Soumission au Divin
En train de relire Savitri, je découvre ce passage dans lequel décrit de façon saisissante les Pouvoirs divins qui défendent et habitent dans le monde solaire de la Vérité divine et Sri Aurobindo en vient à écrire ceci :
"Une soumission profonde, telle est la source de leur puissance,
Une calme identité, leur manière de connaître,
Sans mouvement est leur action, comme un sommeil."
Livre un – Le Livre des Commencements
Chant quatre – La Connaissance secrète
Sri Aurobindo. Savitri. Livre 1; Chant 4
Sri Aurobindo Savitri A Legend and a Symbol traduction de Satprem Livre Un: Le livre des commencements Chant Quatre La Connaissance secrète Sur une hauteur, debout, il regardait vers des hauteurs ...
Cette "soumission profonde" m'a rappelé un autre passage – je ne sais plus où, probablement dans La Vie divine ou dans La Synthèse des Yogas – dans lequel Sri Aurobindo explique que, dans le monde divin, de la vérité divine, la soumission est la condition de la liberté. L'apparente contradiction m'a surpris, alors j'ai retenu l'idée dans un petit coin de ma tête.
Dans un autre passage, sans doute dans les Lettres sur le Yoga, Sri Aurobindo explique que tout son yoga est fondé sur cette soumission au Divin, que c'est cette soumission complète au Divin qui lui a permis de découvrir son Yoga intégral.
D'autres passages de Savitri montrent aussi, que même entre le Divin et la Mère divine, entre Lui et Elle, entre le Seigneur et la Nature, il est encore parfois, ici et là, question de soumission, ou plutôt que la soumission fait encore partie du Jeu divin.
Dans l"Agenda, à la date du 20 avril 1956, nous avons une lettre de Satprem très touchante dans laquelle il écrit ceci à Mère :
"[...] Aussi, douce Mère, je viens te demander une grande grâce, du fond de mon cœur : Prends ma liberté entre tes mains. Empêche-moi de retomber loin de toi. Je remets cette liberté entre tes mains. Garde-moi, Mère, protège-moi. Fais-moi la grâce de te charger de moi et de me prendre totalement entre tes mains, comme un enfant dont les pas sont mal assurés. Je ne veux plus de cette Liberté. C’est toi que je veux, c’est la Vérité de mon être. Mère, je te demande comme une grâce de me délivrer de ma liberté de mal choisir. Je suis ton enfant et je t’aime."
Et voici la réponse de Mère :
"Mon cher enfant,
C'est entendu – de tout cœur j'accepte le don que tu me faits de ta liberté de mal choisir... Et c'est de tout cœur aussi que je t'aiderai toujours à faire le choix qui conduit tout droit au but – c'est-à-dire vers ton vrai moi. Avec toute ma tendresse et mes bénédictions."
Ceci dit, Sri Aurobindo et Mère n'ont rien inventé en ce sens que toutes les religions du monde ont toujours insisté sur notre nécessaire soumission à la volonté divine. Je suis tenté de dire que les religions ont détourné cette vérité spirituelle pour l'utiliser à leur profit, pour maintenir leur pouvoir en place, ou les pouvoirs qu'elles défendaient.
Que Ta volonté soit faite, que Ta volonté soit faite... tout le monde connaît la formule, mais j'ai l'impression que nous n'en comprenons pas vraiment le sens. À quoi cela sert ? Sri Aurobindo nous donne une raison – ce n'est évidemment pas la seule – que dans le monde de la Vérité divine, c'est ainsi que les choses, les forces, les énergies, les pouvoirs fonctionnent, sur la base de cette soumission au Divin.
À nous de savoir si nous acceptons cet état de fait, cette loi... où si nous la refusons. Mais si nous la rejetons, comment pourrons-nous, un jour, accéder à ce monde solaire de la Vérité divine ?
Dans l'Agenda du 10 mai 1958, Mère nous donne une indication supplémentaire :
"C’est le corps, le corps physique qui résiste obstinément chez un nombre considérable de gens. C’est beaucoup plus difficile pour les Occidentaux que pour les Indiens. La substance est comme pétrie de mensonge. Chez les Indiens, cela arrive aussi, bien entendu, mais généralement le mensonge est beaucoup plus dans le vital que dans le physique – le physique, tout de même, a servi à des corps qui ont appartenu à des êtres illuminés. La substance européenne semble pétrie de révolte ; dans la substance indienne, cette révolte est mitigée par une influence de «surrender» (soumission)."
l'Agenda de Mere. Volume 1. 10 mai 1958
Attention! To view this cite properly, please, enable JavaScript! Mère l'Agenda Volume 1 10 mai 1958 Ce matin, tout d'un coup, j'ai regardé mon corps (généralement je ne le regarde pas: je suis...
https://aurobindoru.auromaa.org/workings/ma/agenda_01/1958-05-10-01_f.htm
Je crains hélas que cela ne soit pas seulement notre corps, notre substance qui se révolte – même dans notre tête, dans notre conscience, ou dans notre vital – nous n'aimons pas cette idée de soumission au Divin – et parfois, le simple mot de "soumission" nous donne de l'urticaire.
Alors nous cherchons à l'apprivoiser, à l'amadouer et nous expliquons que le mot "soumission" reflète maladroitement le mot "surrender" qui contiendrait (je ne suis ni bilingue, ni linguiste) une notion de don de soi.
J'ai même entendu quelque part que surrender serait lui-même une traduction maladroite du mot sanskrit.
J'ai donc fait quelques recherches et découvert que plusieurs mots sanskrits peuvent être utilisés.
Âtmanivedanam :
Se rendre totalement à la Volonté du Seigneur, volonté que le fidèle perçoit à travers sa propre intuition purifiée. La soumission totale. Vivre dans l’abandon de soi.
Source : saiprakashana.com - Lexique sanskrit-francais
Isvarapranidhana :
n. phil. Piété, foi, consécration/soumission à Dieu (dévotion au Seigneur, c.-à-d. à sa divinité d’élection), une des disciplines [niyama] du yoga.
Matrupasana :
f. soumission à la mère.
Pranidhana :
n. respect, soumission, dévotion ; méditation profonde, absorption.
Prapatti :
f. dévotion, abandon à la grâce céleste | phil. abandon total à Dieu, concept de dévotion-soumission prôné par Ramanuja.
Upasana :
n. hommage, respect ; soumission a ; adoration, dévotion, service |soc. rite d’adoration d’une divinité ; Ramanuja l’a codifié en 5 étapes [panicopasana].
Source : PDF Dictionnaire sanskrit-français
Et puis, nous pouvons remarquer aussi que l'idée de la soumission au Divin donne presque spontanément l'impression de nous soumettre à... autre chose ; la Mère, dans l'Agenda a partagé cette observation qu'il y avait une crainte, presque instinctive, dans la conscience corporelle, la conscience cellulaire, à s'ouvrir au pouvoir Divin. Sans doute la peur de disparaître, des appréhensions comme cela. C'est stupide mais c'est ainsi. Alors nous devons réapprendre à Lui faire confiance...
"Tout, ici-bas, doit apprendre à suivre la loi d’en haut…"
Sri Aurobindo – Savitri (Livre un – Chant trois)
Entre ce que nous considérons comme notre être et le Divin, nous pouvons considérer qu'il y a un abîme de différence. Pourtant cette apparence pourrait être trompeuse car il a été dit et répété, qu'au fur et à mesure où nous nous élevons ou nous ouvrons à la vérité de notre être, nous découvrons une unité avec le Divin si profonde, qu'il ne reste presque plus de différence. C'est un phénomène d'identification de la conscience. Ainsi, quand il est question de nous soumettre au Divin, nous pourrions tout aussi bien dire, soumettre toutes les parties de notre être à la vérité de notre être.
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Fleurs avec une vibration de soumission
La douceur du pouvoir soumis au Divin • Hibiscus rosa-sinensis, Malvaceae
Pure soumission spirituelle • Rosa, Rosaceae
Soumission • Rosa, Rosaceae
Soumission aimante • Rosa, Rosaceae
Soumission dans les détails • Rosa, Rosaceae
Soumission mentale • Rosa, Rosaceae
Soumission parfaite • Rosa, Rosaceae
La liste alphabétique des noms spirituels. La Signification Spirituelle des Fleurs
La Page Domestique | Les photocollections | La Signification Spirituelle des Fleurs
https://aurobindoru.auromaa.org/images/flowers/names_sp_alp_f.htm
En conclusion :
Nous n'avons peut-être pas encore très bien compris l'importance de la soumission au Divin, sa portée, ni même ce qu'elle est vraiment, ce que cela signifie. Mais plus important encore que toutes nos compréhensions intellectuelles ou spirituelles, nous n'avons sans doute pas encore découvert que cette soumission que nous redoutons tant s'accompagne d'une sorte de... félicité. Cet article est une invitation à regarder de plus près notre rapport avec l'idée de la soumission au Divin.
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"Par soumission, nous entendons... un don de soi spontané, le don de votre moi au Divin, à une plus grande conscience dont vous faites partie. La soumission ne vous diminuera pas, mais vous augmentera ; elle ne réduira pas, ni n'affaiblira, ni ne détruira votre personnalité, mais au contraire la fortifiera et l'agrandira. Par soumission, nous voulons dire un don intégral, fait librement, avec toute la félicité que le mouvement comporte . . .
La vraie soumission vous élargit, elle augmente votre capacité ; elle vous donne, en qualité et en quantité, une plus grande mesure que celle que vous auriez jamais eue par vous-même. Cette plus grande mesure de qualité et de quantité est différente de tout ce que vous auriez pu atteindre autrement ; vous entrez dans un autre monde, dans une ampleur où vous n'auriez jamais pu pénétrer si vous n'aviez fait votre soumission. C'est comparable à une goutte d'eau qui tombe dans la mer ; si elle gardait son identité séparée, elle ne serait qu'une petite goutte d'eau et rien de plus, une petite goutte écrasée par l'immensité qui l'entoure ; mais en perdant sa forme propre, elle se fond dans la mer, s'unit à elle et participe de sa nature, de son pouvoir et de son immensité."
La Mère – Entretien du 4 août 1929 (page 129)
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La soumission est la décision prise de remettre au Divin la responsabilité de votre vie. Sans cette décision, rien n'est possible ; si vous ne faites pas votre soumission, le yoga est entièrement hors de question. Le reste vient ensuite naturellement, car tout le cours du yoga débute par la soumission.
Vous pouvez faire votre soumission, soit à l'aide de la connaissance, soit à l'aide de la dévotion. Vous pouvez avoir une forte intuition que seul le Divin est la Vérité, et une conviction lumineuse que sans Lui vous ne pouvez rien faire. Ou vous pouvez avoir le sentiment spontané que ce chemin est le seul qui mène vers le bonheur, un fort élan psychique pour appartenir exclusivement au Divin : "Je ne m'appartiens pas à moi-même", dites-vous, et vous passez à la Vérité la responsabilité de votre être. Ensuite vient le don de soi : "Me voici, une créature de qualités diverses, bonne et mauvaise, sombre et illuminée. Je m'offre à Toi tel que je suis ; accepte-moi avec tous mes hauts et mes bas, mes impulsions et mes tendances contradictoires ; fais de moi ce que Tu veux."
La Mère – Entretiens 1929/1931 (page 145)
Notons au passage que dans la vie ordinaire, nous sommes constamment invités à être responsable, à devenir responsable... et si Mère ne nous invite évidemment pas à devenir irresponsables, à faire n'importe quoi, cette idée de remettre la responsabilité de notre vie au Divin n'en reste pas moins... saisissante.
Si nous faisons cela, cette offrande de tout notre être, l'impression est que nos soucis commencent par fondre comme... neige au soleil.
"La vie nous enseigne que tout, dans ce monde, trahit toujours l’homme : seul le Divin ne le trahit point, s’il se tourne entièrement vers le Divin. Ce n’est pas parce qu’il y a en vous quelque chose de mauvais que vous recevez des coups : tous les êtres humains reçoivent des coups, car ils désirent des choses qui ne peuvent pas durer, et les perdent, ou s’ils les obtiennent, elles les déçoivent et ne peuvent les satisfaire. Se tourner vers le Divin est la seule vérité dans la vie."
Sri Aurobindo – Lettres sur le Yoga