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Je terminais l'article précédent en disant que si Mère avait fait le lien entre le fait de vivre divinement et le sens du Bien et du Mal, le péché originel, qu'il fallait revenir sur cette notion de péché. Je propose donc à notre réflexion ces quelques extraits trouvés dans L'Agenda et dans les œuvres intégrales de Mère.

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Sans date (juillet ?) 1958

Pour faire ce yoga, il faut avoir, au moins, un peu le sens de la beauté. Si on ne l’a pas, on manque l’un des aspects les plus importants du monde physique.

Il y a cette beauté, cette dignité d’âme – ça, c’est une chose à laquelle je suis très sensible. C’est une chose qui m’émeut et qui suscite en moi un grand respect, toujours.

Beauté d’âme ?

Oui, qui transparaît dans le visage ; cette espèce de dignité, de beauté, d’harmonie de la réalisation intégrale. Quand l’âme transparaît dans le physique, cela donne cette dignité, cette beauté, cette majesté : la majesté qui vient d’être le Tabernacle. Alors, même les choses qui n’ont pas de beauté particulière se revêtent d’un sens de beauté éternelle, de la beauté éternelle.

J’ai vu comme cela des visages passer d’un extrême à l’autre, en un éclair. Quelqu’un qui avait cette espèce de beauté, d’harmonie, de sens de la dignité divine dans le corps, puis, tout d’un coup, la perception de l’obstacle, de la difficulté, et ce sens de la faute, de l’indignité – alors la soudaine déformation dans l’apparence, une sorte de décomposition des traits ! Et pourtant, la même figure. Cela a été comme un éclair, c’était effroyable. Cette sorte de hideur du tourment, de la dégradation (c’est vraiment ce que l’on a traduit dans les religions par le «tourment du péché»), cela vous donne une figure ! Même des traits qui sont beaux en eux-mêmes deviennent effroyables. Et c’étaient les mêmes traits, la même personne.

Alors j’ai vu comme le sens du péché est horrible, à quel point il appartient au monde du mensonge.

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Agenda du 14 janvier 1963

Dès que ça vient (Mère prend un air grave), je me méfie, je me dis : «Oh! il y a quelque chose qui ne va pas ; il doit y avoir une influence, quelque chose qui est entré dans l'atmosphère et qui ne devrait pas y être.» Tous ces remords, tous ces regrets, toutes ces... oh là ! là ! le sens de l'indignité, le sens de la faute. Et puis, si nous allons un peu plus loin, le sens du péché – non, ça !... il me semble que ça appartient à un autre âge, un âge d'obscurité.

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Agenda du 19 juillet 1958

Une pêche doit mûrir sur l’arbre, c’est un fruit que l’on doit cueillir quand il y a du soleil dessus. Au moment où le soleil tombe, on arrive, on la prend et on mord dedans. Alors c’est absolument paradisiaque!

Il y a deux fruits comme cela : la pêche et les reines-claude vertes dorées. C’est la même chose, il faut aussi les prendre chaudes sur l’arbre, mordre dedans et cela vous remplit d’une saveur édénique.

Chaque fruit devrait être mangé d’une façon spéciale.

Au fond, c’est cela, le symbole du Paradis terrestre et de l’arbre de la Connaissance : en mordant au fruit de la Connaissance, on perd la spontanéité du mouvement et on commence à objectiver, à apprendre, à discuter. Alors dès qu’ils en eurent mangé, ils furent pleins de péchés.

Je dis chaque fruit devrait être mangé à sa manière. L’être qui vit selon sa nature propre, sa vérité propre, doit trouver spontanément la manière de se servir des choses. Quand on vit selon la vérité de son être, on n’a pas besoin d’apprendre les choses : on les fait spontanément, selon la loi intérieure. Quand on suit sincèrement sa nature, spontanément et sincèrement, on est divin. Dès que l’on pense et que l’on se voit faire et que l’on commence à discuter, on est plein de péchés.

C’est la conscience mentale de l’homme qui a rempli toute la Nature de l’idée de péché. Et toute la misère que cela apporte. Les animaux ne sont pas du tout malheureux à notre manière, pas du tout, du tout, excepté – comme le dit Sri Aurobindo – ceux qui sont corrompus. Ceux qui sont corrompus sont ceux qui vivent avec l’homme. Les chiens ont le sens du péché et de la faute. C’est parce que toute leur aspiration est de ressembler à l’homme, l’homme c’est le dieu; et alors, la dissimulation, le mensonge : les chiens mentent. Les hommes admirent cela, ils disent: «Oh! comme ils sont intelligents !»

Ils ont perdu leur divinité.

L’espèce humaine est vraiment, dans la spirale, à un point qui n’est pas joli.

Mais est-ce qu’un chien n’est pas plus conscient qu’un tigre, plus évolué, plus haut dans la spirale, c’est-à-dire plus près du Divin ?

Il ne s’agit pas d’être conscient. L’homme est plus évolué que le tigre, cela ne fait pas l’ombre d’un doute, mais le tigre est plus divin que l’homme. Il ne faut pas confondre les choses, ce sont deux choses tout à fait différentes.

N’est-ce pas, le Divin est partout, en tout, il ne faut jamais l’oublier – à aucune seconde, il ne faut oublier cela : il est partout, en tout ; et, d’une façon inconsciente mais spontanée et par conséquent sincère, tout ce qui est au-dessous de la manifestation mentale est divin sans mélange, c’est-à-dire spontanément, selon sa nature ; c’est l’homme avec son mental qui a introduit l’idée de faute.

Naturellement, il est beaucoup plus conscient ! Cela ne se discute pas, c’est bien entendu puisque ce que nous appelons conscience (ce que «nous» appelons, c’est-à-dire ce que l’homme appelle conscience), c’est de pouvoir objectiver et mentaliser les choses. Ce n’est pas la vraie conscience, mais c’est ce que les hommes appellent conscience.

Alors, selon le mode humain, il est bien entendu que l’homme est beaucoup plus conscient que l’animal, mais avec l’humain vient le péché et la perversion, qui n’existent pas en dehors de cet état que nous appelons «conscient», et qui n’est pas vraiment conscient, qui consiste simplement à mentaliser les choses, à avoir la capacité de les objectiver.

C’est une courbe de l’ascension, eh bien, cette courbe s’éloigne du Divin, et il faut monter beaucoup plus haut pour retrouver, alors naturellement, un Divin supérieur, puisque c’est un Divin conscient, tandis que les autres sont divins sans en être conscients, spontanément et instinctivement. Et toute notre notion morale de bien, de mal, tout cela, c’est ce que nous avons jeté sur la création avec notre conscience déformée, pervertie. C’est nous qui l’avons inventé.

Nous sommes l’intermédiaire déformant entre la pureté de l’animal et la pureté divine des dieux.

Agenda du 7 juillet 1961

68 – Le sens du péché était nécessaire pour que l’homme puisse se dégoûter de ses propres imperfections. C’est le correctif que Dieu apportait à l’égoïsme. Mais l’égoïsme de l’homme déjoue les stratagèmes de Dieu parce que l’homme s’intéresse médiocrement à ses propres péchés, tandis qu’il observe avec zèle les péchés des autres.

(Mère rit) C’est admirable !

En tout cas, voilà. Alors poser une question comme cela, c’est encore se mettre dans l’attitude de ceux qui font une distinction entre ce qui est Divin et ce qui n’est pas Divin, ou plutôt ce qui est Dieu et ce qui n’est pas Dieu. «Comment est-ce qu’il peut être faible ?...» – C’est une question que je ne peux pas poser.

Je comprends bien. Mais on parle de la Lîlâ, du jeu divin, c’est donc qu’il est, en quelque sorte, en arrière, qu’il n’est pas vraiment «dans le coup» comme on dit, qu’il n’est pas vraiment dans le jeu, qu’il peut le regarder.

Si-si, Il l’est ! Il l’est totalement. Le Jeu, c’est Lui-même.

On parle de Dieu, n’est-ce pas, mais il faudrait se souvenir qu’il y a toutes ces gradations de conscience, et quand nous parlons de Dieu et de son Jeu, nous parlons de Dieu dans son état transcendant, en dehors de tout, tous les degrés de matière, et quand nous parlons du «Jeu», nous parlons de Dieu dans son état matériel. Alors nous disons : Dieu transcendant est en train de regarder et de jouer (en Lui-même, par Lui-même, avec Lui-même) son jeu matériel.

Mais tout le langage – tout le langage ! – est un langage d’Ignorance. Toute la façon de s’exprimer, tout ce que l’on dit et la façon dont on le dit est nécessairement de l’ignorance. Et c’est pour cela qu’il est si difficile d’exprimer quelque chose qui soit concrètement vrai ; cela demanderait des explications qui, elles-mêmes, seraient pleines de fausseté (naturellement) mais enfin qui seraient extrêmement longues. C’est pour cela, quelquefois, que les phrases de Sri Aurobindo sont très longues, c’est justement quand il veut essayer de sortir de ce langage ignorant.

C’est la façon de penser qui est fausse!

[Ensuite, Mère parle de notre conception de la perfection et de la perfection divine, qui soit disant, selon la pensée ne serait pas de ce monde, mais cela nous éloignerait sensiblement de notre sujet. Ceux qui le souhaite peuvent lire ci-dessous la suite de cet Agenda.]

Agenda du 29 avril 1961

J’ai eu l’une de mes plus terribles expériences à Venise (les cathédrales sont si belles là-bas! oh! c’est si magnifique!) Je me souviens, je faisais de la peinture dans un coin (on m’avait laissée réinstaller pour peindre) et c’était près d’un... (comment appelle-t-on ça ?)... un confessionnal.

Il y avait une pauvre femme qui était misérable, oh ! avec un si affreux sens du péché, c’était si lamentable ! Et elle pleurait et elle pleurait. Puis je vois le prêtre qui arrive, oh ! c’était comme un monstre : un monstre de dureté. Il est entré là-dedans comme ça : c’était comme une barre de fer. Et alors cette pauvre femme sanglotait-sanglotait ; et la voix de l’autre, dure, sèche... J’ai eu toutes les peines à rester tranquille.

Je ne sais pour quelle raison, mais cette expérience-là, je l’ai eue si souvent, si souvent: ou une force adverse qui se cachait là derrière et qui absorbait tout, ou bien l’homme – l’homme qui abuse du Pouvoir, sans merci.Agenda sans date (juin 1958)

En fait, dans le monde entier j’ai vu comme cela. Je n’ai jamais été en très bons termes avec les religions, ni en Europe, ni en Afrique, ni au Japon, ni même ici.

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Agenda sans date (juin 1958)

On comprend très bien que la misère physique, l’inégalité de la répartition des biens de ce monde, pourrait être changée, on imagine des solutions économiques et sociales qui pourraient y remédier, mais cette misère-là, la misère mentale, la perversion vitale, c’est cela qui ne peut pas changer, qui ne veut pas changer. Et ceux qui appartiendront à cette sorte d’humanité, d’avance ils sont condamnés à la désintégration.

C’est cela, le sens du péché originel : la perversion qui a commencé avec le mental.

La partie de l’humanité, de la conscience humaine, qui est capable de s’unir au supramental et de se libérer, sera complètement transformée : elle avance vers une réalité future qui n’est pas encore exprimée dans sa forme extérieure ; la partie qui est toute proche de la simplicité animale, de la Nature, sera réabsorbée dans la Nature et étroitement assimilée. Mais cette partie corrompue de la conscience humaine, qui par son mauvais usage du mental permet la perversion, sera abolie.

Cette sorte d’humanité fait partie d’un essai infructueux – à supprimer. Comme il y a eu d’autres espèces avortées qui ont disparu au cours de l’histoire universelle.

Certains prophètes du passé ont eu cette vision apocalyptique, mais comme d’habitude les choses ont été mélangées, et ils n’ont pas eu, en même temps que leur vision de l’apocalypse, la vision du monde supramental qui viendra soulever la partie consentante de l’humanité et transformer ce monde physique.

Alors, pour donner un espoir à ceux qui sont nés là-dedans, dans cette partie pervertie de la conscience humaine, ils ont enseigné la rédemption par la foi : ceux qui ont foi en le sacrifice du Divin dans la matière seront automatiquement sauvés, dans un autre monde – la foi toute seule, sans la compréhension, sans l’intelligence.

Ils n’ont pas vu le monde supramental, ni que le grand Sacrifice du Divin dans la matière est celui de l’involution qui doit aboutir à la totale révélation du Divin dans la matière elle-même.

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Entretien de Mère du 29 avril 1951

Sri Aurobindo écrit ici   : «   Rares sont les Êtres de Lumière qui consentent ou qui sont autorisés à intervenir.   » Pourquoi ?

Il faut aller le leur demander ! Mais il y a une conclusion, les dernières phrases donnent une explication très claire. Il est dit   : «   En vérité, l’immortalité est-elle un jouet que l’on donne légèrement à un enfant, la vie divine, un prix reçu sans effort, une couronne pour l’homme débile ?   »...

Cela revient à demander pourquoi les forces adverses ont le droit d’intervenir, de vous harceler ? Mais c’est justement l’épreuve nécessaire à votre sincérité. Si le chemin était très facile, tout le monde s’embarquerait sur le chemin, et si l’on arrivait au bout sans obstacle et sans effort, tout le monde arriverait au bout, et quand on serait arrivé au bout, la situation serait la même que quand on est parti, il n’y aurait pas de changement. C’est-à-dire que le nouveau monde serait exactement ce qu’a été l’ancien. Ce n’est vraiment pas la peine !

Il faut évidemment un procédé d’élimination pour qu’il reste seulement ce qui est capable de manifester la vie nouvelle. C’est pour cela, il n’y a pas d’autre raison, c’est la meilleure des raisons.

Et, n’est-ce pas, c’est une trempe, c’est l’épreuve du feu, il n’y a que ce qui peut résister qui reste absolument pur ; quand tout est flambé, il n’y a que le petit lingot d’or pur qui reste. Et c’est comme cela.

Ce qui dérange beaucoup dans tout cela, ce sont les idées religieuses de faute, de péché, de rachat.

Mais il n’y a aucune décision arbitraire ! C’est au contraire, pour chacun, les conditions les meilleures et les plus favorables qui sont données. Nous disions l’autre jour que ce sont seulement ses amis que Dieu traite avec sévérité ; vous avez cru à une plaisanterie, mais c’est la vérité.

Ce sont seulement ceux qui sont pleins d’espoir, ceux qui passeront à travers cette flamme purificatrice, à qui les conditions sont données pour arriver au maximum de résultat.

Entretien de Mère du 3 juin 1953

Alors les conséquences du karma ne sont pas rigoureuses ?

Non, pas du tout. Les gens qui ont dit cela dans toutes les religions, qui ont donné de ces règles si absolues, moi, je crois que c’était pour se substituer à la Nature et pour tirer les ficelles. Il y a toujours cette espèce d’instinct de vouloir se substituer à la Nature et de tirer les ficelles des gens. Alors on leur dit   : «   Il y a une conséquence absolue à tout ce que vous faites.   »

C’est un concept qui est nécessaire à un moment donné de l’évolution pour empêcher les gens d’être dans un égoïsme complètement inconscient et dans une inconscience totale des conséquences de ce que l’on fait. Il ne manque pas de gens qui sont encore comme cela, je crois que c’est la majorité   : ils suivent leurs impulsions et ne se demandent même pas si ce qu’ils ont fait va avoir des conséquences pour eux et pour les autres.

Alors c’est bon que quelqu’un vous dise tout d’un coup, avec un air sévère   : «   Prenez garde, cela a des conséquences qui dureront pendant un temps très long !   » Et puis, il y a ceux qui sont venus vous dire   : «   Vous payerez cela dans une autre vie.   » Cela, c’est une de ces histoires fantastiques... Mais enfin, cela ne fait rien ; cela aussi peut être pour le bien des gens. Il y a d’autres religions qui vous disent   : «   Oh ! si vous faites ce péché-là, vous irez en enfer pour l’éternité.   » Tu vois cela d’ici !... Alors les gens ont tellement peur que cela les empêche un peu, cela leur donne juste une seconde de réflexion avant d’obéir à l’impulsion — et pas toujours ; quelquefois la réflexion vient après, un peu tard.

Ce n’est pas absolu. Ce sont encore des constructions mentales, plus ou moins sincères, qui coupent les choses en petits morceaux comme cela, bien nettement coupés, et qui vous disent   : «   Fais ça ou fais ça. Si ce n’est pas ça, ce sera ça.   » Oh ! comme c’est embêtant la vie comme cela ! Et alors les gens s’affolent, ils sont épouvantés   : «   C’est ça ou bien ça ?   » Et s’ils ont envie que ce ne soit ni ça ni ça, comment faire ?

Ils n’ont qu’à monter à l’étage supérieur. Il faut leur donner la clef pour ouvrir la porte. Il y a une porte à l’escalier, il faut une clef. La clef, c’est ce que je vous ai dit tout à l’heure, c’est l’aspiration suffisamment sincère ou la prière suffisamment intense. Et j’ai dit «   ou   » — je ne crois pas que ce soit «   ou   ». Il y a des gens qui aiment mieux l’un et il y a des gens qui aiment mieux l’autre. Mais il y a un pouvoir magique dans tous les deux ; il faut savoir s’en servir.

Il y a quelque chose de très beau dans les deux, je vous en parlerai un jour, je vous dirai ce qu’il y a dans l’aspiration et ce qu’il y a dans la prière, et pourquoi tous les deux sont beaux... Certains détestent la prière (s’ils allaient tout au fond de leur cœur, ils verraient que c’est un orgueil — pire que cela, une vanité).

Et alors, il y a ceux qui n’ont pas d’aspiration, qui essayent, qui ne peuvent pas ; c’est parce qu’ils n’ont pas la flamme de la volonté, c’est parce qu’ils n’ont pas la flamme d’humilité. Il faut les deux   : il faut une très grande humilité et une très grande volonté pour changer son karma.

Voilà, au revoir mes enfants.

Entretien de Mère du 27 janvier 1954

Mais pourquoi y a-t-il des enfants gourmands ?

Oh ! mon Dieu ! gourmand, ce n’est pas un péché ! Il y a des enfants gourmands. Peut-être ont-ils une mauvaise digestion et ils ont toujours envie de manger. Ils ne profitent pas de ce qu’ils mangent. Tout l’être extérieur est plein de difficultés de tous genres, chez tout le monde — chez les enfants aussi.

Tu pourrais me dire avec beaucoup plus de raison   : «   Pourquoi y a-t-il des enfants si cruels ?   » Ça, c’est l’une des choses les plus effarantes... Mais c’est de l’inconscience. C’est parce qu’ils ne se rendent même pas compte qu’ils font souffrir. Et généralement, si l’on prend soin de leur faire comprendre — par exemple, par l’expérience —, alors ils comprennent.

Les enfants qui maltraitent les animaux (il y en a beaucoup), mais c’est parce qu’ils ne savent même pas que les animaux sentent comme eux. Quand on leur fait comprendre que quand ils pincent, qu’ils tirent les poils des bêtes et leur donnent des coups, ça leur fait mal, et au besoin qu’on leur montre sur eux-mêmes comment ça fait mal, alors ils ne le font plus !

Il y en a qui sont particulièrement méchants. Ceux-là sont sous une influence perfide. Et quelquefois, cela se montre dès l’enfance, et ils le sont toute leur vie, à moins qu’ils ne se convertissent, ce qui n’est pas facile.

Il y a une sorte d’association entre le physique et le psychique, et entre le mental et le vital. Un être mental est très souvent un être très vital. Un être psychique est très souvent un être physique. Les enfants — justement parce qu’ils ont cette conscience psychique en avant, comme cela — vivent aussi tout à fait dans leur corps.

Entretien de Mère du 7 juillet 1954

Mère, dans les Lettres [sur le yoga] , Sri Aurobindo dit quelque part que la Grâce ne choisit pas le juste et ne rejette pas le pécheur. Elle a son discernement propre, qui est différent de celui du mental. C’est ainsi, par exemple, que la Grâce vient aider saint Augustin. Alors pourquoi, ici, dit-il   : «   Mais la Grâce suprême n’agira que dans les conditions de la Lumière et de la Vérité...   » ?

(Avant qu’il termine la phrase) Oui, j’ai remarqué cela. Justement quand j’ai lu, j’y ai pensé.

J’y ai pensé ; je pense qu’il a écrit cette phrase de cette façon-là pour qu’elle soit plus facilement compréhensible. Mais au fond, ce qu’il voulait dire, il l’a dit avant   : Vous rejetez vous-même la Grâce, n’est‑ce pas. Il a mis... où est-ce ? quelle page ? age 4 ? Oui, «   la Grâce divine loin de vous.   » Oui, «   vous repoussez vous-même la Grâce divine loin de vous.   » Non, ce n’est pas cela ; ça, c’est...

(L’enfant commence à lire   : «   ... la Grâce...   »)

Non, après, mon petit... «   Elle n’agira pas...   »

(À une autre enfant) Ça, c’est ce que nous avons expliqué. C’est autre chose. N’est‑ce pas, c’est ce que j’ai expliqué   : vous demandez à la Grâce de faire une chose pour vous, mais cette chose est un mensonge. Elle ne le fera pas, parce qu’elle n’agira jamais que dans la Vérité.

Mais alors, comment est‑ce qu’elle vient pour aider le pécheur ?

Elle n’aide pas le pécheur à être un pécheur ! Elle aide le pécheur à quitter son péché ; c’est-à-dire qu’elle ne repousse pas le pécheur en lui disant   : «   Je ne ferai rien pour toi.   » Elle est là, toujours, même quand il pèche, pour l’aider à sortir de son péché, mais pas pour continuer son péché.

Il y a une grande différence avec cette idée que vous êtes mauvais et par conséquent «   je ne m’occuperai pas de vous, je vous lance loin de moi, et il vous arrivera ce qui vous arrivera, je ne m’en occupe pas   ». Cela, c’est l’idée générale. On dit   : «   Dieu m’a rejeté   », n’est‑ce pas. Ce n’est pas cela.

Vous pouvez ne pas sentir la Grâce, mais elle sera toujours là, même avec le pire des pécheurs, même avec le pire des criminels, pour l’aider à se transformer, à se guérir de son crime et de son péché, s’il le veut. Elle ne le rejettera pas, mais elle ne va pas l’aider à faire son mal. Ce ne serait plus la Grâce. Tu comprends la différence ?

Commentaires sur le Dhammapada

Découvrir un défaut est une acquisition   : c’est comme s’il y avait un flot de lumière qui entrait à la place du petit bout d’obscurité que l’on vient de chasser. Quand on suit une discipline yoguique, on n’admet pas cette faiblesse, cette veulerie, ce manque de volonté, qui fait que la connaissance n’est pas immédiatement suivie du pouvoir. Savoir qu’une chose ne doit pas être et continuer à la laisser être est un tel signe de faiblesse que dans toute discipline sérieuse on ne l’admet pas ; c’est un manque de volonté qui va jusqu’à l’insincérité. Vous savez qu’une chose ne doit pas être, et du moment où vous le savez, vous êtes le maître qu’elle ne soit pas, car connaissance et pouvoir sont essentiellement la même chose — c’est-à-dire que l’on ne doit pas accepter qu’il y ait quelque part dans l’être cette ombre de mauvaise volonté qui est en contradiction avec la volonté centrale de progrès, et qui vous rend impuissant, sans courage et sans force en face d’un mal que vous devez détruire.

Pécher par ignorance n’est pas un péché, cela fait partie du mal général du monde tel qu’il est, mais pécher quand on sait, c’est grave. Cela veut dire qu’il y a, caché quelque part, comme un ver dans le fruit, un élément de mauvaise volonté qu’il faut pourchasser et détruire à tout prix, parce que toute faiblesse sur un point de ce genre est la source de difficultés qui sont quelquefois, plus tard, irréparables.

Donc, la première chose est d’être parfaitement heureux quand quelqu’un ou une circonstance quelconque, vous met en présence consciente d’un défaut qui est en vous et que vous ne connaissiez pas. Au lieu de vous lamenter, il faut vous réjouir et, dans cette joie, trouver la force de vous débarrasser de ce qui ne doit pas être.

La Mère - 21 mars 1958

Paroles de la Mère – Volume 2

Pour le Seigneur Suprême, le péché n’existe pas — toute faute peut être effacée par l’aspiration sincère et la transformation. Ce que tu sens, c’est l’aspiration de ton âme qui veut découvrir le Divin et Le vivre. Persévère, sois de plus en plus sincère et tu réussiras.

La Mère – 24 avril 1964

Le péché appartient au monde et non au yoga.

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Paroles de la Mère – Volume 3

Dans le Râmâyana, il est dit que lorsque Râma vit que son travail sur terre était achevé, il entra dans le fleuve Sarayu avec ses compagnons. On n’a pas à juger les actions d’un Avatâr, mais cela ressemble à un suicide collectif, et le suicide est tenu pour le plus grand des péchés. Comment expliquer cela ?

1) Pour le Suprême le péché n’existe pas.

2) Pour le dévot, être loin du Seigneur est le plus grand des péchés.

3) À l’époque où le Râmâyana a été conçu et écrit, la connaissance révélée par Sri Aurobindo, à savoir que la terre sera transformée en un monde divin et en la demeure du Suprême, n’était encore ni connue ni admise.

*

Adressé au Seigneur Suprême Un

Il n’y a pas d’autre vice, pas d’autre péché que d’être loin de Toi.

*

Il est beaucoup plus facile de répondre à des matérialistes à tout crin, convaincus, sincères (c’est-à-dire «   sincères   » dans la limite de leur conscience) qu’à des gens qui ont une religion ! beaucoup plus facile.

Mais naturellement, au point de vue intellectuel, toutes les convictions humaines s’expliquent et ont leur place — il n’est rien de ce que les hommes ont pensé, qui ne soit la déformation d’une vérité.

Ce n’est pas cela la difficulté, mais c’est justement le fait que, pour les gens religieux, il y a des choses qu’ils ont le devoir de croire, et c’est un «   péché   » de permettre à l’esprit de discuter — alors ils se ferment, naturellement, et jamais ils ne pourront faire un progrès.

Tandis que les matérialistes, eux, sont censés, au contraire, tout connaître, tout expliquer — rationnellement, ils expliquent tout. Et alors (Mère rit) par le fait qu’ils expliquent tout, on peut justement les mener là où l’on veut aller.

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