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L'aspect dogmatique de personnes religieuses, ou parfois des religions elles-mêmes et si évident que cela ne se discute même pas. Le conflit salvateur avec Stanislas Berton m'invite à revenir encore une fois sur le sujet avant de passer à d'autres choses dans les articles ultérieurs.

Nous avons tous été témoins de phrases comme "Hors de l'Église, point de salut ! Hors du Christ point de salut !"...et j'aimerais partager ma modeste réflexion.

1.Hors de l'Église point de salut !

Pour nous libérer du dogmatique des religions elles-mêmes, je n'ai rien de très particulier à dire si ce n'est que j'aime cette idée expliquée par Sri Aurobindo dans ce paragraphe d'Essai sur la Guîtâ  chapitre 9.

Dans les chapitres suivants, la Gîtâ célèbre les Védas et les Upanishads. Ils sont Écritures divines, ils sont le Verbe. Le Seigneur Lui-même est le connaissant du Véda et l’auteur du Védânta, vedavid vedântakrit ; le Seigneur est l’unique objet de connaissance dans tous les Védas, sarvaïr vedaïr aham eva vedyah, langage qui implique que le mot Véda signifie le livre de la connaissance et que ces Écritures méritent le nom qu’on leur donne. Depuis sa haute suprématie, qui est au-dessus de l’Immuable et du mutable, le Purushôttama s’est déployé dans le monde et dans le Véda.

Et pourtant, la lettre de l’Écriture enchaîne et trouble, comme le dit l’apôtre chrétien lorsqu'il mit ses disciples en garde, énonçant que la lettre tue et que c’est l’esprit qui sauve ; et il existe un point par-delà lequel l’Écriture elle-même perd son utilité. La source réelle de la connaissance est le Seigneur dans le cœur, «   Je suis établi dans le cœur de tous les hommes, et la connaissance vient de Moi   », dit la Gîtâ ; l’Écriture n’est qu’une forme verbale de ce Véda intérieur, de cette Réalité lumineuse en soi, elle est shabda-brahma   : le mantra, dit le Véda, s’est élevé du cœur, du siège secret de la vérité, sadanâd ritasya, guhâyâm.

Cette origine la sanctionne ; mais la Vérité infinie est quand même plus grande que le mot.

Et contrairement à ce que les védavâdis ont dit du Véda, nânyad vâdinah, vous ne devez dire d’aucune Écriture qu’elle seule suffit à tout et que nulle autre vérité ne se peut admettre. C’est une parole qui sauve et qui libère, et il faut l’appliquer à toutes les Écritures du monde.

Prenez toutes les Écritures qui existent ou ont existé, la Bible et le Coran et les livres des Chinois, le Véda et les Upanishads et les Purânas et le Tantra et le Shâstra et la Gîtâ elle-même, et les maximes des penseurs et des sages, des prophètes et des Avatârs, vous ne devez quand même pas dire qu’il n’est rien d’autre, ni que la vérité que votre intellect ne peut y trouver n’est pas vraie parce que vous ne pouvez l’y trouver.

C’est là la pensée bornée du sectaire ou la pensée hétéroclite du zélateur éclectique, non la recherche sans entraves de la vérité que font le mental libre et illuminé et l’âme qui a l’expérience de Dieu. Que cela ait ou non été entendu avant, ce que le cœur de l’homme voit en ses profondeurs illuminées, ce qui est intérieurement et qui vient du Maître de toute connaissance, le connaissant du Véda éternel, cela est toujours la vérité.

[Attention ! Pour info, je me suis aperçu avec ce paragraphe, qu'il y avait des coquilles dans les PDF qui sont partagés en ligne, il manque des mots...]

Je me souviens d'un autre passage dans lequel Sri Aurobindo explique, que nulle pars ailleurs qu'en Inde, il a été laissé autant de liberté dans la recherche du Divin. Toutes les sensibilités ont été respectées, toutes les voies d'approches ont été tentées jusque dans leurs extrêmes. Et à titre personnel, je me permet d'ajouter : pensez donc, ils ont même acceptés  même si cela reste un courant très minoritaire du jaïnisme,  que des moines renoncent à toute possession matérielle jusqu'à vivre tout nu. Blague à part, si nos religions occidentales si promptes à juger les hérétiques de tout poil... alors imaginons ce qu'elles feraient d'un hérétique à poil ! ! !

Plus sérieusement, entre une religion ou une autre qui a l'outrecuidance de prétendre être la seule à détenir la vérité et une approche plus ouverte qui laisse la liberté à chacun de faire sa propre expérience il me semble, que toute personne normalement constituée, saura discerner le chemin qu'elle préfère suivre.

Le conseil de Pavitra dans sa dernière causerie aux enfants de l'Ashram est particulièrement significatif à ce sujet. Avec l'immense expérience qu'il a pu accumuler au cours d'une vie bien remplie, comme son testament, son dernier conseil aux enfants ne fut pas du tout qu'ils deviennent des devenir des disciples de Sri Aurobindo ou de Mère, qu'ils étudient leurs œuvres à fond etc...

Ce qui est important, c'est de faire quelque chose qui vous intéresse, auquel on peut se donner complètement. Et si vous le faites, eh bien, vous serez toujours conduits, parce que, maintenant, en regardant ma vie avec la perspective que donne, ma foi, l'âge, je vois que depuis le début, tout ce que j'ai fait, même les bêtises – et il y en a eu –, même les bêtises, même les erreurs, eh bien, tout cela... derrière tout cela, il y a eu la Main... la Main protectrice, directrice, qui m'a guidé. Et qu'au fond, finalement même, tout ce que j'ai fait, toutes mes expériences (ce n'est pas pour les justifier), mais tout cela avait un sens. Et je suis finalement arrivé où je devais arriver.

Cela résonne avec ce passage de l'Agenda de Mère du 7 octobre 1964

Je comprends bien : il y a des gens qui n'aiment pas l'idée d'un «Divin» parce que, immédiatement, ça se mélange à toutes les conceptions européennes ou occidentales (qui sont effroyables), et alors ça complique un petit peu leur existence – mais on n'a pas besoin de ça ! Le «quelque chose» dont on a besoin, la Perfection dont on a besoin, la Lumière dont on a besoin, l'Amour dont on a besoin, la Vérité dont on a besoin, la suprême Perfection dont on a besoin – et c'est tout. Les formules... moins il y a de formules, mieux c'est. Un besoin, un besoin, un besoin... que seulement LA Chose peut satisfaire, rien d'autre, pas de demi-mesure. Seulement ça. Et puis, allez ! – allez! Votre chemin sera votre chemin, ça n'a pas d'importance; n'importe quel chemin, n'importe lequel, même les extravagances de la jeunesse américaine actuelle peuvent être un chemin, ça n'a pas d'importance.

Comme Sri Aurobindo l'a dit : si tu ne peux pas avoir l'amour de Dieu (je traduis), eh bien, arrange-toi pour te battre avec Dieu et avoir les rapports du lutte.

[Mère fait référence à l'aphorisme 419 :]

Si tu ne peux pas faire que Dieu t’aime, fais qu’Il lutte contre toi. S’Il ne veut pas te donner l’étreinte de l’amant, oblige-Le à te donner l’étreinte du lutteur.

Un autre aspect me vient à l'esprit : la peur de se tromper, la volonté (ignorante) de ne pas se tromper, ou même la bonne volonté (imbécile disait Mère) de bien faire peut expliquer en partie le dogmatisme. Alors tout ce qui ne correspond pas à nos enseignements devient pour nous une erreur. Et dès notre plus tendre enfance, nous sommes éduqués, conditionnés à être puni dès que nous nous trompons  l'erreur est un mal à éviter. À chaque erreur, nous avons un point en moins. Sri Aurobindo a écrit plusieurs aphorismes édifiants sur le sujet. 

Ouvrons cette parenthèse avec une invitation à les méditer, certains sont si savoureux :

Lien vers le PDF des Aphorismes

Fermons cette parenthèse et revenons à notre sujet.

Si pour telle religion, telle autre conception est une erreur, au lieu d'insulter, de mépriser, de donner des leçons de morale, il pourrait y avoir l'attitude de laisser les gens faire leurs propres expériences, et même leurs propres erreurs, car c'est précisément par nos erreurs que nous progressons.

La limite étant évidemment celle du bon sens... si une personne a envie d’expérimenter des choses qui la mettent ouvertement en danger, ou qui mettent en danger réel d'autres personnes, c'est tout à fait différent. Quand la vie-même est menacée, il y a un devoir naturel de se protéger.   

En conclusion, je ne suis pas expert des autres religions, mais il me semble que le dogmatisme et le sectarisme concerne particulièrement les religions occidentales, juive, chrétienne et musulmane, et que ces défauts sont moins présents dans les religions orientales, même s'il s'y trouve aussi.  

2. Hors du Christ point de salut !

C'est aussi une phrase que nous avons souvent entendu dans la bouche des chrétiens, mais cette fois, j'aimerais montrer en quoi, elle pourrait être vraie.

Lorsque Saint Paul en arrive à l'expérience qui lui fait dire "ce n'est plus moi qui vit, c'est le Christ qui vit en moi", c'est qu'il fait l'expérience de la Présence divine dans le cœur  d'ailleurs, comme nous l'avons vu dans un article, il n'est pas le seul chrétien a témoigner de la réalité de cette Présence dans le cœur. Alors, en tant que "disciple de Jésus", Saint Paul ressent naturellement que cette Présence divine, c'est le Christ.

Seulement d'autres religions donné d'autres noms à cette présence divine. L'hindouisme a parlé du purusha du cœur ou le caitya purusha ; le Véda d'Agni ; la Mère conseille de lire la Bhagavad-Gîtâ avec l'idée que Krishna symbolise cette Présence divine dans le cœur ; Sri Aurobindo de l'être psychique et d'autres écoles spirituelles ont sans doute donné d'autres noms, ou pas de nom du tout : le moine zen dans l'art du tir à l'arc à parlé de la Grande Nature. Il paraît même que dans le bouddhisme on admet que nous avons tous en nous l'étincelle du Bouddha.

L'erreur des Chrétiens est dans l'illusion de croire, sous prétexte que le Christ intérieur est une vérité, que c'est la seule vérité. Bouddha intérieur, Krishna intérieur, Agni intérieur sont aussi des vérités.

Ainsi quand Jésus dit : "Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi.", d'une certaine façon, cela peut s'entendre, si ce moi dont il parle est le Christ compris comme étant la Présence divine intérieure.

Et puis, si le Père dont il parle est compris comme l'aspect transcendant du Divin, nous pouvons admettre qu'avant de pouvoir y accéder, nous devons d'abord accéder au Divin immanent.

Dans ce contexte, il est possible de trouver une certaine vérité dans cette parole. Ceci dit, elle n'en reste pas moins problématique car elle induit une confusion et prête inévitablement le flanc aux attaques et aux révoltes des autres traditions spirituelles. Cette parole ressemble à de la récupération religieuse d'un fait spirituel, ontologique universel  et ça c'est un problème.

Il y en a peut-être un autre, en ce sens que je ne suis même pas sûr que cela soit vrai... que nous ne puissions pas accéder au Divin transcendant (le Père) sans passer par le Divin immanent (le Fils, le Christ intérieur, la Présence divine). Dans l'immense tradition spirituelle de l'Inde, il y a dû y avoir des yogis qui ont ouvert le chakra coronal, qui se sont unis au Divin tout la haut, sans même descendre dans leur cœur. Cela me paraît théoriquement possible, même si j'ai compris que ce n'est pas la voie à suivre, qu'il ne faut pas faire comme ça.

Mais peut-être que je me trompe dans mon interprétation et c'est très heureux car les chercheurs de vérité devront faire marcher leur propre discernement. 

Autre hypothèse

Revenons sur quelques paroles des Évangiles rassemblés par Grok pour nourrir ma réflexion :

Jean 10:30 : Jésus dit, « Moi et le Père, nous sommes un. »

Ce verset, bien qu’inscrit dans un contexte théologique chrétien, évoque une unité profonde entre Jésus et Dieu, qui pourrait rappeler l’expérience non-dualiste du « Moi unique » où la distinction entre le soi individuel et la réalité ultime s’efface.

Jean 17:21 : Dans sa prière sacerdotale, Jésus dit, « afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous. »

Ce passage exprime une unité spirituelle entre Dieu, Jésus et les disciples, suggérant une communion profonde qui pourrait résonner avec l’idée d’un « Moi » transcendant les individualités.

Dans les épîtres de Paul, on trouve des allusions à une réalité spirituelle unifiée, notamment dans des passages comme :

Galates 2:20 : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. » Cette phrase reflète une dissolution de l’ego individuel au profit d’une identification avec une réalité spirituelle plus grande, ce qui peut rappeler l’expérience du « Moi unique » où le soi individuel se fond dans la conscience universelle.

Colossiens 3:11 : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni libre, ni homme ni femme, car tous vous êtes un en Jésus-Christ. »

Ce passage évoque une unité transcendant les distinctions humaines, une idée qui pourrait faire écho à la non-dualité.

Lorsque les chrétiens disent qu'aucun salut n'est possible hors du Christ, ou quand Jésus dit que nul de va au Père sans passer par lui, si le Christ ne symbolise plus, comme le proposait plus haut, la Présence divine immanente dans le cœur, mais l'expérience, la conscience, du Moi unique (le Moi supérieur, le Jivatman dans la spiritualité indienne), ou la conscience cosmique universelle, alors le Père dont parle Jésus pourrait être l'aspect absolu et transcendant du Divin.

Sri Aurobindo a parlé de ces trois aspects du Divin : immanent, universel ou cosmique et transcendant. Et à mon avis, c'est cela que ces paroles des Évangiles essaient de nous faire toucher. 

Maintenant, comme je l'ai évoqué dans la conversation avec Sri Aurobindo, nous pouvons comparer ce que nous disent ces quelques paroles des Évangiles avec la façon dont Sri Aurobindo développe ces sujets, et nous verrons par nous-mêmes où nous avons le maximum d'informations pour notre compréhension et nous guider dans notre chemin d'évolution.

Voilà... sauf inspiration nouvelle, je crois avoir fait le tour de ce petit pèlerinage dans l'univers chrétien, et je sens le besoin de revenir dans les articles prochains sur des textes de Mère qui abordent des aspects et des pratiques de toute première importance. 

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