Accepter, offrir, invoquer et relation directe
Je me sens de rappeler quelques pistes pour le travail intérieur ; elles ne sont évidemment pas les seules et en définitive, il n'y a que nous qui pouvons savoir ce qui est pertinent ou pas, selon le moment que nous traversons.
1. Accepter et puis, offrir ou invoquer...
Nous pouvons penser et croire ce que nous voulons, à chaque instant de notre vie, il y a une sorte de réalité qui se manifeste à notre conscience, à notre perception. Cela peut être n'importe quoi, une idée, une pensée, une émotion, un sentiment, une sensation... et cela peut-être agréable, neutre ou désagréable.
Je pense évidemment en priorité à toutes les choses "désagréables" que l'on rencontre dans l'exploration intérieure... et dont, bien souvent, nous ne savons pas quoi faire, ni même ce qu'elles signifient ou représentent.
Je reste toujours émerveillé par le fait que, quelque soit ce qui se présente à nous ; plutôt que de nous battre avec, plutôt que de pester, fulminer, rager, nous révolter.... nous pouvons accepter, sans réserve ni condition ce qui se présente à nous. Et ce fait même d'accepter sans se révolter, dans une parfaite neutralité, à un effet qu'il est intéressant d'observer. Voyons ce point un peu plus en détail.
Agenda du 31 janvier 1961
J’avais oublié de dire quelque chose de très important.
Au moment où je suis revenue de la transe, j’ai eu une perception très concrète, positive (pas une compréhension mentale : ça ne venait pas de cette partie intellectuelle de l’être qui comprend tout et explique tout, et qui, je crois, est symbolisée par Indra – pas cette intelligence supérieure ; ça ne passait pas par cela du tout, ce n’était pas mental).
Il y avait une sorte de perception (ce n’était pas vraiment une sensation : c’était plus qu’une sensation), une sorte de perception du manque presque total d’importance de l’expression matérielle, extérieure, qui traduit l’état du corps : que les signes extérieurs, physiques, soient comme ceci ou comme cela, de cette façon-ci ou de cette façon-là, c’était absolument indifférent à cette conscience du corps (c’était la conscience du corps qui avait eu l’expérience de l’identité). Cette conscience du corps avait la perception de l’extrême relativité de l’expression la plus matérielle.
Je traduis pour me faire comprendre (mais ce n’était pas comme cela au moment de l’expérience) : admets, par exemple, qu’il y ait un désordre dans le corps ici ou là (pas positivement une maladie parce que la maladie implique quelque chose d’intérieur qui est important : une attaque, la nécessité d’une transformation, beaucoup de choses différentes), mais l’expression extérieure d’un désordre ; par exemple, des jambes enflées ou un foie qui fait mal (pas une maladie : un désordre, un désordre dans le fonctionnement). Eh bien, tout cela était absolument sans importance : ça ne change en rien la conscience vraie du corps. Tandis que nous avons l’habitude de penser que le corps est très troublé quand il est malade, quand quelque chose ne va pas – ce n’est pas cela. Il n’est pas troublé comme nous le comprenons.
Mais alors, qu’est-ce qui est troublé, si ce n’est pas le corps ?
Oh ! c’est le mental physique, c’est cet imbécile de mental ! C’est lui qui fait tout, tous les embarras, toujours.
Ce n’est pas le corps du tout ?
Mais non ! le corps est très endurant.
Mais qu’est-ce qui souffre, alors ?
C’est aussi à travers ce mental physique, parce que si on calme cet individu, on ne souffre plus ! C’est justement ce qui m’est arrivé.
N’est-ce pas, ce mental physique se sert de la substance nerveuse ; si on retire ça de la substance nerveuse, on ne sent plus. C’est ça qui donne la perception de la sensation... On sait qu’il y a quelque chose qui ne va pas, mais on ne souffre plus [1].
[1]. Le fragment que nous encadrons ici fait partie d’un développement ultérieur (du 4 février).
Ça, c’était très important, c’était une expérience très importante.
Et je me suis aperçue après, petit à petit (surtout à partir d’hier après-midi et ce matin) que cette espèce de détachement indifférent est la condition essentielle pour que l’Harmonie vraie puisse s’établir dans la Matière la plus matérielle – la Matière la plus extérieure, la plus matérielle (Mère pince la peau de ses mains).
Cette expérience a été comme une étape – une étape indispensable pour cette espèce de complet détachement ; une étape indispensable pour que l’harmonie de la conscience corporelle (n’est-ce pas, avec cette expérience divine qu’elle a eue) puisse avoir son effet sur la partie la plus extérieure, la plus superficielle du corps.
(silence)
C’est-à-dire que c’est la suite logique de cette recherche que je faisais depuis longtemps sur la cause des maladies et la façon de les surmonter.
Il faut noter cela, parce que c’est important.
Cette acceptation dans une neutralité parfaite, ce "complet détachement, ce détachement indifférent" n'est sans doute pas si facile que cela à réaliser, mais au moins nous savons que c'est très important et nous pouvons le cultiver. Comme Morphéus avec Néo, Mère ne peut que nous montrer la porte, c'est à nous de la franchir.
.../...
Ensuite, nous pouvons aussi offrir au Divin, à la Conscience divine... tout ce qui apparaît à notre conscience. D'ailleurs, nous pouvons non seulement offrir le négatif, pour qu'il soit purifié, transformé, mais nous pouvons aussi offrir le positif, comme en gratitude.
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L'obscurité qui est lasse de rester obscure.
OFFRANDE
Yoga veut dire union avec le Divin, et l'union s'effectue grâce à l'offrande ; elle est fondée sur l'offrande de votre être au Divin (...) Vous devez sentir à chaque pas que vous appartenez au Divin ; vous devez avoir constamment l'expérience que, dans tout ce que vous pensez et faites, c'est toujours la Conscience Divine qui agit à travers vous. Dorénavant, vous n'avez plus rien que vous puissiez appeler vôtre ; vous sentez que toutes choses viennent du Divin et qu'il vous faut les retourner à leur source. Quand vous êtes à même de comprendre et d'éprouver cela, alors, même la plus petite chose, à laquelle vous n'attachiez auparavant que peu ou pas d'importance et de soin, cesse d'être triviale ou insignifiante ; elle devient pleine de sens et ouvre devant vous un vaste horizon d'observation et d'étude.
Entretien de Mère du 28 avril 1929
Une amie me demandait récemment comment faire cette offrande, et à ma grande surprise, je me suis aperçu que ce n'était pas si facile à expliquer. Cela signifie sans doute que l'expérience que j'en ai n'est pas encore assez profonde – et ce n'est pas faute de m'y exercer, ou que je ne l'ai pas mentalisée. Dans ma pratique, j'essaye de reproduire intérieurement le geste extérieur de l'offrande, c'est-à-dire, de prendre quelque chose dans les mains et de le soulever vers le haut.
Et en même temps, il y a un appel, une invocation, une aspiration à ce que quelque chose d'en haut, une Paix, une Force, une Lumière, une Présence descende dans la chose que j'offre et s'en occupe.
Ce que je trouve d'assez merveilleux, c'est que je ne me souviens pas d'une seule fois où je pourrait dire en toute honnêteté, qu'il ne se passe rien. Cela a un effet : on sent effectivement qu'une Force travaille sur la chose que nous offrons. Mais si je suis tout à fait honnête, ce travail n'aboutit pas souvent au résultat escompté.
Ce point est subtil et mérite un éclaircissement. Il a été abondamment dit que nous ne devions pas attendre de résultat, c'est entendu. Mais qu'on le veuille ou non, lorsque par exemple nous offrons une difficulté, une douleur, même si nous n'attendons rien, nous attendons quand même que la douleur disparaisse : la disparition du problème est pour notre conscience extérieure le signe tangible de l'efficacité. Et quelquefois, c'est effectivement ce qui se passe – surtout pour ce qui relève du "psychologique".
Par contre, c'est vrai, quand il s'agit de l'offrande d'une douleur plus proche du plan physique, c'est plus difficile. Mais cela ne veut pas dire qu'il ne se passe rien ; souvent la douleur est soulagée, apaisée, ou bien, c'est un autre phénomène, la douleur reste, mais c'est la perception que l'on en a qui change. Parfois aussi, quand nous sommes plus longuement concentré sur l'observation du travail de la Force, alors des images intérieure peuvent apparaître pour nous montrer que cette douleur n'a pas le sens restreint que l'on imagine, mais une cause bien plus large.
Maintenant, à l'arrière plan de cette offrande-invocation, la sincérité et la foi sont évidemment des facteurs qui ont leur influence et leur importance.
Un dernier élément sur cette pratique. Il a été dit que le Divin était "quelque chose" qui était au-delà de l'espace-temps. Alors, délibérément, volontairement, je me tourne vers une Conscience qui est hors de l'espace-temps. Ce sont juste des mots me direz-vous. Peut-être, mais je me suis rendu compte que cette façon de penser induisait quelque chose, que cela semblait supprimer les limites : la qualité vibratoire est différente.
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Une toute autre façon de faire, est de tout jeter dans le Feu, dans la petite Flamme tout au fond de notre cœur. Cette méthode est peut-être plus simple et plus directe. Je ne crois même pas qu'il soit nécessaire d'avoir une claire perception de cette Flamme intérieure, l'intention, si elle est sincère, volontaire, délibérée... suffit.
2. Relation directe
Tout récemment il m'est venu une expérience qui m'a aussitôt rappelé cette parole de Mère de L'Agenda du 15 octobre 1960 :
Chaque chose porte en elle-même sa vérité – sa vérité absolue, si lumineuse, si claire. Et si on est en rapport avec ça, tout s’organise merveilleusement ; mais les hommes ne sont pas en rapport avec ça, ils sont toujours en rapport à travers leur pensée : la pensée qu’ils en ont, la sensation qu’ils en ont (ou quelquefois pire) ; mais le plus haut, c’est toujours la pensée qu’ils en ont. C’est cela qui fait tout ce mélange et tout ce désordre – les choses en elles-mêmes sont très bien, et elles deviennent une confusion.
J'étais concentré dans les profondeurs de la poitrine avec l'idée de me relier à l'être psychique, à la Présence divine dans le cœur... et ma concentration était entrecoupée par les idées que je pouvais en avoir. Et puis, tout à coup, ce n'est pas tant que le mental est rentré dans le silence, c'est bien plus simple que cela, c'était comme s'il était... mis de côté... avec aussi la sensation d'une intention à rentrer en contact direct. Alors, je me suis aussitôt rappelé cet Agenda.
Si nous pouvions laisser de côté tout ce que l'on pense, tout ce que l'on croit, tout ce que l'on sent... et aspirer à un contact direct avec la Présence divine dans le cœur, à une relation directe, presque de cœur à cœur si j'ose dire, sans intermédiaire mental ou vital...nous découvririons peut-être quelque chose d'intéressant, et que c'est la méthode la plus simple et la plus facile...
Et cela ne concerne pas seulement la recherche intérieure du Divin... D'après ce que nous dit Mère, pour toutes les choses, c'est comme cela. Ce voile de pensée entre la chose que nous observons et nous semble être un voile déformant...
Si nous parvenions à observer les choses sans ce voile mental, sans ce voile vital... notre perception serait toute différente. C'est tout un champ d'expérimentation qui s'ouvre...
Ce sont des clefs qui nous sont données pour que nous puissions nous approcher davantage de la vérité des choses.