Vivre divinement
Pour certains, l'idée même de vivre divinement – d'une vie divine sur terre est une sinistre farce, une élucubration, un délire mystico-dingo, une foutaise new-âge... et ils ne feront sans doute aucun effort de lire, de réfléchir, de méditer sur ce qu'on pu dire et écrire Sri Aurobindo, Mère. Très bien, chacun pense ce qu'il veut ! Enfin, si l'on reste dans les apparences, parce que même ce que l'on pense, ce que l'on croît est le fruit d'une éducation, d'un conditionnement, d'une influence... J'aimerais retrouver ce passage où Sri Aurobindo explique que très peu de gens sur terre sont capables de penser par eux-mêmes, mais c'est un autre sujet, qu'il serait pourtant utile de traiter un jour.
Vivre divinement : qu'est-ce que cela veut dire ? Est-ce seulement possible ? Est-ce que nous sommes déjà posé la question ? Se poser la question, c'est peut-être déjà commencer à y répondre. Par exemple, nous pouvons être tenté de penser que vivre divinement c'est vivre avec des supers pouvoirs divins. N'ayons pas peur des erreurs qui peuvent nous venir, elles font partie de notre apprentissage. Et peut-être même que cette idée n'est pas tout à fait fausse, même s'il est des réponses plus satisfaisantes.
Nous pouvons aussi penser que vivre divinement – comme la perfection –, ce n'est pas possible en ce monde, que c'est pour l'au-delà : les religions pensent beaucoup comme cela.
Ou bien, nous pouvons penser que vivre divinement – c'est pour après : lorsque les prophéties qui annoncent une nouvelle terre seront accomplies. Ceux qui ont lu Sri Aurobindo et Mère se souviendront de ces passages qui évoquent établissement d'une vie divine sur terre, avec l'éclosion et le développement dans l'humanité d'une nouvelle conscience spirituelle qui donnera naissance à une nouvelle race, spirituelle et divine.
Mais bien avant d'atteindre, ou même de bien comprendre ces éléments très élevés, il semblerait qu'il nous soit possible de vivre divinement – dès maintenant, ou en tout cas, de nous en rapprocher. L'expression vivre divinement n'existe pas dans les 18 volumes des œuvres intégrales de la Mère et seulement à deux reprises dans L'Agenda. Ce que Mère nous nous dit dans ce premier Agenda nous offre une possibilité simple et accessible pour nous rapprocher de cet état divin. Dans le second, elle aborde la question sous l'angle des religions et cela éclaire singulièrement les articles précédents où il a été question de réagir aux propos de M. Berton.
Ensuite, je n'ai trouvé aucune trace de cette expression dans les Lettres sur le Yoga, La Synthèse des Yogas ou dans Essai sur la Guîtâ. Par contre, Sri Aurobindo a employé trois fois fois l'expression vivre divinement dans le dernier chapitre de La vie divine, et dans des paragraphes qui se suivent.
Je nous propose donc de regarder cela de plus près ; nous trouverons peut-être cela inspirant.
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Agenda du 9 janvier 1962
(Le disciple lit :)
67 – Il n'y a pas de péché dans l'homme, mais bon nombre de maladies, une grande ignorance et un mauvais usage de ses possibilités.
68 – Le sens du péché était nécessaire pour que l'homme puisse se dégoûter de ses propres imperfections. C'est le correctif que Dieu apportait à l'égoïsme. Mais l'égoïsme de l'homme déjoue les stratagèmes de Dieu, parce que l'homme s'intéresse médiocrement à ses propres péchés, tandis qu'il observe avec zèle les péchés des autres.
69 – Le péché et la vertu sont un jeu de résistance que nous jouons avec Dieu tandis qu'il fait effort pour nous tirer vers la perfection. Le sens de la vertu nous aide à chérir en secret nos péchés.
Et alors ?
Si tu as des commentaires à faire ?
Non, la chose qui demande une considération spéciale, pour moi, c'est ça : le sens de la vertu...
...nous aide à chérir en secret nos péchés.
Ça, ce n'est pas facilement accessible à la pensée humaine ordinaire.
Nous aide à chérir en secret le sens du péché...
Mais toi, tu as trouvé une question ?
Ça n'a pas un rapport immédiat. Si tu as quelque chose à dire...
Cela tourne toujours autour de la même chose, mais ici c'est présenté d'une façon très subtile.
Chérir en secret le sens du péché... Non, ce n'est pas une expérience que j'ai eue, en ce sens que je n'ai pas eu d'une façon très prononcée cet amour de la vertu.
Justement, l'une des choses dont je me suis aperçue, c'est que, toute petite, j'avais déjà cette conscience de ce que Sri Aurobindo appelle «vivre divinement», c'est-à-dire en dehors de ce sens du Bien et du Mal.
Suite de cet Agenda ci-dessous :
l'Agenda de Mere. Volume 3. 9 janvier 1962
Attention! To view this cite properly, please, enable JavaScript! How to do it Mère l'Agenda Volume 3 9 janvier 1962 (Depuis quelques jours, Mère ne se porte pas bien. Elle ne reçoit presque plu...
https://aurobindoru.auromaa.org/workings/ma/agenda_03/1962-01-09-01_f.htm
Agenda du 19 août 1967
Depuis quelque temps, il y avait des tas de questions de gens – je refusais ; tout simplement je refusais de répondre ; je disais une plaisanterie ou une autre plaisanterie : «Je ne suis pas une diseuse de bonne aventure.» Ou bien : «Cela ne me concerne pas, ce n'est pas mon affaire.» Des plaisanteries, et quelquefois je disais : «Ah ! non, qu'ils me laissent tranquille, ce sont des enfantillages.»
Et des gens qui croient qu'ils sont consacrés, par exemple un homme qui a donné au moins une dizaine de lakhs de roupies déjà (il le sait trop qu'il l'a donné, mais enfin il l'a donné !) et qui veut travailler pour en apporter davantage, mais alors ses questions...
Alors, au lieu de répondre par des boutades (ça, c'était ma dernière expérience ; ce sont comme des réponses dictées, mais ce sont des boutades), ce matin quelque chose est venu en anglais (Mère lit sa note) :
«We are not here to make our life easy and comfortable. We are here to find the Divine, to become the Divine, to manifest the Divine.
«What happens to us is the Divine's outlook, it is not our concern.
«The Divine knows better than us what is good for the progress of the world and our own (1).»
Tous viennent se plaindre, se plaindre, que celui-ci l'a volé, que sa femme ne l'aime pas, que son frère le trahit, que... Toutes les histoires imbéciles, et c'est par centaines, tu comprends, ça pleut.
1. «Nous ne sommes pas ici pour que notre vie devienne facile et confortable, nous sommes ici pour trouver le Divin, pour devenir divins, pour manifester le Divin. Ce qui nous arrive est l'affaire du Divin, ce n'est pas notre affaire. Le Divin sait mieux que nous ce qui est bon pour le progrès du monde et pour le nôtre.»
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(Peu après, à propos d'une sympathisante de l'Ashram, Mme Z, qui n'arrive pas à sortir de son christianisme 2.)
2. Par une «coïncidence» assez frappante, depuis la vision de Mère du 29 juillet («le christianisme déifie la souffrance»), tout le christianisme allait successivement tomber sur Mère : moines, monseigneurs, etc., y compris cette dame qui figurera à plusieurs reprises dans cet Agenda. Ce qui montre bien que les «visions» de Mère sont en fait des actions.
Alors, tu as vu cette dame ?
J'ai l'impression qu'il y a une possibilité de faire quelque chose... Quelle est ton impression ?
Ce matin, le christianisme aussi était parmi toutes les choses.
(silence)
N'est-ce pas, derrière toute cette évolution terrestre, c'est, plus ou moins conscient (c'est plutôt un besoin inexprimé qu'une conscience précise), le besoin de vivre le Divin – on peut le mettre aussi autrement : de vivre divinement.
Et il est évident que ce qui s'est traduit par des religions différentes, c'étaient des solutions trouvées individuellement («trouvées», peut-être partiellement vécues) et il y avait eu ici [en Inde], cette solution : pour redevenir vraiment Divin, il ne faut plus de création. C'était la solution nirvânique. Et instinctivement, l'humanité avait senti – instinctivement – que la mort était la négation du Divin. Mais comme toute négation, elle pouvait conduire, ouvrir le chemin.
La solution du christianisme, ce n'était pas tout à fait nouveau, c'était une adaptation d'une ancienne solution : une vie en d'autres mondes – ce qui s'est traduit par cette conception tout à fait enfantine du paradis. Mais ça, c'était une conception à l'usage du public : la vie en présence du Divin et uniquement occupée du Divin, alors on chantait, on... C'est touchant de simplicité.
Enfin eux, concevaient un monde (qui n'était pas un monde matériel), un monde où s'était réalisé une vie divine. Dans les anciennes traditions indiennes, il y avait eu comme cela l'indication de mondes qui étaient déjà divins – c'était comme une réaction à ce nirvânisme: si nous voulons être divins, il faut cesser d'être, ou si le Divin veut être pur, il ne faut plus qu'il se manifeste !...
Et alors tout cela, ce sont comme des tentatives, maladroites, pour trouver le moyen, et en même temps peut-être des préparations internes pour rendre capable d'entrer vraiment en rapport avec le Divin.
Puis il y a eu cette grande réaction du culte de la Matière qui a BEAUCOUP servi à la pétrir, la rendre moins inconsciente d'elle-même : ça a ramené par force la conscience dans la Matière. Alors, peut-être, tout cela a-t-il préparé suffisamment pour que le moment soit venu (geste de descente) de la Manifestation Totale.
Ce matin pendant l'expérience, le corps a senti toute la béatitude de la condition, mais il était très conscient de son inaptitude à manifester, et très conscient dans une paix si parfaite, comme cela (geste paumes ouvertes vers le haut), où il n'y avait même pas l'intensité du besoin. C'était simplement une vision de comment étaient les choses, comment était l'état.
Et alors, c'était à peu près comme cela : que les conditions terrestres sont telles, les conditions de la substance sont telles qu'une manifestation locale et momentanée, comme un exemple, n'est pas impossible, mais que la transformation qui rendrait possible la nouvelle Manifestation de l'être supramental – alors, pas seulement comme un cas isolé, mais avec sa place, son rôle dans la vie terrestre –, cela ne paraît pas être immédiat. Voilà quelle a été l'impression.
Et il n'y avait pas l'angoisse de savoir ni rien de tout cela, c'était simplement une vision très tranquille des choses, absolument dénuée presque de tout besoin : c'était comme cela (même geste paumes ouvertes), aussi paisible qu'il est possible de l'être, souriant, tranquille, avec un sens d'éternité... Tout cela, dans ce corps, qui était tout à fait, tout à fait conscient de son incapacité.
Naturellement le corps, lui, a très bien le sentiment, ni de savoir, ni de pouvoir savoir, ni de pouvoir vouloir, ni de pouvoir faire : simplement comme cela (geste paumes ouvertes), aussi paisiblement ouvert, réceptif, abandonné que possible. Et le résultat a été cela (la vision que la Manifestation n'était pas pour l'immédiat).
Et ça finit toujours de la même façon : «Ce que Tu voudras.»
Mais une vision très claire qu'une transformation collective suffisante pour créer une espèce nouvelle sur la terre, cela paraît être pour dans quelque temps encore... sans appréciation de la durée, mais pas immédiat.
Le fait est sûr.
Le fait est sûr – ce n'est pas une possibilité, c'est un FAIT. Mais ce qui se traduit dans la conscience terrestre par le temps, cela, c'était inappréciable, on ne peut pas calculer.
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Aimer à dire clairement ce que l'on dit.
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Savoir est bien,
Vivre et mieux,
Être, voila la perfection.
La Mère – Agenda du…
je ne m’en souviens plus ! 😀
Enfin, être pleinement, c’est avoir la plénitude de la joie d’être. Être, sans la joie d’être, sans une entière félicité d’être soi et toutes choses, est un état neutre ou diminué ; c’est exister, mais ce n’est pas la plénitude de l’être. Cette félicité aussi doit être intrinsèque, automatique, exister en soi ; elle ne peut dépendre de choses qui lui sont extérieures. Quel que soit son objet, elle en fait une partie d’elle-même, elle en goûte la joie comme si elle faisait partie de son universalité. Toute absence de joie, toute peine et toute souffrance sont des signes d’imperfection, d’inachèvement ; elles naissent d’une division de l’être, d’une conscience et d’une force d’être incomplètes. Réaliser cette intégralité de l’être, de la conscience, de la force, de la joie d’être, et vivre dans cette plénitude intégrale, c’est vivre divinement.
*
Mais pour être pleinement, il faut aussi être universellement. Être avec les limitations imposées par un petit ego restreint, c’est exister, mais c’est une existence imparfaite ; car la nature même de l’ego, c’est de vivre dans une conscience incomplète, une force et une joie d’être incomplètes. C’est être moins que soi-même, et cela entraîne une inévitable sujétion à l’ignorance, à la faiblesse et à la souffrance ; et même si quelque divine composition de notre nature pouvait exclure ces choses, ce serait encore vivre dans un champ limité d’existence, dans une conscience, une puissance et une joie d’être limitées. Toute l’existence est une, et être pleinement, c’est être tout ce qui est. Être dans l’être de tous et tout inclure en son être, être conscient de la conscience de tous, intégrer sa force à la force universelle, porter en soi-même toute action et toute expérience et les sentir comme sa propre action et sa propre expérience, sentir tous les moi comme son propre moi, sentir toute joie d’être comme sa propre joie d’être, telle est la condition nécessaire pour vivre une existence divine intégrale.
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Mais pour être universellement, dans la plénitude et la liberté de son universalité, on doit être aussi transcendantalement.
La plénitude spirituelle de l’être est éternité ; si l’on n’a pas conscience de l’être éternel hors du temps, si l’on dépend du corps, ou du mental et du vital incarnés, ou que l’on dépende de tel ou tel monde, de telle ou telle condition d’existence, on ne possède pas la réalité du moi, ni la plénitude de l’existence spirituelle.
Vivre seulement comme le moi du corps ou n’exister que par le corps, c’est être une créature éphémère, soumise à la mort, au désir, à la douleur et à la souffrance, à la déchéance et à la décomposition. Dépasser, transcender la conscience du corps, ne pas être enfermé dans le corps ou par le corps, ne tenir le corps que pour un instrument, une formation extérieure et mineure du moi, est la première condition pour vivre divinement.
Ne pas être un mental soumis à l’ignorance et aux limitations de la conscience, transcender le mental et le traiter comme un instrument, le maîtriser comme une formation superficielle du moi, est la seconde condition.
Être par le moi et l’esprit, ne pas dépendre de la vie, ne pas s’identifier à elle, la transcender, la maîtriser et s’en servir comme d’une expression et d’un moyen d’action du moi, est la troisième condition.
La vie corporelle elle-même ne peut posséder la plénitude de son être dans son propre domaine, si la conscience ne dépasse pas le corps et ne sent pas son unité physique avec toute l’existence matérielle ; la vie vitale, elle non plus, ne peut posséder la plénitude de son existence dans son propre domaine, si la conscience ne dépasse pas le jeu restreint d’une vitalité individuelle et ne sent pas la vie universelle comme sienne et son unité avec toute vie.
La mentalité ne peut être une existence ou une activité pleinement conscientes dans son propre domaine, à moins qu’on ne dépasse les limites mentales individuelles, que l’on ne se sente un avec le mental universel et avec le mental de tous les autres hommes, et qu’on jouisse de l’intégralité de sa conscience qui s’accomplit dans la richesse de leurs différences.
On doit transcender non seulement la formule individuelle, mais aussi la formule de l’univers, car ainsi seulement l’existence individuelle ou l’existence universelle peut trouver son être véritable et une harmonisation parfaite.
Dans leur formulation extérieure, toutes deux sont des termes incomplets de la Transcendance, mais elles sont Cela dans leur essence, et c’est seulement en devenant consciente de cette essence que la conscience individuelle et la conscience universelle peuvent parvenir à la plénitude et à la liberté de leur être véritable.
Sinon, l’individu resterait soumis au mouvement cosmique, à ses réactions et à ses limitations, et la liberté spirituelle intégrale lui échapperait. Il doit entrer dans la Réalité divine suprême, sentir son unité avec elle, vivre en elle, être sa création.
Tout son être mental, vital et physique doit être converti en les termes de la Supranature ; toutes ses pensées, tous ses sentiments, toutes ses actions doivent être déterminés par elle, être elle, formés par elle.
Tout cela ne peut s’accomplir pleinement en lui que lorsqu’il est sorti de l’Ignorance et qu’il est entré dans la Connaissance et, par la Connaissance, dans la Conscience suprême, dans son dynamisme et sa suprême félicité d’être.
Le premier changement spirituel peut déjà nous apporter l’essentiel de ces choses, et des moyens d’expression suffisants, et c’est dans la vie de la Supranature gnostique qu’elles atteindront leur sommet.
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Tout cela est impossible si l’on ne vit pas au-dedans ; si l’on reste dans une conscience extérieure toujours tournée vers le dehors, active seulement ou principalement à la surface et depuis la surface, ces choses resteront inaccessibles.
L’être individuel doit se trouver lui-même, trouver son existence véritable, et cela n’est possible qu’en allant au-dedans, en vivant intérieurement et de l’intérieur ; car la conscience extérieure ou superficielle, c’est-à-dire la vie séparée de l’esprit intérieur, est le champ de l’Ignorance ; elle ne peut se dépasser elle-même et dépasser l’Ignorance qu’en s’ouvrant à l’ampleur du moi intérieur et de la vie intérieure.
S’il existe en nous un être de la transcendance, il doit se trouver là, dans notre moi secret ; à la surface, il n’y a qu’un être éphémère de la nature, façonné par les limites et les circonstances.
S’il y a en nous un moi capable d’ampleur et d’universalité, capable d’entrer dans une conscience cosmique, lui aussi doit se trouver au-dedans, dans notre être intérieur.
La conscience extérieure est une conscience physique liée à ses limites individuelles par la triple corde du mental, de la vie et du corps ; toute tentative extérieure d’universalité ne peut avoir pour résultat qu’un agrandissement de l’ego ou un effacement de la personnalité par son extinction dans la masse ou son assujettissement à la masse. C’est seulement par une croissance intérieure, une action, un mouvement intérieurs que l’individu peut librement et effectivement universaliser et transcendantaliser son être.
Pour vivre divinement, il faut que le centre et la source immédiate de la réalisation dynamique de l’être soient transférés du dehors au dedans ; car c’est là qu’est le siège de l’âme, mais elle est voilée ou à demi voilée, et notre être immédiat, ainsi que la source de son action, sont à la surface.
Chez les hommes, dit l’Upanishad, l’Existant- en-Soi a taillé les portes de la conscience vers le dehors, mais quelques-uns tournent les yeux au-dedans, et ce sont eux qui voient et connaissent l’Esprit et qui deviennent l’être spirituel.
Ainsi, regarder en soi-même, voir et entrer en soi-même et vivre au-dedans, est la première nécessité pour parvenir à la transformation de notre nature et à la vie divine.
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Je trouve ce texte de Sri Aurobindo magnifique, sublime... et bien qu'il soit très intellectuel – c'est de la haute intellectualité – mais c'est plus que cela encore car quelque chose en moi dans le cœur est profondément touché. J'ignore si cela fait la même chose chez les autres... je trouve ce texte tellement beau !
Ainsi, pour résumer, si nous voulons nous approcher de ce vivre divinement, deux pistes s'offrent à nous. La première proposée par Mère, tout en bas, toute simple, enfin apparemment, c'est de sortir de la notion de péché... et tout à l'autre bout, tout en haut, c'est ce que nous explique d'une façon si magistrale Sri Aurobindo.
Et si certaines de ses paroles nous paraissent inaccessibles, prenons en compte le fait que d'autres sont tout à fait à notre portées : tous, nous pouvons commencer par apprendre à vivre davantage au-dedans ; tous, nous pouvons aspirer à découvrir notre âme, tous nous pouvons méditer ce que nous dit Sri Aurobindo et laisser ses paroles nous imprégner et faire leur travail en nous ; tous, nous pouvons, ne serait-ce que par la pensée, nous ouvrir à une conscience au-delà de l'espace temps ; tous, nous pouvons tourner toute notre nature (nos pensées, nos émotions, nos énergies, nos sensations) vers ce qui est Immuable et Éternel, ou vers l'Éternel lui-même...
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Puisque Mère a établie un lien entre le fait de vivre divinement et le sens du Bien et du Mal, le péché originel, il conviendrait de revenir sur cette notion de péché ; mais ce texte est déjà bien long, alors nous verrons cela dans le prochain article. Mère a dit des choses très intéressantes sur le sujet, et très belles...