Overblog Tous les blogs Top blogs Beauté, Santé & Remise en forme Tous les blogs Beauté, Santé & Remise en forme
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU

Agenda du 27 juillet 1963

(Puis Mère lit deux lettres de Sri Aurobindo qui paraîtront dans un prochain Bulletin: ) 

Ça, je trouve que c'est très-très bien :

«Ce que le supramental fera, le mental ne peut le prévoir ni le réglementer. Le mental est l'ignorance à la recherche de la Vérité ; le supramental, par définition, est la Conscience-de-Vérité, la Vérité en possession d'elle-même et se réalisant par son propre pouvoir. Dans un monde supramental, l'imperfection et la désharmonie disparaîtront inévitablement. Mais ce que nous nous proposons juste maintenant, ce n'est pas de transformer la terre en un monde supramental, c'est de faire descendre sur la terre le supramental comme un pouvoir et comme une conscience permanente au milieu du reste et de le laisser travailler ici-bas afin qu'il s'accomplisse lui-même, de même que le Mental est descendu dans la Vie et dans la Matière et qu'il a travaillé ici-bas comme un pouvoir afin de s'accomplir lui-même au milieu du reste...»

(XXII.13)

C'est très utile à dire aux gens – ils sont tellement embêtants ! ils veulent toujours mettre la charrue avant les bœufs.

Et cette autre lettre qui doit aller avec :

«Il n'est pas recommandable de trop discuter ce que fera le supramental et comment il le fera, parce que ce sont des questions que le supramental réglera lui-même en suivant la Vérité divine qui est en lui ; le mental ne doit pas essayer de lui fixer des sillons dans lesquels il tournera. Naturellement, la délivrance de l'ignorance subconsciente et des maladies, le prolongement de la vie à volonté et un changement dans le fonctionnement du corps figureront parmi les éléments ULTIMES (Mère répète deux fois) du changement supramental, mais c'est à l'Énergie supramentale que doit être laissé le soin d'élaborer les détails selon la Vérité de sa nature.»

(XXII.8)

(Mère fait le geste de marteler) Je suis tout le temps à enfoncer ça dans la tête des gens. Je passe mon temps à leur dire : «D'abord, soyez prêts pour que ça vienne ; après, on verra ce que ça fera!»

Il y a une petite pointe d'humour, toujours !

Si nous suivons cela (Mère dessine une grande courbe vers l'avenir), il prévoyait qu'un jour la terre serait une création supramentale – tout entière... tout changé. Ça veut dire très-très loin en avant. C'est-à-dire que, plus tard, dans la race supramentale, on dira : «Ce n'est pas tout, c'est seulement le commencement ; maintenant, il faut que la terre tout entière devienne une manifestation supramentale.» De même que de l'homme mental est né l'être supramental, de même de l'être supramental naîtront les pouvoirs qui transformeront la terre...

Tu vois ça ?!

C'est intéressant.

(silence)

C'est quelque chose qu'on m'a déjà montré. On m'a déjà montré ça ; quand je fais comme cela (geste) et que j'enveloppe la terre, on m'a déjà montré une terre glorieuse qui était illuminée d'une lumière intérieure. Et alors, au lieu d'un soleil brûlant, c'était une Lumière qui permettait à la Vie d'exister – n'est-ce pas, c'était le Physique lui-même qui était devenu lumineux. Ça, je l'ai vu, je me souviens TRÈS BIEN de l'avoir vu.

Mais c'est loin! (Mère rit)

C'est tout ?

(le disciple lit la fin de la lettre :)

«... Ceci suffira à changer le monde et à changer la Nature en brisant ses limites actuelles. Mais ce qu'il fera et comment et dans quelle mesure est une chose que l'on ne doit pas dire maintenant – quand la Lumière sera là, Elle fera elle-même son travail ; quand la Volonté supramentale se manifestera sur la terre, cette Volonté décidera. Elle établira une perfection, une harmonie, une création de Vérité – pour le reste, eh bien, ce sera le reste, c'est tout.»

À part cela, ça va?

(le disciple répond par le silence)

(Riant) Nous laissons le supramental descendre faire son travail !

(silence)

Le plus difficile, c'est que la texture du corps est faite d'Ignorance, et alors chaque fois que la Force, la Lumière, le Pouvoir veulent pénétrer quelque part, il faut déloger cette Ignorance.

Et c'est chaque fois une expérience analogue, renouvelée dans le détail (mais pas dans l'essence, je veux dire que c'est chaque fois un petit point particulier mais l'essence du problème est toujours la même) : c'est une sorte de Négation par ignorante stupidité – mais pas par mauvaise volonté, il n'y a pas de mauvaise volonté : c'est une stupidité inerte et ignorante qui, par le fait même de ce qu'elle est, NIE la possibilité du Pouvoir divin. Et chaque fois, c'est cela qu'il faut dissoudre. À chaque pas, dans chaque détail, c'est toujours la même chose qu'il faut dissoudre.

Et ça se répète... Ce n'est pas comme dans le domaine des idées où une fois qu'on a vu clair et qu'on sait, c'est fini ; il peut vous revenir des doutes ou des absurdités du dehors, mais la chose est établie, la lumière est là, et automatiquement les choses sont ou repoussées ou transformées.

Mais ça, ce n'est pas la même chose ! chaque petit agglomérat de cellules... Ce n'est pas que ce soit reçu du dehors : c'est BÂTI comme cela ! c'est bâti par une inerte et stupide Ignorance. Un automatisme inerte et stupide. Et alors, automatiquement ça nie – ce n'est pas «nie», ce n'est pas une volonté de nier : c'est le contraire, c'est-à-dire que ça ne PEUT PAS comprendre, c'est un contraire – contraire ÉTABLI – de la Puissance divine. Et chaque fois, il y a une sorte d'action, qui vraiment dans chaque détail est presque miraculeuse : tout d'un coup, c'est contraint... contraint de reconnaître que la Force divine est toute-puissante. Vu sous un autre angle, c'est une sorte de petit miracle perpétuel.

Je vais te donner un exemple : la dernière fois que tu étais avec moi, il m'est venu (pendant que tu étais là) une douleur ici (geste au côté droit) épouvantable, de ces douleurs qui font crier les gens (n'est-ce pas, ils croient qu'ils sont très malades !), c'est venu comme ça, là. Tu n'as rien vu, n'est-ce pas, je n'ai rien montré.

Puis je ne m'en suis pas occupée tant que tu étais là – simplement... je pensais à autre chose. Et quand tu as été parti, je me suis dit : «Il n'y a pas de raison de laisser ça là.» Alors je me suis concentrée – j'ai appelé le Seigneur, et je L'ai mis là (geste au côté), et j'ai vu tout ça, ce que je te disais maintenant, cet état de négation stupide, et que si on laisse la chose suivre son cours que l'on appelle «normal», ça devient une bonne maladie (Mère rit), sérieuse maladie.

J'appelle le Seigneur (Il est toujours là ! mais par le fait que je me concentre, que je reste tranquille...). Alors c'est presque instantané : la première chose, c'est la réaction – presque pas une réaction, c'est un ÉTAT – qui NIE la possibilité de l'Action divine. Ce n'est pas une volonté, c'est une négation automatique. Et puis il y a toujours un Sourire qui répond (c'est ça qui est intéressant, c'est qu'il n'y a jamais une colère, jamais une force qui s'impose, seulement un Sourire), et presque instantanément, la douleur disparaît – «Ça» s'installe, lumineux, tranquille.

Nous pouvons contempler le sourire divin quand nous avons conquis notre ego.

Note que ce n'est pas final, c'est seulement un premier contact : l'expérience revient, à une autre occasion et pour une autre raison (ce ne sont pas des raisons mentales, ce sont des occasions), ça revient, mais là, il y a déjà un commencement de collaboration : les cellules ont SU qu'avec Ça, l'état changeait (elles se souviennent, c'est très intéressant), et alors elles commencent à collaborer, et l'Action est encore plus rapide. Puis une troisième fois, à une distance de quelques heures, ça revient encore ; alors ce sont LES CELLULES ELLES-MÊMES qui appellent, qui demandent l'Action divine, parce qu'elles se souviennent. Alors Ça arrive glorieusement, comme quelque chose d'établi.

Maintenant je connais – je connais le truc ! C'est pour l'éducation des cellules, tu comprends ! Ce n'est pas simplement qu'une personne est malade et qu'il faut la guérir tout à fait : non, c'est l'éducation des cellules, pour leur apprendre... à vivre.

C'est admirable.

Et c'est pour cela qu'avec toute la conscience et toute la force, je dis aux gens : «C'est VOUS qui vous rendez malades avec votre peur idiote !» (une peur subconsciente – ou quelquefois mentale, alors là c'est tout à fait imbécile –, mais enfin il y a une peur dans les cellules, c'est une peur subconsciente). «C'est VOUS qui vous rendez malades. Cessez d'avoir peur et vous ne serez pas malades.» Et ça, je peux le dire avec une assurance absolue.

C'est intéressant.

Mais toujours, alors (je précise le problème pour être claire), il y a toujours dans l'atmosphère, comme je l'ai toujours dit, toutes les suggestions, toute cette atmosphère du mental physique qui est pleine de toutes les imbécillités possibles ; il faut toujours être sur ses gardes et balayer : «Va-t'en, n'intervenez pas.» Les opinions des docteurs, les exemples des autres personnes, tout ce... n'est-ce pas, ce fouillis terrible d'Ignorance qui est là, qu'il faut repousser : «Ce n'est pas votre affaire, occupez-vous d'autre chose.»

(silence)

Alors, d'abord, régulièrement, dès qu'il y a une douleur quelque part, ou un malaise, ou quelque chose, immédiatement, instantanément : «Ah ! Seigneur, qu'est-ce que Tu veux m'apprendre ?» Et je deviens attentive.

Et si tout le monde fait cela, tous ceux qui peuvent faire cela (sincèrement, n'est-ce pas, pas prétendre, bien entendu), mais sincèrement : «Ah! Seigneur, qu'est-ce que Tu veux m'apprendre ?» et puis observer, attendre ; alors ça va, on se met déjà dans des conditions meilleures.

🌸

N'est-ce pas un Agenda extraordinaire ? Il y a là comme un mode d'emploi que nous donne Mère pour notre guérison. Et qui aurait crû que le Sourire du Divin était thérapeutique ? ? ? Décidément, nous sommes très-très ignorants. Pour commencer, nous pouvons cesser, de toute nos forces, avec toute la sincérité dont nous sommes capables, nous pouvons cesser de nier le Pouvoir du Divin. 

Il y a une célèbre méditation taoïste qui s'appelle le sourire aux organes ; je me demande s'il n'y a pas quelques ressemblance avec ce que nous dit Mère dans cet Agenda? En tout cas, il s'ouvre à nous tout un champ d'expérimentations pratiques. Nous pouvons nous détendre, nous intérioriser et appeler sur tel ou tel point de tension, crispation, douleur... ce Sourire divin et rejeter constamment et fermement toute sensation, impression... qui tendrait à nier le Pouvoir divin. Ce n'est pas une pratique difficile ! Et si nous n'arrivons pas à descendre du premier coup jusqu'au plan de la conscience des cellules, nous pourrons probablement descendre quand même un peu plus en profondeur et traverser les premières couches de résistances.    

Voyons l'Agenda suivant. Je subodore que nous allons apprendre encore de nouvelles choses. 

Agenda du 17 avril 1965

Tu disais que l'on avait fait un pas en avant. Il y a du nouveau ?

J'avais toujours dit que, sur deux points, l'avenir ne m'avait jamais été montré. D'abord ce que serait exactement la première forme de la vie supramentale sur la terre, c'est-à-dire l'échelon qui suivra l'homme tel qu'il est – comme cet échelon qui a suivi l'animal (et qui a disparu, au fond), quel est l'échelon qui suivra l'homme, et qui sera peut-être aussi appelé à disparaître ? Puis, l'autre point qui était plus personnel : la transformation de ce corps serait-elle suffisante pour une prolongation indéfinie, ou est-ce qu'une partie du travail sur les cellules serait en quelque sorte gaspillée ?

Je ne peux pas dire que j'aie des réponses, mais dans les deux voies c'est comme si cela s'était un peu ouvert. L'impression que l'on était devant un mur et ça s'ouvre, on me permet d'avancer. Eh bien, les conclusions ne sont pas encore là, mais dans les deux directions, nous avons vraiment fait un pas en avant parce que c'est ouvert – ce n'est plus un mur, c'est ouvert.

C'est surtout ce sentiment d'être bloqué qui est parti.

Les premières découvertes ne valent pas d'être dites parce que ce n'est pas assez précis ni concret ni définitif. Seulement ce sentiment de soulagement : au lieu d'être devant quelque chose qui vous bouche le chemin, ouf ! on peut respirer et on peut avancer.

Les conséquences seront pour plus tard.

(long silence)

La transition entre les deux ne paraît possible vraiment que par l'entrée – consciente et volontaire – d'une conscience supramentalisée dans un corps, que l'on pourrait appeler un «corps physique amélioré», c'est-à-dire le corps physique humain tel qu'il est maintenant mais amélioré : l'amélioration, par exemple, que produit une VRAIE culture physique, non pas telle qu'on l'exagère maintenant mais dans son sens véritable.

C'est une chose que j'ai vue assez clairement : dans une évolution (la culture physique va très vite en ce moment, il n'y a même pas un demi-siècle que cela a commencé), dans l'évolution, cette culture physique amènera une amélioration, c'est-à-dire une souplesse, un équilibre, une endurance et une harmonie – ce sont les quatre qualités : souplesse (plasticité), équilibre des différentes parties de l'être, endurance et harmonie du corps, qui en feront un instrument plus souple pour la conscience supramentalisée.

[Je me permets de souligner ici une apparente divergence avec ce que Sri Aurobindo a pu dire sur le Hatha Yoga ; beaucoup de travail pour de maigres résultats disait-il. Je cite de mémoire. Quelques décennies plus tard, Mère a l'air de réhabiliter le travail corporel. Continuons notre lecture.]

Alors le passage : utilisation consciente et volontaire d'un corps ainsi préparé, par une conscience supramentalisée. Il faut que ce corps soit amené au maximum de son développement et de l'utilisation des cellules pour être... oui, imbibé consciemment des forces suprêmes (ce qui est en train de se faire ici – en Mère – en ce moment), et ça, au maximum de ses possibilités. Et si la conscience qui habite ce corps, qui anime ce corps, a les qualités requises en suffisance, normalement elle doit pouvoir utiliser ce corps jusqu'au point maximum de sa possibilité de transformation, ce qui fait que le déchet causé par la mort des cellules qui se décomposent devrait être réduit au minimum – dans quelle mesure ?... C'est justement ce qui appartient encore à l'inconnu.

Cela correspondrait à ce que Sri Aurobindo appelait la prolongation de la vie à volonté, pour une durée indéfinie.

Mais telles que sont les choses actuellement, il semble qu'il y aurait une période transitoire où la conscience aurait à passer de ce corps à un autre mieux préparé – mieux préparé extérieurement, physiquement (pas intérieurement) ; «extérieurement», je veux dire ayant acquis certaines aptitudes par le développement actuel (que celui-ci ne possède pas) des quatre qualités, qu'il ne possède pas en quantité et en completeness [suffisance]; c'est-à-dire qu'il faut que ces quatre qualités soient en accord parfait et en quantité suffisante pour pouvoir supporter le travail de transformation.

Je ne sais pas si je peux me faire comprendre...

Oui, mais tu parles de «changer» de corps ?

Dans ce cas-là, il faudrait changer de corps. Mais un changement (au point de vue occulte, c'est une chose connue), un changement non dans un corps à naître mais dans un corps déjà formé. Ce serait par une sorte d'identification de la personnalité psychique du corps à changer avec l'autre corps récepteur – ça, les fusions de personnalités psychiques, c'est possible, (riant) je connais le procédé !

On n'existe plus que par le Divin et pour le Divin.

Mais il faut une annulation de l'ego – ça, oui, l'annulation de l'ego est nécessaire ; mais si l'annulation de l'ego est suffisante dans l'individualité (peut-on employer le mot «individualité» ? je ne sais pas... ce n'est ni «personnalité» ni «individualité»), dans l'être supramentalisé, si l'annulation de l'ego est faite, terminée, cet être a le pouvoir de neutraliser complètement la présence de l'ego dans l'autre être. Et alors, par cette neutralisation, la diminution qui provient toujours d'une réincarnation serait annulée – c'est cela qui est affreux, n'est-ce pas, ce temps perdu par la diminution dans un être nouveau ! mais par ce passage conscient – volontaire et conscient – d'un corps à un autre, l'être dont l'ego n'existe plus a le pouvoir presque total d'annuler l'autre ego.

Tout ce mécanisme occulte est à développer, mais c'est presque rationnel pour la conscience.

Ce serait le processus.

Les conditions de la prolongation presque indéfinie du corps sont connues ou presque connues (elles sont plus que pressenties : elles sont connues), et elles sont apprises par le travail nécessaire pour contrecarrer l'extrême fragilité de l'équilibre physique du corps en transformation. C'est une étude de chaque minute, pourrait-on dire, presque de chaque seconde. C'est cela, le domaine extrêmement difficile. C'est difficile pour toutes les raisons que j'ai déjà expliquées, à cause de l'intrusion des forces qui sont en état de déséquilibre et qu'il faut, au fur et à mesure, remettre dans l'état nouveau d’équilibre.1 C'est là où se trouve le signe d'inconnu.

1. C'est tout le problème de l'échantillonnage évolutif que représentait l'Ashram.

Voilà. C'est là. Mais ce n'est plus bloqué. Le chemin est ouvert, on peut voir – on peut voir. Ça viendra.

Mais la transition vraiment difficile à percevoir, c'est la transition entre la création animale (qui se perpétue, n'est-ce pas), et la formation supramentale, qui n'a pas encore été faite. Le passage de cette création à la création supramentale d'un corps, c'est là où l'on ne sait pas. C'est le passage de l'un à l'autre : comment ? N'est-ce pas, c'est encore un problème un peu plus difficile que le passage de l'animal à l'homme, parce que le procédé de la création humaine est raffiné mais il est le même... Oh !

(La conversation est coupée par l'entrée du docteur)

...Tandis que là, c'est une nouvelle forme de création.

Solide, durable et parfumée, elle se dresse vers le ciel.

🌸

Remarquons que dans le premier Agenda, cette capacité de prolonger la vie à volonté étaient évoquée comme une étape ULTIME. Ultime, c'est-à-dire que cela sous entend presque que ce n'est pas la peine d'en parler. Et là... ma foi, la Mère en parle et... la perspective semble se rapprocher. C'est intéressant. Et entre les deux Agendas il ne s'est passé que 1 an et 9 mois : cela va TRÈS vite !  

Poursuivons notre fantastique exploration du sujet avec l'Agenda suivant.

Agenda du 21 avril 1965

À propos de la dernière conversation, j'avais pensé à une citation de Sri Aurobindo qui m'est venue à l'esprit.

Laquelle ?

Tu parlais de la première forme de la vie supramentale.

Sur la terre.

Oui, dans un «corps physique amélioré». Je me suis posé des questions à ce sujet... surtout quand tu parles de «changer de corps».

Quelle question ?

Notamment celle-ci. La différence entre le corps humain actuel et la création supramentale est si considérable, doit être tellement différente de substance...

Évidemment.

... que je me demande dans quelle mesure, même un corps physique amélioré pourra servir ? Parce que c'est quelque chose qui va être tellement différent. Que ce corps soit vieux et courbé ou qu'il soit jeune et plein de souplesse, est-ce que cela fait vraiment une différence, puisque...

Ce n'est pas ce que je voulais dire par «amélioré». Que le corps soit jeune ou vieux ne fait aucune différence, parce que les avantages sont compensés par des inconvénients. J'ai regardé, moi aussi, le problème – ça ne fait aucune différence.

Changer de corps peut devenir une nécessité, c'est tout, mais c'est secondaire.

Ce que je voulais dire par un «corps physique amélioré», c'est cette espèce de maîtrise du corps que l'on est en train d'obtenir par la culture physique.

J'ai vu dernièrement des revues qui montraient comment l'on avait commencé : les résultats du début et les résultats de maintenant ; et au point de vue harmonie des formes (je ne parle pas des excès – il y a des excès partout –, je parle de ce qui peut être fait dans les meilleures conditions possibles), l'harmonie des formes, la force et un certain sens de la beauté, le développement de certaines possibilités d'endurance et d'habileté, de précision dans l'exécution unie à la force, c'est très remarquable quand on pense à la courte durée de la culture physique.

Et cela se répand en ce moment très vite, c'est-à-dire que le pourcentage de la population humaine qui s'y intéresse et s'en occupe fait boule de neige.

Alors, quand j'ai vu toutes ces photos (pour moi, c'est surtout par l'image que je vois), je me suis dit que par ces qualités-là, les cellules, les agrégats de cellules, acquièrent une plasticité, une réceptivité, une force qui rendent la substance plus souple pour l'infusion des forces supramentales.

Prenons le sens de la forme, par exemple (je donne un exemple parmi beaucoup d'autres). L'évolution s'oriente ouvertement vers une diminution de la différence entre la forme féminine et la forme masculine : l'idéal qui est en train de se créer masculinise les formes féminines et donne une certaine grâce et une souplesse aux formes masculines, ce qui fait qu'elles ressemblent de plus en plus à ce que, moi, j'avais vu tout en haut, par-delà les mondes de la création, à ce que l'on pourrait appeler le «seuil» du monde de la forme.

J'avais vu au commencement du siècle, avant même de connaître l'existence de Sri Aurobindo et sans avoir jamais entendu le mot «supramental» ni rien ni l'idée, j'avais vu là, tout en haut, au seuil du Sans-Forme, à l'extrême limite, une forme idéale qui ressemblait à la forme humaine, et qui était une forme humaine idéalisée : ni homme ni femme. Une forme lumineuse, une forme de lumière dorée. Quand j'ai lu ce que Sri Aurobindo a écrit, j'ai dit : «Mais c'est la forme supramentale que j'ai vue !», sans avoir la moindre idée que cela puisse exister.

Eh bien, l'idéal de forme vers lequel on va maintenant ressemble à ce que j'ai vu. C'est pourquoi j'ai dit : puisqu'il y a une concentration évolutive sur ce point, sur la forme physique corporelle, ce doit être que la Nature prépare quelque chose pour cette Descente et cette incarnation – ça me paraît logique. C'est ce que je voulais dire par une forme physique améliorée.

L'autre point est tout à fait secondaire, c'est une incidente, ce n'est pas dans la ligne de l'évolution. Je dis seulement que ça PEUT être un moyen utilisé, et que ça a été utilisé dans le temps.

Changer de corps ?

Changer de corps. Cela peut être de nouveau un moyen utilisé, Si LE BESOIN S'EN FAIT SENTIR. Ce n'était pas l'idée centrale, c'était tout à fait une incidente – ça peut arriver.

Et tout ce que j'ai dit, c'est que la conscience dans ces cellules-ci ayant perdu le sens de l'ego (je crois qu'elles l'ont perdu, bien que ce corps ait été formé sans sens de l'ego – en tout cas, s'il a été nécessaire à un moment donné, il ne l'est plus), ayant perdu le sens de l'ego, n'éprouvent aucune difficulté à se manifester dans un autre corps. Et c'est une expérience tout à fait pratique et matérielle, c'est-à-dire que j'ai multiplié les expériences de cette conscience se servant de ce corps-ci, de ce corps-là, de ce corps-là... pour certaines choses ; c'était momentané naturellement, pas d'une façon permanente, mais à volonté et enfin pendant une durée suffisamment longue pour en avoir l'expérience concrète.

Mais c'est une affaire personnelle, cela n'a rien à voir avec le public et la collectivité, tandis que l'autre point est intéressant : j'ai l'impression que c'est la collaboration de la Nature qui pousse l'humanité dans ce sens afin de préparer une matière plus réceptive à l'idéal qui veut se manifester.

En repensant à cette dernière conversation, il m'avait semblé que la différence était si formidable entre les deux créations, animale et supramentale, que cela ne faisait pas beaucoup de différence que le corps soit plus souple, etc.

La différence n'est pas si formidable. La différence est formidable dans le mode de création, c'est là où il y a une différence formidable. C'est là où il est difficile de concevoir comment on va passer de l'un à l'autre et comment il peut y avoir des intermédiaires.

Justement, tout d'un coup, je me suis rappelé à ce propos une citation de Sri Aurobindo qui m'a semblé intéressante. C'est dans le «Cycle Humain», à la fin du «Cycle Humain». Il dit ceci :

«Il se peut qu'une fois commencée, l'entreprise (supramentale) n'avance pas rapidement, il se peut qu'elle prenne de longs siècles d'effort avant d'arriver à naître avec quelque permanence ; mais ce n'est pas tout à fait inévitable. Les changements de ce genre dans la Nature semblent avoir pour principe une longue et obscure préparation suivie d'un rassemblement rapide et d'une précipitation des éléments dans une nouvelle naissance – une conversion brusque, une transformation qui fait figure de miracle par sa lumineuse instantanéité. » (Le Cycle Humain, Ch. XXIV.)

C'est très intéressant... Oui (riant), il me l'a dit ces jours-ci!

C'est vrai.

Au fond, quand il y aura un corps, justement formé par un idéal et un développement croissant, un corps qui aura suffisamment d'étoffe et de possibilités, de potentiel, il se peut très bien qu'il y ait une Descente brusque d'une forme supramentale, comme il y en a eu une avec la forme humaine.

Parce que ça, je sais (je le sais pour l'avoir vécu) que lorsque ce passage – très obscur – de l'animal à l'homme (dont on a retrouvé des traces plus ou moins probantes) a été suffisant, quand le résultat a été suffisamment plastique, il y a eu une Descente – il y a eu une descente mentale de la création humaine.

Et c'étaient des êtres (il y a eu une descente double ; justement elle avait ceci de particulier qu'elle était double, masculine et féminine : ce n'était pas un seul être, c'étaient deux êtres qui sont descendus), et c'étaient des êtres qui vivaient dans la Nature, d'une vie animale, mais avec une conscience mentale ; seulement sans désaccord avec l'harmonie générale. Tous les souvenirs sont absolument clairs, d'une vie spontanée, animale, absolument naturelle, dans la Nature. Une Nature merveilleusement belle qui ressemble étrangement à la nature de Ceylan et des pays tropicaux : l'eau, les arbres, les fruits, les fleurs... Et une vie harmonieuse avec les animaux : il n'y avait aucun sentiment de crainte ou de différence. C'était une vie très lumineuse, très harmonieuse et très naturelle, dans la Nature.

Et c'est étrange, on dirait que l'histoire du paradis soit une déformation mentale de ce qui s'est passé véritablement. N'est-ce pas, tout cela est devenu ridicule, et aussi avec une tendance... on a l'impression qu'une volonté hostile ou un être asourique a voulu se servir de cela pour en faire la base d'une religion et mettre la main sur l'homme. Mais c'est une autre question.

Mais cette vie spontanée, naturelle, harmonieuse – très harmonieuse –, extrêmement belle et lumineuse et facile !... Un rythme harmonieux dans la Nature. Au fond, une animalité lumineuse.

C'est comme cela que l'on a commencé, et ça a commencé comme cela parce qu'il y a eu une descente de la conscience supérieure mentale humaine dans la forme qui existait.

Le phénomène peut se renouveler de la même façon, avec cette différence que cela peut être plus conscient et plus volontaire – il peut y avoir l'intervention d'une volonté consciente.

Ce serait, ou cela pourrait être par un procédé occulte – ça, je ne sais pas, il y a toutes sortes de possibilités dont l'une pourrait être le passage conscient d'un être qui s'est servi de l'ancien corps humain pour son développement et son yoga, et qui quitterait la forme devenue inutile pour entrer dans une forme capable de s'adapter à la croissance nouvelle.

Là, les deux possibilités se rejoignent.

Mais ça, pour le moment, il n'en est pas question parce que, bien que ce développement de la culture physique soit extrêmement rapide, on conçoit tout de même que cela puisse prendre des centaines d'années.

Il y a une citation de Sri Aurobindo disant que le premier point à acquérir est la prolongation de la vie à volonté – ce n'est pas directement l'immortalité : c'est la prolongation de la vie à volonté. Il l'a écrit dans les articles sur «La Manifestation Supramentale».

Persistant et coordonné.

Remarquons encore une fois que, ce qui dans l'Agenda du 27 avril 1963 était présenté comme ultime : le prolongement de la vie à volonté et un changement dans le fonctionnement du corps figureront parmi les éléments ULTIMES (Mère répète deux fois) du changement supramental est évoqué ici comme le premier point à acquérir.

Comment pouvons-nous comprendre cette apparente contradiction ? Je vois deux possibilités complémentaires. 

1. Entre les deux, la conscience a évolué et ce qui n'était pas possible le devient davantage.

2. Le supramental ne doit rien avoir avec un principe figé suivant des règles rigides, mais semble au contraire être un principe tout-puissant, et PUISSAMMENT LIBRE d'organiser les choses à sa façon, en fonction des circonstances et des réceptivités qui s'ouvrent à son influence... 

🌸

Agenda du 4 mars 1966

(Mère reprend ses commentaires sur les Aphorismes de Sri Aurobindo.)

115 – Le monde est une fraction périodique qui se répète indéfiniment, avec le Brahman pour nombre entier. La période semble commencer et finir, mais la fraction est éternelle : elle n'aura jamais de fin et n'a jamais eu vraiment de commencement.

116 – Dire que les choses commencent et finissent est une convention de notre expérience ; dans leur existence vraie, ces termes n'ont pas de réalité : il n'y a ni fin ni commencement.

La semaine dernière encore, il y a eu tout un développement de cette expérience.

Au fond, c'est la même chose pour les mondes que pour les individus et pour les univers que pour les mondes. C'est seulement la durée qui diffère : un individu, c'est tout petit ; un monde, c'est un peu plus grand ; et un univers, c'est encore un peu plus grand ! Mais ce qui commence finit.

Pourtant, Sri Aurobindo dit qu'il n'y a «ni commencement ni fin» ? que la création et la destruction sont simplement une illusion de la conscience extérieure.

Nous sommes obligés d'employer des mots, mais la chose échappe. Ce qui se traduit pour nous par «le Principe éternel», le «Suprême», «Dieu», n'a ni commencement ni fin (nous sommes obligés de dire «c'est», mais ce n'est pas comme cela, parce que c'est au-delà de la Non-Manifestation et de la Manifestation ; c'est quelque chose que, dans la Manifestation, on est incapable de comprendre et de percevoir), et c'est Cela qui n'a ni commencement ni fin. Mais constamment et éternellement, Cela se manifeste en quelque chose qui commence et qui finit. Seulement, il y a deux façons de «finir», l'une qui apparaît comme une destruction, une annihilation, et l'autre qui est une transformation ; et il semblerait qu'à mesure que la Manifestation se perfectionne, la nécessité de la destruction diminue, jusqu'au moment où elle disparaîtra et sera remplacée par le processus de transformation progressive.

Solide et résolue, elle fait face à toutes les difficultés.

Mais c'est une façon tout à fait humaine et extérieure de dire.

Je suis absolument consciente de l'insuffisance des mots, mais à travers les mots, il faut saisir la Chose... La difficulté pour la pensée humaine, et pour l'expression encore plus, c'est que les mots ont toujours un sens de commencement.

(silence)

J'ai eu la perception de cette manifestation – une manifestation «pulsatile» pourrait-on dire – qui s'épanouit, qui se recroqueville, qui s'épanouit, qui se recroqueville... et il y a un moment où l'épanouissement est tel, la fluidité, la plasticité, la capacité de changement est telle qu'il n'est plus besoin de résorber pour reformer, et ce sera une transformation progressive. Théon disait (je crois que je t'en ai déjà parlé) que c'est la septième création universelle : qu'il y a eu six pralaya3 avant et que c'est la septième création, mais que celle-ci pourra se transformer sans se résorber – ce qui n'a évidemment aucune espèce d'importance parce que, dès que l'on a la conscience éternelle, ça peut être comme ceci, ça peut être comme cela, cela n'a aucune importance.

3. Pralaya  ou fin d'un monde.

C'est pour la conscience humaine limitée qu'il y a cette espèce d'ambition ou de besoin de quelque chose qui ne finisse pas, parce qu'il y a, au-dedans, ce que l'on pourrait appeler «le souvenir de l'éternité» et que ce souvenir de l'éternité aspire à ce que la manifestation participe à cette éternité. Mais si ce sens de l'éternité est actif et présent, on ne se lamente pas – on ne se lamente pas parce que l'on rejette un habit abîmé, n'est-ce pas (on peut être attaché, mais enfin on ne se lamente pas). C'est la même chose : si un univers disparaît, cela veut dire qu'il a rempli sa fonction pleinement, qu'il est arrivé au bout de ses possibilités et qu'un autre doit le remplacer.

J'ai suivi la courbe. Quand on est tout petit dans la conscience et dans le développement, on sent un grand besoin que la terre ne disparaisse pas, qu'elle se perpétue (en se transformant tant que l'on veut, mais que ce soit toujours la terre qui se perpétue).

Un peu plus tard, quand on est un peu plus... mûr, on y attache beaucoup moins d'importance.

Et quand on est en constante communion avec le sens de l'éternité, cela ne devient plus qu'une question de choix ; ce n'est plus un besoin, parce que c'est quelque chose qui n'affecte pas la conscience active.

Il y a quelques jours (je ne sais plus quand, mais tout dernièrement), pendant toute une matinée, j'ai vécu cette Conscience et j'ai vu, dans la courbe du développement de l'être, que cette espèce de besoin, qui paraît un besoin intime, de la prolongation de la vie de la terre – la prolongation indéfinie de la vie de la terre –, ce besoin s'objective pour ainsi dire, il n'est plus si intime ; c'est comme lorsqu'on regarde un spectacle et que l'on juge s'il doit être comme ceci ou s'il doit être comme cela. C'était intéressant comme changement de point de vue.

C'est comme un artiste, mais un artiste qui se façonnerait lui-même, et qui ferait un essai, deux essais, trois essais, autant d'essais qu'il faut, puis qui arriverait à quelque chose d'assez complet en soi et d'assez réceptif pour pouvoir s'adapter à de nouvelles manifestations, aux besoins des nouvelles manifestations, de telle sorte qu'il ne serait pas nécessaire de tout rentrer pour tout remélanger et tout ressortir. Mais ce n'est plus que cela et, comme je dis, une question de choix.

N'est-ce pas, la manifestation est faite pour la joie de l'objectivation (la joie ou l'intérêt, ou... enfin), et quand ce qui a été façonné est assez plastique, assez réceptif, assez souple et assez vaste pour pouvoir constamment être moulé par les nouvelles forces qui se manifestent, il n'est plus besoin de tout défaire pour tout refaire.

La courbe se présentait aussi avec un adage : «Ce qui commence doit finir»... Cela paraît être l'une de ces constructions mentales humaines qui ne sont pas nécessairement vraies.

Mais subjectivement, ce qui est intéressant, c'est que le problème perd de son acuité à mesure qu'on le regarde de plus haut (ou d'un point plus central, pour dire la vérité).

Il semble que ce soit le même – pas «principe» parce que ce n'est pas un principe –, la même loi pour l'individu, pour les mondes et pour les univers.

(long silence)

Dès que l'on essaye d'exprimer (Mère fait un geste de renversement), tout se fausse... Je regardais cette expérience de la relation avec la Conscience et le Tout : cette relation de l'être humain avec le Tout ; de la terre (la conscience de la terre) avec le Tout ; de la conscience de l'univers manifesté avec le Tout ; et de la conscience qui préside à l'univers – à tous les univers – avec le Tout ; et ce phénomène inexprimable que chaque point de conscience (un point qui n'occupe pas d'espace), chaque point de conscience est capable de TOUTES les expériences... C'est très difficile à dire.

On pourrait dire que ce sont seulement les limites qui font les différences : les différences de temps, les différences d'espace, les différences de grandeur, les différences de puissance. Ce sont seulement les limites. Et du moment où la conscience sort des limites, sur n'importe quel point de la manifestation et quelle que soit la dimension de cette manifestation (oui, la dimension de cette manifestation est absolument sans importance), sur n'importe quel point de la manifestation, si l'on sort des limites, c'est LA Conscience.

Vu sous cet angle, on pourrait dire que c'est l'acceptation des limites qui a permis la manifestation.La possibilité de la manifestation est venue avec l'acceptation du sens de la limite... C'est impossible à dire. Toujours, dès que l'on se met à parler, on a l'impression de quelque chose qui fait comme cela (même geste de renversement), une sorte de bascule, et puis c'est fini, l'essentiel s'en va.

Alors le sens métaphysique vient et dit : «On pourrait dire comme cela, on pourrait dire comme ceci»... Pour faire des phrases : tout point contient la Conscience de l'Infini et de l'Éternité (ce sont des mots, rien que des mots). Mais la possibilité de l'expérience est là. C'est une sorte de recul en dehors de l'espace...

On pourrait s'amuser à dire que même la pierre, même... – oh ! l'eau certainement, le feu certainement – a le pouvoir de la Conscience : la Conscience (tous les mots qui viennent sont idiots !) originelle, essentielle, primordiale (tout cela ne veut rien dire), éternelle, infinie... Cela ne veut rien dire, cela me fait l'effet de poussières que l'on jette sur un verre pour l'empêcher d'être transparent !...

Enfin, conclusion, après avoir vécu cette expérience-là (je l'ai eue ces jours-ci d'une façon répétée, elle restait là souverainement en dépit de tout – travail, activités –, elle présidait à tout) : tout attachement à n'importe quelle formule, même celles qui ont remué les peuples pour des âges, me paraît un enfantillage.

Et alors ce n'est plus qu'un choix : on choisit que ce soit comme cela ou comme cela ou comme cela ; on dit ça ou ça ou ça – amusez-vous, mes enfants... si cela vous amuse.

Mais il est certain (c'est une constatation à l'usage courant), il est certain que le mental humain, pour avoir l'impulsion à agir, a besoin de se construire une demeure – plus ou moins grande, plus ou moins complète, plus ou moins souple, mais il a besoin d'une demeure. Seulement (riant), ce n'est pas cela ! ça fausse tout !

Et ce qui est étrange – ce qui est étrange –, c'est qu'extérieurement, on continue à vivre automatiquement selon certains modes de vie (qui n'ont même plus la vertu de vous paraître nécessaires, qui n'ont même plus la force d'être des habitudes) et qui sont acceptés et vécus presque automatiquement avec le sens (une espèce de sentiment, de sensation, mais ce n'est ni sentiment ni sensation, c'est une sorte de perception très subtile) que Quelque chose, de tellement immense que c'est indéfinissable, le veut. Je dis le «veut» ou je dis le «choisit», mais c'est «le veut» ; c'est une Volonté qui ne fonctionne pas comme la volonté humaine, mais qui le veut – qui le veut ou qui le voit ou qui le décide.

Et dans chaque chose, il y a cette Vibration lumineuse, dorée, impérative... qui est nécessairement toute-puissante. Et cela donne un arrière-fond de bien-être parfait de la Certitude, qui se traduit, un petit peu plus bas dans la conscience, par un sourire bienveillant et amusé.

J'aurais envie de te poser une question. Un peu plus loin, Sri Aurobindo parle des mondes qui n'ont ni commencement ni fin et il dit que leur création et leur destruction sont un «jeu de cache-cache avec notre conscience extérieure »...4

4. 117 – Il n'est pas vrai qu'il y ait eu un temps où Je n'étais point, ni toi, ni ces rois ; il n'est pas vrai non plus qu'aucun de nous doive jamais cesser d'être. Non seulement le Brahman est éternel, mais les êtres et les choses, dans le Brahman, sont éternels ; leur création et leur destruction sont un jeu de cache-cache avec notre conscience extérieure.

C'est certainement une façon très élégante de dire la même chose que ce que je viens de dire !

Ce que je voulais demander, c'est si, de l'autre côté, le monde matériel continue à être perçu d'une façon claire, ou bien si tout cela s'évapore... autant que de ce côté-ci, l'autre monde semble s'évaporer? 

(silence)

Le jeu est intéressant si l'on est conscient des deux côtés.

C'est encore une expérience de ces jours derniers. Il m'est venu d'une façon certaine et absolue (quoique très difficile à exprimer) que cette prétendue «erreur» du monde matériel tel qu'il est, était indispensable pour ce que tu viens de dire ; c'est-à-dire que le mode matériel ou la manière matérielle de percevoir, de devenir conscient des choses, ce mode a été gagné par «l'erreur» de cette création et n'aurait pas existé sans elle, et que ce n'est pas quelque chose qui s'évanouira dans la non-existence quand on aura la vraie conscience – c'est quelque chose qui s'ajoute d'une façon spéciale (qui a été perçu, qui a été vécu à ce moment-là dans la Conscience essentielle).

C'était comme une justification de la création qui a rendu possible un certain mode de perception (que l'on pourrait décrire par les mots «précision», «exactitude» dans l'objectivation), qui n'aurait pas pu exister sans cela. Parce que, au moment où cette Conscience – la Conscience parfaite, la Conscience vraie, la Conscience – était là, présente et vécue à l'exclusion de toute autre, il y avait un «quelque chose», comme un mode vibratoire, peut-on dire, un mode vibratoire de précision et d'exactitude objectives, qui n'aurait pas pu exister sans cette forme matérielle de création...

N'est-ce pas, il y avait toujours ce grand «Pourquoi» – le grand «Pourquoi comme cela ?» «Pourquoi tout cela ?» qui a eu pour résultat ce qui se traduit dans la conscience humaine par la souffrance et la misère et l'impuissance, et tout-toutes les horreurs de la conscience ordinaire – pourquoi ? pourquoi cela ? Et alors, la réponse était ainsi : dans la Conscience vraie, il y a un mode vibratoire de précision, d'exactitude, de netteté dans l'objectivation, qui n'aurait pas pu exister sans cela, qui n'aurait pas eu l'occasion de se manifester. C'est sûr. C'est la réponse – la réponse toute-puissante au «pourquoi».

Il est évident – évident – que ce qui se traduit pour nous par le progrès, par une manifestation progressive, n'est pas seulement une loi de la manifestation matérielle telle que nous la connaissons, mais que c'est le principe même de la Manifestation éternelle. Si l'on veut redescendre au niveau de la pensée terrestre, on peut dire qu'il n'y a pas de manifestation sans progrès. Mais ce que NOUS appelons progrès, ce qui pour notre conscience est «progrès», là-haut, c'est... ce peut être n'importe quoi : une nécessité, tout ce que l'on veut. Il y a une sorte d'absolu que nous ne comprenons pas, un absolu d'être : c'est comme cela parce que c'est comme cela, voilà. Mais pour notre conscience, c'est de plus en plus, de mieux en mieux (et ces mots sont idiots), c'est de plus en plus parfait, de mieux en mieux perçu. C'est le principe même de la manifestation.

Et il y a une expérience, qui est venue d'une façon très fugitive mais suffisamment précise pour permettre de dire (très maladroitement) que – j'allais dire la «saveur» du Non-manifesté –, que le Non-manifesté a une saveur spéciale à cause du manifesté.

Tout cela, ce sont des mots, mais c'est tout ce que nous possédons. Peut-être, un jour, aurons-nous des mots et une langue qui pourront dire ces choses convenablement, c'est possible, mais ce sera toujours une traduction.

Il y a là, un niveau (geste à hauteur de poitrine) où quelque chose joue avec les mots, les images, les phrases, comme cela (geste chatoyant, onduleux) : ça fait de jolies images ; et cela a un pouvoir de vous mettre en rapport avec «la chose», peut-être plus grand (au moins aussi grand, mais peut-être plus grand) qu'ici (geste au sommet du front), l'expression métaphysique («métaphysique» est une façon de parler). Les images. C'est-à-dire la poésie. Il y a là un accès presque plus direct à cette Vibration inexprimable.

Je vois l'expression de Sri Aurobindo dans sa forme poétique, elle a un charme et une simplicité – une simplicité et une douceur et un charme pénétrant – qui vous met en rapport direct beaucoup plus intimement que toutes ces choses de la tête.

Voilà. Alors au fond on n'a rien fait (riant), on a perdu son temps !

(silence)

C'est vraiment intéressant comme toutes ces expériences se produisent. Je me disais ces jours-ci : «Pourquoi cela vient-il comme cela ? Quelle est la loi qui préside à l'ordre de ces expériences ?» (qui viennent tout d'un coup – je vois, ça vient du dehors : ça ne vient pas du dedans, ça vient comme une vague). Et il y a toujours cette Force dorée, souriante, derrière tout. Même quand cela se traduit physiquement par quelque chose qui n'est pas très agréable, ça sourit toujours, et ça dit : «Allons ! ne fais pas de manières.» Mais c'est contagieux, on sourit... N'est-ce pas, pour le corps, dès qu'il y a quelque chose, une vibration à laquelle il n'est pas habitué, le premier contact est un malaise ! et il faut qu'on lui dise : «Tiens-toi tranquille, n'aie pas peur, tout ira bien...» C'est drôle, nous sommes de toutes petites choses – toutes pauvres petites choses. Mais il faut rire.

Voilà, mon petit. Et tu es très étroitement associé à ces expériences, même dans ton corps physique, et plusieurs fois ces jours-ci, j'ai eu l'occasion de te dire : «Tu vois, ne t'inquiète pas. »5

5. Effectivement, certains troubles s'étaient reproduits, dont le disciple n'avait même pas parlé à Mère.

Ces choses-là sont vraiment des apparences, que la pensée humaine cristallise et durcit, mais si on les voit avec la fluidité de la vraie conscience, ça vient, ça va, ça passe – et ça peut ne pas laisser de trace, si nous sommes assez souples pour pouvoir nous adapter. C'est comme cela. Être souple et plastique pour pouvoir s'adapter à toutes ces vibrations qui entrent et dérangent le fonctionnement soi-disant «naturel». C'est la stupidité de cette pensée (une pensée subconsciente habituelle)6 quand quelque chose change ; c'est cela qui gâte tout.

6. Le mental physique.

🌸

Voilà ! Sans chichi ni tralala, mine de rien, sans en avoir l'air, aussi simplement que possible, Mère éclaircit l'une des grandes questions métaphysique qui tourmente tant l'humanité. Avec dix fois moins, certains en ferait une thèse de doctorat ou un livre de 250 pages.  

Voyons l'Agenda suivant. 

Pure, élancée, confiante.

Agenda du 30 septembre 1966

Après la lecture d'une lettre inédite de Sri Aurobindo :

«... Bien que Saint Paul ait eu de remarquables expériences mystiques et certainement une très profonde connaissance spirituelle (profonde plutôt que large, je crois), je ne jurerais pas qu'il se réfère ici1 à à un corps supramentalisé (un corps PHYSIQUE  supramentalisé).

1. «Le corruptible doit revêtir l'incorruption et le mortel doit revêtir l'immortalité. Quand le corruptible aura revêtu l'incorruption et quand le mortel aura revêtu l'immortalité, alors s'accomplira ce qui est écrit : La mort est engloutie dans la victoire.» (I Corinthiens 53-54)

Peut-être se réfère-t-il au corps supramental ou à quelque autre corps lumineux, dans leur propre sphère et dans leur propre substance originales, qu'il sentait parfois l'envelopper et abolir ce corps de mort qu'était pour lui l'enveloppe matérielle. Ce verset, comme beaucoup d'autres, est susceptible de plusieurs interprétations et pourrait se référer à une expérience purement supraphysique.

L'idée d'une transformation du corps se retrouve en diverses traditions, mais je n'ai jamais été tout à fait sûr qu'il s'agissait d'un changement dans cette matière même.

Il y avait un yogi dans notre région, il y a quelque temps, qui l'enseignait, mais il espérait disparaître dans la lumière quand le changement serait complet. Les Vichnouites aussi parlent d'un corps divin qui remplacera celui-ci une fois que la «siddhi» (réalisation) sera complète. Mais encore une fois, s'agit-il d'un corps divin physique ou supraphysique ?

Quoi qu'il en soit, rien n'empêche de supposer que toutes ces idées, ces intuitions, ces expériences, annoncent la transformation physique, même si elles ne la dénotent pas exactement.»

Sri Aurobindo – 24 décembre 1930

C'est curieux, c'était encore le sujet de mes méditations (pas voulues : qui s'imposent d'en haut), ces jours-ci.

Parce que, dans tout ce passage de la plante à l'animal et de l'animal à l'homme (surtout de l'animal à l'homme), au fond les différences de forme sont minimes : la vraie transformation, c'est l'intervention d'un autre agent de conscience.

Toutes les différences entre la vie de l'animal et la vie de l'homme viennent de l'intervention du Mental ; mais la substance est essentiellement la même et elle obéit aux mêmes lois de formation, de construction.

Par exemple, entre un veau qui se forme dans le ventre de la vache et l'enfant qui se forme dans le ventre de la mère, il n'y a pas beaucoup de différence. Il y a une différence : celle de l'intervention du Mental.

Mais si nous envisageons un être PHYSIQUE, c'est-à-dire visible comme le physique est visible maintenant et de la même densité ; par exemple, un corps qui n'aurait pas besoin de circulation ni d'os (surtout ces deux choses : le squelette et la circulation du sang), c'est très difficile à concevoir.

Et tant que c'est comme cela, avec cette circulation du sang, ce fonctionnement du cœur, on pourrait imaginer – on peut imaginer – par un pouvoir de l'Esprit, le renouvellement de la force, de l'énergie, par d'autres moyens que la nourriture, c'est concevable ; mais la rigidité, la solidité du corps, comment est-ce possible sans squelette ?... Alors ce serait une transformation infiniment plus grande que celle de l'animal à l'homme; ce serait un passage de l'homme à un être qui ne serait plus construit de la même manière, qui ne fonctionnerait plus de la même manière, qui serait comme une densification ou une concrétisation de... «quelque chose». Jusqu'à présent, cela ne correspond à rien de ce que nous avons vu physiquement, à moins que les savants n'aient trouvé quelque chose que je ne connais pas.

On peut concevoir qu'une lumière ou une force nouvelle donne aux cellules une espèce de vie spontanée, une force spontanée.

Oui, c'est ce que je dis : la nourriture peut disparaître ; ça, on le conçoit.

Mais tout le corps pourrait être animé par cette force. Le corps pourrait rester souple, par exemple. Tout en ayant son ossature, il pourrait rester souple, avoir la souplesse d'un enfant.

Mais l'enfant ne peut pas se tenir debout à cause de cela ! Il ne peut pas faire d'efforts. Qu'est-ce qui remplacerait l'ossature, par exemple ?

Ce pourrait être les mêmes éléments, mais qui auraient une souplesse. Des éléments dont la fermeté ne vient pas de la dureté, mais vient de la force de lumière, non ?

Oui, c'est possible... Seulement, ce que je veux dire, c'est que peut-être, cela se fera encore par une grande quantité de nouvelles créations. Par exemple, le passage de l'homme à cet être, peut-être se fera-t-il par toutes sortes d'autres intermédiaires ? C'est le saut, tu comprends, qui me paraît formidable.

Je conçois très bien un être qui pourrait, par la puissance spirituelle, la puissance de son être intérieur, absorber les forces nécessaires, se renouveler et rester toujours jeune ; on conçoit cela très bien ; même de donner une certaine souplesse de façon à pouvoir changer la forme, au besoin ; mais pas la disparition totale de ce système de construction immédiatement – immédiatement de l'un à l'autre, ça paraît être... Ça paraît nécessiter des échelons.

Il est évident qu'à moins qu'il ne se produise quelque chose (que nous sommes obligés d'appeler un «miracle» parce que l'on ne peut pas comprendre comment), un corps comme le nôtre, comment peut-il devenir un corps entièrement construit et mû par une force supérieure, et sans support matériel ?... Ça (Mère saisit la peau de ses mains entre ses doigts), comment est-ce que ça peut changer en cette autre chose ?... Cela paraît impossible.

Ça paraît miraculeux, mais...

Oui, dans toutes mes expériences, je comprends très bien la possibilité de ne plus avoir besoin de manger, que tout ce processus disparaisse (par exemple, changer la méthode d'absorption, c'est possible), mais comment changer la structure ?

Moi, ça ne me semble pas impossible.

Ça ne te paraît pas impossible ?

Non, c'est peut-être de l'imagination, mais j'imagine très bien une puissance spirituelle qui entre là-dedans et qui produise une espèce de gonflement lumineux, et tout cela s'épanouit tout d'un coup comme une fleur. Ce corps, qui est recroquevillé sur lui-même, il s'épanouit, il devient radieux, il devient souple, lumineux.

Souple, plastique, ça aussi on conçoit que cela puisse être plastique, c'est-à-dire que la forme ne soit pas fixe comme maintenant. Tout cela, on le conçoit, mais...

Mais je vois très bien cela comme une espèce d'épanouissement lumineux : la Lumière doit avoir cette force. Et ça ne détruit rien de la structure actuelle.

Mais visible ? que l'on pourrait toucher ?

Oui. Simplement, c'est comme un épanouissement. Ce qui est refermé s'épanouit comme une fleur, c'est tout ; mais c'est toujours la structure de la fleur, seulement elle est toute épanouie et elle est rayonnante, non ?

Oui, mais... (Mère hoche la tête et reste un moment silencieuse) Je manque d'expérience, je ne sais pas.

Développement organisé, tenace et méthodique de la conscience.

Je suis absolument convaincue (parce que j'ai eu des expériences qui me l'ont prouvé) que la vie de ce corps – la vie, ce qui le fait mouvoir, changer –, peut être remplacée par une force ; c'est-à-dire que l'on peut créer une sorte d'immortalité, et l'usure aussi peut disparaître. Ce sont les deux choses possibles : la puissance de vie peut venir et l'usure peut disparaître.

Et cela peut venir psychologiquement, par une obéissance totale à l'Impulsion divine, ce qui fait qu'à chaque moment, on a la force qu'il faut, on fait la chose qu'il faut – tout cela, tout cela, ce sont des certitudes. Des certitudes. Ce n'est pas un espoir, ce n'est pas une imagination : ce sont des certitudes.

N'est-ce pas, il faut éduquer et lentement transformer, changer les habitudes. C'est possible, tout cela est possible.

Mais seulement, combien de temps faudrait-il pour supprimer la nécessité (prenons seulement ce problème-là) du squelette ? Ça, il me semble que c'est très loin en avant encore. C'est-à-dire qu'il faudra beaucoup de stades intermédiaires.

Sri Aurobindo avait dit que l'on peut prolonger la vie indéfiniment. Ça, oui.

Mais nous ne sommes pas construits encore avec quelque chose qui échappe complètement à la dissolution, à la nécessité de la dissolution.

Les os sont très durables, ils peuvent même durer mille ans si l'on est dans des conditions favorables, c'est entendu, mais cela ne veut pas dire immortalité EN PRINCIPE. Tu comprends ce que je veux dire ?

Non. Tu crois qu'il faudrait que ce soit une substance non-physique ?

Je ne sais pas si c'est non-physique, mais c'est un physique que je ne connais pas ! Et ce n'est pas la substance telle que nous la connaissons maintenant, surtout pas la construction que nous connaissons maintenant.

Je ne sais pas, mais si ce doit être un corps PHYSIQUE (comme Sri Aurobindo l'a dit), il m'avait semblé (mais c'est peut-être une rêverie) que cela pourrait être comme un bouton de lotus, par exemple : notre corps actuel est comme un bouton de lotus qui est petit, fermé, dur, et... ça s'épanouit, ça devient une fleur.

Oui, mais ça, mon petit, c'est...

Qu'est-ce que cette Lumière ne peut pas faire des éléments qu'elle a ?? Ce sont les mêmes choses, les mêmes éléments, mais transfigurés.

Mais les choses végétales ne sont pas immortelles.

Non, c'est une comparaison seulement.

Eh bien, oui !

C'est seulement cette question. Un perpétuel changement, je le conçois ; je pourrais même concevoir une fleur qui ne se fane pas ; mais c'est ce principe d'immortalité... C'est-à-dire, au fond, une vie qui échappe à la nécessité du renouvellement : que ce soit la Force éternelle qui se manifeste directement et éternellement, et que ce soit tout de même ça, un corps physique (Mère touche la peau de ses mains).

Je comprends très bien un changement progressif et que l'on arrive à faire de cette substance quelque chose qui pourrait se renouveler du dedans au dehors et éternellement, et ça, ce serait l'immortalité ; mais seulement, il me paraît qu'entre ce qui est maintenant, tels que nous sommes, et cet autre mode de vie, il faudrait beaucoup d'échelons.

N'est-ce pas, ces cellules, avec toute la conscience et l'expérience qu'elles ont maintenant, si tu leur demandes, par exemple : «Est-ce qu'il y a quelque chose que vous ne pouvez pas faire ?» Dans leur sincérité, elles répondront : «Non, ce que le Seigneur veut, je peux le faire.» C'est leur état de conscience.

Mais dans l'apparence, c'est autrement.

L'expérience personnelle est ainsi : tout ce que je fais avec la Présence du Seigneur, je le fais sans effort, sans difficulté, sans fatigue, sans usure, comme cela (Mère étend les bras dans un grand Rythme harmonieux), seulement c'est encore ouvert à toute l'influence du dehors et le corps est obligé de faire des choses qui ne sont pas directement l'expression de l'Impulsion suprême, d'où la fatigue, le frottement...

Alors, un corps supramental suspendu dans un monde qui n'est pas la terre, ce n'est pas ça !

Non.

Il faut quelque chose qui ait le pouvoir de résister à la contagion. L'homme ne peut pas résister à la contagion de l'animal, il ne peut pas, il a des relations constantes. Eh bien, cet être, comment fera-t-il ?... Il semblerait que pendant longtemps – pendant longtemps –, ce sera encore soumis à des lois de contagion.

Je ne sais pas, mais cela ne me semble pas impossible.

Non ?

J'ai l'impression que cette Puissance de Lumière étant là, qu'est-ce qui peut la toucher ?

Mais tout le monde disparaîtrait ! C'est cela, n'est-ce pas.

Quand Ça vient, quand le Seigneur est là, il n'y en a pas un sur mille pour qui ce ne soit pas terrifiant. Et pas dans le raisonnement, pas dans la pensée : comme ça, dans la chair.

Alors, admets – admets que ce soit comme cela : qu'un être soit la condensation et l'expression, une formule de la Puissance suprême, de la Lumière suprême – qu'est-ce qui se passerait !

Eh bien, c'est tout le problème.

Oui.

Parce que je ne vois pas la difficulté de la transformation en soi. Ça me semble plutôt la difficulté du monde.

Si tout pouvait se transformer en même temps, ça irait, mais ce n'est visiblement pas comme cela. Si un être se transformait tout seul...

Oui, ce serait insupportable, peut-être.

Oui !

C'est peut-être tout le problème.

Multiplie mille fois l'impression des tout petits enfants (je parle de ceux qui sont des êtres uniquement physiques, humains, pas de ceux qui sont des réincarnations), quand ce sont des êtres purement physiques, ils ne peuvent pas m'approcher, mon petit ! ils se mettent à pleurer, ils tremblent ! Et pourtant, je les aime et je les accueille avec toute ma tendresse et aussi calme que possible – ils se mettent à trembler et puis ils ont peur, c'est trop fort.

Ceux qui portent autre chose en eux, les réincarnations, c'est différent : ils s'épanouissent, ils sont contents ; mais quand il n'y a que ça, c'est-à-dire la substance extérieure... J'ai vu des grandes personnes arriver (j'ai fait l'expérience : je charge l'atmosphère, le Seigneur est présent), eh bien, j'ai vu des hommes de quarante ans entrer là-dedans et... brrt ! s'enfuir littéralement, en dépit de toutes les lois sociales de politesse, et après avoir DEMANDÉ à venir, n'est-ce pas ! Enfin tout était là pour qu'ils se conduisent décemment – impossible, ils ne pouvaient pas.

Mais moi qui ai l'expérience de toi, que je connais bien, il y a certaines fois où c'est redoutable.

Ah ! tu vois.

Pas peur, mais... vraiment c'est... redoutable.

Je ne te l'ai pas fait dire.

On sait bien – intérieurement, on sait : il n'y a rien à redouter, mais...

Oui.

C'est quand même très fort.

Non, c'est la substance qui redoute.

Voilà.

Alors, prends la conscience d'un tout petit enfant, quand toi, toi...

Dans tes yeux, quelquefois il y a... il y a quelque chose...

(Mère rit)

🌸

Ce qui est vraiment frappant avec Mère, dans l'Agenda en général, et celui-ci en est un exemple frappant : c'est à quel point c'est CONCRET ! Si nous parlions de ce sujet d'un futur être Divin sur terre, l'immense majorité prendrait cela pour de la théorie ; une théorie spirituelle dont les religions ont vaguement parlé, et cela n'irait pas beaucoup plus loin.    

Nous pourrions presque dire sans trop exagérer, que tout l'Agenda est une recherche par l'expérience de la FABRICATION de cet être Divin, ou pour être plus exact, de la fabrication de l'être intermédiaire entre l'homme actuel et l'homme divin, que Mère a appelé le surhomme.

Et savoir que nous pouvons participer à cette extraordinaire aventure est une grâce extraordinaire. Il ne s'agit même pas de savoir si nous allons réussir, comme des explorateurs qui se lancent dans une expédition sans même avoir la certitude d'arriver à destination, mais de savoir que nous pouvons participer à ce grand mouvement évolutif, essayer – simplement essayer... 

Et puis l'autre chose tout aussi frappante est ce que Mère et Satprem laissent entrevoir à la fin de cet Agenda : 

Quand Ça vient, quand le Seigneur est là, il n'y en a pas un sur mille pour qui ce ne soit pas terrifiant. Et pas dans le raisonnement, pas dans la pensée : comme ça, dans la chair.

Cela nous est encore difficile de comprendre que le spirituel et le supramental sont deux consciences différentes et que le Supramental est d'une puissance extraordinaire : plus dur que du diamant et plus fluide qu'un gaz disait Sri Aurobindo. Alors effectivement, il y a un problème d'adaptation et progressivement, les corps de l'humanité doivent apprendre à supporter des intensités vibratoires de plus en plus élevées. Par exemple, Sraddhalu raconte dans l'une de ces vidéos une anecdote avec un disciple qui aurait effleuré par mégarde le corps de Sri Aurobindo et s'était pris une décharge électrique.

De toute façon avant la supramentalisation de nos corps, Sri Aurobindo parle de la nécessité de les ouvrir à l'influence du centre psychique au-dedans et du centre spirituel au-dessus.    

En tout cas, les spiritualités du monde, pour le peu que j'en connaisse, dans leur essence, trouvent leur salut dans l'au-delà. Pour les bouddhistes, le but ultime est de sortir du samsara, le cycle infernal des réincarnations. Pour les chrétiens, le royaume n'est pas de ce monde. J'imagine que pour les juifs et les musulmans, c'est la même chose et qu'ils ont aussi leurs paradis post-mortem. Pour Sri Aurobindo, le salut, c'est sur terre qu'il faut le trouver et l'accomplir. Le salut est physique nous dit Mère. Même les religions traditionnelles de l'Inde n'envisagent pas la transformation de l'homme, la divinisation progressive de l'homme et de l'humanité d'une façon si complète, si aboutie, si déterminée...  

Agenda du 31 décembre 1966

(.../...)

*
*   *

(Après avoir lu à Mère la conversation du 30 septembre où elle envisageait le passage de l'homme à l'être nouveau.)

Mon sentiment (c'est une espèce de sentiment-sensation), c'est qu'il faut des échelons intermédiaires.

Et alors, quand on voit comme l'homme a dû se battre contre toute la Nature pour exister, on a l'impression que ces êtres, ceux qui les comprendront, qui les aideront, auront avec eux une relation de dévotion, d'attachement, de service, comme les animaux pour l'homme ; mais ceux qui ne les aimeront pas... ce seront des êtres dangereux.

Je me souviens une fois, j'avais eu une vision très claire de la situation précaire de ces être nouveaux, et j'avais dit (c'était avant 1956, avant la descente du pouvoir supramental), j'avais dit : «Le Supramental se manifestera d'abord sous son aspect de Pouvoir, parce que ce sera indispensable pour la sécurité des êtres.»

Et en effet, c'est le Pouvoir qui est descendu le premier – le Pouvoir et la Lumière. La Lumière qui donne la Connaissance et le Pouvoir.

C'est une chose que je sens de plus en plus : la nécessité des périodes intermédiaires...

Il est de toute évidence que quelque chose est en train de se passer, mais ce n'est pas le «quelque chose» qui a été vu et prévu et qui sera l'aboutissement : c'est l'UN des stades qui va se produire, ce n'est pas l'aboutissement.

Sri Aurobindo aussi avait dit : «D'abord viendra le pouvoir de prolonger la vie à volonté» (c'est beaucoup plus subtil et plus merveilleux que cela).

Mais ça, c'est un état de conscience qui est en train de s'établir : c'est une espèce de relation et de contact constants, établis, avec le Seigneur suprême, et ça abolit le sens de l'usure : ça le remplace par une sorte de flexibilité extraordinaire, une plasticité extraordinaire.

[Ainsi, encore une fois, cette capacité de prolonger la vie à volonté qui initialement devait être ULTIME est placée en premier. Cela semble indiquer une pression de la conscience supramentale pour que nous faire évoluer en ce sens.

Pour l'anecdote, quand j'ai commencé ma formation en qi gong, j'ai entendu que pour les sages taoïstes mourir à 120, c'était mourir jeune. Il est connu que la tradition chinoise possède des pratiques de longévité comme il en existe aussi dans le yoga. Cependant, il semble y avoir une grande différence : dans l'énergétique chinoise et dans le yoga, cela repose sur des pratiques, et des pratiques, alors que dans les Agendas présentés ici, cela reposee sur une union avec le Seigneur, le Suprême, qui supprime l'usure ou par un changement de conscience  si le résultat semble similaire, la méthode est tout à fait différente.

Les pratiques, les pratiques, les pratiques... c'est bon pour les athlètes spirituels, l'union avec le Divin, avec le Seigneur, c'est accessible à tous ceux qui y aspirent, qui le veulent, à tous ceux qui sont capables de L'aimer.

Continuons notre lecture.]

Mais l'état d'immortalité SPONTANÉ, ce n'est pas possible – «pas possible», du moins pour le moment. Il faut que cette structure se change en quelque chose d'autre, et pour changer en quelque chose d'autre, de la façon dont les choses se passent, il faudra longtemps.

Ça pourra aller beaucoup plus vite que dans le passé, mais même en admettant que le mouvement se précipite, tout de même cela prend du temps (selon notre notion de temps).

Et ce qui est assez remarquable, c'est que pour être dans l'état de conscience où l'usure n'existe plus, il faut changer son sens du temps : on entre dans un état où le temps n'a plus la même réalité. C'est autre chose. C'est très particulier... c'est un innombrable présent. Je ne sais pas... Même cette habitude que l'on a de penser en avant ou de prévoir ce qui va être ou de... ça gêne, ça raccroche à la vieille manière d'être.

Tant-tant-tant d'habitudes à changer.

Voilà.

Alors je te souhaite une bonne année.

*
*   *

(Dans l'après-midi, Mère a envoyé le billet suivant au disciple, comme une continuation de la conversation du matin, voulant dire que la réalisation intégrale, celle de l'être nouveau, ne pourra se produire que...)

Oh ! être divin spontanément

sans se regarder être

ayant dépassé le stade où on veut l'être.

Agenda du 30 décembre 1967

[Tout le début de cet Agenda concerne la création d'Auroville, je laisse le lien ci-dessous pour ceux qui voudrait le lire : il y a des choses super intéressantes, mais trop éloignées de notre sujet. Et puis Mère en vient à commenter cette note... et à mon point de vue, c'est de la BOMBE ! ! !  Une bombe de douceur qui fait fondre nos structures mentales, notre façon de voir et comprendre le monde.

Je nous propose de lire bien lentement, chaque phrase, chaque mot et de mesurer ce que cela implique, de savourer ce que cela représente, le POTENTIEL qu'il y a derrière les mots... ]

"Aucune règle ni loi ne sont édictées. Les choses se formuleront d'elles-mêmes à mesure que la Vérité latente de la ville émergera et prendra forme peu à peu. Nous ne voulons pas anticiper."

Ce que je veux dire, c'est que d'habitude (toujours jusqu'à présent, et de plus en plus), les hommes établissent des règles mentales selon leurs conceptions et leur idéal, et puis ils les appliquent (Mère abaisse son poing comme pour montrer le monde sous la poigne mentale), et ça, c'est absolument faux, c'est arbitraire, c'est irréel, et le résultat, c'est que les choses se révoltent ou dépérissent et disparaissent...

C'est l'expérience de la vie elle-même qui doit lentement élaborer des règles aussi souples et aussi vastes que possible de façon qu'elles soient toujours progressives.

Rien ne doit être fixe. Ça, c'est l'immense erreur gouvernementale : on fait un cadre, on dit «Voilà, nous établissons ça et nous devons vivre là-dessous», et alors naturellement on écrase la Vie et on l'empêche de progresser. Il faut que ce soit la Vie elle-même, se développant de plus en plus dans une progression vers la Lumière, la Connaissance, le Pouvoir, qui doit petit à petit établir des règles aussi générales que possible de façon qu'elles soient extrêmement souples et qu'elles puissent se changer avec le besoin et aussi rapidement que changent les habitudes et les besoins.

(silence)

Au fond, le problème se réduit presque à ceci : remplacer le gouvernement mental de l'intelligence par le gouvernement d'une conscience spiritualisée.

Ça, c'est une expérience extrêmement intéressante : comment les mêmes actions, le même travail, les mêmes observations, le même rapport avec l'entourage (proche et lointain), se fait dans le mental, par l'intelligence, et dans la conscience, par l'expérience.

Et c'est cela que ce corps est en train d'apprendre : à remplacer le gouvernement mental de l'intelligence par le gouvernement spirituel de la conscience.

Et cela fait (ça n'a l'air de rien, on peut ne pas s'en apercevoir), cela fait une différence formidable, au point que ça centuple les possibilités du corps...

Quand le corps est soumis à des règles, même si elles sont larges, même si elles sont compréhensives, il est l'esclave de ces règles, et ses possibilités sont limitées par ces règles. Mais quand il est gouverné par l'Esprit et la Conscience, ça lui donne une possibilité, une flexibilité, incomparables !

Et c'est cela qui lui donnera la capacité de prolonger sa vie, de prolonger sa durée : c'est de remplacer le gouvernement intellectuel, mental, par le gouvernement de l'Esprit, de la Conscience – la Conscience.

Et extérieurement, ça n'a pas l'air de faire beaucoup de différence, mais...

Mon expérience est comme cela (parce que maintenant mon corps n'obéit plus du tout au mental ni à l'intelligence, plus du tout – il ne comprend même pas comment ça peut se faire), mais de plus en plus et de mieux en mieux, il suit la direction, l'impulsion de la Conscience.

Et alors il voit, presque à chaque minute, la différence formidable que cela fait...

Par exemple, le temps a perdu sa valeur (sa valeur rigide) : on peut faire en très peu de temps, en beaucoup de temps, exactement la même chose.

Les nécessités ont perdu leur autorité : on peut s'adapter comme ceci, s'adapter comme cela.

Toutes les lois – ces lois qui étaient des lois de la Nature – ont perdu tout leur despotisme, peut-on dire : ce n'est plus comme cela. Il suffit de toujours-toujours être souple, attentif et... «responsif» (si cela peut exister !) à l'influence de la Conscience – la Conscience dans sa toute-puissance – pour passer à travers tout cela avec une souplesse extraordinaire.

Ça, c'est la découverte qui se fait de plus en plus.

C'est merveilleux, n'est-ce pas ! c'est une découverte merveilleuse.

C'est comme une victoire progressive sur tous les impératifs.

Alors, toutes les lois de la Nature naturellement, toutes les lois humaines, toutes les habitudes, toutes les règles, tout ça, ça s'assouplit et ça finit par être inexistant.

Et pourtant, on peut garder un rythme régulier qui facilite l'action – ce n'est pas contraire à cette souplesse.

Mais c'est une souplesse dans l'exécution, dans l'adaptation, qui vient et qui change tout.

Au point de vue hygiénique et au point de vue santé, au point de vue organisation, au point de vue des relations avec les autres, tout cela a perdu non seulement son agressivité (parce que ça, il suffit d'être sage – sage et pondéré et calme – pour que cela perde son agressivité), mais son absolutisme, sa règle impérative : c'est tout à fait parti – c'est parti.

Les formes sont en perpétuelle transformation. Identifie-toi à la Conscience Immortelle et tu le deviendras.

Et alors on voit : à mesure que le procédé devient de plus en plus parfait – «parfait», cela veut dire intégral, total, ne laissant rien en arrière –, c'est nécessairement, inévitablement, la victoire sur la mort.

Non pas que cette dissolution des cellules, que la mort représente, n'existe plus, mais elle n'existerait que quand elle serait nécessaire : pas comme une loi absolue, mais comme un des procédés, quand c'est nécessaire.

C'est surtout cela : tout ce que le Mental a apporté de rigide et d'absolu, et d'invincible presque, qui... va disparaître. Et simplement cela : par... passer le pouvoir suprême à la Conscience Suprême.

Peut-être est-ce cela que les anciens sages voulaient dire quand ils parlaient de passer le pouvoir de la Nature ou le pouvoir de la Prakriti au Pourousha, de le passer de la Prakriti au Pourousha. C'était peut-être cela qu'ils exprimaient de cette manière.

Conclusion

Ainsi se termine notre article sur cette capacité de prolonger la vie ; il est très long, mais j'ai trouvé BEAUCOUP plus fort de le laisser tel quel que de le couper en petits morceaux, ainsi, chaque fois que vous aurez envie de vous replonger dans le sujet, vous aurez presque tout sous la main... 

Presque parce qu'il faudrait y ajouter les Agendas où Mère parle des vraies causes du vieillissement, nous verrons ça bientôt...

Je suis presque triste en "quittant" un sujet si formidable...

Comment conclure un tel article ?

C'est peut-être Mère qui l'a conclut elle même :

Au fond, le problème se réduit presque à ceci : remplacer le gouvernement mental de l'intelligence par le gouvernement d'une conscience spiritualisée.

C'est toujours la même question qui se présente : comment faire ? Nous pouvons lire, penser et dire les plus belles choses, si nous ne savons pas comment les réaliser, les mettre en pratique, cela ne sert pas à grand chose, si ce n'est l'illusion de savoir. Le seul savoir, c'est le savoir faire, quand la connaissance se réalise. Alors d'une certaine façon, cela ne nous regarde pas ! C'est le Divin en nous qui va le faire, le réaliser. Pourtant, il y a quelque chose qui nous regarde : c'est d'y aspirer, c'est de le vouloir, c'est de le demander, c'est de nous concentrer régulièrement sur la question...  

Triste aussi en imaginant que des gens puisse lire ça en haussant les épaules avant de passer à autre chose, avant de revenir à leur vie ordinaire. Pourtant, d'une certaine façon, tout l'Agenda nous explique comment faire entrer l'extraordinaire dans nos vies ordinaires. C'est dans la vie, dans notre vie, que cette capacité à prolonger la vie doit s'incarner... et nous sommes les premiers directement concernés. 

Qu'est-ce que nous allons faire de toutes ces merveilles que Mère à déversé sur nous au travers de ces Agendas ? 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article