Comment nous libérer de Macron et de la caste ?! (3)
Emmanuel Todd a prévu dix ans avant tout le monde l'effondrement de l'Union Soviétique en se basant sur l'indice de taux de mortalité infantile. Or depuis 2011 selon les chiffres officiels la mortalité augmente en France.
Quant aux indicateurs économiques, ils sont au rouge et la France pourrait être prochainement dans une situation de faillite et d'effondrement plus ou moins généralisé. Inutile de détailler tout cela, c'est la simple évidence. La question de nous libérer de Macron et de la caste est donc tout à fait légitime, cependant, dans cette vidéo et d'autres, Jean-Dominique Michel souligne que régulièrement dans l'histoire, après chaque phase totalitaire, le stalinisme, le fascisme, le nazisme, nous disons "plus jamais ça", et pourtant les pulsions totalitaires reviennent toujours.
Ainsi, il n'est pas question de se laisser couper le cou, pour reprendre une expression de Satprem, et tout doit être fait pour nous défendre et mettre hors d'état de nuire les malfaisants, mais n'empêche que si le mal revient, c'est que l'humanité n'a pas encore compris sa véritable nature ni les véritables remèdes.
C'est la raison pour laquelle je publie dans son intégralité L'Énigme de ce monde, un texte de quelques pages dans lequel Sri Aurobindo répond à cette épineuse question du mal.
L’Énigme de ce Monde
Question posée par Maurice Magre1 : « L’esprit divin, en s’incarnant dans les formes, a donc tout prévu et tout voulu. Mais alors, comment a-t-il l’air de poursuivre un but, la conscience, puisqu’il pouvait le réaliser du premier coup ? Pourquoi a-t-il permis la douleur et le mal qui sont dans son essence même ? Si le mal humain peut être attribué aux hommes, l’injustice qui frappe les animaux et les plantes ne peut être attribuée qu’à l’ordre divin. Pourquoi l’ordre divin n’a-t-il pas tout organisé dans la joie ? La douleur ne perfectionne pas toujours et plus souvent elle jette dans un irrémédiable désespoir. »
1. Maurice Magre est l’auteur de nombreux ouvrages, en particulier de À la Poursuite de la Sagesse (Charpentier, 1936) où il a consacré un chapitre à Sri Aurobindo et à la Mère. Signalons aussi le Livre des Certitudes Admirables (Avignon, 1941).
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On ne peut nier — en fait aucune expérience spirituelle ne nie — que ce monde ne soit ni idéal ni satisfaisant et qu’il soit fortement marqué du sceau de l’imperfection, de la souffrance et du mal. En vérité, cette perception est en quelque sorte le point de départ de l’impulsion spirituelle, excepté chez le petit nombre à qui l’expérience supérieure vient spontanément sans qu’ils soient contraints au détachement par le sentiment puissant ou accablant, affligeant, de l’Ombre qui surplombe tout le champ de l’existence manifestée.
Cependant la question reste : est-ce là vraiment, comme on le prétend, le caractère essentiel de toute manifestation, ou du moins, tant qu’il y aura un monde physique, celui-ci devra-t-il nécessairement être de cette nature, si bien que le désir de naître, la volonté de se manifester ou de créer, doive être considéré comme le péché originel, et le retrait de la naissance ou de la manifestation comme le seul chemin possible de salut ?
Pour ceux qui perçoivent le monde ainsi, ou d’une façon plus ou moins analogue — et ils ont été la majorité —, il y a des chemins de sortie bien connus, des raccourcis de la délivrance spirituelle. Mais il se peut aussi que le monde ne soit pas ainsi et qu’il semble seulement ainsi à notre ignorance ou à une connaissance partielle : il se peut que l’imperfection, le mal, la souffrance soient une circonstance affligeante ou un passage douloureux, mais non la condition même de la manifestation, non l’essence même de la naissance dans la Nature terrestre.
Et s’il en est ainsi, la plus haute sagesse ne sera pas dans la fuite, mais dans l’élan vers la victoire ici même, dans une collaboration consentante avec la Volonté qui est derrière le monde, dans une découverte de la porte spirituelle de la perfection, qui sera, en même temps, une ouverture pour la descente totale de la Lumière, la Connaissance, la Puissance et la Béatitude divines.
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Toute l’expérience spirituelle affirme qu’il y a un Permanent au-dessus du transitoire de ce monde manifesté où nous vivons et de cette conscience limitée où nous tâtonnons et luttons en d’étroites frontières, et que ses caractéristiques sont l’infini, l’existence en soi, la liberté, la Lumière et la Béatitude absolues.
Y a-t-il donc un gouffre infranchissable entre ce qui est au-delà et ce qui est ici, est-ce que ce sont deux perpétuels opposés, et l’homme ne peut-il atteindre l’Éternel qu’en quittant cette aventure dans le Temps et en sautant par-dessus le gouffre ?
Tel semble l’aboutissement d’une ligne d’expériences qui a été poussée jusqu’à ses plus rigoureuses conclusions par le bouddhisme, et un peu moins rigoureusement par un certain type de spiritualité moniste qui admet quelque rapport entre le monde et le Divin, mais en dernier ressort, les oppose encore l’un à l’autre comme vérité et illusion.
Mais il y a aussi une autre expérience, indiscutable, à savoir que le Divin est ici en toute chose, autant qu’il est au-dessus et derrière toute chose ; que tout est en Cela, tout est Cela, quand nous nous retirons de ses apparences vers sa réalité. C’est un fait, et il est significatif et illuminateur, que celui qui connaît le Brahman, même quand il se meut et agit dans ce monde, même quand il supporte tous ses chocs, peut vivre dans une paix, une lumière et une béatitude absolues du Divin.
Il y a donc ici quelque chose d’autre que cette tranchante opposition ; il y a un mystère, un problème qui semble devoir admettre une solution moins désespérée. Cette possibilité spirituelle indique un autre chemin par-delà, et amène un rayon d’espérance dans l’obscurité de notre existence déchue.
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Une question se pose aussitôt : ce monde est-il une immuable suite de phénomènes toujours semblables, ou recèle-t-il un élan évolutif, un fait évolutif, quelque échelle ascendante qui conduise d’une apparente Inconscience originelle à une conscience de plus en plus développée, et qui de développement en développement monte toujours, pour émerger sur les plus hauts sommets qui pour nous sont encore hors d’atteinte ? S’il en est ainsi, quel est le sens, le principe fondamental, l’aboutissement logique de cette progression ?
Tout semble indiquer que cette progression est un fait : que l’évolution n’est pas seulement physique, mais spirituelle. Ici aussi, il existe une ligne d’expérience spirituelle justificatrice par laquelle nous découvrons que l’Inconscient d’où tout part, est seulement une apparence, car en lui se trouve « involuée », enfermée, une Conscience qui a des possibilités sans fin, une Conscience qui n’est pas limitée, mais cosmique et infinie, un Divin caché et emprisonné en soi, dans la Matière, mais qui contient toutes les potentialités en ses profondeurs secrètes.
De cette Inconscience apparente, chaque potentialité se révèle tour à tour : d’abord la Matière organisée qui cache l’Esprit immanent, puis la Vie qui surgit dans la plante et s’associe à une mentalité croissante dans l’animal, puis le Mental lui-même qui se développe et s’organise dans l’homme. Cette évolution, cette progression spirituelle, s’arrête-t-elle court ici, à cet être mental imparfait qu’on appelle l’Homme ? Ou bien son secret est-il simplement une succession de renaissances dont l’unique but ou l’unique fin est de peiner jusqu’au moment où elle peut apprendre sa propre futilité, renoncer à elle-même et faire le saut en quelque Existence originelle hors des naissances, ou en quelque Non-existence ?
En tout cas, la possibilité existe — et passé un certain point, c’est une certitude — qu’il y a une conscience bien plus grande que ce que nous appelons le Mental, et qu’en gravissant l’échelle un peu plus haut, nous pouvons trouver un point où cesse l’emprise de l’Inconscience matérielle, de l’Ignorance vitale et mentale ; dès lors, un principe de conscience peut se manifester, qui libère, non pas partiellement ou imparfaitement seulement, mais radicalement et totalement le Divin emprisonné.
Dans cette vision, chaque étape de l’évolution apparaît comme le résultat de la descente d’un Pouvoir de conscience chaque fois plus haut, qui élève tout le niveau terrestre et crée une nouvelle strate. Mais les plus hauts Pouvoirs ne sont pas encore descendus, et c’est par leur descente que l’énigme de l’existence terrestre trouvera sa solution et que, non seulement l’âme, mais la Nature elle-même, touchera sa délivrance.
Telle est la Vérité qui a été vue par éclairs et d’une façon de plus en plus complète par la lignée des voyants que les Tantra appelaient les héros-chercheurs et les divins chercheurs ; cette Vérité est peut-être proche maintenant du point où elle pourra être pleinement révélée et pleinement expérimentée.
Alors, quel que puisse être le lourd poids de lutte, de souffrance et d’obscurité dans le monde, si tel est le haut résultat qui nous attend, tout ce qui s’est passé avant peut être considéré par les forts et les aventureux comme un prix point trop élevé pour la gloire qui doit venir. En tout cas, l’ombre se dissipe ; une Lumière divine se penche sur le monde et ce n’est pas seulement un vague Éclat incommunicable et hors d’atteinte.
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Il est vrai que le problème demeure : pourquoi tout cela a-t-il été nécessaire, ces commencements grossiers, ce long passage orageux ? Pourquoi un prix si lourd et si pénible a-t-il été demandé ? Pourquoi y a-t-il jamais eu le mal et la souffrance ?
Car, si l’on regarde le comment, la cause effective de la chute dans l’Ignorance, et non le pourquoi, toutes les expériences spirituelles s’accordent en substance. C’est la division, la séparation, le principe d’isolement hors du Permanent et de l’Un qui l’a produite ; c’est parce que l’ego a pris position pour lui-même dans le monde, affirmant son propre désir et sa propre importance, au lieu d’affirmer son union avec le Divin et son unité avec le tout ; c’est parce que, au lieu de laisser la suprême et unique Force-Sagesse-Lumière déterminer l’harmonie de toutes les forces, il fut permis à chaque idée, chaque force, chaque forme des choses, de s’accomplir autant qu’elle le pouvait dans la masse des possibilités infinies, par sa propre volonté séparée, et finalement, et inévitablement, par son conflit avec les autres.
La division, l’ego, la conscience imparfaite, les tâtonnements et les luttes d’une affirmation de soi indépendante, sont la cause effective de la souffrance et de l’ignorance de ce monde. Dès que les consciences se séparèrent de l’unique conscience, elles tombèrent inévitablement dans l’Ignorance, et le dernier résultat de l’Ignorance fut l’Inconscience. D’un immense et sombre Inconscient le monde matériel a émergé, et en lui s’élève une âme qui, par l’évolution, se fraye un passage vers la conscience, est attirée vers la Lumière cachée, et monte, bien qu’aveuglément encore, vers la Divinité perdue d’où elle était venue.
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Mais pourquoi a-t-il fallu que tout cela se produise ?
Il est une manière ordinaire de poser la question, et d’y répondre, qui doit être tout de suite éliminée : la manière humaine et sa révolte, ses reproches éthiques, sa clameur émotive. Car, contrairement à ce que certaines religions supposent, ce n’est pas une Déité personnelle, supracosmique et arbitraire, elle-même nullement affectée par la chute, qui a imposé le mal et la souffrance à des créatures produites par le caprice de son « fiat ».
Le Divin que nous connaissons est un Être infini, et c’est dans son infinie manifestation que ces choses ont pris place ; c’est le Divin lui-même qui est ici, derrière nous, imprégnant la manifestation, soutenant le monde par son unité ; c’est le Divin qui est en nous, soulevant lui-même le fardeau de la chute et ses sombres conséquences. Si, en haut, Il se tient à jamais dans sa Lumière, sa Béatitude et sa Paix parfaites, il est ici-bas aussi : sa Lumière, sa Béatitude et sa Paix sont secrètement ici, supportant tout ; en nous-mêmes il existe un esprit, une présence centrale plus grande que la série des personnalités de surface et qui, tel le suprême Divin lui-même, n’est pas écrasée par le sort qu’elles subissent.
Si nous découvrons ce Divin en nous, si nous reconnaissons que nous sommes cet esprit qui est un avec le Divin en essence et dans l’être, c’est le portail de notre délivrance, et en lui nous pouvons, même au milieu de ce monde de discordes, demeurer lumineux, béatifiques et libres. Tel est le témoignage de l’expérience spirituelle, et il est aussi vieux que le monde.
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Mais encore, quel est le but et l’origine de la discorde ? Pourquoi cette division et cet ego sont-ils nés, ce monde d’évolution douloureuse ? Pourquoi le mal et la souffrance doivent-ils s’immiscer dans la Paix, la Béatitude et le Bien divins ?
Il est difficile de répondre à l’intelligence humaine en restant à son propre niveau, car la conscience qui est à l’origine de ce phénomène et pour laquelle il est en quelque sorte automatiquement justifié dans une connaissance supra-intellectuelle, est une intelligence cosmique, et non une intelligence humaine individualisée ; elle voit des espaces plus larges, elle a une autre vision, un autre savoir, d’autres états de conscience que la raison et le sentiment humains.
On pourrait répondre au mental humain que l’Infini peut en lui-même être libre de ces perturbations, mais qu’une fois la manifestation commencée, ont commencé aussi d’infinies possibilités, et parmi les possibilités infinies que la manifestation universelle a pour fonction de réaliser, l’une d’elles était évidemment la négation — l’apparente négation effective — du Pouvoir, de la Lumière, de la Paix et de la Béatitude, avec toutes ses conséquences.
Si l’on demande pourquoi cela a été accepté, même si c’était possible, la réponse la plus proche de la Vérité cosmique que l’intelligence humaine puisse donner, c’est que dans les relations ou dans la transition du Divin dans l’Unité au Divin dans la Multiplicité, ce possible funeste est devenu inévitable à un certain moment.
Car dès qu’il apparaît, il acquiert, pour l’Âme descendant dans la manifestation évolutive, une attraction irrésistible qui crée l’inévitable — une attraction qui en termes humains, sur le plan terrestre, peut se traduire par l’attrait de l’inconnu, la joie du danger, de la difficulté et de l’aventure, la volonté de tenter l’impossible, de réaliser l’incalculable, de créer le nouveau et l’incréé avec son propre être et sa vie comme matériaux, la fascination des contraires et de leur difficile harmonisation — c’est cela, traduit en une autre conscience, supraphysique et surhumaine plus haute et plus vaste que le mental, qui fut la tentation conduisant à la chute.
Car, pour l’être originel de lumière sur le point de descendre, la seule chose inconnue était les profondeurs de l’abîme, les possibilités du Divin dans l’Ignorance et l’Inconscience.
De l’autre côté, de la divine Unité, c’était un vaste acquiescement plein de compassion, d’aide, d’acceptation, une connaissance suprême que cette possibilité devait être ; qu’étant apparue, elle devait être menée jusqu’au bout ; que son apparition faisait en quelque sorte partie d’une infinie sagesse incalculable ; que si le plongeon dans la Nuit était inévitable, l’émergence dans un Jour sans précédent était aussi une certitude ; et que c’est seulement ainsi qu’une certaine manifestation de la suprême Vérité pouvait avoir lieu, par une mise en œuvre des contraires phénoménaux comme point de départ de l’évolution et comme condition de l’émergence transformatrice.
Cet acquiescement comprenait aussi la volonté du grand Sacrifice, la descente du Divin lui-même dans l’Inconscience pour prendre le fardeau de l’Ignorance et de ses conséquences, pour intervenir comme l’Avatâr et le Vibhûti, et marcher entre les deux signes de la Croix et de la Victoire, vers l’accomplissement et la délivrance.
Est-ce là une expression trop imagée de la Vérité inexprimable ? Mais sans images, comment présenter à l’intelligence un mystère si loin d’elle ? C’est seulement quand on a traversé la barrière de l’intelligence limitée et participé à l’expérience et à la connaissance cosmiques qui voient les choses par identité, que les suprêmes réalités derrière ces images — des images qui correspondent au fait terrestre —, revêtent leurs formes divines et apparaissent comme simples, naturelles, inhérentes à l’essence des choses. C’est seulement en entrant dans cette conscience plus grande que l’on peut saisir l’inévitable de la création et de son but.
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Certes, telle est la Vérité de la manifestation comme elle se présente à la conscience quand elle se tient à la frontière de l’Éternité et de la descente dans le temps, là où la relation entre l’Un et la Multiplicité dans l’évolution est déterminée : une zone où tout ce qui doit être, est en puissance, mais pas encore en action. Mais la conscience libérée peut s’élever plus haut, là où le problème n’existe plus, et de là, voir le problème à la lumière d’une suprême identité où tout se trouve prédéterminé dans la vérité automatique et spontanée des choses, où tout est justifié pour une conscience et une sagesse absolues, une Félicité absolue derrière toute la création et la non-création, et où l’affirmation et la négation sont vues toutes deux avec les yeux de l’ineffable Réalité qui les délivre et les réconcilie.
Mais cette connaissance est inexprimable pour le mental humain ; son langage de lumière est trop indéchiffrable, la lumière elle-même trop brillante pour une conscience accoutumée à l’effort et à l’obscurité de l’énigme cosmique et trop enchevêtrée dans l’énigme pour pouvoir suivre le fil et saisir le secret. En tout cas, c’est seulement en nous élevant dans l’esprit au-dessus de la zone d’obscurité et de conflit, que nous entrons dans le plein sens et que l’âme est délivrée de son énigme. S’élever à ce sommet de libération, est la vraie porte de sortie et le seul moyen de connaissance indubitable.
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Mais cette libération et cette transcendance n’entraînent pas forcément une disparition de la manifestation, une complète dissolution ; elles peuvent préparer une mise en action de la Connaissance suprême, une intensité de Pouvoir capable de transformer le monde et de mener l’impulsion évolutrice à son accomplissement. C’est une ascension d’où l’on ne retombe plus, mais d’où l’on peut prendre son vol pour une descente ailée de lumière, de force et d’Ânanda.
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Ce qui est inhérent en la force de l’être, se manifeste comme devenir ; mais ce que sera cette manifestation, ses conditions, l’équilibre de ses énergies et l’organisation de ses principes, dépend de la conscience qui agit dans la force créatrice, du pouvoir de conscience que l’être libère en lui-même pour la manifestation. Il est de la nature de l’Être de graduer et de varier ses pouvoirs de conscience, et suivant la gradation et les variations, de déterminer son monde et le degré ou l’étendue de sa révélation.
La création manifestée est limitée par le pouvoir auquel elle appartient : elle voit et vit suivant ce pouvoir, et ne peut voir davantage et vivre plus puissamment, ne peut changer son monde, qu’en s’ouvrant à un pouvoir de conscience plus grand au-dessus d’elle, ou en s’élevant à lui ou en le faisant descendre.
C’est ce qui se produit dans l’évolution de la conscience en notre monde — un monde de matière inanimée qui, sous la pression de la nécessité, produit un pouvoir de vie, puis un pouvoir mental apportant de nouvelles formes de création, et qui peine encore pour produire ou pour faire descendre quelque pouvoir supramental.
C’est aussi une opération de la force créatrice se mouvant entre deux pôles de conscience : d’un côté, une conscience secrète au-dedans et au-dessus, qui contient en elle-même toutes les potentialités de lumière, de paix, de pouvoir et de béatitude — là, éternellement manifestées, ici attendant leur réalisation ; et de l’autre côté, une conscience extérieure, à la surface et au-dessous, qui part du contraire apparent d’inconscience, d’inertie, d’effort aveugle, de capacité de souffrir, et qui grandit en recevant en elle-même des pouvoirs de plus en plus hauts l’obligeant à toujours recréer sa manifestation en des conditions plus larges, chacune des créations nouvelles mettant au jour quelque potentialité interne et rendant de plus en plus possible la descente de la Perfection qui attend au-dessus.
Tant que la personnalité extérieure que nous appelons nous-même, est centrée dans les pouvoirs inférieurs de la conscience, l’énigme de notre existence, son but et sa nécessité, sont pour nous un problème insoluble ; si par hasard quelque lueur de vérité est transmise à cet homme mental extérieur, il la saisit imparfaitement et, peut-être, l’interprète mal, s’en sert mal et la vit mal.
Le vrai soutien de sa marche est plus dans le feu de la foi que dans les connaissances vérifiées et indubitables. C’est seulement en s’élevant à une conscience plus haute, au-delà de la ligne mentale, et donc supraconsciente pour lui maintenant, qu’il peut émerger de son incapacité et de son ignorance. Sa pleine libération, sa complète illumination, viendront quand il aura traversé la ligne et sera entré dans la lumière d’une existence supraconsciente nouvelle. Telle est la transcendance qui était le but de l’aspiration des mystiques et des chercheurs spirituels.
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Mais ceci, en soi, ne changerait rien à la création ici-bas ; l’évasion d’une âme libérée du monde ne fait aucune différence pour ce monde.
Cependant, cette traversée de la ligne, si elle était utilisée à des fins non seulement ascendantes, mais descendantes aussi, amènerait la transformation de la ligne elle-même, de ce qu’elle est maintenant, une barrière, un couvercle, en un passage pour les hauts pouvoirs de conscience de l’Être qui sont à présent au-dessus d’elle.
Ce serait une nouvelle création sur la terre, l’intervention des puissances ultimes qui renverseraient les conditions de ce monde ; car ce serait une création fondée sur le plein flot de la lumière spirituelle et supramentale, au lieu d’une création sortie de l’inconscience matérielle et qui émerge dans la pénombre du mental.
C’est seulement dans le plein flot de l’esprit réalisé que l’être incarné peut savoir, avec tout ce que cela comporte, la signification et la nécessité temporaire de sa descente dans les conditions de l’obscurité, et qu’il peut, en même temps, les dissoudre par une transmutation lumineuse qui les changera en une manifestation ici-bas du Divin révélé et non plus voilé et déguisé, ni même apparemment déformé.
Sri Aurobindo – Juin 1933
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Ce PDF contient aussi une courte lettre de Mère
Notons encore cette précision importante de Sri Aurobindo extrait des Lettres sur le Yoga :
L'intention n'est pas de supramentaliser l'humanité en général, mais d'établir le principe de la conscience supramentale dans l'évolution terrestre. Si cela est fait, tout ce qui est nécessaire sera évolué par le Pouvoir supramental lui-même Il n'est donc pas important que la mission soit étendue. L'important est que cela soit fait en quelques-uns, si peu nombreux soient-ils ; c'est la seule difficulté. Sri Aurobindo – Lettres sur le Yoga
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Ce texte ne s'adresse pas nécessairement aux disciples de Sri Aurobindo qui savent ces choses, et en conclusion, il est nécessaire d'apporter une dernière information de la plus haute importance. La conscience supramentale que la Mère appelait parfois la conscience d'harmonie puisqu'il y a des millénaires les rishis védiques en parlaient déjà sous le nom de la conscience-de-vérité.
L'Énigme de ce monde a été écrit par Sri Aurobindo en 1934, et si cette Lettre sur le Yoga n'est pas datée, elle a nécessairement été écrite avant le départ de Sri Aurobindo 1950. Or, le 29 février 1956, la Mère écrivit cette note de sa main :
Première manifestation supramentale
(Pendant ta méditation en commun du Mercredi)
Ce soir, la Présence Divine était là, présente parmi vous, concrète et matérielle. J’avais une forme d’or vivant, aussi grande que l’univers, et je me trouvais devant une immense porte d’or massif – la porte qui séparait le monde du Divin.
Regardant la porte, j’ai su et voulu, dans un unique mouvement de conscience, que le temps est venu (the time has come) ; et soulevant un énorme marteau d’or que je tenais à deux mains, j’en assénais un coup, un seul, sur la porte, et la porte a été mise en miettes.
Alors la lumière, la force et la conscience supramentales se répandirent en flots ininterrompus sur la terre.
Cette Expérience absolument décisive est l'accomplissement de ce que, Sri Aurobindo écrivait 12 ans plus tôt à la fin de L'Énigme de ce monde : ce qu'il appelle "la barrière", le "couvercle" a été brisé et a pu commencer, en flots ininterrompus, la descente et l'établissement du principe supramental qu'il appelait de ses vœux dans cette Lettre sur le Yoga.
Cependant, cette traversée de la ligne, si elle était utilisée à des fins non seulement ascendantes, mais descendantes aussi, amènerait la transformation de la ligne elle-même, de ce qu’elle est maintenant, une barrière, un couvercle, en un passage pour les hauts pouvoirs de conscience de l’Être qui sont à présent au-dessus d’elle.
Ce serait une nouvelle création sur la terre, l’intervention des puissances ultimes qui renverseraient les conditions de ce monde ; car ce serait une création fondée sur le plein flot de la lumière spirituelle et supramentale, au lieu d’une création sortie de l’inconscience matérielle et qui émerge dans la pénombre du mental
Depuis ce 29 février 1956, la Mère a maintes fois répété que le Supramental continuait de s'infuser constamment de façon infinitésimal dans la conscience terrestre ; ainsi cette conscience-de-vérité qui n'était accessible qu'à des "supers yogis", des champions de la méditation est désormais de plus en plus disponible pour l'humanité. Reste pour nous d'apprendre à nous y ouvrir et à la recevoir, ce qui n'est pas si facile. Mais au moins la possibilité est là.
La manifestation du Supramental sur la terre n’est plus seulement une promesse, mais un fait vivant, une réalité. Il est à l’œuvre maintenant, ici bas, et un jour viendra où le plus aveugle, le plus inconscient et même le plus volontairement ignorant, sera obligé de le reconnaître. Agenda du 24 avril 1956
La révélation constante dans le monde de tous les mensonges est l'un des signes les plus évidents de la Pression constante de cette Conscience-de-vérité qui ne tolère AUCUN mensonge. Cette citation de Sri Aurobindo publiée dans l'Agenda du 27 juillet 1968 est parfaitement claire à ce sujet : AUCUN COMPROMIS !
Il est question de la conscience surmentale, qui est une conscience universelle, cosmique, mais qui n'est pas encore la conscience supramentale, et la différence est tout à fait
Le Surmental est obligé de respecter la liberté de l'individu, y compris sa liberté d'être pervers, stupide, récalcitrant et épais. Le Supramental n'est pas simplement un degré plus haut que le Surmental : il est de l'autre côté de la ligne, c'est une conscience et un pouvoir différents, au-delà de la limite mentale.
[Question d'un disciple] : Voulez-vous dire que le Supramental n'aura aucun respect pour les personnes ?
Mais bien sûr ! c'est ce que je veux dire. Il respectera seulement la Vérité du Divin et la Vérité des choses.» Sri Aurobindo – 18.9.1935. (Citation publiée dans l’Agenda du 27 juillet 1968)
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Je n'oublie toujours pas notre question : comment nous débarrasser de Macron est de la caste au pouvoir ?
Le 1er janvier 1957 la Mère nous dit que seule une puissance plus grande que celle du mal peut remporter la victoire. Si nous ne trouvons pas le moyen de renverser Macron et toute cette caste malveillante, parce que nous n'en avons pas encore les moyens, la force, le Principe supramental pourra sans doute nous y aider :
Certainement, quand le Supramental touchera la terre avec une force suffisante pour s'implanter dans la conscience terrestre, la Mâyâ asourique [les forces du Mensonge] n'aura plus aucune chance de succès ni de survie. Sri Aurobindo – On Himself
C'est intéressant parce que l’Asoura est en train de se débattre justement comme quelqu'un qui s'attend à disparaître. Ça, c'est intéressant… (La Mère – Agenda du 17 décembre 1969)
Dans le prochain article nous explorerons le chapitre 14 de La Vie Divine intitulé Origine et remède du mensonge, de l’erreur, de l’injustice et du mal. Nous y trouverons sans doute d'autres éléments de réponse. L'idée ce cette série d'articles de ne pas rester dans la superficialité des réponses extérieures et de faire un tour aussi complet que possible de la question.