Offrir l'obscurité
J'ai vu que la chaîne Mère divine avait sorti cette vidéo sur les 4 Asouras et je n'ai pas ressenti le besoin de la regarder... ou plutôt, je voulais laisser le sujet travailler en moi, sans être influencé.
Et c'est ressorti dans ma méditation...
Alors j'ai regardé ce qui se présentait à la conscience et tout tournait autour de l'idée d'offrir l'ombre...
En un clin d’œil, 3 paroles me sont revenues en mémoire :
- "nature obstinément assourique" évoquée par Sri Aurobindo dans un texte que je n'ai pas retrouvé,
- "pas un seul péché qui ne soit notre péché" (Agenda du 12 janvier 1961)
- "N'essayez pas d'être vertueux. Voyez à quel point vous êtes uni, UN avec tout ce qui est anti-divin, prenez votre part du fardeau, acceptez d'être, vous-même, impur et mensonger, et, comme cela, vous pourrez prendre l'Ombre et la donner. Et dans la mesure où vous êtes capable de la prendre et de la donner, alors les choses changeront. N'essayez pas d'être parmi les purs. Acceptez d'être avec ceux qui sont dans l'obscurité, et dans un amour total, donnez tout ça." (Agenda du 21 janvier 1962)
Ensuite, il m'est revenu plus vaguement un vers du Rig-Véda qui évoque la vie et la mort dans le même nid...
Habituellement, la nature assourique, c'est nécessairement les autres, en dehors de soi. C'est Bill Gates, c'est untel et untel... ce n'est jamais nous. Non que nous soyons des hypocrites assouriques, mais qu'il existe encore en nous des parties qui répondent aux forces assouriques, qui sont encore sous leur influence...
Alors je me suis délibérément mis en relation consciente avec les aspects sombres qui traînent dans les bas-fonds de ma nature avec cette double intention : reconnaître ce qui est, ce qui existe, sans en être troublé, mais faire le choix de l'offrir, ne plus donner son consentement de la conscience-témoin, pour reprendre une méthode proposée par Sri Aurobindo.
Deux choses étaient importantes à la conscience : ne pas se laisser troubler et faire le choix, décider...
Plus tard, j'ai relu ces aphorismes :
243 — Dieu guide le plus sûrement par Ses pires tentations, Il aime entièrement quand Il punit cruellement, Il aide parfaitement quand Il s’oppose violemment.
244 — Si Dieu ne prenait pas sur Lui le fardeau de tenter les hommes, bientôt le monde irait à sa perte.
245 — Acceptez d’être tentés au-dedans afin de pouvoir épuiser dans la lutte vos penchants vers le bas.
246 — Si vous laissez à Dieu le soin de purifier, Il épuisera le mal en vous subjectivement ; mais si vous tenez absolument à vous guider vous-même, vous tomberez dans bien des souffrances et des péchés extérieurs.
247 — N’appelle point mal tout ce que les hommes appellent mal — rejette seulement ce que Dieu a rejeté ; n’appelle point bien tout ce que les hommes appellent bien — accepte seulement ce que Dieu a accepté.
Douce Mère,
Si l’on fait un don de soi complet au Divin, est-il nécessaire de développer la volonté personnelle, le pouvoir de choisir, etc. ? Ces choses ne deviendront-elles pas des obstacles ?
La volonté personnelle et le pouvoir de choisir sont des qualités nécessaires pour ceux qui vivent dans l’ignorance et l’illusion ordinaires. Le vrai don de soi au Divin veut dire bien entendu leur abdication. Mais malheureusement, beaucoup de personnes vivent dans l’illusion qu’elles se sont entièrement données au Divin, et pourtant elles conservent en elles un « ego » très actif qui les empêche de percevoir clairement la Volonté Divine ; si ces personnes-là abandonnent la volonté personnelle et le discernement, elles risquent de devenir incohérentes et fantaisistes. Il faut d’abord acquérir une sincérité parfaite pour être sûr de ne pas se tromper soi-même, et avoir des preuves évidentes que c’est bien la Volonté Divine qui vous guide et vous fait agir.
22 décembre 1969
🌸
Quelques heures plus tard, en préparant l'article précédent, j'ai retrouvé deux Agendas qui apportent des informations intéressantes sur le sujet :
Agenda du 12 novembre 1960
Mais généralement – et ça c’était une chose que Théon m’avait dite (Théon était très calé pour les forces adverses et le fonctionnement de toutes les «résistances» à l’influence divine), il disait toujours (parce que c’était un grand batailleur – je pense bien ! lui-même était une incarnation d’asoura, alors il savait comment s’y prendre !), mais il me disait : «On fait une toute petite concession, on a une toute petite défaite, et ça vous donne droit à une très grande victoire.»
C’est un très bon truc. Et j’ai remarqué que pratiquement, dans les choses, les toutes petites choses de la vie de chaque jour, c’est vrai, si on cède sur un point (on voit, n’est-ce pas, ce qui devrait être, mais si, pour une chose très secondaire et sans importance, on cède), immédiatement cela vous donne le pouvoir d’imposer une volonté pour une chose beaucoup plus importante. J’avais dit cela a Sri Aurobindo et il disait que c’était vrai, que c’était comme cela. Mais c’est vrai dans le monde tel qu’il est maintenant – mais nous ne voulons pas cela : nous voulons que ça change, vraiment que ça change.
Il l’a écrit dans une lettre, je crois, il a parlé du système de compensations : les gens qui prennent une maladie sur eux, par exemple, pour avoir le pouvoir de guérir ; ou bien l’histoire symbolique du Christ qui meurt sur la croix pour libérer les hommes. Et Sri Aurobindo disait : «Ça, c’est bien à une certaine époque, mais nous devons dépasser cela.» Il m’a dit (c’est même l’une des premières choses qu’il m’ait dites) : «Nous ne sommes plus au temps du Christ où il faut mourir pour remporter une victoire.»
Ça, je m’en suis toujours souvenue.
Mais les choses tirent en arrière – ouf! comme elles tirent !... «La Loi, la Loi, c’est la Loi. Vous ne comprenez donc pas, c’est la LOI, vous ne pouvez pas changer la Loi.»
– Mais je viens pour changer la Loi.
– Alors payez le prix.
(silence)
(Un point subtil mérite un éclaircissement. Entre faire une toute petite concession pour avoir accès à une grande victoire et mourir pour remporter une victoire, il y a une sacré marge. Intuitivement je dirais que les victoires obtenues par ce moyen ne sont pas les vraies victoires. Les vraies victoires sont obtenues par une transformation d'une partie de nous-mêmes. Continuons cet Agenda :)
Qu’est-ce qui peut les faire céder ?
L’Amour divin. C’est la seule chose. C’est ce que Sri Aurobindo a expliqué dans Savitri. C’est seulement quand l’Amour divin se manifestera dans toute sa pureté, alors tout cédera, tout cédera – ce sera fait. C’est la seule chose qui puisse faire cela. Ce sera la grande Victoire.
(silence)
Et on sent cela (en tout petit, n’est-ce pas, dans de tout petits détails) que, de toutes les forces, c’est la plus forte. C’est la seule qui ait du pouvoir sur les volontés adverses. Seulement... pour changer le monde, il faut que ça se manifeste ici dans sa plénitude. Il faut qu’on en soit capable...
Sri Aurobindo avait écrit aussi : «Si l’Amour divin se manifestait dans toute sa plénitude, dans sa totalité maintenant, il n’y aurait pas d’organisme matériel qui n’éclaterait.» Alors il faut apprendre à élargir-élargir-élargir non seulement la conscience intérieure (ça, c’est relativement facile – enfin c’est faisable) mais même cet agglomérat de cellules.
Et j’en ai eu l’expérience : il faut être capable d’élargir, élargir cette sorte de cristallisation, si on veut être capable de tenir cette Force-là. Je sais. Deux-trois fois j’ai eu l’impression là-haut (dans la chambre), que le corps allait éclater. N’est-ce pas, j’étais sur le point de dire : «Éclatons et finissons.» Mais toujours Sri Aurobindo est intervenu ; les trois fois il est intervenu d’une façon tout à fait tangible, vivante, concrète et... il a arrangé tout pour que je sois obligée d’attendre.
Et alors il se passe des semaines, quelquefois des mois entre une chose et une autre, pour que l’élasticité vienne dans ces cellules imbéciles.
On perd du temps, beaucoup de temps. On est... oh ! on est dur! (Mère frappe son corps) dur comme de la pierre.
Mais trois fois, j’ai vraiment eu l’impression que j’étais sur le point de... que ça se disloque. La première fois, il était venu une fièvre, une telle fièvre... comme si j’avais, je ne sais pas, au moins 46 ou 47 de fièvre – c’était bouillonnant de la tête jusqu’en bas : tout était devenu d’un rouge doré, comme ça, et puis... c’était fini. C’est ce jour-là que, tout d’un coup – tout d’un coup – j’ai été... N’est-ce pas, je me suis dit : «Bon, eh bien, il faut être paisible, on verra bien ce qui arrivera», alors j’ai amené la Paix et, immédiatement, j’ai pu passer dans une seconde d’inconscience – et je me suis réveillée dans le physique subtil, dans la maison de Sri Aurobindo. Il était là. Et alors j’ai passé un bon moment avec lui, à expliquer.
Mais ça, c’est une expérience (il y a beaucoup de mois, plus d’un an), une expérience décisive.
Alors j’ai expliqué à Sri Aurobindo, et il m’a répondu (pas avec des mots : avec son expression, mais c’était très clair) : «Patience, patience – patience, ça viendra.» Et quelques jours après cette expérience, je suis tombée «comme par hasard» sur quelque chose qu’il avait écrit et où il expliquait justement que nous sommes beaucoup trop rigides, agglomérés, crispés, pour que ces choses-là puissent se manifester – il faut s’élargir, se détendre, devenir plastique.
Mais ça demande du temps.
En conclusion, au lieu d'être dans le mental et dans les explications, si nous pouvions nous entraîner, nous exercer, trouver le moyen pour mettre cela en pratique, cela pourrait peut-être aider beaucoup.
Agenda du 23 novembre 1963
Tu sais, ce qui donne de la force à l'opposition, c'est l'ignorance superstitieuse – superstitieuse au sens d'une sorte de foi, ou tout au moins de croyance dans le Destin, la Fatalité. C'est ingrained [invétéré], comme tissé dans la substance humaine. Ils ont la même superstition, la même croyance superstitieuse dans ce qui leur est favorable comme dans ce qui leur est défavorable ; dans la Puissance divine comme dans la puissance adverse – c'est la MÊME attitude. Et c'est pour cela que la Puissance divine n'a pas son plein pouvoir, et c'est pour cela justement que la force adverse a tant de pouvoir sur eux, parce que c'est un mouvement absolument de Mensonge, d'Ignorance – d'Ignorance totale.
Ces jours-ci, j'étais en train de suivre ça dans le tout petit détail, dans la mentalité de tous. Même ceux qui ont lu Sri Aurobindo, qui ont étudié Sri Aurobindo, qui ont compris, qui sont entrés en rapport avec cette région de lumière, c'est encore là – c'est encore là. C'est très... oui, c'est tissé très étroitement avec la partie la plus extérieure, la plus matérielle de la conscience. C'est une sorte de soumission, qui peut être très révoltée mais qui est une impression, justement de quelque chose qui pèse sur la tête et sur les épaules, et qui est une sorte de Fatalité, de Destin.
Alors il y a le bon destin, il y a le mauvais destin ; il y a une force divine que l'on considère tout à fait comme quelque chose que l'on ne comprend pas, qui a des intentions et des buts tout à fait inexplicables, et la soumission, le «surrender» consiste en une acceptation – aveugle – de tout ce qui arrive. La nature se révolte, mais se révolte contre un Absolu contre quoi elle ne peut rien. Et tout ça, c'est de l'Ignorance. Il n'y a pas un seul de tous ces mouvements qui soit vrai – depuis la révolte la plus intense jusqu'à la soumission la plus aveugle, c'est tout faux, pas un seul mouvement vrai.
Je ne sais pas si c'est dans ce que Sri Aurobindo a écrit (je ne me souviens pas), mais j'entends très fort (pas pour moi : pour l'humanité) :
ÉVEILLE-TOI ET VEUX
Naturellement les hommes prennent «veux» pour leurs velléités, qui n'ont rien à voir avec une volonté : toutes des impulsions.
«Veux», ça veut dire «veux de la Volonté suprême». Et ça, c'est comme si c'était la clef qui ouvre la porte de l'avenir :
ÉVEILLE-TOI ET VEUX
Et garde-toi bien de vouloir de travers parce que ce n'est plus une volonté, c'est de la velléité – ne confonds pas. Veux de la Volonté suprême.
Il ne faut pas courber les épaules – ça vous fait ronchonner terriblement au-dedans et ça ne sert à rien.
Oh ! (Mère redresse la tête) ce sentiment comme cela : passer la tête au-dessus de tout ça, émerger là-haut...
Cet Agenda est tellement fort, que cela vaudrait peut-être le coup de le lire en entier et d'écouter l'enregistrement audio, car alors nous serions en contact avec la vibration-même...
Si nous pouvions trouver le moyen de nous relier à cette Volonté suprême et de la laisser agir en nous, de nous fondre en Elle...
l'Agenda de Mere. Volume 4. 23 novembre 1963
Attention! To view this cite properly, please, enable JavaScript! How to do it Mère l'Agenda Volume 4 23 novembre 1963 Kennedy a été assassiné, cela veut dire la possibilité de la guerre. C'é...
https://auromaa.org/sri-aurobindo-ru/workings/ma/agenda_04/1963-11-23-01_f.htm
Texte et Audio
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Voir ci-dessous, un petit texte sur la signification du Darshan du 24 novembre.
24 NOVEMBRE 1926 - MAHASIDDHI DAY
24 NOVEMBRE 1926 - MAHASIDDHI DAY Sri Aurobindo a eu une très grande Réalisation le 24 Novembre 1926. Ce jour est appelé le Jour de la Victoire en raison de cet évènement spirituel très impor...
https://flammedalterite.wordpress.com/2019/11/24/24-novembre-1926-mahasiddhi-day/
(Merci Diksha !)