Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'immortalité de l'Âme, Agni, l'Immortel dans les mortels pour reprendre la parole du Rig-Véda, l'immortalité de l'Esprit, est une chose, l'immortalité des autres parties de l'être en est une autre.

Il y a l'immortalité future et il y a différents stades intermédiaires envisagés par Sri Aurobindo-Mère. Par exemple, le fait que les parties mentales et vitales capables de s'unifier avec l'être psychique pourraient bénéficier de son immortalité. Ou bien, fameuse capacité de prolonger sa vie à volonté comme une étape très avancée du yoga de la transformation. 

Et il y a l'immortalité telle que Sri Aurobindo-Mère la conçoive et telle que la plupart des gens la comprennent. Cet extrait de l'Agenda du 15 novembre 1960 nous explique cela :

Tout au début, quand je commençais à avoir la conscience de l’immortalité et que je mettais en présence cette vraie conscience de l’immortalité et la conception humaine de l’immortalité (ce qui est tout à fait différent), je voyais si clairement que l’être (même un être tout à fait ordinaire et qui n’est pas en soi une collectivité, comme le serait un écrivain, par exemple, un philosophe ou un chef politique), quand il se prolonge par l’imagination dans ce qu’il appelle «l’immortalité» (c’est-à-dire une durée indéfinie), ce n’est pas lui tout seul qui se prolonge : c’est toujours, nécessairement, tout un agglomérat, une collectivité, un ensemble de choses qui représente la vie et la conscience qu’il a dans son existence présente.

Et alors j’ai fait cette expérience avec pas mal de gens ; je leur ai dit : «Pardon, admettez que, par une discipline particulière ou une grâce particulière, votre vie se prolonge indéfiniment ; nécessairement ce sont les circonstances dans lesquelles vous vivez, cette formation que vous avez faite autour de vous et qui est constituée par des gens, des rapports, des activités et tout un ensemble de choses plus ou moins vivantes ou inertes – c’est ça que vous prolongez. Mais ça ne peut pas se prolonger comme ça ! parce que tout change constamment.

Et il faut que vous suiviez, pour pouvoir être immortel, que vous suiviez ce changement perpétuel ; autrement naturellement il arrive ce qui arrive maintenant : un jour vous mourez, parce que vous ne pouvez pas suivre. Donc, si vous suivez, tout ça tombera de vous ! Comprenez que ce qui se prolongera, c’est quelque chose de vous que vous ne connaissez pas très bien, mais qui est la seule chose qui puisse se prolonger – et tout le reste va tomber tout le temps...

Est-ce que vous tenez encore à être immortel ?» – Il n’y en a pas un sur dix qui m’ait dit oui !...

Je suis arrivée à leur faire sentir la chose concrètement, alors ils vous disent : «Ah ! non ! Ah! non, on peut aussi bien changer de corps alors, puisque tout le reste change ! qu’est-ce que ça peut bien nous faire !» Mais la chose qui reste, c’est ça ; c’est ça qu’il faut tenir à garder vraiment ; mais pour cela il faut que ce soit ça qui soit vous, pas tout cet ensemble. Ce que vous appelez «vous» maintenant, ce n’est pas ça, c’est tout un ensemble de choses !

Cela, c’était le premier pas autrefois (il y a bien longtemps). Maintenant, n’est-ce pas, c’est tellement autre chose... On se demande comment il est possible d’avoir été dans un aveuglement aussi total, d’avoir pu appeler ça «soi» à n’importe quel moment de sa vie ! C’est un ensemble de choses... Et quelle était la relation pour qu’on appelle ça «soi»? – C’est plus difficile à trouver.

Seulement, quand on monte là-haut, alors on s’aperçoit : mais ça, ça travaille là, et ça pourrait travailler là, ça pourrait travailler là, et ici et ici...

Tout d’un coup, quelquefois, il y a comme une goutte de quelque chose (oh ! j’ai vu ça ce matin – c’était comme une goutte, une petite goutte, mais d’une lumière si intense et si parfaite...), alors là où ça tombe, là ça fait son centre et ça commence à rayonner et à agir. Et c’est ça qu’on peut appeler «moi» – rien d’autre. Et justement dans des circonstances si effroyablement inintéressantes, si inexistantes, c’est ça qui a permis de vivre. Et alors quand on est ça, à ce moment-là on voit comment, non seulement dans ce corps mais dans tous les corps et à travers tout le temps, comment ça, ça a vécu et ça s’est servi de tout.

Au fond ça, c’est l’expérience ; ce n’est plus la connaissance. Je comprends maintenant clairement la différence entre cette connaissance que l’on a de l’âme éternelle, de la vie éternelle à travers tous les changements, et cette expérience concrète de la chose.

C’est très émouvant.

C’est curieux ce matin... Je suis arrivée quelques minutes en retard (j’ai accusé les pendules qui ne marchaient pas, mais ce n’étaient pas les pendules qui étaient responsables !) J’étais en train de faire ma toilette, et puis, tout ça est venu comme cela – il y a eu un moment... peut-être une ou deux minutes, ou quelques minutes, pas beaucoup – oh ! l’émotion de l’expérience était... était très absorbante.

Ce n’était plus ça (c’est-à-dire la vie telle qu’elle est sur la terre) qui prenait conscience de Ça (c’est-à-dire l’âme éternelle, cette «portion du Suprême» comme dit Sri Aurobindo) : c’était l’âme éternelle qui voyait la vie... à sa manière – mais sans séparation, sans séparation, pas comme quelque chose qui regarde d’en haut et qui se sent autre chose...

Comme c’est drôle ! ce n’est pas autre chose, ce n’est pas autre chose ; ce n’est même pas une déformation, même pas... Cela perd ce caractère d’illusion que l’on décrit dans les vieilles spiritualités – ce n’est pas ça ! Il y avait là justement, dans mon expérience, une... une émotion – je ne peux pas dire, il n’y a pas de mots. Ce n’était pas un sentiment, c’était quelque chose comme une émotion, c’était une vibration... à la fois de proximité si totale et d’une compassion, d’une compassion d’amour (oh ! que les mots sont misérables !...)

L’un était cette chose extérieure, qui était à la fois la négation totale de l’autre et en même temps l’autre, sans-sans séparation. C’était l’autre. Et ça faisait naître dans l’autre ce que ça faisait naître dans l’un, dans cette lumière éternelle. C’était justement cette douceur d’identité ; d’identité qui était nécessairement une compréhension si totale avec un amour si parfait – mais «amour» est pauvre et tous les mots sont pauvres ! c’est pas ça! c’est quelque chose d’autre. C’est quelque chose qui ne peut pas se dire.

Ça, je l’ai vécu ce matin, là-haut.

Et ce corps est... oh ! comme il est faible et pauvre : tout ce qu’il trouve pour exprimer c’est seulement les yeux qui se mouillent ! Pourquoi ? – On ne sait pas.

Il y a beaucoup à faire encore pour que ce soit assez fort pour vivre ça.

C’était encore là quand je suis venue au balcon, quelque chose qui est comme une douceur... Et alors l’idée que les gens, les choses, la vie, tout ça est «différent», c’est impensable ! On ne peut pas. Même la pensée est une drôle de chose !

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article