Comment nous libérer de Macron et de la caste ?! (4)
Poursuivons notre étude pour répondre à la question posée par Jean-Dominique Michel et qui préoccupe une grande partie de la population, avec une exploration aussi vaste que possible de ce qu'elle implique et les réponses spirituelles trouvées dans les œuvres de Sri Aurobindo et de la Mère.
Admettons que Macron soit contraint de démissionner ? Certes, nous pourrons ce soir-là sabrer le champagne, mais le problème sera-t-il résolu ?
[Mère] disait aux enfants : On s'est débarrassé de Hitler parce qu'il avait derrière lui toute une nation et un pouvoir physique, et s'il avait réussi, cela aurait été un désastre pour l'humanité, mais on ne se faisait pas d'illusions... Cela ne sert à rien, la mort de l'un ou de l'autre [Staline, Hitler], cela ne sert pas à grand-chose — ça s'en va ailleurs. Ce n'est qu'une forme. C'est comme si tu faisais quelque chose de très mal avec une certaine chemise et que tu jettes ta chemise, puis que tu dises : " Maintenant je ne ferai plus de mal "—tu continues avec une autre chemise* ! Ça continue avec une autre chemise, la mort n'est pas une solution ! Comme Ils voyaient bien cela, cette invisible transmigration de la maladie mortelle – jusqu’à ce qu’on frappe à la racine. La racine terrestre.
Satprem. Le Matérialisme Divin, chapitre 20 – page 441
* Entretiens de Mère du 8 mars 1951 et du 25 novembre 1953
Je suis parti dans l'article précédent de l'hypothèse que nous n'avions pas encore très bien compris la véritable nature du phénomène du mal, et qu'en conséquence, nous ne pouvions pas trouver non plus, les véritables solutions.
Pouvons nous dire en toute sincérité qu'il n'y a ni mal, ni mensonge en nous ? Et si tel n'est pas le cas, qu'attendons-nous pour nous guérir de ces fléaux ? Sans doute que nous ne savons pas comment faire, ni sur le plan collectif, ni sur le plan individuel.
Sur le plan collectif, apparemment je n'ai aucun pouvoir de changer quoique ce soit. Mais peut-être que je suis mon propre laboratoire et que je peux commencer par moi-même et que si je trouvais le moyen de changer cela en moi, je comprendrais mieux comment le changer à l'extérieur.
C'est la raison pour laquelle je vous propose, dans ce 4e volet de notre étude, de regarder de plus près le chapitre 14 de La vie Divine, intitulé L’origine et le remède du mensonge, de l’erreur et du mal.
Je précise au passage avoir souvent eu l'impression que les livres de Sri Aurobindo étaient écrits sous le mode d'une progression en boucles, chaque chapitre constituant une unité en soi qui pouvait se lire à part.
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Commençons par les deux premiers paragraphes.
Si l’Ignorance est par nature une connaissance se limitant elle-même, oublieuse de la conscience de soi intégrale, prisonnière d’une concentration exclusive dans un seul domaine ou sur une surface dissimulant le mouvement cosmique, comment, dans cette perspective, traiterons-nous le problème si poignant qui tourmente le mental de l’homme lorsqu’il se trouve confronté au mystère de sa propre existence et de l’existence cosmique : le problème du mal ?
Nous pouvons admettre qu’une connaissance limitée, soutenue par une Toute-Sagesse secrète, et lui servant à élaborer un certain ordre du monde dans des limites nécessaires, serait un procédé intelligible de la Conscience et de l’Énergie universelles ; mais la nécessité du mensonge et de l’erreur, de l’injustice et du mal, ou leur utilité dans les œuvres de la Réalité divine omniprésente, sont plus difficiles à admettre.
Et pourtant, si cette Réalité est bien telle que nous l’avons supposée, l’apparition de ces phénomènes opposés doit répondre à une nécessité, avoir un sens et une fonction dans l’économie de l’univers. Car dans la connaissance de soi complète et inaliénable du Brahman, qui est nécessairement une connaissance totale, puisque tout ce qui est, est le Brahman, de tels phénomènes ne peuvent être le fruit du hasard, d’un accident en cours de route, d’un oubli ou d’une confusion involontaires de la Conscience-Force de Celui qui est Toute-Sagesse dans le cosmos, ni le fruit d’un affreux contretemps auquel l’Esprit immanent n’était pas préparé et dont il est prisonnier, errant dans un labyrinthe d’où il a toutes les peines du monde à s’échapper. Ce ne peut être non plus un inexplicable mystère de l’être, originel et éternel, que le divin et intégral Instructeur ne peut nous expliquer, ni s’expliquer à lui-même.
Il doit y avoir derrière ce mystère une signification de la Toute-Sagesse elle-même, un pouvoir de la Toute-Conscience qui l’autorise et lui assigne une fonction indispensable dans les processus actuels de notre expérience de nous-mêmes et du monde. Il importe à présent d’examiner plus directement cet aspect de l’existence et de déterminer ses origines, les limites de sa réalité et sa place dans la Nature.
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Ce problème peut être abordé à partir de trois points de vue : selon sa relation avec l’Absolu, la Réalité suprême, selon son origine et sa place dans les œuvres cosmiques, et selon son action et son point d’ancrage dans l’être individuel.
Il est évident que ces phénomènes adverses ne sont pas directement issus de la suprême Réalité elle-même, car rien en elle ne possède ce caractère ; ce sont des créations de l’Ignorance et de l’Inconscience, non des aspects fondamentaux ou premiers de l’Être, ils ne sont pas inhérents à la Transcendance, ni au pouvoir infini de l’Esprit cosmique.
On soutient parfois que si la Vérité et le Bien ont leurs absolus, le Mensonge et le Mal doivent, eux aussi, avoir leurs absolus ; autrement, les uns comme les autres seraient nécessairement des termes de la relativité : la Connaissance et l’Ignorance, la Vérité et le Mensonge, le Bien et le Mal n’existent que l’un par rapport à l’autre, et au-delà des dualités de ce monde ils n’ont pas d’existence.
Mais telle n’est pas la vérité fondamentale de la relation entre ces opposés ; car en premier lieu, contrairement à la Vérité et au Bien, le Mensonge et le Mal sont très clairement des résultats de l’Ignorance et ne peuvent exister là où il n’y a pas d’Ignorance ; ils ne peuvent avoir d’existence en soi dans l’Être divin, ils ne peuvent être des éléments innés de la Nature suprême.
Si donc la Connaissance limitée, qui caractérise l’Ignorance, renonce à ses limitations, si l’Ignorance disparaît en la Connaissance, le mal et le mensonge ne sauraient subsister, car ils sont tous les deux les fruits de l’inconscience et de la conscience fausse et, si la conscience vraie ou totale vient remplacer l’Ignorance, leur existence n’a plus aucun fondement.
Il ne peut donc y avoir un mensonge absolu, un mal absolu ; ils sont un sous-produit du mouvement du monde : les sombres fleurs du mensonge, de la souffrance et du mal prennent racine dans le sol noir de l’Inconscient. Par contre, rien ne s’oppose fondamentalement à l’existence d’une Vérité et d’un Bien absolus. La relativité de la vérité et de l’erreur, du bien et du mal est un fait d’expérience, mais elle est également un sous-produit et non un facteur permanent inhérent à l’existence. Elle n’est vraie, en effet, que pour le système de valeurs établi par la conscience humaine, pour notre connaissance et notre ignorance partielles.
Commentaire :
Certes la lecture de Sri Aurobindo n'est pas très facile, mais si nous lisons lentement, avec un mental tranquille, ouvert et réceptif, un peu de cette extraordinaire densité de connaissance peut s'imprégner en nous. Chaque phrase, chaque mot est minutieusement choisi et mériterait d'être médité. J'insiste... quand nous lisons quelque chose de compliqué, notre tendance est de froncer les sourcils, de nous triturer les méninges alors que plus notre mental restera tranquille, détendu, sans nous crisper sur un passage difficile, mieux cette connaissance pourra entrer en nous, même à notre insu, et ressurgir plus tard. Et puis, avant notre lecture, nous pouvons nous tourner intérieurement vers Sri Aurobindo et le prier de nous aider à comprendre. Ses textes sont remplis d'une force vivante et son aide et toujours là, si nous avons la solliciter.
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Innombrable, toujours présente, et efficace dans tous les cas.
🌼
Dans le paragraphe suivant Sri Aurobindo développe l'idée que notre connaissance est tout à fait imparfaite, que notre perception des choses est pour le moins insuffisante, voir carrément déformée et que seule la connaissance par identité, même si elle peut-être elle aussi incomplète, est par nature authentique est vraie.
Il conviendrait alors de lire le chapitre 10 du Livre 2 intitulé La connaissance par identité et la connaissance séparatrice, mais pour le moment contentons-nous d'un bref aperçu. La connaissance par identité repose sur le pouvoir d'identification de notre conscience avec... ce qu'elle veut : un être, un animal, un arbre, un lieu, une pensée, une idée, le Divin... et alors, si l'identification est réussie et pendant que dure ce phénomène d'identification, on connaît la chose exactement et absolument telle qu'elle est. Cette connaissance est directe, sans erreur, mais limitée à ce à quoi, momentanément, nous nous sommes identifiés.
Si nous apprenions à développer cette libre capacité d'identification, beaucoup de choses changeraient. J'en viens à me dire que les identifications délirantes que propose le wokisme sont la vérité déformée d'une grande vérité. Elles constituent aussi une manœuvre d'une grande perversité pour jeter le discrédit sur un processus tout à fait valable, sachant très bien que notre vision très superficielle des choses a une tendance naturelle à jeter le bébé avec l'eau du bain. Hélas, À je n'ai jamais entendu le moindre journaliste citoyen, PAS UN SEUL, expliquer cette nuance qui paraît pourtant tout à fait importante.
Chapitre 10 : page 562 à 591
Il va de soi, qu'il serait peu judicieux de publier ici l'intégralité des 37 pages de ce chapitre 14. Je renvoie lest personnes qui le souhaite au PDF que j'ai réalisé. Je me suis simplement permis, pour faciliter la lecture sur un écran, d'aérer le texte et de souligner les phrases qui me paraissent les plus nécessaires. Ainsi, il vous sera possible de lire au moins en diagonale et de vous attarder sur ce qui vous parle le plus.
Je ne partagerai donc que brièvement quelques idées relevées au fil du chapitre :
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L’existence d’une ombre dépend de la lumière, mais l’existence de la lumière ne dépend pas de l’ombre, le mensonge et le mal n’ont rien de fondamental, ils ne possèdent aucun pouvoir d’infinité
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S’il y a une unité… alors la vérité de la connaissance de soi et de la connaissance mutuelle est automatique, et l’erreur de l’ignorance de soi et de l’ignorance mutuelle est impossible. […] Là où la vérité existe comme un tout sur une base d’unité consciente de soi, le mensonge ne peut entrer et le mal est écarté par l’exclusion de la conscience et de la volonté fausses et du processus d’activation du mensonge et de l’erreur.
Ensuite Sri Aurobindo sur quelques paragraphes parlera de ce que nous appelons communément les forces adverses qui me rappelle une citation de Mère, si puissamment évocatrice que je ne l’ai jamais oublié, mais que je n’ai jamais réussi à retrouver. Cela disait que tant que nous comprenions pas que derrière les êtres il y avait des forces et que derrière les forces il y avait des êtres, nous ne pouvions rien comprendre.
Sri Aurobindo en vient à écrire cela :
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La source première du bien et du mal ne se trouverait pas dans la vie terrestre ou dans l’évolution hors de l’Inconscience, mais dans la Vie elle-même. Leur source serait supraphysique et ils seraient ici le reflet d’une Nature supraphysique plus vaste. C’est en se retirant de la surface physique pour entrer dans son être intérieur et sa conscience subliminale qu’il en prend directement conscience et peut les connaître directement et agir sur les influences que ces forces exercent sur lui.
Et puis dans les paragraphes suivant il corrige cette tendance fausse à mettre sur un plan de force équivalente et complémentaire le Bien et le Mal, la Vérité et le Mensonge, la Connaissance et l’Ignorance :
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L’erreur, le mensonge, le mal sont des pouvoirs cosmiques, mais ils sont, par nature, relatifs et non point absolus, […] et ne sont pas comme la vérité et le bien des absolus existants en soi, des aspects inhérents du suprême Existant en soi.
Et puis Sri Aurobindo écrit que "les obscurs contraires" appartiennent essentiellement aux...
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mondes intermédiaires où le principe vital est essentiel et prédominant. Les opposés adverses ne sont donc pas des pouvoirs primordiaux du cosmos, mais des créations de la Vie ou du Mental dans la vie. [...] Le mal peut y apparaître, non pas comme inhérent à toute vie, mais comme une possibilité et une pré-formation qui rend inévitable sa formation dans l’émergence évolutive de la conscience hors de l’Inconscient. Quoi qu'il en soit, c’est en la considérant comme un produit de l’Inconscience que nous pouvons le mieux observer et comprendre l’origine du mensonge, de l’erreur, de l’injustice et du mal.
Sri Aurobindo aborde maintenant la question sur les différents plans d'existence et commence par celui de la Matière
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Il semblerait qu’en elle le mensonge et le mal ne puissent exister, tous deux étant créés par une conscience superficielle ignorante et divisée et par ses réactions. Or une telle organisation, superficielle et dynamique, de la conscience, et de telles réactions n’existent pas dans les forces ou les objets matériels. […] La dualité du bien et du mal n’est pas inhérente au principe matériel, et elle est absente du monde de la Matière.
Et continue avec le plan vital
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La dualité commence avec la vie consciente et émerge pleinement quand le mental se développe dans la vie ; c’est le mental vital, le mental de désir et sensoriel, qui engendre le sens du mal, et la réalité du mal.
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En outre, dans la vie animale, la réalité du mal existe, le mal de la souffrance et le sens de la souffrance, le mal de la violence, de la cruauté, de la lutte et de la ruse, mais le sens du mal moral est absent ; dans la vie animale, il n’y a pas la dualité du péché et de la vertu, toutes les actions sont neutres et tout est permis pour préserver et maintenir la vie et pour satisfaire les instincts vitaux.
À ce stade, nous pouvons accepter l'idée que la création, la préservation ou la destruction de la vie [sont] trois mouvements nécessaires de l’Énergie universelle qui sont tous reliés, indispensables les uns aux autres et, chacun à sa place, d’égale valeur.
Sur un plan plus mental nous pouvons observer tout ce qui est avec une impartialité et une acceptation neutres et impassibles.
Dans le paragraphe suivant Sri Aurobindo se demande ce qui engendre, chez l’être humain, le sens du bien et du mal et lui donne son pouvoir et sa place.
Il passe alors en revue diverses gradations de réponses, de la sensation de l'égo vital à ce qui lui est agréable et désagréable, à un sens plus utilitaire et social de ce qui paraît utile ou inutile, en arrivant aux critères posés par la religion mais il en arrive à la conclusion que derrière tout cela, le discernement du bien et du mal doit reposer sur autre chose de plus profond :
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Mais derrière toute cette application pratique ou rationnelle de l’instinct éthique humain, il y a le sentiment qu’il existe quelque chose de plus profond : toutes ces normes sont trop étroites et rigides ou trop complexes et confuses, incertaines, susceptibles d’être affectées par un changement ou une évolution du mental ou du vital ; et pourtant nous sentons qu’il existe une vérité plus profonde et durable, quelque chose en nous qui peut avoir l’intuition de cette vérité — autrement dit, que la vraie sanction est intérieure, spirituelle et psychique.
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Ce témoin intérieur est traditionnellement décrit comme notre conscience morale, ce pouvoir de perception intérieure mi-mental, mi-intuitif ; mais c’est là quelque chose de superficiel, de construit, de peu fiable. Il y a certainement en nous, bien qu’il soit plus difficile à éveiller, plus masqué par les éléments de surface, un sens spirituel plus profond ; c’est le discernement de l’âme, une lumière innée au cœur de notre nature.
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Quel est donc ce témoin spirituel ou psychique, ou quelle valeur a pour lui le sens du bien et du mal ?
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Mais peut-être aussi cet éveil [à la connaissance du bien et du mal...] est-il une nécessité spirituelle de l’évolution elle-même, une étape qui permet à notre être de croître hors de l’Ignorance pour accéder à la vérité de l’unité divine et à l’évolution d’une conscience divine et d’un être divin.
Alors il y a un magnifique passage sur l'âme que je vous invite à découvrir par vous-mêmes et dont voici deux extraits
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En effet, [...] c’est surtout la personnalité de l’âme, c’est l’être psychique qui insiste sur cette distinction [du bien et du mal], quoique dans un sens plus large que celui d’une simple différence morale. C’est l’âme en nous qui se tourne toujours vers la Vérité, le Bien et la Beauté, car c’est par ces choses qu’elle-même peut grandir ; le reste — leurs contraires — est une part nécessaire de l’expérience, qu’il faut cependant dépasser à mesure que l’être croît spirituellement.
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La croissance de l’âme est une croissance de l’obscurité en la lumière, du mensonge en la vérité, de la souffrance en son propre Ânanda suprême et universel.
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La perception que l’âme a du bien et du mal peut ne pas coïncider avec les normes artificielles du mental, mais elle a un sens plus profond, un discernement sûr de ce qui mène vers la Lumière et de ce qui en éloigne.
Dans le paragraphe suivant Sri Aurobindo aborde un autre aspect de la question :
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Si le mal et le mensonge sont des produits naturels de l’Inconscience, les résultats automatiques de l’évolution de la vie et du mental à partir de cette Inconscience et dans le processus de l’Ignorance, nous devons voir comment ils font leur apparition, de quoi dépend leur existence et quel est le remède ou le moyen de s’en échapper.
Sri Aurobindo voit deux facteurs déterminants qui provoquent l’émergence simultanée du mensonge et du mal. D'abord...
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la mentalité qui émerge doit se frayer un chemin à travers ce milieu obscur et réfractaire [...] lourdement chargé et enveloppé par l’inconscience de la Matière.
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Ensuite, l’émergence se produit dans une forme de vie séparée qui doit s’affirmer contre un principe d’inertie matérielle inanimée, une constante poussée de cette inertie matérielle vers la désintégration et une rechute dans l’Inconscience inanimée originelle.
Dans le paragraphe suivant il est question de l'émergence de la conscience
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On ne peut expliquer l’évolution de la conscience et de la connaissance à moins qu’il n’y ait déjà dans les choses une conscience cachée où ses pouvoirs inhérents et naturels émergent peu à peu. En outre, les faits de la vie animale et les opérations du mental émergeant dans la vie nous obligent à conclure qu’il y a, en cette conscience cachée, une Connaissance sous-jacente, un pouvoir de connaissance que la nécessité des contacts vitaux avec le milieu amène à la surface
Sri Aurobindo explique comment la conscience émerge chez les animaux
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En sa première affirmation de soi consciente, l’être animal individuel doit s’appuyer sur deux sources de connaissance.
D'abord à partir d'une intuition, d'un instinct qui existe en soi : cet instinct appartient à la race et chaque individu en est doté à sa naissance. L’intuition, quand elle se produit ou se répète, est infaillible ; l’instinct est automatiquement juste en règle générale, mais il peut s’égarer...
Ensuite, la seconde source de connaissance est un contact superficiel avec le monde extérieur à l’être individuel naturel ; c’est ce contact qui est à l’origine, tout d’abord d’une sensation et d’une perception sensorielles conscientes, puis de l’intelligence.
Sri Aurobindo explique clairement que s'il n'y avait pas déjà une conscience sous-jacente, [...] existant déjà à l’état latent dans le subliminal, le contact ne créerait aucune perception ni aucune réaction, et la conscience ne pourrait pas se développer.
Ensuite, dans plusieurs paragraphes, Sri Aurobindo revient sur la question de l'erreur.
Au demeurant, s'il s'agissait de faire un résumé d'un roman d'aventure, ce serait simple ; je m'aperçois qu'au fil d'un paragraphe, les idées s'enchaînent avec une si parfaite cohérence que je me demande s'il est judicieux d'extraire ainsi quelques extraits.
Je vous renvoie donc, de préférence, sur la lecture intégrale du PDF.
Quitte à faire un résumer, autant le demander à Sri Aurobindo lui-même, et en effet, voici une parole qui résume à elle seule beaucoup de choses qu'il a pu dire dans les paragraphes suivants :
Telles sont donc l’origine et la nature de l’erreur, du mensonge, de l’injustice et du mal dans la conscience et la volonté de l’individu.
– Une conscience limitée croissant à partir de la nescience est la source de l’erreur ;
– un attachement personnel à la limitation et à l’erreur qu’elle engendre, la source de la fausseté ;
– une conscience fausse gouvernée par l’ego vital, la source du mal.
La suite du paragraphe et le suivant sont une transition avec une autre étape du chapitre. Des choses TRÈS importantes pour la compréhension de notre sujets sont dîtes.
Mais il est évident que leur existence relative n’est qu’un phénomène projeté par la Force cosmique en son élan pour s’exprimer dans l’évolution, et c’est là que nous devons chercher la signification du phénomène. Car l’émergence de l’ego vital, nous l’avons vu, est un procédé de la Nature cosmique qui permet à l’individu de s’affirmer et de se dégager de la substance, de la masse indéterminée du subconscient, pour qu’apparaisse un être conscient sur un terrain préparé par l’Inconscience.
Le principe d’affirmation de soi de l’ego en est la conséquence nécessaire. L’ego individuel est une fiction pragmatique et effective, une traduction du moi secret dans les termes de la conscience de surface, ou un substitut subjectif du vrai moi dans notre expérience superficielle.
L’ignorance le sépare des « autres moi » et de la Divinité intérieure, mais il est cependant poussé secrètement vers une unification évolutive dans la diversité ; bien que fini, il porte secrètement en lui l’élan vers l’infini.
Mais dans les termes d’une conscience ignorante, cela se traduit par une volonté d’expansion, la volonté d’être un fini sans limites, d’absorber tout ce qu’il peut, de pénétrer en tout et de tout posséder, voire d’être possédé s’il peut ainsi se satisfaire et sentir qu’il grandit dans les autres ou grâce à eux, ou s’il peut, en les subjuguant, absorber leur être et leur pouvoir ou recevoir de cette manière une aide, une impulsion pour l’affirmation et le délice de sa vie, pour l’enrichissement de son existence mentale, vitale ou physique.
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Mais parce qu’il agit ainsi en ego séparé, pour son propre avantage et non par un échange mutuel conscient et dans l’unité, cela engendre la discorde vitale, le conflit, la disharmonie, et c’est le produit de cette discorde vitale et de cette disharmonie que nous appelons injustice et mal.
La Nature les accepte parce que ce sont des circonstances nécessaires de l’évolution, nécessaires à la croissance de l’être divisé ; ce sont les fruits de l’ignorance, soutenus par une conscience ignorante qui se fonde sur la division, par une volonté ignorante qui œuvre au moyen de la division, par une félicité d’être ignorante qui trouve sa joie dans la division.
Il y a dans l’évolution une intention qui s’accomplit par le mal comme par le bien.
Elle doit se servir de tout parce qu’en se satisfaisant d’un bien limité, elle emprisonnerait et mettrait un frein à l’évolution prévue.
Elle utilise tous les matériaux disponibles et en fait ce qu’elle peut, c’est pourquoi nous voyons le mal naître de ce que nous appelons bien et le bien naître de ce que nous appelons mal.
Et si nous constatons même que ce que nous pensions être mal est finalement accepté comme un bien, que ce que nous pensions être bien est finalement tenu pour un mal, c’est parce que nos critères du bien et du mal sont évolutifs, limités et changeants. La Nature évolutive, la Force cosmique terrestre semble donc n’avoir au début aucune préférence pour l’un ou l’autre de ces contraires, elle les utilise tous deux également pour parvenir à ses fins.
Et pourtant, c’est la même Nature, la même Force qui a imposé à l’homme ce fardeau qu’est le sens du bien et du mal et qui en souligne l’importance.
Manifestement, ce sens a donc lui aussi un but évolutif, lui aussi doit être nécessaire. Il doit exister pour que l’homme puisse laisser certaines choses derrière lui, se tourner vers d’autres, jusqu’à ce que du bien et du mal il puisse émerger en un Bien qui soit éternel et infini.
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Dans les derniers paragraphes, Sri Aurobindo en vient à concéder que le mieux que nous puissions faire dans les limites actuelles de notre conscience est de développer notre nature sâttvique tout en expliquant qu'il ne s'agit là que d'une étape et que la véritable solution se situe dans la découverte de notre âme, de notre être universel et du Divin, avec au final de notre longue évolution, la transformation complète de notre nature humaine en une nature divine.
À noter que chaque chapitre de La vie divine commence par une série d'aphorismes issus des classiques de la pensée indienne. Quand nous les lisons une première fois en introduction du chapitre, leur profondeur et leur sagesse nous sont échappent grandement. Lorsque nous les relisons à la fin, ils deviennent beaucoup plus clairs, c'est pourquoi je les ai remis en fin de chapitre. En voici particulièrement significatif :
Celui qui a trouvé la félicité de l’Éternel n’est plus affligé par la pensée : « Pourquoi n’ai-je pas fait le bien ? Pourquoi ai-je fait le mal ? » Celui qui connaît le moi rejette loin de lui et le mal et le bien. (Taittirîya Upanishad. II. 9.)
Quand bien même Macron serait éjecté et remplacé, la succession des tyrans au cour de l'histoire en attestent, si nous ne comprenons pas l'origine profonde de l'erreur, de l'injustice et du mal, nous ne serons pas beaucoup plus avancés. C'est la raison pour laquelle je vous invite à prendre le temps nécessaire pour lire ce chapitre dans son intégralité.
Ce 4e volet de notre étude est assurément le plus long et le plus difficile, mais pas si difficile si l'on prend son temps – les trois suivants seront plus courts et plus simples.