Quelques extraits des Lettres à Dilip (5)

5 août 1932

La manière, l'attitude que vous suggérez serait la bonne en effet ; mais vous devez être capable de la garder, ne pas laisser le doute vous tourmenter ni l'impatience d'obtenir des résultats vous troubler. L'impatience ne fait qu'empêcher le résultat de venir ou même fait tout basculer au moment où les choses s'engageaient dans le bon chemin.

Néanmoins, si vous pouvez adopter cette ligne de conduite et vous y tenir, c'est la vraie préparation pour que le mental et le vital admettent l'émergence de l'être psychique au premier plan.

L'intensité de l'aspiration peut y parvenir aussi, sans nul doute, mais une calme et régulière intensité et non l'ardeur impatiente, qui, lorsqu'elle est déçue ou que le résultat est retardé, appelle le doute, qui se met en travers du chemin.

16 août 1932

Quant aux causes du découragement, il y avait en partie des raisons générales, sous la forme d'une résistance à une grande descente de force, qui ne vous était pas personnelle du tout, et, dans la mesure où il y avait en vous une réponse à cela, elle ne venait pas de votre être conscient, sinon vous ne l'auriez pas eue de cette façon,mais de la partie en nous qui conserve longtemps des choses supprimées ou rejetées par la volonté consciente.

C'est la volonté consciente qui compte, car c'est elle qui prévaut à la fin, la volonté du Purusha, et non les parties plus aveugles et obstinées de la Prakriti. Gardez votre volonté consciente dans le bon chemin, et elle continuera vers le but – exactement comme la résistance dans la Nature universelle cédera à la fin devant la Descente Divine.

22 août 1932

Si vous pouvez sentir que le Nom vous apporte la paix, il devrait être capable de vous apporter le reste, la bhakti, la joie, la révélation du Pouvoir et de la Présence, ainsi que l'entière sensation et conscience de cela. C'est en effet le procédé de la sadhana vishnouite et le pouvoir du Nom dans ce processus. Gardez seulement votre équilibre et persévérez. 

21 septembre 1932

Si le mental et le vital peuvent sentir et accepter le pur amour de l'âme envers le Divin pour Lui-même, alors la sadhana gagne son plein pouvoir et beaucoup de difficultés disparaissent ; mais même si ce n'est pas le cas, ils obtiendront ce qu'ils recherchent dans le Divin, et à travers cela, ils parviendront à réaliser, et peut-être même à aller au-delà de leur désir originel.

Je veux dire que l'idée d'un Dieu sans joie est une absurdité, que seul pouvait concevoir l'ignorance du mental. L'amour à la Radha n'est basé sur rien de ce genre, mais signifie simplement que quoiqu'il advienne sur le chemin qui conduit au Divin, joie ou peine, milana [union] ou viraha [séparation], et aussi longtemps que puissent durer les souffrances, l'amour de Radha est inébranlable et garde sa foi et sa certitude fixement pointées, telle un étoile, vers le but suprême de l'Amour.

Symbolise l'attachement parfait au Divin.

Râdhâ est la personnification de l'amour absolu pour le Divin, amour total et intégral dans toutes les parties de l'être depuis le spirituel le plus élevé jusqu'au physique, qui amène le don de soi absolu et la consécration totale de tout l'être et fait descendre l'Ânanda suprême dans le corps et dans la nature la plus matérielle. (Sri Aurobindo – Lettres sur le Yoga)

Krishna est. . . le divin Joueur de Flûte ... le Divin immanent et universel qui est le pouvoir d'attraction suprême ; et l'âme, la personnalité psychique . . . Râdhâ répond à l'appel du Joueur de Flûte. Entretien de Mère du 18 juillet 1956

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17 octobre 1932

Quant à l'expérience elle-même, elle reprend le mouvement qui a commencé en vous il y a longtemps et a été interrompu par le soulèvement vital qui vous a apporté tant de trouble et de lutte. Seulement il s'est produit depuis un élargissement de la conscience et un pas en avant qui ont rendu possible cette forme d'expérience.

À cette époque-là, vous n'appréciez guère le calme et la paix – vous ne rêviez que de bhakti et d'Ananda. Mais le calme, la paix, shanti, sont la base nécessaire pour que s'établissent d'autres choses ; autrement, s'il n'y a pas une fondation solide dans la conscience, s'il n'y a qu'agitation et mouvement, la bhakti, l'Ananda et tout le reste ne peuvent qu'aller et venir par à-coups et ne trouvent pas de base pour perdurer.

Il faut que ce soit, néanmoins, non pas un simple calme mental, mais la profonde paix spirituelle du shantimaya Shiva. C'est cela qui vous a touché (descendant à travers la tête) dans cette expérience.

18 octobre 1932

Je lirai le livre dès que je pourrai, mais je n'espère pas y trouver quoi que ce soit de bien nouveau, étant donné que je connais parfaitement l'athéisme européen et qu'il est pour la plus grande part une réaction superficielle et assez puérile contre une religion superficielle et puérile (😄) – celle d'un christianisme orthodoxe exotérique tel qu'il était cru et pratiqué en Europe. Des deux côtés de la controverse, pas beaucoup d'aliments pour l'intellect et l'esprit !