Les méthodes du Zhineng

Si le Zhineng Qigong n'a pas cette chaleur qu'apporte la vibration supramentale, ni même la vibration psychique, il y a peut-être une raison. L'ensemble des méthodes du Zhineng rappellent plutôt la transformation spirituelle.

Les méthodes énergétiques traditionnelles partent d'en bas alors que le Zhineng Qigong par d'en haut. La première méthode (Peng Qi Guan Ding Fa 捧气贯顶法) consiste à ouvrir les portes de notre être à l'énergie originelle, à savoir certaines zones du corps autour de quelques points connus en acupuncture...

... avec une insistance particulière sur la porte du Ciel, le sommet de la tête. Notons que c'est l'un des deux points de concentration préconisé par Sri Aurobindo, et que l'essence de la première méthode, nous dit Pang He Ming, est de déverser le Hunyuan qi sur la couronne, le chakra coronal.

Une fois que les portes du corps commencent à être ouvertes et que la connexion avec le hunyuan qi du ciel, du vide de l'espace... commence à être établie, la deuxième méthode, (Xing Shen Zhuang 形神庄), plus physique, consiste à faire descendre cette énergie originelle au plus profond du corps, et d'apprendre toutes les parties du corps a fusionner, à se fondre dans le hunyuan qi. L'essence de la deuxième méthode est de travailler à l'union entre le corps et l'esprit, le corps et la conscience et peut amener une telle force dans le corps qu'elle m'a souvent rappelé cette parole de Sri Aurobindo qui nous dit que pour que la Force puisse descendre, elle avait besoin d'un réceptacle stable et solide.

La troisième méthode, (Wu Yuan Zhuang 五元庄), plus complexe et plus subtile, propose un travail d’harmonisation-transformation au niveau des organes, du hunyuan qi des organes, en s'intéressant à la fois sur l'organe physique, l'énergie de l'organe et la conscience de l'organe.

Il existe aussi une posture statique de méditation debout très importante, la fusion des trois centres (San Xin Bing Zhan Zhuang 三心并站庄), de nombreuses petites méthodes complémentaires pour les yeux, les oreilles, le cerveau, la colonne vertébrale, les méridiens, la relaxation et la méthode des 8 façons de travailler l'énergie (lian qi ba fa) : manger le qi (chi qi fa), pétrir le qi (rou qi fa), étirer le qi (chen qi fa), attirer le qi (la qi fa), rassembler le qi (ju qi fa), collecter le qi (lian qi fa), mélanger le qi (hun qi fa), transformer le qi (hua qi fa).

Zhou Jing Hong dans son livre de présentation appelle improprement cette méthode la quatrième méthode alors qu'il s'agit de 8 exercices complémentaires aux trois premières méthodes et préparatoires à la quatrième méthode qui n'est pas encore enseignée, tout comme les méthode 5 et 6.

Tout ce que nous savons de cette 4^e méthode, c'est qu'il s'agit d'un travail sur le méridien central, l'axe entre le sommet de la tête et le périnée. Il est possible que ce méridien central ait quelque chose à voir avec shushuna, « la voie psychique centrale » de la philosophie du yoga tantrique. Shushuna est le canal central, complété par ida et pingala, le tout formant shématiquement un caducée. » (Wikipédia)

Ci-dessous, scan du livre des Méthodes du Zhineng Qigong

Par ailleurs, je me suis souvent demandé pourquoi le point Ming Men si important dans la conception chinoise, un point presque sacré, la porte de la vie, la porte de la destinée (Dr Pang dit des choses magnifiques sur ce point), semblait sans importance dans le yoga qui n'en parle apparemment jamais.

Et inversement, je me suis longtemps demandé pourquoi la concentration au niveau du cœur, si essentielle dans la tradition chrétienne, et dans d'autres, et dans le yoga intégral avec l'aspiration vers l'être psychique, était absente du Zhineng Qigong.

Et ce n'est que tout récemment qu'il m'est venu que cet enseignement-là était peut-être l'objet de cette fameuse quatrième méthode. En effet, que peut-il y avoir dans ce méridien central de si précieux qu'il faille attendre tant de temps avant d'en parler... parce qu'ils n'en parlent même pas, comme si c'était quelque chose d'un peu sacré.

Que peut-il y avoir de si particulier si ce n'est le triple purusha, le purusha mental, le purusha du cœur (l'être psychique) et le purusha du corps ; ainsi que le lieu d'habitation de ce que Sri Aurobindo a appelé l'être central, celui qui fait la jonction entre l'être psychique dans le cœur et le jivatman au-dessus de la tête, la vraie personne en nous ?

La vraie Personne n’est pas une entité isolée ; son individualité est universelle, car elle individualise l’univers ; et en même temps, elle émerge divinement dans une atmo­sphère spirituelle d’infinité transcendante, comme un haut sommet par-delà les nuages, car elle individualise la Transcendance divine. (La vie divine)

Qu'il faille une certaine préparation avant de faire l'expérience de ce méridien central peut se concevoir et pourrait expliquer pourquoi l'accent reste pour l'instant sur les trois premières méthodes qui sont déjà d'un niveau très élevé. Pour Dr. Pang, ce n'est peut-être tout simplement... pas encore le moment. Nous voulons toujours aller plus vite que la musique.  

D'ailleurs, cela fait sans doute plusieurs années que nous lisons des choses sur l'être psychique, que nous essayons et où en sommes-nous ? Il intéressant, à certains moments de faire le point.

Douce Mère, ici Sri Aurobindo dit que la conjonction de l’être psychique et de la conscience supérieure est le principal moyen d’obtenir la siddhi. Ordinairement, est-ce qu’il n’y a pas une conjonction entre l’être psychique et la conscience supérieure ?

Ordinairement veut dire dans la vie ordinaire ? Un rapport entre l’être psychique...

Oui.

C’est presque, presque totalement inconscient. Dans la vie ordinaire, il n’y a pas une personne sur un million qui a un rapport conscient avec son être psychique, même momentané. L’être psychique peut travailler du dedans, mais d’une façon tellement invisible et tellement inconsciente pour l’être extérieur, que c’est comme s’il n’existait pas. Et dans la plupart des cas, l’immense majorité, la presque totalité des cas, il est comme endormi, pas actif du tout, dans une sorte de torpeur. C’est seulement avec la sâdhanâ et un effort très persistant qu’on arrive à avoir un rapport conscient avec son être psychique.

Cet Entretien du 17 août 1955 et un autre où Mère nous dit que, traditionnellement, il est considéré qu'il faut 20 ou 30 ans pour connecter son être psychique pourrait aussi expliquer pourquoi il n'en est apparemment pas question dans l'enseignement du Zhineng. Mais je n'affirme rien et ne fait que poser des hypothèses. Apparemment parce que les mouvements de la première s'effectuent beaucoup avec les bras à l'horizontal et il y a manifestement un travail très profond au niveau de la poitrine. Il est d'ailleurs dit aussi que la première méthode contient la quintessence du Zhineng Qigong et permet de trouver son être véritable, sans trop préciser ce dont il s'agit.

(Plus de 50 ans se sont écoulés depuis les Entretiens et nous pouvons nourrir l'espérance que le temps de l'émergence du psychique soit proche.)

Pour conclure, mon yoga commence où les autres s'arrêtent nous dit Sri Aurobindo et si rien n'évoque la transformation Supramentale, tout le Zhineng Qigong tend vers un retour complet de tout notre être à l'unité par la fusion avec l'énergie originelle.

La seule façon pour la goutte d'eau de ne pas sécher est de se jeter dans l'océan.