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17 mars 1932

 ...la Science est passée à côté de quelque chose d'essentiel ; elle a vu et examiné ce qui est arrivé et, dans une certaine mesure, comment cela est arrivé, mais elle a fermé les yeux devant quelque chose qui aurait rendu cet impossible possible, quelque chose qu'il est là pour exprimer. Il n'y a pas de signification fondamentale dans les choses si vous omettez la Réalité divine ; car vous restez enseveli dans une gangue épaisse d'apparences superficielles, maniables et utilisables.

C'est la magie du Magicien que vous cherchez à analyser, mais ce n'est que quand vous entrez dans la conscience du Magicien lui-même que vous pouvez commencer à avoir l'expérience de l'origine véritable, de la signification et des cercles de la Lîlâ.

Je dis "commencer", parce que la Réalité divine n'est pas si simple qu'on puisse au premier contact tout en connaître ou la condenser en une formule unique ; c'est l'Infini, et il ouvre devant vous une connaissance infinie auprès de laquelle toute la Science mise ensemble est une bagatelle.

Cependant vous touchez l'essentiel, l'éternel derrière les choses et dans la lumière de Cela tout commence à être profondément lumineux, intimement intelligible.

[…]

En dépit de tout, la Lumière suprême, même dans la conscience terrestre obscurcie, demeure seule l'ultime certitude.

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9 juin 1932

Que ce soit par la tapasyâ ou par la soumission importe peu ; la seule chose qui importe est de garder fermement le visage tourné vers le but. Une fois que l'on a posé le pas sur le chemin, comment peut-on revenir en arrière pour retomber dans les voies inférieures ? Si l'on reste ferme, les chutes n'ont pas d'importance ; on se relève et on va de l'avant. Pour celui qui est résolu à atteindre le but, il ne peut pas y avoir d'échec définitif sur le chemin qui mène au Divin. Et s'il y a en vous quelque chose qui pousse en avant – ce qui est sûrement le cas – les défaillances, les chutes et les vacillements de la foi ne font finalement aucune différence. Il faut persister jusqu'à ce que le conflit soit passé et que s'ouvre devant vous le chemin libre, droit et sans épines.

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14 juin 1932

Ce serait une erreur de faire taire le flot poétique par principe – l’habitude de créer est un tonique pour le vital et le garde en bonne condition, et la pratique de la sadhana demande un vital fort et élargi. Il n’existe pas de réelle incompatibilité entre le pouvoir créateur et le silence ; car le vrai silence est quelque chose d’intérieur et in ne cesse pas, ou du moins, n’a pas besoin de cesser, lorsque une forte activité ou expression s’élève à la surface.

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16 juin 1932

Toute cette insistance sur l'action est absurde si l'on n'a pas la lumière qu'il faut pour agir.

"Le Yoga doit inclure la vie et non l'exclure", ne signifie pas que nous devons accepter la vie telle qu'elle est avec toute son ignorance et sa souffrance trébuchantes et l'obscure confusion de volonté, de raison humaines, d'impulsion et d'instinct humains qu'elle exprime.

Les défenseurs de l'action pensent que grâce à un élan toujours nouveau produit par l'énergie et l'intellect humains, on peut remédier à tout ; l'état actuel du monde, après un développement de l'intellect et une prodigieuse production d'énergie pour lesquels il n'existe aucun parallèle historique, prouve la vacuité de l'illusion à laquelle ils sont en proie.

Le Yoga atteste que c'est seulement par un changement de conscience que peut être découverte la vraie base de la vie ; du dedans vers le dehors, telle est en effet la règle.

Mais dedans ne signifie pas quelques millimètres sous la surface. Il faut aller profond et trouver l'âme, le soi, la Réalité divine à l'intérieur de nous, et c'est seulement alors que la vie peut devenir une expression vraie de ce que nous pouvons être au lieu de la confusion aveugle et toujours répétée de l'inadéquate et imparfaite chose que nous sommes.

Nous avons le choix de rester dans le vieux fouillis et tâtonner dans l'espoir de trébucher sur quelque découverte, ou de prendre du recul et chercher la Lumière à l'intérieur jusqu'à ce que nous découvrions et puissions établir la Divinité en nous et à l'extérieur de nous.

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24 juin 1932

L'exacerbation de certains mouvements vitaux est un phénomène parfaitement connu dans le yoga ; elle ne signifie pas que l'on a rétrogradé, mais seulement que l'on en est venu aux mains avec les instincts fondamentaux de notre nature vitale terrestre, au lieu d'entretenir avec eux des relations distantes et agréables. J'ai subi moi-même, durant une certaine période de mon développement spirituel, ce paroxysme de certains mouvements qui auparavant existaient à peine et semblaient tout à fait absents dans la pure vie yoguique.

Ces mouvements surgissent ainsi parce qu'ils luttent pour survivre : ils ne vous sont pas vraiment personnels et la véhémence de leur attaque n'est due à aucune "vilenie" de votre nature. Je dirais que sept sâdhak sur dix ont une expérience similaire.

Ensuite, lorsque ces mouvements vitaux ne peuvent atteindre leur objectif, qui est d'amener le sâdhak à abandonner la sâdhanâ, tout cela s'effondre en bloc et les bouleversements s'apaisent. Le seul problème sérieux dans ce domaine, je le répète, est la dépression qui se crée en vous et l'idée de l'inaptitude au yoga que ces mouvements ont soin d'imprimer sur le cerveau lorsqu'ils sont à l'œuvre. Si l'on peut s'en débarrasser, la violence des attaques vitales n'est plus qu'un phénomène caractéristique d'une certaine étape et n'a en fin de compte aucune importance.

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25 juin 1932

La sensibilité n'a pas à être guérie ; il faut seulement acquérir le pouvoir de s'élever à une conscience supérieure en utilisant ces désenchantements comme une sorte de tremplin. L'un des moyens consiste à ne rien attendre des autres, quels qu'ils soient, pas même un traitement équitable.

Et par ailleurs il est bon d'avoir des expériences qui, comme celle-ci, montrent la vraie nature de certaines personnes à l'égard desquelles une nature généreuse est souvent aveugle ; car cela vous aide à faire croître votre propre conscience. Le coup sous lequel vous vous crispez vous paraît d'autant plus dur que le monde de votre formation mentale en a subi le choc. Un monde comme celui-ci devient souvent une partie de notre être. Le résultat en est que lorsqu'un coup lui est porté, la souffrance est presque physique.

La grande compensation d'une telle épreuve est qu'elle vous a fait vivre de plus en plus dans le monde réel, par opposition au monde de votre imagination, dont vous aimeriez qu'il soit le monde réel. Mais le monde réel, vous le savez, laisse beaucoup à désirer, et c'est pourquoi la Conscience divine doit agir sur lui et le transformer.

Pour cela, cependant, la connaissance de la réalité, si peu délectable soit-elle, est presque la première nécessité.

Et les coups et les blessures sont souvent le meilleur moyen pour que cette connaissance pénètre en nous. Les gens sincères, les idéalistes, les personnes sensibles, les natures raffinées ressentent plus vivement ces désillusions que d'autres dont l'épiderme est plus épais, mais ce n'est pas une raison pour désavouer les beaux sentiments et émousser le fil acéré des susceptibilités raffinées. Il faut apprendre à se détacher de toutes ces expériences et à regarder ces perversions chez les autres d'un point de vue plus élevé, d'où l'on peut considérer ces manifestations dans la perspective qui convient, la perspective impersonnelle.

Alors nos difficultés deviennent vraiment, à la lettre, des occasions de progrès. Car la connaissance, lorsqu'elle touche le cœur de nos problèmes, renferme pour ainsi dire un merveilleux pouvoir curatif. Dès que vous touchez le cœur du problème, aussitôt qu'en plongeant de plus en plus profond, vous atteignez ce qui vraiment vous fait souffrir, la souffrance disparaît comme par miracle.

Un courage stoïque pour atteindre la vraie Connaissance est par conséquent l'essence même du yoga. Aucune superstructure durable ne peut être érigée si ce n'est sur la base solide d'une véritable Connaissance. Les pieds doivent être sûrs de leur terrain avant que la tête puisse espérer rejoindre le ciel.

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Juillet 1932

Lui qui est le plus grand de tous les grands ne dédaigne pas d'habiter la motte de terre et le ver, et l'immense impartialité qui apparaît dans cette humilité est le signe même de la grandeur du Divin.

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18 juin 1932

Oui, j'écrirai sur le Divin et le Supramental. Pour le moment, il me suffit de dire que le Divin peut être et est partout, masqué ou à demi manifesté ou commençant à être manifeste, sur tous les plans de la conscience ; dans le Supramental, il commence à être manifeste sans déguisement ni voile sous son propre svarupa [sa vraie forme].

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