Les soutras de Mère
Agenda ans date de 1957
Les Soutras1 de Mère
1. Soutra: aphorisme en sanskrit.
1) N’ambitionne rien, surtout ne prétends jamais rien, mais sois à chaque instant le maximum de ce que tu peux être.2
2. Le premier de ces Soutras était spécialement destiné à L’Orpailleur, auquel il devait servir d’exergue.
2) Quant à ta place dans la manifestation universelle, seul le Suprême te la désignera.
3) C’est le Seigneur suprême qui a décrété inéluctablement la place que tu occupes dans le concert universel, mais quelle que soit cette place, tu as le même droit que tous les autres également à gravir les sommets suprêmes jusqu’à la réalisation supramentale.
4) Ce que tu es dans la vérité de ton être est décrété de façon inéluctable et rien ni personne ne peut t’empêcher de l’être ; mais le chemin que tu prendras pour y parvenir est laissé à ton libre choix.
5) Sur le chemin de l’évolution ascendante, chacun est libre de choisir la direction qu’il prendra : la montée rapide et escarpée vers les sommets de Vérité, vers la réalisation suprême, ou, tournant le dos aux cimes, la descente facile vers les méandres interminables des incarnations sans fin.
6) Au cours des temps et même au cours de ta vie actuelle, tu peux faire ton choix une fois pour toutes, irrévocablement, et alors tu n’as plus qu’à le confirmer à chaque occasion nouvelle ; ou bien, si tu n’as pas pris au début de décision définitive, il te faudra à chaque moment choisir à nouveau entre le mensonge et la vérité.
7) Mais même au cas où tu n’aurais pas pris au début la décision irrévocable, si tu as le bonheur de vivre à un de ces instants inouïs de l’histoire universelle où la Grâce est présente, incarnée sur la terre, Elle te redonnera, à certains moments exceptionnels, la possibilité de refaire un choix définitif qui te mènera tout droit vers le but.
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Agenda du 17 octobre 1958
(Mère apporte la suite des sept premiers Soutras qu’Elle avait écrits probablement en 1957)
C’est en deux groupes.
Le premier groupe finit avec le repêchage de ceux qui ont mal choisi (!) :
7) Mais même au cas où tu n’aurais pas pris au début la décision irrévocable, si tu as le bonheur de vivre à un de ces instants inouïs de l’histoire universelle où la Grâce est présente, incarnée sur la terre, Elle te redonnera, à certains moments exceptionnels, la possibilité de refaire un choix définitif qui te mènera tout droit vers le but.
Ça, c’était le message d’espoir.
Et puis ça continue (Mère lit :)
8) Toute division dans l’être est une insincérité.
9) La plus grande insincérité est de creuser un abîme entre son corps et la vérité de son être.
10) Quand un abîme sépare l’être véritable de l’être physique, la Nature le remplit immédiatement de toutes les suggestions adverses dont la plus redoutable est la peur, et la plus pernicieuse le doute.
J’avais écrit cela avant de lire cet Aphorisme de Sri Aurobindo sur «les tentacules de la Nature».1 Cela m’a beaucoup intéressée, je me suis dit: tiens! c’est exactement ce qui m’était venu.
1. Aphorisme n° 5 – Si seulement les hommes entrevoyaient les jouissances infinies, les forces parfaites, les horizons lumineux de connaissance spontanée, les calmes étendues de notre être qui nous attendent sur les pistes que notre évolution animale n’a pas encore conquises, ils quitteraient tout et n’auraient de cesse qu’ils aient gagné ces trésors. Mais le chemin est étroit, les porte.» sont difficiles à forcer, et la peur, le doute, le scepticisme sont là, tentacules de la Nature pour nous interdire de détourner nos pas des pâtures ordinaires.
Il y en a encore un (ce n’est pas le dernier) :
11 ) Ne permettre à rien, nulle part, de nier la vérité de l’être, c’est cela la sincérité.
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Voyons maintenant une explication du soutra n° 3.
Agenda du 10 octobre 1958
(Le disciple demande à savoir ce qu’il doit faire et sa place dans la manifestation universelle)
Dans toutes les initiations religieuses et surtout occultes, le rituel des différentes cérémonies est prescrit dans tous les détails : tous les mots prononcés, tous les gestes faits, ont leur importance, et la moindre infraction à la règle, la moindre faute commise peut avoir de funestes conséquences. Il en est de même dans la vie matérielle, et si l’on avait l’initiation de la véritable manière de vivre, on pourrait transformer l’existence physique.
Si l’on considère le corps comme le tabernacle du Seigneur, la science médicale, par exemple, devient le rituel initiatique du service du temple, et les médecins de tous genres sont les prêtres officiants des différents rituels du culte. Ainsi, la médecine est vraiment un sacerdoce et doit être traitée comme tel.
La même chose peut être dite de la culture physique et de toutes les sciences qui s’occupent du corps et de son fonctionnement. Et si l’on considère l’univers matériel comme le revêtement extérieur et la manifestation du Suprême, alors on peut dire d’une façon générale que toutes les sciences physiques sont les rituels du culte.
On en revient toujours à la même chose : la nécessité absolue d’une sincérité parfaite, d’une honnêteté parfaite, et du sens de la dignité de ce que l’on fait, pour le faire comme il faut.
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Affirme sa valeur mais ne demande rien.
Si l’on pouvait connaître tous les détails, vraiment, parfaitement, de la cérémonie de la vie, du culte du Seigneur dans la vie physique, ce serait admirable – savoir, et ne plus faire de fautes, ne plus jamais faire de fautes. On fait la cérémonie avec la perfection d’une initiation.
Et pour savoir à fond la vie... Oh ! il y a une chose si intéressante à ce point de vue ! Et c’est curieux, cette connaissance-là revient à mes Soutras (ce que j’avais dit et que personne n’a compris, ou compris vaguement «comme cela») :
«C’est le Seigneur suprême qui a décrété inéluctablement la place que tu occupes dans le concert universel, mais quelle que soit cette place, tu as le même droit que tous les autres également à gravir les sommets suprêmes jusqu’à la réalisation supramentale.»
Il y a la position dans la hiérarchie universelle, qui est une chose inéluctable – c’est la loi éternelle – , et il y a le développement dans la manifestation, qui est une éducation et qui est progressive, qui se fait du dedans de l’être.
Et alors ce qui est intéressant, c’est que pour être un être parfait, il faut que cette position, quelle qu’elle soit, décrétée de toute éternité, qui fait partie de la Vérité éternelle, soit manifestée avec la plus grande perfection possible résultant du développement évolutif.
C’est la jonction et l’union des deux, de la position éternelle et de la réalisation évolutive, qui fera l’être total et parfait, la manifestation telle que le Seigneur l’a voulue depuis le commencement, de toute éternité (c’est-à-dire pas de commencement du tout !)
Et pour que le cercle soit complet, on ne peut pas s’arrêter en route à n’importe quel plan, même au plan spirituel le plus élevé, ou même au plan le plus proche de la matière (comme le plan occulte, par exemple, dans le vital). Il faut descendre jusque dans la matière et que cette perfection dans la manifestation soit une perfection matérielle, autrement le cercle n’est pas complet.
Et c’est cela qui explique l’erreur de ceux qui veulent s’enfuir pour réaliser la Volonté divine. C’est tout le contraire qu’il faut faire ! Il faut mettre les deux ensemble d’une façon parfaite. C’est pour cela que toutes les sciences honnêtes, les sciences qui sont faites sincèrement, honnêtement, avec exclusivement la volonté de savoir, sont des chemins difficiles – mais des chemins si sûrs pour la réalisation totale.
Cela fait des choses très intéressantes. (Ce que je vais dire maintenant est très personnel et par conséquent est inutilisable, mais enfin cela peut être gardé :)
Il y a deux choses parallèles qui, au point de vue éternel et suprême, ont une importance identique, en ce sens que pour que la réalisation soit vraiment la réalisation, toutes les deux sont également indispensables.
D’une part, il y a ce que Sri Aurobindo – qui représentait sur terre la Conscience et la Volonté suprêmes, étant l’Avatar – a déclaré que j’étais, c’est-à-dire la Mère suprême universelle, et, d’autre part, ce que je réalise dans mon corps par la sâdhanâ2 intégrale.
2. Sâdhanâ: discipline yoguique. Sâdhak : chercheur.
Je pourrais être la Mère suprême et ne pas faire de sâdhanâ, et, en fait, tant que Sri Aurobindo était dans son corps, c’est lui qui faisait la sâdhanâ ; j’en avais les conséquences ; les conséquences s’établissaient automatiquement dans cet être extérieur, mais c’était lui qui le faisait, ce n’était pas moi : j’étais seulement l’intermédiaire qui traduisait sa sâdhanâ pour le monde.
Et c’est seulement quand il a quitté son corps que, moi, j’ai été obligée de continuer la sâdhanâ, non seulement de faire ce que je faisais avant, c’est-à-dire de traduire sa sâdhanâ pour le monde, mais il a fallu que je continue à faire la sâdhanâ moi-même.
[Voilà qui rejoint deux notre de Mère, sans date, publiée dans l'Agenda du 22 novembre 1967 :
La tâche de compléter la vision de Sri Aurobindo a été donnée à la Mère. La création d'un monde nouveau, d'une humanité nouvelle, d'une société nouvelle, exprimant et incorporant la conscience nouvelle, est le travail qu'elle a entrepris. De par la nature même des choses, c'est un idéal cherchant à élargir la base de cet essai d'établir l'harmonie entre le corps et l'âme, l'Esprit et la Matière, ...
La tâche de donner une forme concrète à la vision de Sri Aurobindo a été donnée à la Mère.
Poursuivons notre lecture.]
Ce qu’il faisait, lui, dans son corps, quand il est parti, il m’en a donné la charge, et j’ai été obligée de le faire. Il y a donc ces deux choses qui, tantôt l’une, tantôt l’autre, prédominent (je ne veux pas dire successivement dans le temps, je veux dire... ce sont des questions d’instants) et qui essaient de se combiner dans une réalisation totale et parfaite : la Conscience éternelle, ineffable et immuable de l’Exécutrice du Suprême, et la conscience du Sâdhak du Yoga intégral qui va, dans son effort ascendant, vers une progression croissante.
À cela, est venu s’ajouter le développement et l’initiation à la réalisation supramentale qui est (je comprends bien maintenant) l’union parfaite de ce qui vient d’en haut et de ce qui vient d’en bas, c’est-à-dire de la position éternelle et de la réalisation évolutive.
Et alors – et cela devient amusant comme le spectacle de la vie... Suivant la nature, et la position, et la préoccupation de chacun, et parce que les êtres humains sont très limités, très partiels, incapables d’une vision globale, il y a ceux qui croient – qui ont la foi, ou qui par la Grâce ont une révélation de la Mère éternelle, et qui ont cette relation-là avec la Mère éternelle – et ceux qui, étant eux-mêmes plongés dans la sâdhanâ et ayant une conscience de sâdhak développée, sont en relation avec moi comme on est en relation avec ce qu’ils ont l’habitude d’appeler une «âme réalisée».
Ceux-là me prennent comme le prototype du Gourou qui est en train d’enseigner une voie nouvelle, mais les autres n’ont pas cette relation de sâdhak à Gourou (je prends les deux extrêmes, mais naturellement il y a toutes les possibilités intermédiaires), ils sont seulement en relation avec la Mère éternelle et, dans la simplicité de leur cœur, ils s’attendent à ce qu’Elle fasse tout pour eux. S’ils étaient parfaits dans cette attitude, la Mère éternelle ferait tout pour eux – Elle le fait en fait, mais comme ils ne sont pas parfaits, ils ne peuvent pas le recevoir totalement.
Mais les deux chemins sont très différents, les deux relations sont très différentes ; et comme nous vivons tous, par la loi des choses extérieures, dans un corps matériel, il y a une sorte d’incompréhension irritée (presque irritée) entre ceux qui suivent cette voie – non pas consciemment et volontairement, mais spontanément – , qui ont cette relation de l’enfant à la Mère, et ceux qui ont cette autre relation de sâdhak à Gourou.
Et alors cela fait tout un jeu, avec une diversité infinie de choses.
Et tout cela est en suspens, en voie de réalisation, dans un mouvement progressif ; et par conséquent, à moins qu’on ne puisse voir l’aboutissement, on n’y comprend rien. On est dans une confusion. Et ce n’est que quand on voit l’aboutissement, la réalisation finale, ce n’est que quand on aura touché là, qu’on comprendra tout, et alors ce sera aussi clair et aussi simple que possible. Mais en attendant, mes relations avec les différentes personnes sont très amusantes, c’est tout à fait drôle !
Note que ceux qui ont la relation que je pourrais appeler «extérieure» par rapport à l’autre (quoiqu’elle ne le soit pas), la relation de yoga, de sâdhanâ, considèrent les autres comme des superstitieux ; et les autres, ceux qui ont la foi, ou la perception, ou la Grâce d’avoir saisi ce que Sri Aurobindo voulait dire (peut-être même avant de savoir qu’il l’avait dit, mais en tout cas après qu’il l’ait déclaré), ceux-là trouvent que les autres sont des incroyants et des ignorants ! Et alors il y a tous les échelons intermédiaires, c’est très amusant !
Cela ouvre des horizons extraordinaires ; quand on a compris cela, on a la clef – on a la clef d’une quantité innombrable de choses ; la position différente de chacun des différents saints, des différentes réalisations et... Ça résout toutes les incohérences des manifestations sur la terre.
Par exemple, cette question du Pouvoir – du Pouvoir – sur la Matière. Ceux qui sont dans la perception que je suis la Mère éternelle universelle et que Sri Aurobindo était l’Avatar sont étonnés que le pouvoir ne soit pas absolu. N’est-ce pas, il sont étonnés qu’il ne suffisait pas que nous disions : «C’est comme ça», pour que ce soit «comme ça».
C’est parce que, dans la réalisation intégrale, l’union des deux est indispensable : l’union du pouvoir provenant de la position éternelle et du pouvoir provenant de la sâdhanâ dans le développement évolutif.
De la même façon, ceux qui sont arrivés, même au sommet de la connaissance yoguique (je pensais au Swami), comment se fait-il qu’ils aient besoin d’avoir recours à des êtres comme des dieux ou des demi-dieux pour pouvoir réaliser les choses ? – Parce que, en eux, il y a bien l’union avec des forces et des entités supérieures, mais, de toute éternité, il n’a pas été décrété qu’ils étaient cet être-là. Ils ne sont pas nés ceci ou cela : par évolution ils se sont unis à la possibilité latente en eux. Chacun porte en soi l’Éternel, mais on ne peut Le joindre que quand on est arrivé à la complète union de l’Éternel latent avec l’Éternel éternel.
Alors... ça explique tout, tout, tout : comment ça marche, comment ça fonctionne dans le monde.3
3. Mère a ajouté : «Je manque le plus beau de l’expérience... Quand j’essaye de formuler d’une façon trop précise, toute l’immensité de l’expérience échappe. C’est le monde tout entier qui se révèle avec toute son organisation dans les moindres détails – mais tout en même temps, alors comment expliquer ça ? Ce n’est pas possible.»
Je disais : il me manque les pouvoirs, il me manque les pouvoirs ! Il y a quelques jours, je me disais : «Mais enfin, je SAIS qui est là, je sais, et comment se fait-il...? Là, jusque là (geste à hauteur de la tête), toute-puissante, rien ne peut résister – ici... ça n’aboutit pas.» Alors ceux qui ont une foi, qui est une foi ignorante mais vraie (elle peut être ignorante, mais elle est vraie) disent : «Comment! vous n’avez pas les pouvoirs, vous ?»... Parce que la sâdhanâ n’est pas finie.
Le Seigneur ne possédera son univers que quand l’univers sera devenu consciemment le Seigneur.
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C'est formidablement intéressant non ? Effectivement si nous nous donnons un peu la peine de réfléchir à tout ça, cela doit expliquer beaucoup de choses. Et cela donne aussi des idées de pratiques intérieures. Nous pouvons prendre n'importe quelle phrase qui nous parle et nous concentrer dessus, unifier notre aspiration, notre volonté et la phrase que nous avons choisi. Et voir ce qui se passe.
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Un peu plus haut, dans la deuxième série des soutras Mère nous dit qu' il y en a encore un (ce n’est pas le dernier). Or, je n'ai trouvé nul part d'une parole expressément mentionnée comme le 12e soutra. Par contre, la fin du 1er soutra sois à chaque instant le maximum de ce que tu peux être m'a rappelé cet autre passage, qui pourrait être ce 12e soutra, mais ce n'est qu'une proposition personnelle :
Agenda du 8 octobre 1956
«Être toujours au sommet de toi-même, quoi qu’il arrive.»
Alors je me suis demandé quand et comment je suis au sommet de moi-même ? Et j’ai vu ceci :
Deux choses qui étaient parallèles et concomitantes, c’est-à-dire qui sont toujours ensemble :
L’une : l’identité avec l’Origine, qui donne dans l’action une sérénité absolue et un détachement parfait.
L’autre : une identité avec la Grâce suprême, qui donne dans l’action l’effacement, l’abolition de toutes les erreurs commises par qui que ce soit et quoi que ce soit – et l’annulation de toutes les conséquences de ces erreurs.
A ce moment-là, quand j’ai perçu comme cela, j’ai vu que la troisième attitude que j’ai dans l’action, et qui est la volonté de progrès pour la terre tout entière et chaque individu en particulier, n’était pas le sommet de mon être.
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Ainsi, nous en revenons à la maîtrise de ce pouvoir d'identification dont Mère a déjà parlé et que j'ai partagé dans un article précédent. Et ce pouvoir d'identification repose sur notre capacité de concentration.
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Maintenant, pour revenir à ces soutras en général, ils me font un peu l'effet d'une douche froide ! Je m'explique : un soutra est presque une "formule sacrée", c'est une parole chargée de connaissance, de force... Or, à titre personnel, ils ont tendance à passer un peu inaperçus. Je veux dire que l'Agenda est si riche en expériences formidables, que nous pouvons avoir tendance à nous focaliser ces expériences de la 1ere manifestation supramentale, sur la grande expérience des Pulsations de l'Amour créateur (ce que j'ai fais tout récemment), sur ces expériences qui nous enflamment et nous font toucher doigt un peu du Nouveau monde... et puis ma foi, ces soutras, nous les oublions un peu, beaucoup...
Et à vrai dire, lorsque Mère dit que personne n’a compris... je m'inclus assez dedans – et pour commencer nous n'en avons pas compris l'importance. C'est la raison pour laquelle j'ai ressenti le besoin de m'y replonger. En méditant ces soutras, chacun de nous peut faire des découvertes, vivre des expériences.
L'impression d'une douche froide vient aussi des soutras 8 à 11 sur l'insincérité et la sincérité :
8) Toute division dans l’être est une insincérité.
9) La plus grande insincérité est de creuser un abîme entre son corps et la vérité de son être.
10) Quand un abîme sépare l’être véritable de l’être physique, la Nature le remplit immédiatement de toutes les suggestions adverses dont la plus redoutable est la peur, et la plus pernicieuse le doute.
11 ) Ne permettre à rien, nulle part, de nier la vérité de l’être, c’est cela la sincérité.
On se croyait à peu près sincère, on commençait même à être un peu content 😊 et BOOM, ces soutras nous montrent qu'on y est pas du tout, ou plutôt, pas encore. En fait, le soutra n°11 est l'équivalent de la réalisation de l'union avec le Divin, parce qu'au niveau ultime, ceux qui l'ont réalité l'ont abondamment répété : la vérité de notre être, c'est le Divin. Pour commencer, ces quelques passages peuvent nous aider à unifier notre être autour du centre Divin en nous, le centre psychique pour reprendre le vocabulaire de Sri Aurobindo.
En quoi consiste le progrès de l'être psychique ?
L'individualisation, la capacité de prendre toutes les expériences et de les organiser autour du centre divin. Le but de l'être psychique est de former un être individuel, individualisé, "personnalisé" autour du centre divin.
Normalement, toutes les expériences de la vie extérieure (à moins que l'on ne fasse un yoga et que l'on devienne conscient) se passent sans organiser l'être intérieur, tandis que l'être psychique organise ces expériences par séries. Il veut réaliser une certaine attitude envers le Divin. Il cherche donc toutes les expériences favorables afin d'avoir la série complète des occasions, si l'on peut dire, qui lui permettront de réaliser cette attitude envers le Divin.
La Mère – L’être psychique – page 90
Qu'est-ce qui caractérise la substance du monde psychique ?
Là substance du monde psychique est une substance qui lui est propre, qui a ses caractéristiques propres, psychiques : un sens immortel, complètement réceptif à l'influence divine, entièrement soumis à cette influence et imprégné par elle. C'est justement ce qui différencie le psychique des autres parties de l'être. Quand, par exemple, je parle d'organiser le mental et le vital autour du centre psychique, je ne veux pas dire qu'ils deviennent psychiques ; ils restent vital et mental, mais ils sont organisés autour du psychique, comme une armée est organisée autour de son chef — elle ne devient pas le chef, elle lui obéit, n'est-ce pas. Eh bien, c'est la même chose ; le vital et le mental sont organisés autour du psychique, ils reçoivent des ordres du psychique et les exécutent aussi bien qu'ils le peuvent. Mais leur substance ne devient pas une substance psychique pour autant. Ils peuvent être sous l'influence du psychique et prendre plus ou moins sa nature, mais pas sa substance.
La Mère – L’être psychique – page 152
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La première étape de la transformation.
Est-ce que l'être psychique se trouve dans le cœur ?
Pas dans le cœur physique, pas dans le viscère. C'est dans une quatrième dimension, une dimension interne. Mais c'est dans cette région-là, la région à peu près derrière le plexus solaire, c'est là qu'on le trouve le plus facilement. L'être psychique est en quatrième dimension avec notre être physique.
La Mère
L'être psychique est dans le centre du cœur, au milieu de la poitrine (pas dans le cœur physique, car tous les centres sont au milieu du corps), mais il est loin en arrière. Lorsqu'on s'éloigne du vital pour aller vers le psychique, on a l'impression de descendre de plus en plus profond jusqu'à ce que l'on atteigne le point central du psychique. L'être émotif est situé à la surface du centre cardiaque ; de là, on pénètre en profondeur pour trouver le psychique.
Sri Aurobindo
Ceci dit, sauf erreur de ma part, plexus solaire et le milieu de la poitrine... ce n'est pas du tout pareil. Pour info, dans le Zhi Neng Qi Gong, la zone du plexus solaire, ou plus précisément juste sous l'appendice xiphoïde est appelée la porte du cœur. C'est à chacun de sentir où il ressent le mieux cette Présence, cette Flamme, afin de s'y concentrer. Cela donne la sensation de rassembler toute sa conscience éparpillée en un seul point... Le sujet est très important, j'y reviendrai dans des articles ultérieurs.
En conclusion, j'aimerais partager une dernière réaction à propos de la fin du soutra n°7 qui nous dit si tu as le bonheur de vivre à un de ces instants inouïs de l’histoire universelle où la Grâce est présente, incarnée sur la terre, Elle te redonnera, à certains moments exceptionnels, la possibilité de refaire un choix définitif qui te mènera tout droit vers le but. Sri Aurobindo et Mère ne sont plus incarnés, et pourtant, j'ai l'impression que leur Grâce est encore présente : ils ne sont pas loin, le physique subtil, c'est tout près...
Seigneur, Tu m'as donné l'assurance, ce matin, que Tu resterais avec nous jusqu'à ce que Ton œuvre soit achevée, non pas seulement comme une conscience qui guide et illumine, mais aussi comme une Présence active et agissante. En termes clairs et précis, Tu m'as propos que tout de Toi resterait ici et ne quitterait pas l'atmosphère de la terre jusqu'à que la terre soit transformée. Permets que nous soyons toujours dignes de cette merveilleuse Présence et que dorénavant tout en nous soit concentré sur l'unique volonté d'être de plus en plus parfaitement consacrés à l'accomplissement de Ton Œuvre sublime.
Mère – Message du 7 décembre 1950
Note manuscrite écrite deux jours après le départ de Sri Aurobindo
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Puissions-nous être dignes, puissions-nous être dignes...
🙏 💗 🌅
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