Ça n'a jamais été fait sur terre
Des millions d'hommes dans l'histoire ont eut la réalisation de la présence divine dans le cœur, du Soi, du Moi supérieur, de la conscience infinie, du Nirvana, et même de Satchidânanda.
L'un des aspects les plus difficiles est de faire comprendre que le yoga de Sri Aurobindo-Mère est NOUVEAU, que c'est quelque chose qui n'a jamais été fait sur terre.
Mon yoga commence où les autres s'arrêtent nous dit Sri Aurobindo. Traditionnellement il était considéré que lorsque le disciple avait atteint l'union avec le Divin, le chemin était plus ou moins terminé. C'était en quelque sorte un aller simple de l'humain vers le Divin. Désormais, c'est un aller et retour, et la connexion avec le Divin est utilisée, non pour une extase mystique, mais pour une transformation progressive et complète de la nature humaine : mentale, vitale et physique.
Ainsi, pour la première fois, le salut n'est pas dans un nirvana ou un au-delà ("Mon royaume n'est pas de ce monde." Jean 18.36) mais sur terre et dans le corps ("Le salut est physique." Agenda du 31 mai 1969).
"N’est-ce pas, je fais la sâdhanâ vraiment dans un... un chemin qui n’a jamais été fait par personne. Sri Aurobindo l’a fait... en principe. C’est moi qu’il a chargée de le faire dans mon corps." (Agenda du 26 novembre 1960)
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La tâche de compléter la vision de Sri Aurobindo a été donnée à la Mère. La création d'un monde nouveau, d'une humanité nouvelle, d'une société nouvelle, exprimant et incorporant la conscience nouvelle, est le travail qu'elle a entrepris. De par la nature même des choses, c'est un idéal cherchant à élargir la base de cet essai d'établir l'harmonie entre le corps et l'âme, l'Esprit et la Matière… La tâche de donner une forme concrète à la vision de Sri Aurobindo a été donnée à la Mère. (Agenda du 22 novembre 1967)
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De même, lorsque nous citons les paroles sur l’inévitable émergence de la conscience spirituelle, nous avons encore des difficultés à en comprendre les implications. Nous pensons sans doute que la spiritualité est la fine fleur de notre mental, comme pourrait l'être un mental hautement éthique, scientifique ou philosophique. Nous n'avons pas encore l'expérience que le Principe spirituel est un pouvoir qui existe en soi et que ce pouvoir est autrement plus puissant que tout ce que nous connaissons pour le moment. C'est difficile de comprendre que le pouvoir "spirituel" qui se manifeste désormais, n'est pas le même pouvoir "spirituel" tel qu'il se manifestait dans les époques passées. La Mère l'a souvent répété, le pouvoir lui-même est NOUVEAU.
"N'est-ce pas, le petit corps... le petit corps est comme un point, mais il a l'impression d'être l'expression d'un pouvoir formidable, et il est... comme ça : aucune capacité, aucune expression, rien – et assez... assez misérable. Et pourtant... c'est comme une condensation – condensation –, comme une condensation d'un pouvoir formidable !... Des fois, il a même de la difficulté à le supporter, tu comprends. Toutes les expériences sont comme au centuple... N'est-ce pas, il a de la difficulté à apprendre." (Agenda du 2 septembre 1970)
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"Au fond, le problème se réduit presque à ceci : remplacer le gouvernement mental de l'intelligence par le gouvernement d'une conscience spiritualisée.
Ça, c'est une expérience extrêmement intéressante : comment les mêmes actions, le même travail, les mêmes observations, le même rapport avec l'entourage (proche et lointain), se fait dans le mental, par l'intelligence, et dans la conscience, par l'expérience. Et c'est cela que ce corps est en train d'apprendre : à remplacer le gouvernement mental de l'intelligence par le gouvernement spirituel de la conscience.
Et cela fait (ça n'a l'air de rien, on peut ne pas s'en apercevoir), cela fait une différence formidable, au point que ça centuple les possibilités du corps...
Quand le corps est soumis à des règles, même si elles sont larges, même si elles sont compréhensives, il est l'esclave de ces règles, et ses possibilités sont limitées par ces règles. Mais quand il est gouverné par l'Esprit et la Conscience, ça lui donne une possibilité, une flexibilité, incomparables !
Et c'est cela qui lui donnera la capacité de prolonger sa vie, de prolonger sa durée : c'est de remplacer le gouvernement intellectuel, mental, par le gouvernement de l'Esprit, de la Conscience – la Conscience.
Et extérieurement, ça n'a pas l'air de faire beaucoup de différence, mais...
Mon expérience est comme cela (parce que maintenant mon corps n'obéit plus du tout au mental ni à l'intelligence, plus du tout – il ne comprend même pas comment ça peut se faire), mais de plus en plus et de mieux en mieux, il suit la direction, l'impulsion de la Conscience.
Et alors il voit, presque à chaque minute, la différence formidable que cela fait...
Par exemple, le temps a perdu sa valeur (sa valeur rigide) : on peut faire en très peu de temps, en beaucoup de temps, exactement la même chose. Les nécessités ont perdu leur autorité : on peut s'adapter comme ceci, s'adapter comme cela. Toutes les lois – ces lois qui étaient des lois de la Nature – ont perdu tout leur despotisme, peut-on dire : ce n'est plus comme cela. Il suffit de toujours-toujours être souple, attentif et... «responsif» (si cela peut exister !) à l'influence de la Conscience – la Conscience dans sa toute-puissance – pour passer à travers tout cela avec une souplesse extraordinaire.
Ça, c'est la découverte qui se fait de plus en plus.
C'est merveilleux, n'est-ce pas ! c'est une découverte merveilleuse.
C'est comme une victoire progressive sur tous les impératifs. Alors, toutes les lois de la Nature naturellement, toutes les lois humaines, toutes les habitudes, toutes les règles, tout ça, ça s'assouplit et ça finit par être inexistant. Et pourtant, on peut garder un rythme régulier qui facilite l'action – ce n'est pas contraire à cette souplesse. Mais c'est une souplesse dans l'exécution, dans l'adaptation, qui vient et qui change tout. Au point de vue hygiénique et au point de vue santé, au point de vue organisation, au point de vue des relations avec les autres, tout cela a perdu non seulement son agressivité (parce que ça, il suffit d'être sage – sage et pondéré et calme – pour que cela perde son agressivité), mais son absolutisme, sa règle impérative : c'est tout à fait parti – c'est parti.
Et alors on voit : à mesure que le procédé devient de plus en plus parfait – «parfait», cela veut dire intégral, total, ne laissant rien en arrière –, c'est nécessairement, inévitablement, la victoire sur la mort. Non pas que cette dissolution des cellules, que la mort représente, n'existe plus, mais elle n'existerait que quand elle serait nécessaire : pas comme une loi absolue, mais comme un des procédés, quand c'est nécessaire.
C'est surtout cela : tout ce que le Mental a apporté de rigide et d'absolu, et d'invincible presque, qui... va disparaître. Et simplement cela : par... passer le pouvoir suprême à la Conscience Suprême.
Peut-être est-ce cela que les anciens sages voulaient dire quand ils parlaient de passer le pouvoir de la Nature ou le pouvoir de la Prakriti au Pourousha, de le passer de la Prakriti au Pourousha. C'était peut-être cela qu'ils exprimaient de cette manière." (30 décembre 1967)
Alors il y a des gens "très-très méchants", les forces adverses, qui font tout pour retarder notre évolution spirituelle car cela signifie inévitablement la fin de leur emprise sur nous.
Et puis, il y a des gens "très-très gentils", le doigt levé et le sourcil froncé, qui d'un air docte nous rappellent que dans l'histoire, toute prétention à transformer l'homme a toujours dégénérée en régime totalitaire. De même, toute discussion sur la prolongation de la vie, l'immortalité est bannie, le sujet ridiculisé et laissé entre les mains funestes des transhumanistes. Pourtant, il y aurait tant à dire ! Cela fera l'objet d'un article ultérieur.
Eux aussi, braves gens armés de leurs bonnes intentions, tout comme les forces adverses, nous découragent d'entrer sur un chemin de transformation si audacieux. Ils peuvent même faire figure de sages en nous rappelant que le Divin se trouve partout, dans le sourire d'un enfant, dans la beauté d'une fleur, dans les choses toutes simples et que nous n'avons nulle besoin de nous lancer dans une aventure si périlleuse. Ils peuvent même se servir de Mère pour nous détourner et rappeler ce passage où Mère évoquait un état de conscience particulier dans lequel, la contemplation extatique et essuyer un grain de poussière, c'était la même chose.
Tout cela nous maintient dans les pâtures ordinaires pour reprendre les mots de l'aphorisme 5 :
"Si seulement les hommes entrevoyaient les jouissances infinies, les forces parfaites, les horizons lumineux de connaissance spontanée, les calmes étendues de notre être qui nous attendent sur les pistes que notre évolution animale n’a pas encore conquises, ils quitteraient tout et n’auraient de cesse qu’ils n’aient gagné ces trésors. Mais le chemin est étroit, les portes sont difficiles à forcer, et la peur, le doute, le scepticisme sont là, tentacules de la Nature pour nous interdire de détourner nos pas des pâtures ordinaires."
Et puis ces gens vont parfois jusqu'à nier l'idée même du progrès et de l'évolution. Après tout, disent-ils, nous n'avons jamais vu une espèce se transcender elle-même, l'homme reste aussi bon et aussi barbare que dans les temps anciens, et si le Divin existe, il est parfait de toute éternité et n'a donc nulle besoin d'évoluer.
Sinistre conception des choses qui nous enferme dans le sempiternel cycle des réincarnations. Si le dernier mot de l'histoire était de naître, vieillir, souffrir et mourir, et de recommencer, ad vitam eternam, alors l'incarnation serait une sinistre farce, un piège dont il conviendrait de sortir au plus vite.
Mais Sri Aurobindo est venu expliquer magistralement que cela ne sera pas toujours ainsi et qu'une issue glorieuse nous attend. Expliquer et surtout ouvrir la voie pour que cela devienne non seulement possible, mais inévitable.
Tout être, toute énergie, tout événement peut nous influencer. Faire très attention à ce que nous écoutons. Refuser d'écouter ce qui nous décourage, ce qui nous détourne de notre but... Nous pouvons apprendre à rejeter toutes les influences, y compris celles des gens que nous aimons bien, de ceux qui sont bloqués au stade de l'érudition rationnelle, pour n'accepter que celle du Divin, de la Mère divine, de la Conscience divine, de la Volonté divine, de la suprême Vérité...
Alors que pouvons-nous faire ?
1) Le minimum, ce que tout le monde pourrait faire, c'est aspirer, aussi souvent que possible. Aspirer à ce que ce monde nouveau arrive, ce monde de vérité, de beauté, de pureté, de lumière, de félicité... Hélas, la conscience collective ne comprend pas encore très bien que l'aspiration vraie a le pouvoir de faire advenir les choses.
2) Ensuite, il est possible d'aller un peu plus loin en incluant les trois mouvements de base du yoga intégral. Aspiration, rejet des mouvements faux qui apparaissent en nous, et don de soi au Divin. Si nous voyons un mouvement faux en nous et que nous ne le rejetons pas, alors nous faisons preuve de mauvaise volonté. Mais pour y parvenir, le mouvement de rejet doit s'accompagner d'un don de soi au Divin, car seul la Force du Divin peut accomplir correctement et totalement le processus. Ce n'est pas très compliqué et c'est à la portée de toute personne de bonne volonté. Ces mouvements doivent devenir aussi constants et spontanés que possible.
3) Ensuite pour approfondir encore, nous pouvons lire, étudier. Je m'adresse ici à ceux qui découvrent et conseille de commencer par les livres de Satprem. Les onglets ci-dessous renvoient aux PDF :
La trilogie de Mère : Le Matérialisme Divin, L'Espèce Nouvelle, La Mutation de la Mort
Et trois ouvrages majeurs : L'Aventure de la Conscience, La Genèse du Surhomme, Le Mental des Cellules
Après le mental des cellules, nous sommes merveilleusement préparés pour les 13 volumes de l'Agenda, la fabuleuse épopée de Mère au cœur de la Matière. C'est assurément l'Agenda qui nous propulse le plus et le mieux vers cette extraordinaire Nouveauté.
4) Et puis, au fur et à mesure de nos lectures et de nos compréhensions, nous pouvons essayer de mettre en pratique tel ou tel aspect qui nous intéresse. Par exemple, dans l'Agenda cité plus haut, remplacer le gouvernement de l'intelligence mentale par le gouvernement de la conscience spirituelle est quelque chose de tout à fait concret que nous pouvons étudier, auquel nous pouvons aspirer.
Si nous comprenions à quel point le Moment est nouveau et si nous pouvions arriver un jour à la fin de notre vie avec le sentiment d'avoir participé à Ça...