Comment devenir le maître de sa santé ?

Mais je sais d’une façon absolue que si on peut maîtriser toute cette masse du Mental physique et y apporter la conscience du Brahman d’une façon continue, on peut, on est le maître de sa santé.

Agenda de Mère du 25 octobre 1960

🌸

Quelques remarques

1. Cela va sans dire mais cela va mieux en le disant, cette parole de Mère n'est évidemment pas le seul chemin pour conquérir notre santé, par exemple, si nous méditions les aphorismes sur la santé de Sri Aurobindo. Mais même quand le sujet de leurs paroles ne concernent pas directement la maladie ou la santé, je me suis souvent dit que, si nous la mettions en pratique, ce serait un exercice de guérison, une voie d'approche.

2. Si nous suivons la piste de cette parole de Mère, nous pouvons commencer par nous demander ce qu'est le mental physique. (Je pense toujours à ceux qui pourrait découvrir pour la première fois ces chose.) Pour faire simple, toutes les couches de notre être, tous nos différents plans de conscience ne sont pas séparés des uns des autres, ils sont tous en relation et en interconnexion. Ainsi, le mental physique et ce plan de conscience particulier ou la conscience mentale touche la conscience physique. Mère avait remarqué que l'influence de la pensée sur le corps était considérable, et c'est précisément en raison de ce mental physique.

3. Quant à la conscience du brahman, nous avons la possibilité de commencer par chercher quelques définitions sur internet qui nous donnerons un premier aperçu intellectuel. Voici celle de Sri Aurobindo dans le glossaire du Journal du Yoga :

Brahman : (dans le Véda) : "l'âme ou la conscience-âme qui émerge du cœur secret des choses", ou "la pensée, inspirée, créatrice, pleine de la vérité secrète, qui émerge de cette conscience et devient la pensée du mental".

(Dans le Védanta) : la Réalité divine, "l'Un (eka) au-delà duquel rien n'existe". l'Absolu qui est "en même temps la Réalité omniprésente en laquelle existe tout ce qui est relatif, et qui représente ses formes et ses mouvements". Sa nature est Satchidananda, existence (sat), conscience (chit) et félicité (ananda) infinies, dont le second élément peut aussi être décrit comme conscience-force (chit-tapas), constituant alors les quatre principes fondamentaux de la Réalité intégrale.

Le Brahman vu en toute chose sous l'angle de ces principes est appelée dans le Journal le quadruple Brahman, dont les quatre aspects constituent le brahma chatushtaya.

La réalisation complète du brahman comportait pour Sri Aurbindo non seulement l'unification des expériences du nirguna brahman (brahman sans qualité) et du saguna brahman (brahman avec qualités), mais aussi l'harmonisation du brahman impersonnel – "le matériau spirituel et la substance consciente de toutes les idées, forces et formes de l'univers" – avec l'ishvara personnel dans la conscience de parabrahman.

Cette conscience du Parabrahman est le brahman dans son état suprême, "un impensable Transcendant, trop vaste pour toute manifestation", et "en même temps l'Âme vivante suprême de toute chose" (purushottama), Seigneur suprême (parameshwara) et Soi suprême (paramatman). "en tous ces aspects égaux, Brahman est la même Divinité unique et éternelle".

Le brahman est représenté par la syllabe mystique OM.

🌸

Les mots entre guillemets sont de Sri Aurobindo, les autres appartiennent aux rédacteurs. Les mots en gras renvoient à d'autres définitions du glossaire. Je n'avais jamais entendu le mot "eka", alors voici ce que nous dit le glossaire :

Eka¹ : un, l'Un, la Réalité une, le brahman ou Satchidananda, vu "comme une Existence Une, un Être concentré en lui-même et déployé dans toutes les existences ; comme une Conscience une, concentrée dans l'unité de son existence, étendue dans la nature universelle et centrée innombrablement en une multitude d'êtres, une Force une, statique dans son repos de conscience rassemblée, dynamique dans son activité de conscience répandue ; une Béatitude bienheureusement consciente de son infinité sans trait et bienheureusement consciente de tous les aspects, forces et formes d'elle-même".

Eka² : (littéralement "un ou seul", que Sri Aurobindo considérait comme le nom du sage appelé Ekata dans l'ancienne légende, le frère de Dvita et Trita) ; le purusha de la conscience matérielle.

Parabrahman : la Réalité suprême, (brahman), "absolue et ineffable... au-delà de tout être cosmique", d'où procèdent "l'immobile et le mobile, l'immuable et le changeant, l'action et le silence" ; il "n'est pas l'Être (sat), ni le Non-Être (asat), mais quelque chose dont l'Être et le Non-Être sont les premiers symboles."

Comme il n'est pas possible de le le décrire "par un nom ou un concept précis", on s'y réfère par le mot neutre de "cela" (tat) afin de "parler de cet Inconnaissable de la façon la plus générale et globale possible... ; mais ce terme neutre n'exclut pas l'aspect de la Personnalité universelle et transcendante". 

🌸

Autres remarques

1. Nous pouvons lire et relire tranquillement ces définitions "compliquées" et, plutôt que de nous triturer les méninges, nous laisser imprégner.

2. Il est assez vertigineux de songer que Sri Aurobindo ait pu faire l'expérience de ces choses... et tout cela peut nous paraître si élevé, si lointain, si inaccessible que nous ferions mieux de retourner à nos "pâtures ordinaires" pour reprendre l'expression de l'aphorisme 5.

3. Pourtant, si Brahman est la suprême Réalité, c'est que d'une certaine façon, il n'est pas loin du tout, nous baignons littéralement dedans, et nous en sommes complètement imprégné. C'est peut-être la qualité de nos perceptions que nous devrions interroger et chercher à améliorer. Je me demande si, au final, tout ne se résume pas (ou presque), à une capacité de percevoir, ou non. 

4. Quelles sont les forces, les capacités que nous avons à notre disposition pour réaliser, ou tout du moins, tenter un truc pareil, si énorme que cette Conscience de Brahman ? Nous avons, entre autre, l'aspiration, la volonté, la concentration, l'identification, le don de soi et pour clef de voûte, la sincérité et la foi. Si nous ne sommes pas sincères, si nous ne le voulons pas vraiment, et que nous n'avons aucune foi, ce n'est sans doute même pas la peine d'essayer. Encore que... la grâce divine peut sans doute déjouer tous nos stratagèmes de résistance, et nous surprendre !

Je me souviens d'une de leur parole, que je cite de mémoire, que rien ne pouvait résister au pouvoir de la concentration. C'est sans doute la raison pour laquelle notre système éducatif se garde prudemment d'enseigner la concentration aux enfants et se préoccupe surtout "de leur apprendre dès leur enfance tout ce qui ne leur servira pas." (Jacques Brel) 

Nous pouvons appeler la Conscience du Brahman [ce qui est savoureux 😀 sans même savoir ce que c'est], l'invoquer, y aspirer, nous donner à Elle, nous concentrer sur Elle, chercher à nous fondre en Elle, nous élargir en Elle, comme si nous étions en train de faire la planche sur un Océan, nous identifier à Elle... Et ce serait bien le diable, si un jour ou l'autre, nous ne commencions à ressentir un petit quelque chose...

En conclusion, j'ai toujours trouvé intéressant de savoir qu'une potentialité existe, même si je n'étais pas en mesure de la réaliser tout de suite. En l'occurrence, nous pouvons devenir le maître de notre santé, et nous libérer ce ce pouvoir médical qui a abondamment  prouvé sa malveillance et son incompétence.