Une ligne de progression
Agenda du 5 juillet 1958
C’est ça : cette capacité d’être la passivité plastique absolue – comme ça – dans le silence et l’abandon total, et en même temps, ici, là, la volonté IRRÉDUCTIBLE, TOUTE-PUISSANTE, avec le pouvoir d’effectuation total, comme ça, qui brise toutes les résistances. Les deux simultanés sans qu’ils se gênent l’un l’autre, dans une même joie – ça, c’est le grand secret ! L’harmonisation des contraires, dans la joie et la plénitude, toujours, toujours, tous les problèmes : c’est le grand secret.
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Agenda du 17 décembre 1960
Eh bien, cet état-là est très dangereux, cet état d’endurance : cette endurance qui ne se laisse bouleverser par rien. Et c’est pourtant indispensable, parce qu’il faut tout accepter avant de pouvoir rien transformer.
C’est ce que Sri Aurobindo avait toujours dit : d’abord il faut tout accepter – accepter comme venant du Divin, comme la Volonté divine ; accepter sans dégoût, sans regret, sans chagrin, sans aucun énervement. Accepter avec une égalité parfaite. Et c’est seulement après cela que vous pouvez dire : maintenant nous allons travailler pour que ça change.
Mais travailler pour changer avant d’avoir atteint à l’égalité parfaite, c’est impossible. C’est cela que j’ai appris pendant ces dernières années.
Et pour chaque détail c’est comme cela. D’abord : « Que Ta Volonté soit faite », et puis, après, « La Volonté de demain » : ça, ça disparaîtra. Mais d’abord accepter.
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Agenda du 25 février 1970
J'ai passé toute la nuit dernière avec Sri Aurobindo, mais avec un monde d'explications. Il m'a fait comprendre des tas de choses, mais tout à fait... enfin extraordinaires. Et pratiques : sur l'état actuel où en sont les choses...
[…]
C'est extraordinairement intéressant.
(silence)
Une démonstration en détail de la différence entre les deux consciences.
(silence)
Il m'a expliqué, entre autres choses et d'une façon tout à fait pratique et positive, que ce qui est la cause de toutes les maladies, les désordres, les conflits, ici, dans le monde matériel, c'est que les deux mouvements qui sont simultanés – l'un est le mouvement de durée (ce que l'on pourrait appeler la Stabilité) et l'autre, le mouvement de transformation –, les deux mouvements dans la Conscience originelle ne font qu'un et ils ne sont pas en contradiction ; et on m'a montré comment (pas avec la pensée : avec la conscience), ici, ils sont séparés, et alors c'est cela qui est la cause de la mort. C'est parce qu'ils ne peuvent pas s'accorder – ils ne savent pas s'accorder : ils peuvent mais ils ne savent pas. L'un, c'est le mouvement de transformation, et l'autre, le mouvement de stabilité. Quand ils ne sont pas en harmonie et là où il faut, cela produit une rupture d'équilibre et l'être meurt – les choses meurent, tout meurt –, à cause de ça. Mais dit comme cela, ça n'a pas de sens. C'est l'expérience de la chose qui est donnée...
[…]
On pourrait dire (presque dire) que si les deux trouvent leur équilibre d'existence simultanée, ça recrée le Divin... Il est en nous, mais pas accordé.
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Commentaire
Se transformer soi-même n’est pas si simple et c’est une grande grâce d’avoir à notre disposition les indications laissées par Sri Aurobindo, Mère et Satprem. Je voulais donc attirer l’attention sur cette ligne de progression particulièrement stimulante de l’harmonisation des contraires, de l’acceptation totale au changement, jusqu’à cet extraordinaire mouvement de Stabilité et de Transformation qui recrée le Divin. Je n’ai certes pas l’illusion de penser que nous puissions réussir d’emblée quelque chose d’aussi exceptionnel, mais nous pouvons y aspirer et nous y préparer.
Sur le plan physique, des exercices d’équilibre peuvent être utiles, car cela marche dans les deux sens : la conscience peut guider le corps et un exercice corporel bien réalisé à un effet positif sur la conscience. Les exercices d’équilibre impliquent un grand calme qui est déjà une forme de stabilité. Nous pouvons trouver sur internet de nombreuses descriptions d’exercices très simples que nous pouvons faire les yeux fermés, pour augmenter la difficulté.
Sur le plan mental et spirituel nous pouvons relire les trois chapitres de la Synthèse des Yogas consacrés à l’égalité et les deux chapitres d’Essai sur la Guîtâ.
La pratique de l’immobilité pourrait aussi constituer un autre travail préparatoire. Simplement allongé sur son lit ou assis confortablement, le dos bien calé, afin de n’avoir aucun effort physique à faire, la conscience se pose, se décante, devient tranquille ; alors la relaxation peut se changer en une profonde immobilité qui nous laisse entrevoir que se fait un travail d’homogénéisation et d’égalisation de la conscience, des énergies et de la substance. Et peut-être glisserons-nous alors de l’Immobilité à cette Stabilité.
Quoiqu’il en soit, sur le plan psychologique, rien ne nous empêche dès d’expérimenter et de pousser aussi loin que possible le mouvement de complète acceptation, "sans dégoût, sans regret, sans chagrin, sans aucun énervement" associé avec le mouvement de volonté de changement, et de voir où cela nous mène.
La Nouvelle Conscience aidant, un travail de préparation se fait à notre insu dans les profondeurs de notre être, il est donc judicieux de garder dans un coin de notre mémoire cette clef du double mouvement de Stabilité et de Transformation.
Pour aller plus loin il faut parfois revenir en arrière ; la note de Satprem suggère que cette expérience est la continuation de l'expérience dont Mère a parlé dans l'Agenda du 19 novembre 1969 : «Unité = Puissance et repos combinés.»
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Le repos, ça doit être une ascension dans la Lumière, dans la Paix parfaite, dans le Silence total, un repos qui surgit hors de l'ombre, un repos qui est une ascension. Entretien de Mère du 31 août 1955
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C'est dans l'action, c'est dans l'effort, c'est dans la marche en avant qu'il faut trouver le repos, le vrai repos de la confiance totale dans la Grâce divine, de l'absence de désirs, de la victoire sur l'égoïsme. Entretien de Mère du 20 mars 1957
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Se reposer avant de s’endormir
Il n’y a pas de fin aux découvertes que l’on peut faire dans les rêves. Mais une chose est très importante : il ne faut pas s’endormir quand on est très fatigué, car si on le fait, on tombe dans une sorte d’inconscience et les rêves font de vous ce qu’ils veulent sans que l’on soit capable d’exercer le moindre contrôle. De même qu’il faut se reposer avant de manger, je conseillerais à tout le monde de se reposer avant de s’endormir. Mais encore faut-il savoir comment se reposer.
Il y a beaucoup de façons de le faire, en voici une : d’abord mettez votre corps au repos, confortablement allongé sur un lit ou une chaise longue. Efforcez-vous alors de détendre vos nerfs, soit tous ensemble, soit l’un après l’autre, jusqu’à ce que vous ayez obtenu une détente complète. Ceci fait, et tandis que votre corps reste comme un chiffon sur le lit, rendez votre cerveau silencieux et immobile, au point qu’il n’ait plus conscience de lui-même. Alors doucement, imperceptiblement, passez de cet état dans le sommeil.
Quand vous vous réveillerez le lendemain matin, vous serez plein d’énergie. Au contraire, si vous vous couchez très fatigué et sans vous détendre, vous tomberez dans un sommeil lourd, épais et inconscient où le vital perdra toutes ses énergies.
Il est possible que vous n’obteniez pas un résultat immédiat ; alors persévérez.
Paroles de la Mère – Volume 3