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Dans un article précédent je partageais le sentiment que nous étions à peu près totalement ignorants de ce qui se passe en nous, et qu'il était même difficile de savoir ce qu'il fallait faire, comment le faire, et ce qu'il fallait être. Or, je continue ma retranscription de Carnets de Laboratoire (j'ai presque terminé, j'en suis à l'année 1971), et plusieurs passages sonnet comme des réponses. Décidément, Sri Aurobindo-Mère ont traversé toutes les difficultés possibles pour nous laisser toutes les indications nécessaires.

D'autres Agendas sont si poignants que je n'ai pu m'empêcher de les partager.

Certains passages m'ont laissé une forte impression que Mère a vécu dans son corps, ce à quoi nous assistons aujourd'hui : certaines paroles, sont d'une stupéfiante actualité, et on croirait reconnaître les événements du monde.

Je sais bien qu'il faudrait ne nous laisser troubler par rien, mais c'est tout de même assez troublant ! 

Et puis, une indication très mystérieuse sur ce Secret à trouver...

Bref... à mon point de vue, tout cela est super fort !

Agenda du 25 août 1971

Je suis dans l’état où l’on ne sait rien, voilà.

Et alors, mon seul, mon seul refuge, c’est comme si je me blottissais dans le Divin, tu comprends... Comme si...

Être Toi, c’est tout. Fais de moi ce que Tu veux, c’est tout... Même pas comme ça [avec des paroles ou une pensée], même pas ça.

(silence)

C’est la transition entre la vieille manière d’être, qui devient de plus en plus lointaine, et puis... c’est le Divin qui fait tout. Même, par exemple, la nourriture est devenue une chose très difficile, parce que la vieille manière de manger paraît de plus en plus lointaine, et c’est remplacé par quelque chose... inexprimable. C’est inexprimable.

C’est comme si l’on était sur une crête (geste), et le moindre faux pas vous jetterait dans un trou.

(silence)

Tout paraît différent, tous les... tout paraît différent. Les relations avec les autres changent de nature, tout change de nature, mais quoi? quoi ?

(long silence)

C’est comme si l’on était à la veille ou sur le point, ou... en équilibre – un Pouvoir formidable (un pouvoir formidable, j’ai des exemples), et en même temps, une impuissance formidable.

J’aime mieux ne pas parler parce que... parce que ce n’est pas ça. Ce qu’on dit... (Mère hoche la tête)

(silence)

Tu sais : comme si l’on était suspendu entre le plus merveilleux et le plus ignoble. Comme ça.

(Mère plonge longtemps)

🌸

Agenda 18 août 1971

Le corps a l’impression qu’il y a une nouvelle manière de vivre qu’il doit apprendre, et il apprend tout le temps quelque chose. Mais ce sont de toutes petites choses, c’est-à-dire qu’il y a une espèce de secret à trouver, d’attitude qui doit être constante, mais qui fait que les choses sont aussi bien qu’elles peuvent être.

C’est quelque chose qui est l’équivalent du mantra. Pour le moment, le corps répète le mantra, mais il sait que c’est... Il y a quelque chose à apprendre qui remplace physiquement le mantra.

(Mère plonge)

Tu as quelque chose ?

Moi, ce que je trouve difficile, c’est la permanence – établir une permanence. C’est très difficile.

Une permanence de quoi ? De conscience ?

Oui, de conscience.

Mais elle est permanente, la conscience.

Oui, mais la conscience extérieure n’est pas permanente. 1 Le mental physique, par exemple, peut continuer à engrener toutes sortes de choses inutiles.

1. Le disciple veut dire pas permanente dans son contact avec l’intérieur.

Oh !...

Et par ailleurs, le mantra me donne l’impression d’une imposition mentale, tu comprends? Ce n’est pas quelque chose qui jaillit du fond des cellules du corps: c’est quelque chose qu’on impose. Alors, pendant un certain temps, ça s’engrène et ça se répète – de la même façon que ça répète des idioties, ça répète le mantra. Et puis au bout d’un certain temps, c’est autre chose qui vient.

(Mère reste silencieuse)

On a l’impression qu’à moins qu’il y ait une sorte de prise de possession par quelque chose d’autre, il n’y a rien à faire – vraiment, comme une prise de possession.

Oui, la prise de possession par le Divin. C’est parfaitement exact.

Il n’y a que ça qui peut.

(long silence)

J’ai eu ces jours-ci (mais très fortement ce matin), l’impression : le Divin est toutes choses, mais nous sommes nés pour que chacun fasse un choix et manifeste une de ces choses – une ou plusieurs... Et alors, vient la question de la décision du choix, mais alors c’est là qu’il faut se soumettre entièrement et laisser le choix entièrement au Divin. Nous avons été créés comme ça et c’est pourquoi il y a eu tout ce flottement, ces complications – et ce qu’il faut apprendre, c’est à laisser... c’est-à-dire justement n’avoir aucun désir, aucune préférence, et laisser le choix entièrement au Divin.

(Mère plonge)

Mère  5 juillet 1971

🌸

Agenda du 9 juin 1971

Il y a une ruée des forces adverses. Une ruée enragée. Mais on commence à avoir la Réponse – c’est seulement un tout petit commencement. Dans chacun, c’était comme un ouragan, et ce n’est pas complètement fini. Tout ce que l’on croyait vaincu et repoussé se reprécipite – chez les plus inattendus –, sous toutes les formes, mais surtout caractère, oh!... les doutes, les révoltes, tout cela...

(silence)

On m’a demandé un message pour toute l’Inde [à l’occasion de la crise du Bangladesh]. Je l’ai donné.

(Mère tend le texte)

Seigneur, Vérité Éternelle

Permets que nous n’obéissions qu’à Toi

et que nous vivions selon

la Vérité.

C’est une ruée du Mensonge, effroyable. C’était comme si tout le monde mentait, même les gens les plus inattendus – partout-partout-partout. Et c’était pour moi vivant (Mère fait le geste de voir), oh ! horrible, tu ne peux pas t’imaginer... Une petite torsion à droite, une petite torsion à gauche, une petite torsion – rien-rien-rien de droit.

Et alors, le corps s’est dit : «Où est ton mensonge ?», il s’est regardé. Et il a vu cette vieille histoire : «Il faut appeler le Seigneur seulement quand c’est important !... (Riant) Tu ne peux pas espérer être avec Lui tout le temps !» Alors il a reçu une bonne tape.

Ce n’était pas agressif, ça avait l’apparence d’une humilité – il a reçu une bonne gifle.

C’était un acharnement de choses désagréables – plus que désagréables : vraiment-vraiment méchantes et mauvaises et destructrices. Un acharnement, jusqu’à ce qu’il ait compris. Alors ce sentiment est venu dans tout le corps, toutes les cellules, partout, tout le temps (c’était même arrivé au point que je ne pouvais pas avaler quand je mangeais), jusqu’à ce que tout-tout comprenne : «Je n’existe que par le Divin, je ne peux persister que par le Divin... et je ne peux être moi-même qu’en étant le Divin.» Après cela, c’était mieux. Maintenant le corps a compris.

(long silence)

Tu n’as rien à demander ? Rien à dire ?

J’ai l’impression qu’il y a une mauvaise destinée sur moi.

Non, ce n’est pas vrai ! Ça fait partie du Mensonge, c’est ce Mensonge – c’est une partie du Mensonge. J’avais vu ça, je l’ai vu ; j’ai essayé de l’enlever, je n’ai pas réussi... Il n’y a pas de mauvaise destinée, c’est une blague ! C’est un vrai mensonge. Ce n’est pas vrai – ce n’est pas vrai du tout, du tout, du tout.

Voilà, ça te donne justement un exemple : c’est comme cela – c’est comme cela partout (Mère fait un geste avec des griffes). Moi, j’ai l’impression que je vois des diablotins avec des mains crochues qui essayent de s’agripper à tout le monde.

Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas vrai, au contraire ! Au contraire, la ligne que j’avais vue [pour toi] ces temps derniers, c’est justement une ascension d’influence bienfaisante sur les gens par les idées, et une chose (je t’en ai parlé) qui se répand, qui va faire son travail partout. Mais ça, naturellement, le diable ne veut pas, alors il essaye... (geste crochu) Ah ! tu devrais le regarder et puis rire – lui tirer la langue comme un enfant mal élevé.

(long silence)

En tout cas, on est bien assailli.

Oh !... je te dis, c’est une ruée en masse – mais ça ne fait rien. Il faut s’élever au-dessus, et puis... (geste de regarder d’en haut). Ce que j’ai dit, c’est la Vérité, et c’est le seul remède :

n’exister que pour le Divin

n’exister que par le Divin

n’exister qu’au service du Divin

n’exister que... en devenant divin.

Voilà.

Il n’y a pas «toi», il n’y a pas «il faut attendre», il n’y a pas «ça viendra en son temps», il n’y a pas... toutes ces choses très raisonnables, ça n’existe plus – c’est Ça (Mère abat son poing), comme une lame d’épée. C’est Ça. Et c’est Ça envers et contre tout : le Divin. Le Divin seul. Tout le fatras de mauvaises volontés et de révoltes et de... tout ça (Mère lève un doigt immuable), ça doit être balayé.

Et ce qui dit qu’on périra ou qu’on sera détruit par Ça, c’est l’ego – c’est Monsieur l’Ego qui essaye de se faire prendre pour l’être véritable.

Mais le corps a appris que même sans ego, il est ce qu’il est, parce qu’il est ça par la Volonté divine et pas du tout par l’ego – nous existons par la Volonté divine et non par l’ego. L’ego était un moyen – un moyen d’il y a des siècles. Il y a des siècles. Maintenant, ça ne vaut plus rien, son temps est passé. Il a eu son temps, il a eu son utilité – c’est fini, c’est passé, c’est là-bas. Maintenant... (Mère abat son poing) : la conscience, c’est le Divin ; le pouvoir, c’est le Divin ; l’action, c’est le Divin ; l’individualité, c’est le Divin.

Et ce corps a très bien compris, senti ; il a «réalisé» comme on dit en anglais, realized, understood, que ce sens d’être une personnalité séparée est tout à fait inutile, tout à fait inutile, n’est pas du tout indispensable à son existence, elle est tout à fait inutile. Il existe par un autre pouvoir et une autre volonté qui n’est pas individuelle, qui n’est pas personnelle: c’est la Volonté Divine. Et il ne sera ce qu’il doit être que le jour où il sentira : il n’y a pas de différence entre lui et le Divin. Voilà tout.

Tout le reste est mensonge – mensonge-mensonge-mensonge, et mensonge qui doit disparaître. Il n’y a qu’une réalité, il n’y a qu’une vie, il n’y a qu’une conscience (Mère abat son poing): le Divin.

(Mère regarde le disciple avec une grande intensité,
le disciple pose son front sur les genoux de Mère

🌸

Agenda du 6 mars 1971

Au fond, il n’y a qu’une Volonté qui soit toute-puissante, c’est la Volonté Divine – ce qu’il veut sera en dépit de tout, ou à cause de tout. Voilà. Je ne me préoccupe pas.

🌸

Agenda du 1er mai 1971

Il n’y a qu’une direction – vers le Divin. Et comme tu le sais, c’est aussi bien au-dedans qu’au-dehors, en haut qu’en bas. C’est partout. C’est dans le monde tel qu’il est qu’il faut trouver le Divin et s’accrocher à Lui – à Lui seul, il n’y a pas d’autre moyen. Ce n’est pas ici ou là, c’est partout, mais...

(Mère entre en transe en tenant les mains du disciple dans sa main droite, tandis que sa main gauche reste tournée vers le haut, suspendue en l’air, puis lentement le bras se repose)

🌸

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