Le secret du lotus...
"Je trouve difficile de prendre ces psychanalystes au sérieux quand ils essayent de sonder l'expérience spirituelle à la lueur clignotante de leurs lampes de poche ; et pourtant, on le devrait peut-être, car le demi-savoir est une chose puissante qui peut être un grand obstacle à l'émergence de la vraie Vérité.
Cette nouvelle psychologie me fait l'effet d'enfants qui apprendraient un alphabet sommaire et pas très adéquat, exultant quand ils additionnent l'ABC du subconscient et le mystérieux "super-ego" souterrain, et qui s'imaginent que leur premier livre de débutants obscurs, leur b-a ba, est le cœur même de la vraie connaissance. Ils regardent de bas en haut et expliquent les lumières supérieures par les obscurités inférieures ; mais le fondement des choses est en haut, non en bas, oupari boudhna éshâm. C'est le Supraconscient, et non le subconscient, qui est le vrai fondement des choses.
Ce n'est pas en analysant les secrets de la boue où il pousse qu'on explique le lotus ; le secret du lotus est dans l'archétype divin du lotus, qui fleurit à jamais en haut dans la Lumière. En outre, le domaine que ces psychologues se sont choisi est pauvre, obscur et limité ; il faut connaître le tout avant de pouvoir connaître la partie, et ce qui est tout en haut avant de pouvoir comprendre vraiment ce qui est tout en bas.
Telle est la promesse de la psychologie future, et quand son heure sera venue, ces pauvres tâtonnements s'évanouiront, réduits à rien.
Sri Aurobindo – Les Bases du Yoga, chapitre V. Traduction de la Mère.
/image%2F7051723%2F20250209%2Fob_8ceefd_vatar-1.jpg)
Si le secret du lotus n'est pas dans la boue et qu'il faut connaître le tout avant de pouvoir connaître la partie, nous pouvons nous interroger sur la pertinence de passer tant de temps à nous focaliser sur les événements d'actualité. Nous pouvons passer notre vie à disséquer les phénomènes de l'Ignorance, de l'Inconscience et du Mal, dans les moindre recoins, et au final, cela n'explique ni les causes de l'existence du mal ni les possibilités de guérison du mal.
Pour compléter notre réflexion, voyons un autre extrait des œuvres de Sri Aurobindo tiré de La vie divine (Livre 2 – chapitre 24 – L’évolution de l’homme spirituel) dans lequel Sri Aurobindo parle de l'évolution spirituelle de l'humanité :
"Si le résultat général n’a pas été décisif, mais seulement partiel — un simple apport de quelques éléments nouveaux plus épurés à la totalité de la conscience —, et s’il n’y a pas eu de transformation de la vie, c’est parce que la masse des hommes a toujours fait dévier l’impulsion spirituelle, parce qu’elle a désavoué l’idéal spirituel ou l’a considéré comme une simple forme et qu’elle a repoussé le changement intérieur.
On ne peut pas demander à la spiritualité de s’occuper de la vie par des méthodes non spirituelles, ou d’essayer de guérir ses maux par des panacées, par les remèdes mécaniques, politiques, sociaux ou autres, que le mental essaie constamment, remèdes qui ont toujours échoué et qui échoueront toujours à résoudre quoi que ce soit.
Les changements les plus radicaux accomplis de cette façon ne changent rien ; car les vieux maux persistent sous une forme nouvelle.
Le milieu extérieur est modifié en apparence, mais l’homme demeure ce qu’il était, un être mental ignorant qui fait mauvais usage de sa connaissance ou s’en sert d’une manière inefficace, un être mû par l’ego et gouverné par ses passions et ses désirs vitaux, et par les besoins de son corps, un être superficiel et non spirituel dans sa manière de voir, ignorant de son propre moi et des forces qui le dirigent et se servent de lui.
Dans la vie, ses constructions ont une valeur en tant qu’expressions de son être individuel et de son être collectif au stade qu’ils ont atteint, ou comme un procédé pour la satisfaction et le bien-être des parties physiques et vitales de son être, et comme terrain et instrument de sa croissance mentale, mais elles ne peuvent le conduire au-delà de son moi actuel, ni servir de moyen pour le transformer ; sa perfection, et la leur également, ne peuvent venir que d’une évolution plus poussée.
Seul un changement spirituel, une évolution de son être depuis le mental superficiel jusqu’à la conscience spirituelle plus profonde, peut changer les choses de façon effective et réelle.
Découvrir en lui-même l’être spirituel, est la tâche principale de l’homme spirituel, et aider les autres à suivre la même évolution, le vrai service qu’il peut rendre à l’espèce ; tant que cela n’est pas fait, une aide extérieure peut secourir et soulager, mais rien de plus n’est possible, ou fort peu."
/image%2F7051723%2F20250209%2Fob_b3867f_capture-d-ecran-du-2025-02-09-09-1.png)
En conclusion, n'avons-nous pas, en tant qu'espèce, assez souffert comme cela ? J'aspire à une connaissance qui sait vraiment, à un pouvoir qui peut vraiment, à un amour qui aime vraiment, et non à toutes ces solutions bringuebalantes dont on ne cesse de nous abreuver.