Comment lire Sri Aurobindo ?
Éducation - Volume 12 des œuvres intégrales de la Mère
Extraits des pages 184 à 191
ÉTUDE DES ŒUVRES
DE SRI AUROBINDO ET DE LA MÈRE
Douce Mère,
comment est-ce qu’on doit lire tes livres, et les livres de Sri Aurobindo, pour qu’ils entrent dans notre conscience au lieu de les comprendre seulement par le mental ?
Lire mes livres n’est pas très difficile parce qu’ils sont écrits dans le langage le plus simple, presque le langage parlé. Pour en tirer profit, il suffit de les lire avec attention et concentration et une attitude de bonne volonté intérieure avec le désir de recevoir et de vivre ce qui est enseigné.
Lire ce que Sri Aurobindo écrit est plus difficile parce que l’expression est hautement intellectuelle et le langage est beaucoup plus littéraire et philosophique. Le cerveau a besoin d’une préparation pour pouvoir vraiment comprendre et généralement cette préparation prend du temps, à moins qu’on ne soit spécialement doué, avec une faculté intuitive innée.
En tout cas, je conseille toujours de lire peu à la fois, en gardant le mental aussi tranquille que l’on peut, sans faire des efforts pour comprendre, mais en gardant la tête aussi silencieuse que possible, et en laissant entrer profondément la force contenue dans ce que l’on lit.
Cette force reçue dans le calme et le silence fera son œuvre de lumière et créera, au besoin, dans le cerveau les cellules nécessaires à la compréhension. Ainsi, quand on relit la même chose quelques mois après on s’aperçoit que la pensée exprimée est devenue beaucoup plus claire et proche, et même parfois tout à fait familière.
Il est préférable de lire régulièrement, un peu tous les jours, et à heure fixe si possible ; cela facilite la réceptivité cérébrale.
2 novembre 1959
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Douce Mère,
Avec quelle attitude dois-je lire les livres de Sri Aurobindo quand ils sont difficiles et que je ne comprends pas ? « Savitri », « La Vie Divine » par exemple.
Lis, peu à la fois, relis et relis encore jusqu’à ce que tu aies compris.
25 mai 1960
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Quelle est la méthode vraie pour étudier les œuvres de Sri Aurobindo ?
La vraie méthode est de lire peu à la fois, avec concentration, puis garder le mental aussi silencieux que possible, sans essayer activement de comprendre, mais tourné vers le haut, dans le silence, et aspirant à la lumière. La compréhension viendra peu à peu.
Et plus tard, dans un an ou deux, tu reliras la même chose et alors tu sauras que le premier contact avait été vague et incomplet, et que la vraie compréhension vient plus tard après avoir essayé de mettre en pratique.
14 octobre 1967
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Tu es venu sur terre pour apprendre à te connaître toi-même.
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Lis les livres de Sri Aurobindo et regarde attentivement au-dedans de toi-même aussi profondément que tu peux.
4 juillet 1969
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Douce Mère,
Cette année du centenaire de Sri Aurobindo, dis-nous, comment nous, professeurs et élèves de l’école, nous pouvons servir Sri Aurobindo ?
D’abord étudie ce que Sri Aurobindo a écrit sur l’éducation. Puis il faudra trouver le moyen de le mettre en pratique.
Bénédictions.
1972
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Sri Aurobindo est venu sur la terre pour annoncer la manifestation du monde supramental. Et non seulement il a annoncé cette manifestation mais aussi il a incarné en partie cette force supramentale et nous a donné l’exemple de ce qu’il faut faire pour se préparer à la manifester. Que pouvons-nous faire de mieux que d’étudier tout ce qu’il nous a dit et de nous efforcer de suivre son exemple et de nous préparer à la nouvelle manifestation.
Ceci donne le vrai sens à la vie et nous aidera à surmonter tous les obstacles.
Vivons pour la nouvelle création et nous serons de plus en plus forts en restant jeunes et progressifs.
30 janvier 1972
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Douce Mère,
Pour le centième anniversaire de Sri Aurobindo, quelle est la meilleure offrande que je puisse faire à Sri Aurobindo personnellement ?
Offre-lui ton mental en toute sincérité.
13 novembre 1970
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Douce Mère,
Pour pouvoir offrir mon mental à Sri Aurobindo en toute sincérité, n’est-il pas très nécessaire de développer un grand pouvoir de concentration ? Veux-Tu me dire par quelle méthode je pourrais cultiver cette faculté précieuse ?
Fixe une heure à laquelle tu peux être tranquille tous les jours. Prends un livre de Sri Aurobindo. Lis une phrase ou deux. Puis reste silencieux et concentré pour comprendre cette signification profonde. Essaye de te concentrer assez profondément pour obtenir le silence mental et recommence quotidiennement jusqu’à obtenir un résultat. Naturellement il ne faut pas s’endormir.
3 février 1972
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Si on lit soigneusement Sri Aurobindo, on trouve la réponse à tout ce que l’on veut savoir.
25 octobre 1972
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Sri Aurobindo n’appartient pas au passé et à l’histoire. Sri Aurobindo est l’avenir en marche vers sa réalisation. Il nous faut donc nous revêtir d’une jeunesse éternelle pour pouvoir avancer avec la rapidité voulue et ne pas être des retardataires sur le chemin.
Bénédictions.
2 avril 1967
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Par quel livre de Sri Aurobindo dois-je commencer ?
La Vie Divine.
Mes bénédictions.
11 mars 1941
Quelques remarques complémentaires :
Si nous lisons uniquement quelques phrases, il nous faudra vivre mille ans pour lire un ouvrage. Par contre, si dans le fil de notre lecture, tout à coup notre esprit sursaute, s'émerveille, semble frappé de stupeur... c'est l'indication que quelque chose se passe en nous et certainement, cette phrase-là, ces mots-là, nous pouvons les retenir, les méditer, les noter, les lire et les relire, les laisser s'infuser...
Le conseil de Mère de commencer par La vie divine n'était sans doute pas d'ordre général car l'ouvrage, pas son style métaphysique, est loin d'être le plus simple. Mère a par ailleurs aussi conseillé, à défaut de lire La vie divine en entier, de lire les six derniers chapitres publiés à part sous le titre de L'Évolution spirituelle, et qu'elle a crû nécessaire de traduire elle-même et de passer plusieurs mois à en expliquer de larges extraits dans les Entretiens. Compte-tenu de la situation dans le monde, c'est selon moi, l'ouvrage le plus important, le plus d'actualité, celui qui relie le plus et le mieux, le travail intérieur et le travail collectif, la transformation de l'homme et la transformation du monde.
La synthèse des yogas, d'un style plus psychologique, me semble être le deuxième ouvrage le plus important de l’œuvre de Sri Aurobindo.
Savitri, me semble à la fois plus complexe et plus simple. Plus complexe parce que notre mental rationnel a quelques difficultés avec le style poétique, et à l'inverse, en raison précisément de ce style est très poétique, nous pouvons plus aisément lâcher le mental analytique et nous laisser porter et emporter par l'extraordinaire beauté du texte. "Jamais tant de secrets n'ont été révélés avec tant de beauté" nous dit Satprem à propos de Savitri. Pour les esprits sensibles à la poésie, c'est évidement, l’œuvre majeure. Ses poèmes ou La poésie future (que je n'ai toujours pas lu) sont probablement la meilleure porte d'entrée.
Essai sur la Guîtâ, Le secret du Véda, Fondements de la culture indienne peut concerner ceux qui s'intéressent à l'Inde et à ses textes sacrés. La Mère recommande de lire La Guîtâ avec comme clef de lecture de prendre Krishna comme le symbole de la Présence divine en nous et Arjuna comme le symbole de notre âme. Et puis, confidence pour confidence, Le secret du Véda m'a donné la même impression que les lectures mythologiques : tout de suite, cela semblait éveiller un plan de conscience au-dessus de la tête. Aucune expérience claire et décisive, mais la sensation que très au-dessus de la tête, tout un monde commençait à fourmiller et devenir vivant.
Les Bases du Yoga, Lumières sur le Yoga, Lettres sur le yoga sont des compilations dans lesquelles nous pouvons puiser par petits bouts, et trouver quelques passages extraordinairement synthétiques. C'est évidemment plus simple à lire que les 1000 pages de La vie divine ou de La Synthèse des Yogas. Pourtant, j'ai quelques doute sur l'utilité de commencer par ces ouvrages car on y reste sur sa faim et nous passons à côté de quelque chose d'essentiel et d'exceptionnel. Dans La vie divine et La synthèse, chaque aspect important de la vie a été pris en compte et intégré dans une vision dynamique d'ensemble d'une extraordinaire cohérence. C'est la raison pour laquelle ces deux ouvrages m'apparaissent assez incontournables.
Le gros inconvénient de La vie divine et de La Synthèse est que... c'est si prodigieusement magistral, qu'ensuite, la plupart des autres livres paraissent un peu fadasses.
Maintenant, pour commencer, les ouvrages les plus simples de Sri Aurobindo m'apparaissent être les suivants :
- Aperçus et Pensées
- Les Aphorismes
- Sri Aurobindo et l'Avenir de la Révolution française
- Le Cycle humain
Dans L'Idéal de l'unité humaine Sri Aurobindo évoque beaucoup d'événements du monde, et sans connaissance historique préliminaire, cela reste un peu difficile de bien comprendre. Mais pour quelqu'un qui s'intéresse à l'histoire du monde, notamment dans sa dimension évolutive et spirituelle, c'est évidemment un ouvrage fantastique. Et d'une brûlante actualité.
Mais c'est peut-être plus simple de commencer par les ouvrages de Mère. Et dans les 18 tomes des œuvres intégrales, je conseillerais les quelques volumes concernant les Entretiens de 1950 à 1958, qui ont l'avantage de pouvoir être écoutés. Le Livre des Fleurs est aussi un ouvrage magnifique pour commencer.
Mais c'est peut-être encore plus simple de commencer par Satprem. Par exemple, la trilogie sur Mère : Le Matérialisme divin, L'Espèce nouvelle, La Mutation de la mort. Ou bien L'Aventure de la Conscience et La Genèse du surhomme. Ces deux ouvrages m'ont souvent donné l’impression d'être extraordinairement complémentaires : le premier, yang, structuré, organisé, et le second, yin, extraordinairement inspiré dont Mère n'a cessé de vanter les mérites. Toute l'année 1968 Satprem en lisait un chapitre à Mère qui se montrait à chaque fois absolument émue, bouleversée, enthousiaste... avec, disait-elle, des passages qui nous transportent directement aux portes de ce nouveau monde solaire.
Tous les ouvrages de Satprem me paraissent être d'excellentes introductions, sauf les Carnets d'une Apocalypse où il entre dans la description du processus concret de la transformation. Commencer par cela me semble... très maladroit. Mais ce n'est qu'un avis personnel et nous sommes évidemment libres de faire toutes les bêtises possibles.
En conclusion :
Cette idée de commencer par "apparemment" le plus simple, n'est qu'une proposition car en vérité, nous pouvons entrer par le livre qui nous tombe entre les mains. Pour ma part ce fut Le Mental des cellules, lu quasiment d'une traite, en deux fois, juste le temps de dormir quelques heures. Une amie me l'a prêté un samedi à 17 h et je luis rendais le dimanche à 15 heures. J'étais physiquement collé au bouquin, et intérieurement, je ne cessais de me répéter "c'est ça, c'est ça, c'est ça". Et j'ai aussitôt embrayé avec les Agendas.