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Une vidéo très intéressante de Diksha sur le lien entre le supramental et les synchronicités.

Sur la forme, pour moi qui ai l'émotionnel un peu à fleur de peau, j'admire toujours cette faculté de dire les choses en restant parfaitement calme, tranquille...

Et sur le fond, j'ai apprécié le fait de replacer le supramental dans sa perspective évolutive depuis les Védas et de faire le lien avec les événements contemporains.

Et puis, les citations sont particulièrement bien choisies, peut-être parmi les plus puissantes. Celles des démons qui pleurent de joie et celle de la grande expérience des pulsations de l'Amour créateur m'ont donné des frissons. 

Puisque Mary M et Diksha nous invitent à poser des questions et à faire des remarques, à mon point de vue, il faudrait nuancer ce qui a pu être dit par rapport à la volonté. À titre personnel, j'ai souvent fait preuve d'un manque de volonté et j'ai maintes fois observé que c'était un grand handicap. Et il est même sans doute impossible de réaliser quoique ce soit sans la volonté.

Sri Aurobindo – Lettres sur le Yoga

La volonté fait partie de la conscience et devrait, chez les êtres humains, être le principal moyen de maîtriser les activités de la nature. (Sri Aurobindo – Lettres sur le Yoga)

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Si je ne vous ai pas écrit, c'est que je n'avais rien à ajouter à mes précédentes lettres. Je ne peux pas vous promettre qu'en un temps donné vous obtiendrez un résultat qui vous permettra soit d'aller dans le monde extérieur avec un esprit plus fort, soit de réussir dans le yoga. Pour le yoga, vous dites vous-même que vous ne pouvez pas encore y consacrer toutes vos pensées et sans cette entière consécration du mental, le succès n'est guère possible dans la sâdhanâ.

Pour le reste, ce n'est guère la fonction de la sâdhanâ de préparer l'homme à la vie ordinaire dans le monde. Une seule chose pourrait vous orienter dans une direction qui vous aiderait à trouver quelque chose qui n'est pas une préparation à la vie ordinaire, mais qui n'est pas non plus le yoga tout entier pour lequel vous m'avez laissé entendre que vous n'êtes pas entièrement prêt.

Ce serait d'acquérir l'esprit du yoga des œuvres tel qu'il est décrit dans la Guîtâ : oubliez-vous, vous-même et vos misères, dans l'aspiration à une conscience plus vaste, sentez la Force plus grande à l’œuvre dans le monde et faites de vous-même un instrument pour un travail à faire, si petit soit-il. Mais quelle que soit la méthode, vous devez l'accepter tout entière et y mettre toute votre volonté ; avec une volonté divisée et vacillante vous ne pouvez espérer réussir en rien : ni dans la vie, ni dans le yoga. (Sri Aurobindo – Lettres sur le Yoga)

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Et puis, dans les Entretiens, il y a une ribambelle de citations où Mère nous dit que le premier pas, quoi que nous voulions entreprendre, est de LE VOULOIR. Quelques exemples, parmi des dizaines d'autres :

Vous demandez   : comment pouvons-nous connaître notre être véritable ? Il faut demander pour l’avoir, aspirer à l’avoir, le vouloir plus que toute autre chose. (Entretiens 1929-1931 – La vie ordinaire et l’âme vraie)

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Comment devenir conscient de l’Amour divin et comment devenir un instrument de son expression ?

D’abord, pour devenir conscient de quoi que ce soit, il faut le vouloir. Et quand je dis «   vouloir   », je ne veux pas dire   : «   Oh ! je voudrais bien   » un jour, puis deux jours après c’est complètement oublié. Le vouloir est une aspiration constante, soutenue, concentrée, une occupation presque exclusive de la conscience. C’est le premier pas. (Entretiens du 24 mars 1951)

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Quand le petit ego est aboli, est-ce que l’on ne peut pas «   se découvrir dans le Divin   » directement ?

Mais on peut se découvrir dans le Divin avant même d’avoir complètement aboli son petit ego, parce que, abolir son petit ego n’est pas une petite affaire !

Mais comment faire ?

Comment faire ? Comment abolir l’ego ? Il faut d’abord le vouloir, et il y a très peu de gens qui le veulent. (Entretien du 19 avril 1951)

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La réceptivité est le résultat d’une bonne passivité.

Mais Mère, pour pouvoir être passif, il faut faire un effort, n’est‑ce pas ?

Pas nécessairement, cela dépend des gens. Un effort ? Il faut, oui, il faut le vouloir. Mais est‑ce que la volonté est un effort ?... Naturellement il faut y penser, il faut le vouloir. (Entretien du 21 avril 1954)

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Douce Mère, comment trouver le Divin qui s’est caché en nous ?

Ça, on l’a expliqué beaucoup, beaucoup de fois ; mais la première chose, c’est de le vouloir et, justement, que cela passe en premier, avant toute autre chose, que ce soit la chose importante. Ça, c’est la première condition   : que tout le reste passe après, c’est la condition essentielle. Si, n’est‑ce pas, une fois de temps en temps, quand on n’a rien à faire, et que tout va bien, et qu’on est inoccupé, tout d’un coup on se dit   : «   Tiens, je voudrais bien trouver le Divin   », ça, on peut mettre cent mille ans pour ça, comme ça.

Mais si c’est la chose importante, la seule chose qui importe, et que tout le reste passe après, et qu’on ne veuille que ça, alors ça, c’est la première condition. Il faut d’abord établir ça, après on parle de ce qui suit. (Entretien du 29 septembre 1954)

Ainsi, même la volonté humaine a de la valeur, aussi imparfaite soit-elle. Je trouve que nous de devrions jamais la dévaloriser, surtout à une période d'avachissement comme la nôtre. Au contraire, nous devrions l'éveiller et la stimuler.

Ensuite, il faut évidemment aller au-delà et évoquer la volonté divine. 

Quand je parle de la Volonté divine, j'entends . . . quelque chose qui est descendu ici-bas dans un monde d'Ignorance en évolution et qui se tient derrière les choses, faisant pression sur l'Obscurité avec sa Lumière, conduisant les choses, pour le moment, vers le mieux possible dans les conditions d'un monde d'Ignorance, et finalement les préparant à la descente d'un pouvoir divin plus grand dont l'omnipotence sera, non pas limitée et modifiée par les lois du monde tel qu'il est, mais en pleine action et, par conséquent, amènera le règne de la lumière, de la paix, de l'harmonie, de la joie, de l'amour, de la beauté et de l'Ânanda, car telle est la Nature divine. (Sri Aurobindo – Lettres sur le Yoga)

Mère a une façon très parlante de dire la chose :

La volonté divine n’est pas du tout comme cela, ce n’est pas une volonté : c’est une vision, et une vision globale, qui voit et... Non, elle ne guide pas (guider, cela suppose quelque chose en dehors, et rien n’est en dehors), une vision créatrice si tu veux; mais là encore le mot créer n’a pas le même sens que celui qu’on lui donne généralement.

[…]

Complete surrender (abdication complète)... Ce n’est pas donner ce qui est petit à quelque chose de plus grand, ce n’est pas perdre sa volonté dans la volonté divine : c’est annuler sa volonté en quelque chose qui est d’une autre nature.

Ce qui vient à la place de cette volonté humaine ?

Une conscience et une vision. Et on est rempli de joie et...

J’ai été autrement (bien que l’on disait que j’étais non interfering, que je n’intervenais pas). J’agissais pour me défendre, et encore. Même cela, j’ai compris très vite que c’était une réaction d’ignorance et que si l’on restait dans la vraie conscience, les choses s’arrangeaient d’elles-mêmes.

Une conscience qui voit et qui éclaire.

Et c’est pour cela que quand les gens veulent me faire agir, cela ne va pas : je suis hors de moi-même, pour ainsi dire. Dès que j’entre ici, sans personne, alors je vois. (Agenda du 7 octobre 1956)

Et puis il y a ce formidable Agenda du 23 novembre 1963 (c'est moi qui souligne) :

Je ne sais pas si c'est dans ce que Sri Aurobindo a écrit (je ne me souviens pas), mais j'entends très fort (pas pour moi : pour l'humanité):

ÉVEILLE-TOI ET VEUX

Naturellement les hommes prennent «veux» pour leurs velléités, qui n'ont rien à voir avec une volonté : toutes des impulsions.

«Veux», ça veut dire «veux de la Volonté suprême». Et ça, c'est comme si c'était la clef qui ouvre la porte de l'avenir :

ÉVEILLE-TOI ET VEUX

Et garde-toi bien de vouloir de travers parce que ce n'est plus une volonté, c'est de la velléité – ne confonds pas. Veux de la Volonté suprême.

Il ne faut pas courber les épaules – ça vous fait ronchonner terriblement au-dedans et ça ne sert à rien.

Oh ! (Mère redresse la tête) ce sentiment comme cela : passer la tête au-dessus de tout ça, émerger là-haut...

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Ainsi, il y a toute une progression :

1. Prendre conscience de la valeur de notre volonté, restaurer la valeur de notre volonté car c'est une grande force. Et je n'ai pas évoqué tout ce qui concerne la purification de la bouddhi, la volonté intelligente, qui n'est pas sans importance.

2. Ensuite, établir la nuance entre notre volonté et la volonté divine. La volonté vraie en nous, c'est le psychique, c'est Agni, un pouvoir divin.

3. En arriver à ce formidable "Éveille-toi et veux".

4. Et encore au-delà, pour l'avenir, il y a ce que Mère a pu dire à l'occasion de l'expérience du bateau supramental et le pouvoir de la Volonté vraie. 

"Le jeu des forces est l’expression spontanée de la Vérité et de la Volonté vraie, de la vision vraie." (Agenda sans date de 1958)

"Il y avait une chose aussi dont je n'ai pas parlé quand je t'ai raconté l'expérience : le bateau n'avait pas de machines. Tout, tout était mis en mouvement par la volonté : les individus et les choses (le costume même des gens était un effet de leur volonté). Et ça donnait à toutes les choses et aux formes des individus une grande souplesse, parce qu'on était conscient de cette volonté – qui n'est pas une volonté mentale, qui est une volonté du Soi, ou une volonté spirituelle pourrait-on dire, une volonté de l'âme (si on donne au mot âme ce sens-là)." (Agenda du 12 janvier 1962)

"Tu te souviens de cette histoire du bateau supramental ? et que les choses s'organisaient par la volonté, pas par des moyens extérieurs ; eh bien, c'est cette action-là qui commence à exister dans le Subconscient." (Agenda du 7 décembre 1963)

Si nous critiquons ou minimisons l'étape 1 de la volonté, comment pourrons-nous faire les expériences des étapes suivantes ?

5. Et pour être tout à fait complet, et honnête, il convient aussi de parler de l'attitude tout à fait opposée :

"Ne rien pouvoir, ne rien savoir, ne rien vouloir ; et alors, TOUT l’être, avec... ce n’est même plus une aspiration, c’est comme cela (geste d’abandon, mains ouvertes), c’est inévitable : «Sans le Divin, rien-rien – je ne suis rien, je ne comprends rien, je ne peux rien. Sans le Divin, rien.» Et être comme cela (même geste, mains ouvertes). Et alors... une Paix... une Paix lumineuse... et si puissante !"

Pour le contexte, une nuance cependant : cet Agenda est du 29 décembre 1991, Mère à 93 ans ! Avec son immense somme d’expériences accumulées. Je me demande s'il est souhaitable, ou même possible, d'abdiquer réellement sa volonté, avant d'avoir fait l'expérience de la volonté. Je ne sais pas. Je suppose en tout cas que plus nous avançons en âge, plus cette attitude d'abandon complet devient inévitable, ou impérieuse.

Cette même idée parcours en effet tout l'Agenda, avec une formulation ou un autre  : entrer dans une conscience impersonnelle, apprendre à disparaître, se laisser aplatir jusqu'à disparition, abdiquer le sens de la personne, s'annuler pour qu'il n'y ait que le Suprême...

Et pour terminer, puisque la conscience supramentale est une conscience d'unité, les oppositions se dissolvent et le fait d'expérimenter le pouvoir de la volonté ou d'annuler sa volonté ne représente sans doute que deux attitudes complémentaires. Comment cela peut-il fonctionner ? Nous le verrons le moment venu car... le supramental s'expliquera de lui-même... 🙂

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