, prends possession de ce corps,
Om, Seigneur Suprême, prends possession de ce cœur,
Om, Seigneur Suprême, prends possession de cette matière,
Om, Seigneur Suprême, prends possession de ces atomes,
Om, Seigneur Suprême, prends possession du subconscient,
Om, Seigneur Suprême, prends possession de l’inconscient.
Om, namo, bhagavaté
Arrivé à ce stade j'aime souvent improviser quelque chose selon mon inspiration. Souvent, cela tourne autour de mes quelques connaissances en médecine chinoise et je prie pour que le Seigneur suprême prenne possession, de mes organes : de mon cœur, de mes reins, de ma rate-pancréas, de mon foie, de mes poumons.
Les organes en médecine chinoise sont associés à des états psychiques, émotionnels et la Mère a évoqué la transformation des organes, qui doivent devenir des centres de force. C'est pourquoi je trouve qu'il est important de "méditer" sur nos organes, d'y appeler la Force, la Conscience...
Parfois l'inspiration de ma prière se focalise sur le sang, sur la colonne vertébrale et le squelette ou sut sur tel ou tel système de notre biologie, voir sur le mental intellectuel, le mental émotionnel, le mental sensoriel ou les différents centres énergétiques.
Voyons maintenant quelques extraits de l'Agenda.
Agenda du 18 juillet 1962
Cette conscience du corps a une volonté ; constamment-constamment elle fait appel à la volonté du Seigneur : « Seigneur, prends possession de ceci, prends possession de cela, prends...» (il n'est pas question de prendre possession de la volonté parce que c'est fait depuis très longtemps), mais : « Prends possession de ces cellules-ci, ces cellules-là, de ceci, de cela... » C'est l'aspiration DU CORPS. Et alors le coup n'était pas venu de ça, ce n'était pas cette volonté qui agit dans le corps qui avait produit ça : cela venait de quelque chose qui n'était pas « ça » directement, quelque chose qui avait passé par une inconscience, et alors il a tout simplement effacé, comme absorbé, digéré cet élément d'inconscience – et ça a complètement disparu !
Si nous pouvions éviter cette aspiration DU CORPS, un grand pas serait fait. Ces prières peuvent être un moyen parmi d'autres. Voyons l'extrait suivant...
🌸
Agenda du 16 septembre 1958
J’ai eu un mantra en français avant de venir à Pondichéry, c’était : «Dieu de bonté et de miséricorde»... On ne comprend pas ce que cela veut dire – c’est tout un programme, un programme universel. Ce mantra, je le répète depuis le commencement du siècle ; c’était le mantra de l’ascension, de la réalisation. A présent, ça ne vient plus de la même façon, ça vient plutôt comme un souvenir. Et c’était exprès, n’est-ce pas : je disais toujours «Dieu de bonté et de miséricorde», parce que je comprenais déjà, à ce moment-là, que tout est le Divin et que le Divin est en toute chose, et que c’est seulement nous qui faisons une distinction entre ce qui est Divin et ce qui ne l’est pas.
Je suis absolument certain que jamais nous n'aurions imaginé que cette phrase pouvait avoir un quelconque rapport avec l'ascension de la conscience et la réalisation. Avec des mots comme bonté et miséricorde on a naturellement tendance à imaginer tout à fait autre chose. C'est très intéressant. Voyons la suite :
Mon expérience est que, individuellement, on est en relation avec l’aspect du Divin, non pas nécessairement le plus conforme à notre nature, mais qui est le plus nécessaire pour notre développement, ou le plus nécessaire pour notre action. Pour moi, c’était toujours une question d’action, parce que, personnellement, individuellement, chaque aspiration du développement personnel avait sa forme propre, son expression propre, spontanée ; alors je n’employais pas de formule. Mais dans l’action, dès qu’il y avait la moindre petite difficulté, ça jaillissait. Et ce n’est que très longtemps après que j’ai remarqué que la chose se formulait d’une certaine manière – je le disais sans même savoir quelle était la formule. Et la chose venait ainsi: «Dieu de bonté et de miséricorde.» C’était comme si je voulais éliminer de l’action tout aspect qui n’était pas celui-là. Et cela a duré pendant... je ne sais pas, plus de vingt ou vingt-cinq ans de ma vie. Ça venait spontanément.
Tout dernièrement, quand le contact est devenu tout à fait physique, il y a eu une fois, comme ça, où tout le corps était dans une grande exaltation, et je me suis aperçue que, spontanément, d’autres formules s’ajoutaient à ce «Dieu de bonté et de miséricorde». Je les ai notées ce jour-là. C’était un jaillissement d’états de conscience, pas de mots.
Seigneur, Dieu de bonté et de miséricorde
Seigneur, Dieu d’unité souveraine
Seigneur, Dieu de beauté et d’harmonie
Seigneur, Dieu de puissance et de réalisation
Seigneur, Dieu d’amour et de compassion
Seigneur, Dieu du silence et de la contemplation
Seigneur, Dieu de lumière et de connaissance
Seigneur, Dieu de vie et d’immortalité
Seigneur, Dieu de jeunesse et de progrès
Seigneur, Dieu d’abondance et de plénitude
Seigneur, Dieu de force et de santé.
Les mots venaient après, ils étaient comme plaqués sur les états de conscience, greffés là-dessus. Il y a des associations qui paraissent inattendues, mais c’était l’exacte expression des états de conscience dans l’ordre où ils se succédaient. Ils venaient l’un après l’autre, comme si le contact voulait être plus complet. Et le dernier, c’était comme le triomphe. Dès que j’ai eu fini d’écrire (en écrivant, n’est-ce pas, tout cela devient assez plat), l’élan était encore vivant dedans et j’ai eu le sens d’une Vérité qui conquiert tout. Alors un dernier mantra a jailli :
Seigneur, Dieu de la Vérité victorieuse !
Comme un triomphe. Mais celui-là, je ne l’ai pas écrit, parce que je ne voulais pas gâter mon impression.
Naturellement, il ne faut pas que ces choses soient publiées. On pourra les classer dans cet «Agenda de la manifestation supra-mentale», pour plus tard. Plus tard, quand la Victoire sera remportée, on dira: «Vous voulez voir la courbe...»
Et qu’est-ce qui va venir maintenant? J’entends tout le temps le mantra sanscrit :
Aum namo Bhagavaté
c’est là, tout autour de moi ; ça prend toutes les cellules et tout de suite elles jaillissent dans une ascension. Et aussi la chose de Nârada :
Nârâyana, Nârâyana...
(c’est un Ordre du reste, ça veut dire : maintenant Tu vas faire ce que je veux), mais ça ne vient pas du cœur. Qu’est-ce que ce sera ?
Non, ça jaillira d’un seul coup comme ça, et ce sera très puissant. Il n’y a que la puissance qui puisse faire quelque chose. L’amour se perd comme dans du sable : les gens restent béats... et rien ne bouge ! Non, il faut la puissance, il faut faire comme Shiva, remuer, baratter...
Quand j’aurai ce mantra, au lieu de dire bonjour, au revoir, je dirai ça. Je dis bonjour, au revoir, ça veut dire «Bonjour, la Présence est là, la Lumière est là. Au revoir, je ne m’en vais pas, je reste là.»
Mais ce mantra, quand je l’aurai, je crois qu’il se passera quelque chose.
(silence)
C'est drôle, je n'ai jamais eu l'idée de "tester" ce mantra Nârâyana... Ensuite, Mère donne des explication sur son mantra, la chose est assez connue, passons à un autre extrait. Pourtant, cela évoque directement la Présence divine à l'intérieur et la vérité de notre être. Ce petit détour par l'Essai sur la Guîtâ s'impose :
Nârâyana est l’Âme divine toujours présente dans notre humanité, le guide, l’ami et le soutien secrets de l’être humain, le « Seigneur qui habite le cœur des créatures » de la Gîtâ. Quand en nous le rideau de ce sanctuaire intime est ouvert et que l’homme parle à Dieu face à face, qu’il entend la voix divine, qu’il reçoit la divine lumière, qu’il agit par la puissance divine, alors devient possible la montée suprême, hors de la naissance, dans l’Éternel, de l’être conscient humain incarné. Il devient capable de demeurer en Dieu et d’abandonner en Lui sa conscience propre totale, ce que la Gîtâ proclame être le meilleur et le plus profond secret des choses, uttamam rahasyam. (page 26)
En parlant de ce Yoga où action et connaissance deviennent une seille chose, du Yoga du sacrifice des œuvres accompagnées de la connaissance et où les œuvres sont accomplies dans la connaissance, où la connaissance soutient, change et éclaire les œuvres et où œuvres et connaissance sont offertes au Purushôttama, la Divinité suprême qui, en nous, se manifeste comme Nârâyana, Seigneur de tout notre être et de toute notre action, qui à jamais siège en secret dans nos cœurs et même se manifeste sous la forme humaine comme Avatâr, la naissance divine prenant possession de notre humanité. (page 201)
Il est, agit et révèle Son être ; chaque créature est Nârâyana déguisé. (page 210)
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Revenons maintenant à notre sujet avec quelques extraits autour de cette phrase très importante : Om, Seigneur Suprême, prends possession de ce cerveau.
Agenda du 18 avril 1961
Il est évident que pour pouvoir être en contact et pour manifester ce que les gens du Véda appelaient «la Vérité», eh bien, j’ai encore beaucoup-beaucoup-beaucoup de choses à changer... beaucoup.
Et pourtant, c’est un fait, je suis dans cet état où rien n’existe plus, que le Divin, le Suprême – le Suprême dans toutes les vibrations, tout ce que je fais, tout ce que je sens. Mais cela encore doit se mitiger dans ma conscience, d’une certaine façon, puisque... puisque ce n’est pas encore LA Vérité.
(long silence)
Ça fait quelque chose là-dedans (Mère touche sa tête), ça façonne, ça travaille... Tous les jours, deux fois par jour, dans ma longue évocation-invocation-aspiration (ou prière comme l’on veut), je dis au Seigneur suprême : «Prends possession de ce cerveau» (je ne veux pas dire «la pensée» : je veux dire ça, (Mère touche sa tête, cette espèce de petite substance qui est là-dedans). «Prends possession de ça !»
Une fois, la nuit, j’ai été me promener là-dedans, dans cette tête ; il y avait des cellules qui avaient encore toutes fraîches des impressions qui s’étaient inscrites dans la journée, et ces impressions n’avaient pas eu le temps d’être agglomérées dans le tout pour une raison quelconque ; alors elles paraissaient comme des petits images très claires (des toutes petites choses absolument dénuées de tout mouvement de pensée, de tout mouvement psychologique : simplement comme une petite image photographique). Il y avait comme cela trois ou quatre choses, et c’était tellement choquant dans cette Présence que quand j’ai vu cela, je me suis... tout d’un coup je me suis dit : «Est-ce que je suis en train de devenir folle !» tellement c’était choquant. Et il a fallu que j’amène une paix, une paix – pas que je fasse cesser le mouvement de prise de possession, mais que, en même temps, je l’accompagne d’une paix formidable pour que je ne dise pas : «Tu es en train de déménager», tellement c’était choquant.
Une toute-toute petite image, tout à fait comme un petit cliché photographique, clair ! Tout le reste était dans sa vibration de transformation, splendide !
Mon petit, tu sais, il faut avoir les pieds par terre, être bien solide, bien équilibré, et puis ne pas s’emballer !
En toute franchise, je ne comprends pas très bien ce que Mère veut nous dire avec ces petites images qui se forment dans sa tête. Par contre, il nous est très facile de comprendre que ce qui se passe dans le cerveau a l'air très important puisque Mère y consacre un effort persévérant : tous les jours, deux fois par jour.
Cela me rappelle un aspect de l'enseignement du zhi neng qi gong qui explique que la conscience des cellules du cerveau est très proche de la conscience originelle. Je me souviens aussi d'un professeur qui évoquait une pratique qui consistait à observer l'intérieur de sa tête. Cela rejoint aussi mon expérience personnelle qu'en méditation il y a beaucoup de sensations dans la tête.
🌸
Agenda du 15 octobre 1961
Il y a longtemps, longtemps que je demande... Quand je dis : «Seigneur, prends possession de ce cerveau», j’attendais quelque chose comme cela, mais alors je l’attendais avec la lumière supramentale (je l’ai eu partiellement et momentanément). Mais ça, c’était vraiment – je ne sais pas ce qu’il a fait de mon cerveau ! (pas mon cerveau, mais ce qu’il a fait de ma puissance mentale). À ce moment-là, probablement il l’a absorbée (je suppose, parce qu’il n’y avait pas le sentiment d’une différence). J’avais l’impression que... (je pense que ça va arriver d’ailleurs, j’ai eu une sorte d’assurance que cela arrivera) que les cellules physiques, matérielles, vont se développer et se transformer à cause de cela. Parce que maintenant que je t’en parle, je regarde et je vois (ça n’a plus cette puissance dominante, mais c’est là, et l’effet est là), et ça donne une sorte de... (ce n’est pas comparable à nos choses physiques)... c’est une sorte de chaleur. Mais ce n’est pas ça. Tiens, c’est la différence entre les deux mots anglais warmth et heat : c’est warmth, ce n’est pas heat. Et toutes les oreilles sont prises (Mère touche sa tête), tout est pris, ici, là, là – considérable ! Et cette immobilité ! Alors dès qu’on s’arrête, c’est l’immor... (Mère se reprend), c’est l’éternité.
Ça, c’est vraiment amener ÇA ici.1
1. Dans la matière.
🌸
Agenda du 12 novembre 1964
Il y a ce phénomène : dès que l'organisme physique, avec sa cristallisation et ses habitudes, est mis en présence d'une expérience nouvelle sans être prévenu soigneusement à l'avance : «Maintenant, fais attention, c'est une expérience nouvelle »! – il a peur. Il a peur, s'affole, s'inquiète. Ça dépend des gens, mais, au minimum, chez les plus courageux et ceux qui ont le plus confiance, ça crée un malaise – ça commence par une petite douleur ou par un petit malaise. Il y en a qui, immédiatement, ont peur ; alors tout est fini : l'expérience s'arrête, c'est à recommencer ; il y en a (comme ces Anglais dont je parlais ou comme Z) qui tiennent le coup et observent, attendent, et alors lentement les effets «déplaisants», pourrait-on dire, s'atténuent, s'arrêtent et se transforment en quelque chose d'autre, et l'expérience commence à prendre sa valeur ou sa couleur propre.
Ça c'est quelque chose de très important et de très concret que nous devons prendre en compte. Je ne sais pas pour les autres, mais quand je sens une Force qui travaille en moi – souvent, ce n'est pas très agréable. Alors pendant des années mon attitude la plus naturelle était d'essayer d'être dans une observation aussi indifférente et silencieuse que possible, et je me suis aperçu tout récemment que cela aidait si je prononçais intérieurement des phrases rassurantes, reste tranquille, ça va aller... Quoiqu'il en soit, c'est à chacun de trouver son propre remède a ces peurs qui surgissent quand la Force de transformation travaille...
Ces sortes de vertiges dont je t'avais parlé l'autre jour, j'ai observé (ça a continué toute la journée), et j'ai vu (vu avec la vision interne) : c'est comme le parcours – quelquefois aussi rapide qu'un éclair, quelquefois lent et très pondéré – d'une force qui part d'un point pour atteindre un autre. Cette force suit un itinéraire précis, qui n'est pas toujours le même et qui semble inclure certaines cellules sur son chemin : point de départ et point d'arrivée (Mère dessine une courbe). Si l'on n'est pas sur ses gardes, que l'on est pris par surprise, durant le trajet (plus ou moins long) on a la même sensation («on», c'est le corps), la même sensation qu'avant l'évanouissement : c'est le phénomène qui précède l'évanouissement. Mais si l'on est attentif, que l'on reste tranquille et que l'on regarde, on voit que ça part d'un point, ça arrive à un autre point, et puis c'est fini – ce que cette force devait faire a été fait, et il n'y a aucune conséquence apparente dans le reste du corps.
Je n'ai jamais vécu ces évanouissements, mais cent fois j'ai eu cette sensation que cela travaillait dans certaines lignes à l'intérieur du corps. Et je me suis souvent imaginé cette fameuse représentation des nadis.
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J'ai mentionné (pas avec autant de détails) le fait au docteur, et pas dans l'espoir qu'il saurait mais parce que (c'est amusant), quand je lui parle, il essaye de comprendre, n'est-ce pas, alors il y a le miroir de sa connaissance mentale, et dans ce miroir, je trouve quelquefois la clef! (riant) tu comprends, la clef scientifique de ce qui se passe.
En effet, c'est après lui avoir parlé (j'en avais parlé comme d'une espèce d'étourdissement) que j'ai pu percevoir d'une façon précise ces «itinéraires». Je me suis demandé si ce n'était pas la projection, sur un écran grossissant, de phénomènes qui se passent entre différentes cellules du cerveau ? parce que ces sortes d'étourdissements suivent toujours (aujourd'hui il n'y a rien du tout), ils suivent toujours un moment ou une journée d'intense aspiration à la transformation du cerveau. C'est peut-être cela...
Tu sais, il y a des accrochages là-dedans, entre toutes ces cellules du cerveau, et si ces «accrochages» sont dérangés, généralement les gens deviennent loufoques ; et cela m'a fait l'effet d'une projection grossissante afin que je puisse suivre les connexions établies entre certaines cellules du cerveau, pour que le fonctionnement ne soit plus le fonctionnement automatique semi-conscient de l'ancien état et que le cerveau devienne vraiment l'instrument de la Force supérieure.
Parce que la formule de mon aspiration est toujours : «Seigneur, prends possession de ce cerveau», et c'est toujours après cette intense aspiration que ces sortes de phénomènes se produisent. Alors c'est pour que le cerveau se prépare à être l'expression directe de la Force supérieure. Voilà ce que j'ai appris ces jours-ci.
Je n'ai jamais remarqué ces étourdissements. Par contre, assez souvent il y a des décrochages : par exemple l'attention, la concentration augmente, le travail s'intensifie et puis à un moment donné, c'est trop et cette impression de décrocher, de partir en promenade. Souvent aussi, il y a une sensation forte sur un tout petit point dans le cerveau avec simultanément un autre point qui vibre dans le corps, ou qui se met à piquer, chauffer, brûler.
Ces passages sur l'importance du cerveau sont l'occasion de partager cette image qui m'a été transmise par mon ami Mitra, saddhak de Sri Aurobindo. Elle évoque l'influence des 10 avatars la tradition indienne sur les zones du cerveau.
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Grok traduction :
Matsya avatar corresponds to the hormones that circulates in the body fluids.
L'avatar Matsya correspond aux hormones qui circulent dans les fluides corporels.
*
Krurma avatar corresponds to the portal system located un the hypophysis of the brain, witch sits in a structure called the sella turcica.
L'avatar Kurma correspond au système porte situé dans l'hypophyse du cerveau, qui repose dans une structure appelée la selle turcique.
*
Varaha avatard corresponds to the brainstem supporting the brain.
L'avatar Varaha correspond au tronc cérébral qui soutient le cerveau.
*
Narasimha avatar corresponds to the dicenphalon in the centre of the brain.
L'avatar Narasimha correspond au diencéphale au centre du cerveau.
*
Vaman avatar corresponds to the homonculus in the motor cortex.
L'avatar Vaman correspond à l'homoncule dans le cortex moteur.
*
Parashuram avatar corresponds to the amygdala, and his axe corresponds to the corpus callosum in the brain.
L'avatar Parashuram correspond à l'amygdale, et sa hache correspond au corps calleux dans le cerveau.
*
Bhagavan Ram avatar corresponds to the somato-sensory and supplementary sensory-motor cortex in the brain. The river Sarayu, which borders the city of Ayodhya, corresponds to the middle cerebral vein.
L'avatar Bhagavan Ram correspond au cortex somato-sensoriel et au cortex moteur sensoriel supplémentaire dans le cerveau. La rivière Sarayu, qui borde la ville d'Ayodhya, correspond à la veine cérébrale moyenne.
*
Bhagavan Krishna avatar corresponds to the parietal lobe and sensory cortex in the brain.
L'avatar Bhagavan Krishna correspond au lobe pariétal et au cortex sensoriel dans le cerveau.
*
Buddha avatar corresponds to the dicenphalon and brainstem areas.
L'avatar Bouddha correspond aux zones du diencéphale et du tronc cérébral.
*
Kalki avatar corresponds to the temporal loben which sits on a horse-shaped structure called the hyppocampus. The hippocampus corresponds to kalki’s horse.
L'avatar Kalki correspond au lobe temporal qui repose sur une structure en forme de cheval appelée l'hippocampe. L'hippocampe correspond au cheval de Kalki.
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Il serait utile de connaître les fonctions phsiologiques, énergétiques, psychologiques et spirituelles de ces différentes zones, mais cela dépasse très largement le champ de mes compétences.
Terminons notre tour d'horizon avec un Agenda si important que je le partage en intégralité :
Agenda du 25 mars 1964
101 – Dans la vision de Dieu, il n'y a ni près ni loin, ni présent ni passé ni futur. Ces choses ne sont qu'une perspective commode pour son tableau du monde.
102 – Pour les sens, il est toujours vrai que le soleil tourne autour de la terre ; mais c'est faux pour la raison. Pour la raison, il est toujours vrai que la terre tourne autour du soleil ; mais c'est faux pour la vision suprême. Ni la terre ni le soleil ne bougent : il y a seulement un changement dans la relation de la conscience du soleil et de la conscience de la terre.
(long silence)
Impossible, je ne peux rien dire.
Cela voudrait dire que notre perception habituelle du monde physique est une perception fausse.
Oui, naturellement.
Mais alors, à quoi ressemblerait la perception vraie...
Eh bien, oui, voilà !
... la perception vraie du monde physique – des arbres, les gens, la pierre –, à quoi ça ressemble pour un œil supramental ?
C'est justement ce que l'on ne peut pas dire ! Quand on a la vision et la conscience de l'Ordre-de-Vérité, de ce qui est direct, l'expression directe de la Vérité, on a immédiatement l'impression de quelque chose d'inexprimable, parce que tous les mots appartiennent à l'autre domaine ; toutes les images, toutes les comparaisons, toutes les expressions appartiennent à l'autre domaine.
J'ai eu cette grosse difficulté précisément (c'était le 29 février) : pendant tout le temps que je vivais dans cette conscience de la manifestation directe de la Vérité, j'ai essayé de formuler ce que je sentais, ce que je voyais – c'était impossible. Il n'y avait pas de mots. Et immédiatement, rien que la formule faisait retomber instantanément dans l'autre conscience.
(Si nous mettons cela en pratique, cela reviendrait à dire qu'il ne faut même pas essayer de formuler l'expérience. Même pas à nous-mêmes. Continuons... )
À cette occasion, le souvenir de cet aphorisme du soleil et de la terre m'était revenu... Même dire : «changement de conscience», changement de conscience, c'est encore un mouvement.
Je crois que l'on ne peut rien dire. Je ne me sens pas capable de dire, parce que tout ce que l'on dit, ce sont des approximations qui ne sont pas intéressantes.
Mais quand tu es dans cette Conscience-de-Vérité, est-ce une expérience «subjective» ou est-ce que vraiment la Matière même change d'aspect ?
Oui, tout – le monde tout entier est différent ! Tout est différent. Et l'expérience m'a convaincue d'une chose, que je continue à sentir constamment, c'est que les deux états (de Vérité et de Mensonge) sont simultanés, concomitants, et que c'est seulement... oui, ce qu'il appelle un «changement de conscience», c'est-à-dire que l'on est dans cette conscience-ci ou dans cette conscience-là, mais on ne bouge pas pour autant.
Nous sommes obligés d'employer des mots qui bougent parce que, pour nous, tout bouge, mais ce changement de conscience n'est pas un mouvement – ce n'est pas un mouvement. Et alors comment pouvons-nous parler de cela, décrire cela ?...
Même si nous disons : «Un état qui prend la place d'un autre», prendre la place de... immédiatement nous introduisons le mouvement – tous nos mots sont comme cela, qu'est-ce que nous pouvons dire ?...
Encore hier, l'expérience était tout à fait concrète et puissante : il n'est pas besoin de se déplacer ou de déplacer quoi que ce soit pour que cette Conscience-de-Vérité remplace la conscience de déformation ou de distorsion.
C'est-à-dire que la capacité de vivre et d'être cette Vibration vraie – essentielle et vraie – paraît avoir le pouvoir de substituer cette Vibration à la vibration de Mensonge et de Déformation, au point que... Par exemple, le résultat de la Déformation ou de la vibration de déformation devait être naturellement un accident ou une catastrophe, mais si, au sein de ces vibrations, il y a une conscience qui a le pouvoir de devenir consciente de la Vibration de Vérité, et par conséquent de manifester la Vibration de Vérité, ça peut – et ça doit – annuler l'autre ; ce qui se traduirait, dans le phénomène extérieur, par une intervention qui arrêterait la catastrophe.
C'est une impression qui vient grandissante, comme le Vrai est le seul moyen de changer le monde ; que tous les autres procédés de lente transformation sont toujours en tangente (on approche de plus en plus mais on n'arrive jamais), et que le dernier pas, ce doit être ça : cette substitution de la Vibration vraie.
On a des preuves partielles. Mais comme elles sont partielles, elles ne sont pas probantes ; parce que, pour la vision et la compréhension ordinaires, on peut toujours trouver des explications : dire que c'était «prévu» et «prédestiné» que l'accident avorterait, par exemple, et par conséquent que ce n'est pas du tout cette intervention qui l'a fait avorter mais le «Déterminisme» qui l'avait décidé. Et comment prouver ? Comment même se prouver à soi-même qu'il en est autrement? Ce n'est pas possible.
N'est-ce pas, dès que l'on exprime, on entre dans le mental, et dès que l'on entre dans le mental, il y a cette espèce de logique, qui est effroyable parce qu'elle est toute-puissante : si tout est déjà existant, co-existant, de toute éternité, comment peut-on changer une chose en une autre ?... Comment quoi que ce soit peut-il «changer»?
On vous dit (Sri Aurobindo vient de le dire lui-même) que, pour la conscience du Seigneur, il n'y a ni passé ni temps ni mouvement ni rien – tout est. Pour traduire, nous disons «de toute éternité», ce qui est une ânerie, mais enfin tout EST. Alors tout est (Mère se croise les bras) et puis c'est fini, il n'y a plus rien à faire ! N'est-ce pas, cette conception-là, ou plutôt cette façon de dire (parce que c'est seulement une façon de dire) annule le sens du progrès, annule l'évolution, annule... On vous dit : il fait partie de la Détermination que vous deviez faire l'effort de progrès – oui, tout ça, c'est du fatras rhétorique.
Et note que cette façon de dire, c'est une minute d'expérience, mais ce n'est PAS l'expérience totale ; il y a un moment où l'on sent comme cela, mais ce n'est pas total, c'est partiel. C'est seulement UNE façon de sentir, ce n'est pas tout. Il y a quelque chose de beaucoup plus profond et de beaucoup plus inexprimable dans la conscience éternelle que ça – beaucoup plus. Ça, c'est seulement le premier ahurissement que l'on a quand on sort de la conscience ordinaire, mais ce n'est pas tout. Ce n'est pas tout. Quand le souvenir de cet aphorisme m'est revenu ces jours-ci, j'avais l'impression que c'était seulement juste un petit aperçu que l'on a tout d'un coup et une sensation d'opposition entre les deux états, mais ce n'est pas tout – ce n'est pas tout. Il y a autre chose que cela.
Il y a autre chose, qui est tout autre chose que ce que nous comprenons, mais qui se traduit par ce que nous comprenons.
Et Ça, on ne peut pas le dire. On ne peut pas le dire parce que... c'est inexprimable – inexprimable.
Ceci revient à sentir que tout ce qui, dans notre conscience ordinaire, devient faux, mensonger, déformé, tortueux, tout est essentiellement vrai pour la Conscience-de-Vérité. Mais de quelle manière est-ce vrai ? C'est justement quelque chose qui ne peut pas se dire avec des mots, parce que les mots appartiennent au Mensonge.
C'est-à-dire que la matérialité du monde ne serait pas annulée par cette Conscience, elle serait transfigurée ?... Ou est-ce que ce serait un tout autre monde ?
(silence)
Il faudrait s'entendre... J'ai peur que ce que nous appelons «la Matière» ne soit justement l'apparence mensongère du monde.
Il y a quelque chose qui correspond, mais...
N'est-ce pas, cet aphorisme aboutirait à une subjectivité absolue, et ce serait seulement cette subjectivité absolue qui serait vraie – eh bien, ce n'est pas comme cela. Parce que c'est le «pralaya», c'est le Nirvana. Eh bien, il n'y a pas que le Nirvana, il y a une objectivité qui est réelle, qui n'est pas mensongère – mais comment le dire !... C'est une chose que j'ai sentie plusieurs fois – plusieurs fois, pas seulement en un éclair –, la réalité de... (comment s'exprimer ? on est toujours trompé par ses mots)...
Dans le parfait sens de l'Unité et dans la conscience de l'Unité, il y a place pour l'objectif, l'objectivité – l'un ne détruit pas l'autre, du tout ; on peut avoir la sensation d'une différenciation ; non pas que ce ne soit pas soi mais c'est une vision différente...
Je te l'ai dit, tout ce que l'on peut dire n'est rien, ce sont des âneries, parce que les mots sont faits pour exprimer le monde irréel, mais... Oui, c'est peut-être ce que Sri Aurobindo appelle le sens de la «Multiplicité dans l'Unité» (ça correspond peut-être un peu), de même que l'on sent la multiplicité interne de son être, quelque chose comme cela... Je n'ai plus du tout la sensation du moi séparé, plus du tout, du tout, du tout, même dans le corps, et ça ne m'empêche pas d'avoir un certain sens du rapport objectif – oui, tiens, cela revient à sa «relation de conscience entre la terre et le soleil» qui change ; (riant) c'est vrai que c'est peut-être la meilleure façon de dire ! C'est une relation de conscience. Ce n'est pas du tout la relation de soi et «d'autres» – du tout, c'est complètement annulé –, mais ça pourrait ressembler à la relation de conscience entre les différentes parties de son être. Et ça donne de l'objectivité aux différentes parties, évidemment.
(long silence)
Pour en revenir à cet exemple très facilement compréhensible de l'accident qui avorte, on peut très bien concevoir que l'intervention de la Conscience-de-Vérité était décidée «de toute éternité» et qu'il n'y a aucun élément «nouveau», mais ça n'empêche pas que c'est cette intervention qui a arrêté l'accident (ce qui donne une image exacte du pouvoir de cette conscience vraie sur l'autre). Si l'on projette sa manière d'être sur le Suprême, on peut concevoir qu'il s'amuse à faire beaucoup d'expériences pour voir comment ça joue (c'est autre chose, cela n'empêche pas qu'il y ait une Toute-Conscience qui sache de toute éternité toutes choses – tout cela avec des mots absolument inadéquats), mais ça n'empêche pas que quand on regarde le procédé, c'est cette intervention qui a pu faire avorter l'accident : la substitution d'une conscience vraie à une conscience mensongère a arrêté le processus de la conscience mensongère.
Et ça me paraît se passer assez souvent – beaucoup plus souvent qu'on ne le croit. Par exemple, chaque fois qu'une maladie est guérie, chaque fois qu'un accident est évité, chaque fois qu'une catastrophe, même terrestre, est évitée, tout cela, c'est toujours l'intervention de la Vibration d'Harmonie dans la vibration de Désordre, qui permet que le Désordre cesse.
Alors les gens, les fidèles qui disent toujours : «Par la Grâce divine, ceci est arrivé», ce n'est pas si faux.
Je constate seulement un fait, que c'est cette Vibration d'Ordre et d'Harmonie qui est intervenue (les raisons de son intervention n'ont rien à voir, c'est seulement une constatation scientifique), et ça, j'en ai eu un assez grand nombre d'expériences.
Ce serait le processus de transformation du monde ?
Oui.
Une incarnation de plus en plus constante de cette Vibration d'Ordre.
C'est cela, oui, exactement. Exactement.
Notre monde apparemment ne va pas trop bien. Et avec notre bonne volonté nous voudrions que les choses aillent mieux, que les gens souffrent moins... etc. Alors nous inventons toutes sortes de remèdes économiques, politiques, juridiques et une intense réflexion animent le monde sur ce que nous devrions faire pour arranger les choses. Mais toujours nous n'envisageons que des solutions extérieures et jamais il ne nous viendrait à l'idée de nous tourner vers une Vibration d'Ordre et d'Harmonie...
Sri Aurobindo et la Mère ont passé leur vie entière à chercher les solutions à la transformation du monde, ils ont remué le problème dans tous les sens... et leurs découvertes aux vrais mécanismes des choses, ce sont les vrais leviers de notre transformation individuelle et collective. Voyons la fin de cet Agenda :
Et même à ce point de vue, j'ai vu... N'est-ce pas, l'idée ordinaire que c'est nécessairement dans le corps où la Conscience s'exprime d'une façon plus constante que le phénomène [de transformation] doit se produire en premier, cela paraît tout à fait inutile et secondaire ; au contraire, ça se produit partout en même temps où ça peut se produire le plus facilement et le plus totalement, et ce n'est pas nécessairement cet agglomérat de cellules (Mère désigne son propre corps) qui est le plus prêt à cette opération. Par conséquent, il peut rester pendant très longtemps apparemment ce qu'il est, même si sa compréhension et sa réceptivité sont particulières. Je veux dire que la conscience (au sens de awareness), la perception consciente de ce corps est infiniment supérieure à celle que peuvent avoir tous ceux avec lesquels il est mis en rapport, excepté à des minutes – des minutes – où d'autres corps ont, comme une grâce, la Perception ; tandis que pour lui, c'est un état naturel et constant ; c'est le résultat effectif du fait que cette Conscience-de-Vérité est plus constamment concentrée sur cet ensemble de cellules que sur les autres – plus directement ; mais le remplacement d'une vibration par l'autre dans le fait, dans l'action, dans l'objet, ça vient à l'endroit où c'est le plus frappant et le plus efficace au point de vue des résultats.
Je ne sais pas si je peux arriver à me faire comprendre, mais c'est une chose que j'ai sentie d'une façon très-très claire, et que l'on ne peut pas sentir tant que l'ego physique est là parce que l'ego physique a le sens de son importance, et ça disparaît tout à fait avec l'ego physique; quand il disparaît, on a la perception exacte que l'intervention ou la manifestation de la Vibration vraie ne dépend pas des ego ni des individualités (individualités humaines ou individualités nationales, ou même individualités de la Nature : animaux, plantes, etc.), ça dépend d'un certain jeu des cellules et de la Matière où il y a des agglomérations qui sont particulièrement favorables pour produire la transformation – pas «transformation» : la substitution, pour être exact, la substitution de la Vibration de Vérité à la vibration de Mensonge.
Et le phénomène peut être très indépendant des groupements et des individualisations (ce peut être un morceau ici, un morceau là, une chose là, une chose là) ; et ça correspond toujours à une certaine qualité de vibration qui produit comme un gonflement – un gonflement réceptif –, alors là, la chose peut se produire.
Malheureusement, je le disais au début, tous les mots appartiennent au monde de l'apparence.
(silence)
Et c'est mon expérience de tous ces temps-ci, avec une vision et une conviction, la conviction d'une expérience : les deux vibrations sont comme cela (geste concomitant indiquant une superposition et une infiltration), tout le temps – tout le temps, tout le temps.
Peut-être que l'émerveillement vient quand la quantité infiltrée est suffisamment grande pour être perceptible. Mais j'ai l'impression – et une impression très aiguë – que c'est un phénomène qui se produit tout le temps, tout le temps, partout, d'une façon minuscule (geste d'infiltration en pointillement), infinitésimale ; et que dans certaines circonstances, conditions, qui sont visibles – visibles pour cette vision-là (c'est une sorte de gonflement lumineux, je ne peux pas expliquer) –, là, la masse de l'infiltration est suffisante pour donner l'impression du miracle ; mais autrement, c'est quelque chose qui se produit tout le temps, tout le temps, tout le temps, sans arrêt, dans le monde (même geste de pointillement), comme une quantité infinitésimale de Mensonge remplacée par la Lumière... Mensonge remplacé par la Lumière... constamment.
Et cette Vibration (que je sens et que je vois) donne l'impression d'un feu. C'est cela que les rishis védiques devaient traduire par cette «Flamme» – dans la conscience humaine, dans l'homme, dans la Matière. Ils parlaient toujours d'une « Flamme ».1 C'est en effet une vibration de l'intensité d'un feu supérieur.
1. Agni
Même le corps à senti plusieurs fois, quand le Travail était très concentré, ou condensé, que c'est l'équivalent d'une fièvre.
Il y a deux ou trois nuits, quelque chose comme cela s'est passé : au milieu de la nuit, de bonne heure le matin, il y a eu cette descente de Force, descente de cette Puissance-de-Vérité; et cette fois-ci, c'était partout (c'est toujours partout), mais avec une concentration spéciale dans le cerveau – pas dans ce cerveau-ci : dans LE cerveau.2 Et c'était tellement-tellement-tellement fort ! la tête avait l'impression d'éclater – oui, que tout allait éclater – et que j'ai dû rester pendant à peu près deux heures simplement à appeler l'élargissement de la Paix du Seigneur : «Seigneur, Ton élargissement et Ta paix», comme cela, dans ces cellules. Et la conscience (qui est toujours consciente, n'est-ce pas : geste en haut) que cette descente, dans un cerveau non-préparé, c'est assez pour rendre complètement fou ou absolument abruti (en mettant les choses au mieux), autrement on éclate.
Et cette expérience-là, comme l’autre,3 n'est pas partie.
2. Peut-être faut-il souligner à nouveau que les expériences de Mère ne sont pas des expériences individuelles, mais de la conscience terrestre.
3. Expérience de l'Ananda du progrès dans la vie (conversation du 7 mars).
C'est partout, n'est-ce pas.
Et j'ai vu (justement, je voulais voir et j'ai vu) que l'autre expérience était toujours là, mais qu'elle commençait à être presque habituelle, presque naturelle, tandis que celle-là, c'était nouveau ; c'était le résultat de mon ancienne prière : «Seigneur, prends possession de ce cerveau.»
Eh bien, c'est ce qui se passe – qui se passe partout, tout le temps. Alors si c'est dans un agglomérat assez considérable, ça donne l'apparence d'un miracle4 – mais c'est le miracle de la terre tout entière.
4. Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser à ce qui allait se produire en 1968, en France.
Et il faut tenir bon, parce que ça a des conséquences : ça amène une sensation de Pouvoir, et très peu de gens peuvent le sentir, l'éprouver, sans être plus ou moins dérangés dans leur équilibre, parce qu'ils n'ont pas une base de paix suffisante – de paix vaste et très-très-très tranquille. Partout, même à l'École ici, les enfants sont dans un état d'effervescence (on m'a fait savoir que les enfants les plus sages, généralement les plus réguliers, étaient devenus comme cela), j'ai dit : «Il n'y a qu'une réponse, une seule réponse : il faut être tranquille-tranquille, et encore plus tranquille, et de plus en plus tranquille; et ne pas essayer avec votre tête de trouver une solution parce qu'elle ne peut pas. Il faut seulement être tranquille – tranquille-tranquille, immuablement tranquille. Le calme et la paix, le calme et la paix... Et c'est la seule réponse.»
Je ne dis pas que ce soit la guérison, mais c'est la seule réponse : durer dans le calme et la paix, durer dans le calme et la paix...
Alors il se passera quelque chose.
(Alors on comprend pourquoi Sri Aurobindo insiste tant sur le fait d'établir toute notre nature sur une fondation de calme, de paix, d'équanimité, d'égalité.)
(silence)
Mais cette expérience (c'est entre nous), c'était une expérience que je n'ai jamais eue de ma vie ; toujours, j'avais l'impression d'une espèce de contrôle sur ce qui se passait dans le cerveau, et que toujours, je pouvais répondre par le «blanc», n'est-ce pas, le blanc calme, immobile – le blanc immobile. Cette fois-ci (riant). ce n'est pas cela ! Et c'était devenu tellement formidable que même le mantra (les mots du mantra) passaient comme des boulets de canon ! (riant) tout avait l'allure d'une mitraille effrayante !
Il n'y avait que ça à faire : je suis restée tout à fait immobile à appeler – appeler la Paix et le Calme du Seigneur, cette Paix qui s'élargit indéfiniment. L'Infini de la Paix du Seigneur.
Alors il y a eu la possibilité de supporter la Vibration.
Maintenant, ce qu'elle fait, son travail ? – Ce n'est pas notre affaire, c'est la Sienne. Nous ne pouvons pas comprendre. Mais qu'elle est à l'œuvre, c'est entendu.
Mais certainement, s'il y avait eu un docteur à ce moment-là, qui avait pris la température, il devait y avoir une fièvre formidable – mais rien qui ressemble le moins du monde à une «maladie» ! Non, c'était miraculeusement merveilleux, c'était quelque chose qui donnait l'impression que... la terre ne connaissait pas ça.
Ça se traduit toujours ainsi : la terre ne connaissait pas ça, c'est nouveau. C'est nouveau pour la terre. Et c'est pour cela que c'est difficile à supporter ! parce que c'est nouveau.
Encore maintenant (Mère touche son crâne), c'est comme si tout ça était gonflé, et avec une vibration dedans (geste trépidant) comme si la tête était deux fois plus grosse qu'avant.