Satprem – L'homme
Après six extinctions des espèces et des millénaires d'évolution depuis les premières formes de vie apparue sur terre, par quel sortilège devrions-nous croire que "homo sapiens sapiens" soit l'aboutissement ultime de l'infatigable labeur de la Force évolutive. Le lien ci-dessous est l'enregistrement audio de l'interview intégrale de Satprem en 1982 par David Montemurri ayant été utilisée pour le film L'Homme après l'homme. C'était il y 40 ans et le propos est toujours autant d'actualité. Nous sommes en plein dans le chaudron. Ainsi, selon moi, le fait absolument décisif de notre Temps n'est pas politique, il est évolutif.
Pour moi, le langage écrit à un impact différent du langage oral et j'ai ressenti le besoin de retranscrire quelques extraits du début de cette interview : 2mn 10 : "Il faut que les hommes soient devant une réalité physique un peu terrible… pour changer de conscience. C’est ça dont il s’agit. On n’est pas dans une crise morale, on n’est pas dans une crise politique, financière, religieuse, on est dans rien de tout ça. On est dans une crise évolutive. On est en train de… mourir à l’humanité pour naître à autre chose." Ensuite, Saptrem s'interroge, et nous questionne, souvent d'une façon assez poignante, sur ce qu'est réellement l'Homme. Notre nature essentielle d'Homme, qu'est-ce que c'est ? Et je remarque que nous pouvons avoir compris beaucoup de choses sur ce qui se passe dans le monde, les gens semblent intarissables pour décrire la situation du monde, mais si nous ne comprenons pas ce qui se passe en nous, ni qui nous sommes, ni ce que nous sommes réellement, à quoi ça sert ? Et sur ce sujet-là, sur le Mystère de l'homme, nos plus brillants analystes se font particulièrement discrets.
D'aussi loin que je me souvienne, petit dernier d'une famille de 4 enfants âgés respectivement de 7 ans, 9 ans, 12 ans de plus que moi, je me suis tourné vers "les grands" pour savoir. Et, moi qui n'ai même pas mon bac, je suis souvent stupéfait de l'indigence des réponses de ceux qui, apparemment, détiennent le savoir.
4 mn 27 :
"Un homme ne commence à être que quand il arrive au rien total de ce qu’il est, de ce qu’il croit, de ce qu’il pense, de ce qu’il aime. Quand on arrive à ce rien... complet... alors il faut que quelque chose soit, ou on meure."
5mn 20 :
"Quand il y a rien, qu’est-ce qui reste ? Qu’est-ce qui reste ? Il y a une centre... de force, d’être. Il y a quelque chose qui reste, et c’est ça la clef. C’est pas tout de qu’on pense, c’est pas tout ce qu’on sent, c’est pas tout ce qu’on aime, c’est pas les idéaux, c’est pas le bon dieu, c’est rien de tout ça. C’est quelque chose qui est... poignant, comme si tout l’être était ramassé dans une angoisse si intense, que c’est comme une prière, ou comme c’est de l’amour. C’est quelque chose qui est chaud, puissant, qui n’a pas de mots, qui est l’être, qui est ce qu’on est. C’est ça la question, ou la chose, à laquelle tout le monde arrive : quand tout s’écroule, qu’est-ce qui reste ?"
9 mn 10 :
"Il faut que l’homme en tant qu’espèce trouve son pouvoir, sa force, ce qu’il est. Et s’il n’est pas, sa réalité profonde, ce qu’il est, il ne survivra pas. Il disparaîtra comme d’autres espèces ont disparu. C’est ça la question. C’est pas de trouver une meilleure philosophie. C’est pas de trouver une meilleure religion. C’est d’être ce qui a un pouvoir de durer.
17 mn 12 :
"Il y a peu d’hommes qui aient le courage de ce rien-là, de cette nullité-là."
26 mn 45 :
"Toute la déraison, la folie, les horribles choses qui se passent dans le monde, c’est parce que les hommes ne comprennent pas le processus."
31 mn 53 :
"Dans toute vie humaine, ordinaire, la plus simple, il y a un moment où l’homme se trouve seul devant lui-même ; dans chaque existence humaine il y a un moment, ou par des conditions particulières, on est devant un espèce d’écroulement de sa vie, et on regarde. Ça arrive à tout homme, ça. Et ça arrive à de plus en plus d’êtres humains, où vraiment, on a l’impression que tout a fait faillite."
Je ne sais pas comment les autres vont réagir, ressentir... pour moi, Satprem par ces questions, sa façon de dire, nous place au cœur de la question de notre destin individuel et collectif. Si nous prenons la mesure de ce fait évolutif, bien des choses commencent à nous apparaître... dérisoires.
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Entretien de Mère du 21 avril 1951 :
Question d'un disciple : Sri Aurobindo écrit qu’il n’a « pas l’intention de donner sa sanction à une nouvelle édition du vieux fiasco ». Le mot « fiasco » s’applique-t-il à quelque chose de particulier ou de général ?
Réponse de Mère :
"Cela s’applique à tous les Instructeurs qui sont venus dans le monde. L’un a dit : « J’apporte l’Amour », l’autre a dit : « J’apporte la Paix », l’autre a dit : « J’apporte la Libération », et puis, il y a eu un petit changement au-dedans, quelque chose s’est éveillé à l’intérieur des consciences, mais extérieurement tout est resté exactement le même. C’est cela qui fait le fiasco."
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"Quand tout le reste aura échoué
Peut-être trouverons-nous
Cachée dedans
La clef du parfait changement."
Sri Aurobindo - Savitri
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Bon visionnage !