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Je voudrais attirer l'attention sur deux paragraphes de L'Évolution spirituelle en soulignant une fois de plus l’extraordinaire densité de connaissance contenue dans les écrits de Sri Aurobindo. Certains peuvent écrire des livres entiers ou parler pendant des heures sans en expliquer autant. Et il ne s'agit-là que de deux petits paragraphes !

Dans les paragraphes précédents, Sri Aurobindo explique que dans l'histoire humaine la Nature s'est servie de quatre forces pour préparer l'émergence de l'élément spirituel : l'occultisme, la religion, la philosophie et l'expérience spirituelle directe. Et il continue ainsi son propos :

"Quatre choses sont en effet nécessaires à l’expansion de notre être, si l’homme ne veut pas demeurer ce qu’il est à présent dans sa nature phénoménale : un être vivant en surface, dans un état d’ignorance, qui cherche obscurément la vérité des choses, assemble et systématise des fragments, des tranches de connaissance, une petite créature limitée et à demi compétente de la Force cosmique.

Il doit se connaître lui-même et découvrir et utiliser toutes ses potentialités ; mais pour se connaître totalement lui-même et connaître totalement le monde, il doit chercher ce qui se trouve derrière sa nature propre et ce qui lui est extérieur, plonger profondément sous sa propre surface mentale et sous la surface physique de la Nature. Ce n’est possible que s’il prend connaissance de son être intérieur mental, vital, physique et psychique, de ses pouvoirs et de ses mouvements, et des lois et processus universels du Mental et de la Vie occultes qui se trouvent derrière la façade matérielle de l’univers ; tel est le champ de l’occultisme, si nous donnons à ce mot son sens le plus large.

L’homme doit aussi connaître le Pouvoir ou les Pouvoirs cachés qui dirigent le monde : s’il existe un Moi ou un Esprit cosmique, ou un Créateur, l’homme doit être capable d’entrer en rapport avec Lui ou avec Cela, et de rester en contact ou en communion autant qu’il est possible, de s’accorder d’une façon quelconque avec les Êtres qui régissent l’univers, avec l’Être universel et Sa volonté universelle, ou avec l’Être suprême et Sa suprême volonté. Il doit être capable, dans sa vie et sa conduite, de suivre la loi que cet Être lui donne et le but qui lui est assigné ou révélé ; il doit s’élever jusqu’au plus haut sommet, dans sa vie présente ou son existence future, comme cet Être l’exige. Si un tel Esprit, Être universel ou suprême, n’existe pas, il doit savoir ce qui existe et comment s’élever jusque-là hors de son imperfection et de son impuissance présentes. Cette voie d’approche est celle de la religion ; son but est de relier l’humain au Divin et, ce faisant, de sublimer la pensée, la vie et la chair afin qu’elles puissent admettre l’autorité de l’âme et de l’esprit.

Mais il faut que cette connaissance soit plus qu’un credo ou une révélation mystique ; le mental pensant doit pouvoir l’accepter et la relier au principe des choses et à la vérité de l’univers telle qu’elle est observée. Ceci est l’œuvre de la philosophie ; et dans le domaine de la vérité de l’Esprit, ce travail ne peut être fait que par une philosophie spirituelle, que sa méthode soit intellectuelle ou intuitive.

Mais toute connaissance et tout effort ne peuvent porter leurs fruits que s’ils se transforment en expérience et s’ils deviennent partie intégrante de la conscience et de ses opérations normales. Dans le domaine spirituel, toute cette connaissance, religieuse, occulte ou philosophique, et tout cet effort doivent donc, pour être féconds, aboutir à une ouverture de la conscience spirituelle, à des expériences qui fondent cette conscience et continuellement l’élèvent, l’élargissent et l’enrichissent, et à l’élaboration d’une vie et d’une action conformes à la vérité de l’esprit ; c’est ce que la réalisation et l’expérience spirituelles doivent accomplir.

Ensuite, Sri Aurobindo met en avant 4 étapes et commence à tracer un chemin pour nous guider et nous soulever. En effet, mieux nous comprendrons le processus évolutif de la Nature, mieux nous pourrons orienter nos efforts dans la bonne direction et ainsi participer à notre propre évolution.

Par la nature même des choses, toute évolution procède d’abord par un lent déploiement ; car tout principe nouveau doit, pour manifester ses pouvoirs, se frayer un chemin à partir de l’involution primordiale dans l’Inconscience et l’Ignorance. Il a pour tâche difficile de s’extraire de l’involution, de s’arracher à l’emprise du milieu originel et à son obscurité, de lutter contre l’attraction et la pression de l’Inconscience, son opposition et son obstruction instinctives, et contre les mélanges embarrassants, les lenteurs aveugles et obstinées de l’Ignorance.

Au début, la Nature affirme un vague élan, une tendance imprécise ; et c’est un signe que la réalité submergée, occulte et subliminale, fait effort pour émerger.

Puis, de vagues indications à demi réprimées de ce qui doit être se manifestent, de premières tentatives imparfaites, des éléments informes, des apparitions embryonnaires, de petits quanta insignifiants, imperceptibles.

Plus tard, on voit apparaître des formations, petites ou grandes ; une qualité plus spécifique et reconnaissable se fait jour çà et là, partielle tout d’abord, ou de faible intensité, puis de plus en plus vivace et formatrice ;

finalement se produit l’émergence décisive, le renversement de la conscience, et un changement radical devient alors possible.

Mais il reste encore beaucoup à faire dans toutes les directions ; l’aventure évolutive s’engage dans une longue et difficile croissance vers la perfection. L’émergence accomplie ne doit pas seulement être affermie, protégée des rechutes, de l’attraction vers le bas, mise à l’abri de l’échec et de l’anéantissement, mais il faut encore qu’elle s’ouvre à ses propres possibilités dans tous les domaines, à la plénitude de son propre accomplissement intégral, qu’elle atteigne sa plus haute stature, sa subtilité, sa richesse, son ampleur suprêmes ; elle doit s’affirmer et tout embrasser, tout englober.

Tel est partout le processus de la Nature ; l’ignorer, c’est ne pas voir l’intention inscrite dans ses œuvres et se perdre dans le dédale de ses opérations."

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