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Mon ami Mitra m'a envoyé cette courte interview de Christiane Singer qui confirme parfaitement l'idée que le Divin se manifeste de bien des façons. La première question qui lui est posée concerne ce qu'elle appelle l'athéisme aimant... sa réponse est magnifique, je vous laisse la découvrir par vous même. En attendant, l'ensemble de son propos résonne avec de nombreuses paroles de Sri Aurobindo-Mère ; par exemple celles-ci :

Ce qui paraît... bizarre à ceux qui ont dépassé les petites limites purement terrestres – humaines terrestres –, c'est cette croyance en une unique manifestation divine sur la terre ; toutes les religions sont basées là-dessus, chacun dit : «Le Christ était le seul», et puis «Bouddha était le seul», et puis ailleurs «Mahomet était le seul», etc. ; eh bien, ce «le seul» est une chose impossible dès qu'on est un petit peu au-dessus de l'atmosphère terrestre ordinaire – ça paraît un enfantillage. Ce n'est compréhensible et admissible que si c'est une espèce de mouvement récurrent de la Conscience divine sur la terre.

La Mère – Agenda du 3 juillet 1963

🌸

Après lecture du «   Surhomme divin   » de Sri Aurobindo.

«   Tu dois arriver à ton propre sommet   », dit Sri Aurobindo. Le sommet est-il le même pour tout le monde ou chacun a-t-il un sommet particulier ?

En dernière analyse, c’est toujours le même sommet — l’Unité divine qui est derrière toutes choses —, mais chacun arrivera à son propre sommet, c’est-à-dire avec sa propre nature et sa propre manière de manifester l’Unité divine.

C’est ce que nous disions l’autre jour   : chacun représente une manière spéciale d’avoir une relation avec le Divin et de manifester le Divin. Vous n’avez pas besoin de suivre le chemin d’un autre ! Il faut suivre ton propre chemin et c’est par ce chemin que tu arriveras au sommet, qui est un, mais par ta propre route.

Le but est par-delà les sommets — le but est un et par-delà les sommets —, mais on peut atteindre à ce sommet chacun par son propre chemin, gravir sa propre montagne, non la montagne d’un autre.

Entretien de Mère du 23 avril 1951

Cet athéisme aimant m'a rappelé l'avant dernier chapitre de L'Idéal de l'unité humaine dans lequel Sri Aurobindo présente la religion intellectuelle de l'humanité, dont voici les deux premiers paragraphes.

CHAPITRE XXXIV

La religion de l’humanité

Une religion de l’humanité peut se présenter de deux façons, comme un idéal intellectuel et sentimental, un dogme vivant ayant des effets intellectuels, psychologiques et pratiques, ou comme une aspiration et une règle de vie spirituelles, et elle peut être en partie le signe, en partie la cause d’un changement d’âme dans l’humanité.

La religion intellectuelle de l’humanité existe déjà jusqu’à un certain point, à la fois comme une croyance consciente dans la pensée d’un petit nombre et comme une ombre active dans la conscience de l’espèce. C’est l’ombre d’un esprit qui n’est pas encore né, mais qui se prépare à naître.

Le monde matériel, notre monde, est ainsi peuplé d’ombres puissantes, spectres de choses mortes et esprits de choses pas encore nées, sans parler des éléments pleinement incarnés du présent.

Les spectres des choses mortes sont des réalités très encombrantes et ils abondent à présent   : spectres de religions mortes, d’arts morts, de moralités mortes, de théories politiques mortes, qui tous prétendent encore garder leur corps pourrissant ou animer partiellement le corps des choses existantes. Répétant obstinément les formules sacrées du passé, ils hypnotisent les intelligences retardataires et intimident même la fraction progressiste de l’humanité.

Puis, il y a les esprits à naître et encore incapables de revêtir un corps défini, mais qui sont déjà nés dans le mental et qui existent en tant qu’influences que le mental humain perçoit et auxquelles il répond aujourd’hui d’une façon confuse et désordonnée.

La religion de l’humanité est mentalement née au dix-huitième siècle ; c’est le mânasa-putra (1) des penseurs rationalistes qui l’inventèrent pour détrôner le spiritualisme formaliste du christianisme ecclésiastique.

Elle a tenté de se trouver un corps dans le Positivisme, qui a voulu formuler les dogmes de cette religion mais sur une base trop lourdement et trop rigoureusement rationaliste pour pouvoir être acceptée même par l’Âge de la Raison. L’humanitarisme en est le résultat sentimental le plus marquant. La philanthropie, le service social et autres activités similaires, sont l’expression extérieure de ses bonnes œuvres. La démocratie, le socialisme et le pacifisme sont dans une large mesure ses sous-produits, ou, du moins, doivent à sa présence intérieure une grande part de leur vigueur.

1. «   L’enfant né du mental   », concept et expression appartenant à la cosmologie purânique indienne. (Note de l’éditeur)

🌸

L’idée fondamentale peut s’énoncer ainsi   : l’humanité est la divinité que l’homme doit adorer et servir ; le respect, le service, le progrès de l’être humain et de la vie humaine sont le devoir principal et le but principal de l’esprit humain.

Nulle autre idole ne doit prendre sa place, ni la nation, ni l’État, ni la famille, ni rien autre ; et ceux-ci ne sont dignes de respect que dans la mesure où ils sont des images de l’esprit humain, consacrant sa présence et aidant à sa manifestation. Mais lorsque le culte des idoles cherche à usurper la place de l’esprit et montre des exigences incompatibles avec son service, il doit être rejeté.

Aucune injonction des vieilles croyances, fussent-elles religieuses, politiques, sociales ou culturelles n’est valable quand elle contredit les droits de l’esprit.

La science elle-même, bien que le monde moderne en ait fait une de ses grandes idoles, ne doit pas être autorisée à avoir des exigences contraires au tempérament éthique de l’esprit et à ses fins morales, car la science n’a de valeur que dans la mesure où, par la connaissance et le progrès, elle aide et sert la religion de l’humanité.

La guerre, la peine de mort, la destruction de la vie humaine, la cruauté sous toutes ses formes, qu’elle soit commise par l’individu, l’État ou la société (et non seulement la cruauté physique mais la cruauté morale, la dégradation de tout être humain ou de toute classe d’êtres humains sous n’importe quel prétexte spécieux ou dans n’importe quel intérêt), l’oppression et l’exploitation de l’homme par l’homme, d’une classe par une autre, d’une nation par une autre, et toutes les habitudes de vie, toutes les institutions sociales du même genre, que la religion et la morale ont pu tolérer autrefois ou même favoriser en pratique, quoi qu’elles en disent dans leurs règles ou leur credo idéal, sont des crimes contre la religion de l’humanité. Abominables pour sa pensée éthique, interdits par ses principes primordiaux, ils doivent être toujours combattus et, jamais, à aucun degré, tolérés.

L’homme doit être sacré pour l’homme, indépendamment de toute distinction de race, de croyance, de couleur, de nationalité, de statut, de position politique ou sociale. Le corps de l’homme doit être respecté, protégé de la violence et des outrages, fortifié par la science contre la maladie et contre une mort évitable. La vie de l’homme doit être tenue pour sacrée, garantie, fortifiée, ennoblie, exaltée. Le cœur de l’homme doit être considéré comme sacré aussi ; il doit avoir le champ libre, être protégé de toute profanation, tout étouffement, toute mécanisation et libéré des influences amoindrissantes. Le mental de l’homme doit être délivré de toute entrave ; il doit avoir la liberté, l’espace et des facilités, recevoir tous les moyens d’éducation et de développement, et organiser le jeu de ses pouvoirs au service de l’humanité.

Et en outre, tout ceci ne doit pas être considéré comme un pieux sentiment ni comme une abstraction, mais être pratiquement et pleinement reconnu en la personne des hommes, des nations et du genre humain.

Tel est, dans ses grandes lignes, l’idée ou l’esprit de la religion intellectuelle de l’humanité.

Pour ceux qui souhaiteraient lire la suite et les 6 dernières pages de ce chapitre – il n'est pas très long – voici le PDF :

Chapitre 34 – Page 350 à 358

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