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Dans la foulée de l'article précédent suivons notre fil d'Ariane...

Agenda du 19 mai 1965

(Peu après, Sujata demande à Mère la permission de consulter un oculiste :)

C'est simplement pour ajuster des verres ?

Examiner aussi.

Examiner ? Mon petit, tu vois dix personnes, ces dix personnes te diront dix choses différentes ! L'instabilité du diagnostic est pour moi une chose tout à fait certaine. Parce qu'il n'y a pas deux cas pareils – il y a des analogies, il peut même y avoir des familles de cas, mais il n'y a pas deux cas pareils ; par conséquent, en chacun, il y a des variations ; et à moins que le monsieur ne soit très intuitif, il commence à raisonner, et alors il est sûr de se tromper, ou de dire des «vagueries» comme : «Vous êtes myope» ou «Vous êtes presbyte» (!) C'est au point qu'il n'y a pas deux cas de cataracte pareils – il y a des symptômes qui se répètent et qui sont très analogues, d'une analogie très proche, mais il n'y a pas deux cas pareils. Et ceux qui sont vraiment sincères vous le disent, mais il n'y en a pas un sur mille (!) Et ils vous font de grands discours – avec autorité, ils vous annoncent quelque chose qu'ils ne savent pas.

(À Satprem :) Ton frère ne serait pas content s'il m'entendait !

Si !

Il serait content, n'est-ce pas. Ton frère est un homme sincère.

J'ai connu un ou deux docteurs sincères, et ils m'ont avoué tout à fait nettement que c'était comme cela. Je leur ai dit : «Au point de vue spirituel, il ne peut pas y avoir deux cas pareils. La Nature ne se répète jamais – il y a des familles, il y a des analogies, il y a des similitudes, mais il n'y a pas deux cas pareils ; et par conséquent, vous savez très bien que vous ne savez pas. L'immense complication des possibilités de la réalité physique, quand vous voulez l'étudier sur son plan, est telle qu'à moins d'avoir une perception directe et intime, vous ne pouvez pas savoir ce qui arrivera.»

Maintenant que le corps sait un peu, quand il y a quelque chose qui ne va pas, qui se détraque pour une raison ou une autre (ce peut être une raison de transformation, ce peut être une raison d'attaques – il y a d'innombrables raisons), mes cellules commencent à dire : «Non ! pas de docteur, pas de docteur, pas de docteur !...» Elles sentent que ça va cristalliser le désordre, le durcir et enlever la plasticité nécessaire pour répondre aux forces profondes ; et alors le désordre suivra un cours extérieur, matériel... qui n'en finit plus – je n'ai pas le temps d'attendre.

Je ne dis jamais cela aux gens qui me demandent, jamais ; je leur dis toujours : «Allez voir le docteur et faites ce qu'il vous dit», parce que, à moins que le corps lui-même (certaines personnes ont cela, mais il n'y en a pas beaucoup, très peu), à moins que le corps lui-même ne dise : «Non-non-non ! je ne veux pas», alors il est prêt ; mais si le corps est là à vous dire : «Peut-être que le docteur me tirera d'embarras, peut-être qu'il trouvera...» – Allez-y, allez-y ! faites ce qu'il vous dit.

Il faut que les cellules commencent à sentir que c'est un danger d'arrêt dans le progrès, de remise en contact avec la vieille-histoire-qui-n'en-finit-plus : «Si cette histoire vous amuse, nous allons la recommencer.» Eh bien, ça ne les amuse plus, elles n'ont pas envie de la recommencer.

(À Sujata :) Mais c'est autre chose, si tu as un docteur gentil, de bonne volonté, très patient, qui ait une grande expérience des verres et qui en ait une magnifique collection (!), si tu vas le voir et qu'il s'en donne la peine, il pourra t'aider. Mais un monsieur qui du haut de sa prétendue science va te dire : «Tu as ceci et cela et cette déformation...»

(Sujata :) Je crois qu'il n'y a aucune déformation, rien, c'est plutôt à l'intérieur, comme si les canaux n'étaient pas propres, alors la vue ne traverse pas.

(Mère rit) Ce n'est pas très scientifique ce que tu dis !

(Satprem :) Ses sinus sont en mauvais état.

Alors, n'est-ce pas, il y a le Monsieur chirurgien qui dira : «On va opérer», (riant) et il y a le Monsieur qui n'est pas chirurgien qui voudra faire des injections... Non, pour t'aider à lire ou à travailler, tu peux choisir des verres ; et puis, mon remède à moi, c'est de te mettre très tranquille – très tranquille –, avec les coudes sur une table et les yeux dans les paumes, puis, à ce moment-là, si tu peux dans ton cœur avoir une aspiration et que tu dises au Seigneur: «Seigneur, prends possession de Ton domaine, entre dans Ton royaume ici, fais un petit nettoyage», comme cela... Même en formulant la chose d'une façon tout à fait enfantine (le Seigneur n'est pas un pontife, il n'aime pas les cérémonies : il aime la sincérité), là, comme ça (geste du cœur), quelque chose qui dit : «Oh ! oh !...», qui vraiment veut – c'est tout. Lui dire comme cela : «Viens ici, viens, entre dans mes yeux, viens-viens-viens, regarde avec ces yeux.» C'est beaucoup plus fort que tout le reste.

Seulement, c'est très bien de prendre des verres pour t'aider dans ton travail en attendant. Mais tu n'as pas besoin d'un pontife pour cela ; tu as besoin d'un homme de bonne volonté qui sache choisir des verres...

🌸

Voilà si nous le souhaitons une merveilleuse pratique pour nous : nous tourner vers le Divin, invoquer sa présence et nous ouvrir à sa Divine influence... tout à fait concrètement, dans notre corps. Mais nous aurons à vaincre cette difficulté évoquée par Mère dans cet autre extrait :

Agenda du 10 mai 1958

C’est le corps, le corps physique qui résiste obstinément chez un nombre considérable de gens.

C’est beaucoup plus difficile pour les Occidentaux que pour les Indiens. La substance est comme pétrie de mensonge. Chez les Indiens, cela arrive aussi, bien entendu, mais généralement le mensonge est beaucoup plus dans le vital que dans le physique – le physique, tout de même, a servi à des corps qui ont appartenu à des êtres illuminés. La substance européenne semble pétrie de révolte ; dans la substance indienne, cette révolte est mitigée par une influence de «surrender» (soumission). Quelqu’un me parlait l’autre jour de ses correspondants et je lui disais : mais dites-leur donc de lire, d’apprendre, de suivre La Synthèse des Yoga : ça vous mène tout droit au chemin. Alors il m’a répondu : «Oh! ils disent: il n’est question que de surrender ; il n’est question que de surrender, toujours surrender...», et ils n’en veulent pas.

Ils n’en veulent pas ! Même si le mental accepte, le corps et le vital refusent ; le corps refuse, et il refuse avec une obstination de pierre.

N’est-ce pas par inconscience ?

Non, dès qu’il est conscient, il est conscient de son propre mensonge ! Il est conscient de cette loi-ci, de cette loi-là, de cette troisième loi, de cette quatrième loi, cette dixième loi – tout est «des lois». «Nous sommes soumis à la loi physique : cela produira tel résultat, et si vous faites ça, il se produira ceci, etc.» Non ! ça sue par tous les pores ! je le sais bien. Je le sais bien. Ça sue le mensonge. Dans le corps, on n’a aucune foi en la Grâce divine, aucune, aucune, aucune, aucune ! Si l’on n’a pas subi la tapasya2 comme je l’ai subie, on dit : «Oui, toutes les choses intérieures, morales, tous les sentiments, toute la psychologie, tout ça c’est très bien ; nous voulons le Divin et nous sommes prêts à nous... – mais enfin les faits matériels sont des faits matériels, ils ont leur réalité concrète : une maladie est une maladie, la nourriture est la nourriture, et la conséquence de tout ce que l’on fait est une conséquence, et quand on est...» – bah, bah, bah, bah, bah !

Il faut comprendre que ce n’est pas vrai – que ce n’est pas vrai, que c’est un mensonge, que tout cela n’est qu’un mensonge. Ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai !

Si nous acceptions le Suprême au-dedans de notre corps, si l’on avait l’expérience que j’ai eue il y a quelques jours: c’est la suprême Connaissance en action, avec la suppression totale de toutes les conséquences, passées et futures. Chaque seconde a son éternité et sa loi propre qui est une loi d’absolue vérité.

2. Tapasya : discipline yoguique ou ascèse.

3. L’expérience du 1er mai 1958.

Agenda du 1er mai 1958

J’ai en ce moment, l’une après l’autre, toutes les expériences qu’il est possible d’avoir dans le corps. Hier et ce matin... oh ! ce matin :

Je voyais là (centre du cœur), le Maître du Yoga ; il n’était pas différent de moi mais quand même je le voyais, c’était même comme un peu coloré. Eh bien, il fait tout, il décide tout, il organise tout, avec une précision presque mathématique, et dans les plus petits détails – tout.

Faire la Volonté divine – il y a longtemps que je fais la sâdhanâ et je peux dire qu’il n’y a pas eu un jour que je ne fasse la Volonté divine. Eh bien, je ne savais pas ce que c’était ! Je vivais dans tous les domaines intérieurs, depuis le physique subtil jusqu’aux régions les plus hautes, mais je ne savais pas ce que c’était... J’étais toujours obligée d’écouter, de me référer, de prêter attention. Là, plus rien : une béatitude ! Il n’y a plus de problèmes, et tout se fait dans une telle harmonie! Même si l’on devait quitter son corps, on serait dans la béatitude. Et ça se ferait le mieux du monde.

C’est seulement maintenant que je commence à comprendre ce que Sri Aurobindo a écrit dans La Synthèse des Yoga ! Et le mental humain, le mental physique apparaît tellement stupide, tellement stupide !

🌸

Voilà, si nous pouvions trouver comment corriger ces défauts évoqués par Mère et avoir foi en l'action de la grâce divine dans notre corps, avoir foi en l'action du Maître du yoga présent dans notre cœur, la plupart de nos difficultés seraient sans doute résolues. Voyons un dernier extrait :  

🌸

Agenda du 20 décembre 1967

N'est-ce pas, je prends les choses les plus simples et les plus concrètes comme, par exemple, de se laver les dents ; c'est extrêmement flexible et les choses se font, pas par habitude mais par une sorte de choix basé sur une expérience personnelle et une routine pour qu'il n'y ait pas la nécessité d'une concentration spéciale (la vraie raison d'être de la routine, c'est pour éviter la nécessité d'une concentration spéciale : ça peut se faire presque automatiquement).

Mais cet automatisme est très flexible, très plastique, parce que suivant, justement, l'intensité de la concentration, le temps varie – le temps varie : on peut (en regardant la montre avant et après on se rend compte), on peut diminuer certainement de plus de la moitié, et les choses sont faites exactement de la même manière.

C'est cela : on ne supprime rien, on fait de la même manière. Pour en être sûr, par exemple, on peut compter le nombre de fois que l'on brosse ou le nombre de fois que l'on rince – je prends la chose la plus banale EXPRÈS, parce que dans les autres activités, il y a une souplesse naturelle qui permet de se répandre et de se concentrer (là, ça se comprend plus facilement), mais dans les choses les plus concrètes et les plus banales, c'est comme cela aussi.

Et il n'y a pas de : «Oh ! je ne ferai pas cela aujourd'hui», ou bien : «Je néglige ça» – il n'y a rien de cela, rien du tout : tout se fait de la même façon, mais avec une sorte de concentration et d'appel constant – ça, l'appel constant est toujours là. L'appel constant qui pourrait se traduire matériellement par prononcer le mantra, mais ce n'est même pas cela : c'est le sens, le sens de l'appel, de l'aspiration – c'est surtout un appel. Appel. N'est-ce pas, quand le mental veut faire des phrases, il dit : «Seigneur, prends possession de Ton royaume.»

Je me souviens pour certaines choses, quand il y a certains désordres, quelque chose qui ne va pas (et avec la perception d'une conscience qui est devenue très aiguë, on peut voir quand ce désordre est l'origine naturelle d'une maladie, par exemple, ou de quelque chose de très grave), et avec l'appel, la concentration et la réponse... [ça se dissout].

C'est presque de la soumission, parce que c'est un don sans calcul : l'endroit qui est endommagé s'ouvre à l'Influence non pas avec l'idée d'être guéri, mais comme cela (geste comme une fleur qui s'ouvre), comme cela simplement, sans condition – ça, c'est le geste le plus puissant.

🌸

Nous avons l'opportunité, pour chacune de nos difficultés intérieures, d'apprendre à nous en remettre au Divin, à nous abandonner entre ses mains. Pour tous les problèmes, c'est la seule solution vraie, c'est le seul vrai pouvoir... 

L'attitude spontanée du Supramental vis-à-vis du Divin.

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