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Agenda sans date de 1957

(A propos des vies antérieures)

Si l’on voulait vraiment dire les choses, il faudrait tout dire, avec tous les détails, parce que, parmi les innombrables expériences que j’ai eues depuis quelque quatre-vingts ans, il y en a de si diverses, de si contradictoires en apparence, que l’on peut dire au fond : tout est possible. Alors, dire une chose sur les vies antérieures sans reprendre le fil de toutes les choses, c’est ouvrir la porte au dogmatisme. Ils diront un jour : "Mère a dit ceci, Mère a dit cela..." et c’est comme cela que se font les dogmes, hélas.

Donc, étant donné la multitude des expériences et qu’il est impossible que je passe ma vie à parler et à écrire, dites-vous bien que tout est possible et ne soyez pas dogmatiques. Je peux cependant vous donner quelques indications générales....

🌸

À 13 reprises dans l'Agenda (voir ci-dessous) Mère revient sur le dogmatisme.

Cette courte conversation sur X avec M. Berton nous donne un bel exemple de dogmatisme.

Voici ma réponse :

 

Et la sienne :

Puis mes réponse :

Et mon message était accompagné de cette image texte :

Voici la réponse de M. Berton :

Puis les miennes :

Et son dernier message

Et mes dernières réponses :

🌸

Ainsi se termine la parenthèse Berton, bien que je me sois promis, de retourner lui faire un petit coucou dans dix ans (façon de parler) pour voir s'il est toujours aussi fermé.

Ceci dit, je me suis demandé comment cette histoire de dogmatisme résonnait en moi. Sur le plan spirituel, cela ne me paraît honnêtement pas possible. Il est bien sûr théoriquement toujours possible de se leurrer soi-même, mais franchement, je ne crois pas. J'ai trop lu Sri Aurobindo, et encore tout récemment dans les extraits d'Essai sur la Guîtâ que j'ai partagé, il est trop abondamment et trop magistralement démontré les différents aspects du Divin, pour que je puisse accepter de me laisser enfermer dans une conception si étroite que celle de M. Berton, ou dans aucune religion quelle qu'elle soit. 

Sri Aurobindo – La Synthèse des Yogas

Livre 1 – Le Yoga des œuvres divines

Chapitre 1 – Les quatre aides

Sri Aurobindo en vient à parler de la difficulté pour l’homme de faire l’expérience du Divin :

Ou simplement, il ne peut concevoir, ni approcher, ni reconnaître comme Divin quelque chose qui est trop en dehors du cercle de ses conceptions ignorantes et partielles. Il a besoin de concevoir Dieu à sa propre image, ou sous une forme qui le dépasse peut-être, mais qui s’harmonise avec ses tendances les plus hautes et que ses sentiments ou son intelligence peuvent appréhender. Sinon, il aurait de la difficulté à entrer en contact avec le Divin et à s’unir à lui. Même alors, sa nature réclame un intermédiaire humain afin de pouvoir sentir le Divin dans quelque chose de très proche de sa propre humanité, et qu’une influence et un exemple humains l’aident à percevoir.

Et en arrive au sujet qui nous occupe :

La manifestation du Divin sous une forme humaine : l’incarnation, l’Avatâr — Krishna, le Christ, le Bouddha — satisfait ce besoin. Et si c’est encore trop difficile à concevoir, le Divin se représente à travers un intermédiaire moins miraculeux : le Prophète ou l’Instructeur. Car beaucoup, qui ne peuvent concevoir l’Homme Divin ou se refusent à l’accepter, sont prêts à s’ouvrir à l’homme supérieur, qu’ils n’appellent pas une incarnation mais un représentant divin ou un Instructeur.

Nous sommes censés, en tant que disciples de Sri Aurobindo, comprendre aisément que le Christ fut une incarnation divine, mais je suppose que M. Berton et le courant religieux qu'il représente, est absolument incapable de la réciprocité. Pour lui, Krishna et Bouddha sont, je le cite, de "faux dieux". Et Sri Aurobindo va encore plus loin puisqu'il ajoute un peu plus tard :

(…)

Il ne doit pas oublier non plus que le but de ces aides extérieures est d’éveiller son âme au Divin qui est en lui. Rien n’est pleinement accompli tant que cela n’est pas fait. Il ne suffit pas d’adorer Krishna, le Christ ou le Bouddha sous une forme extérieure, si le Bouddha, le Christ ou Krishna ne se révèlent pas et ne prennent pas forme en nous-mêmes. Et de même, toutes les autres aides n’ont pas d’autre but ; chacune est un pont entre l’état humain non transformé et la révélation du Divin qui est en lui.

Mais ça encore, c'est quelque chose que M. Berton nie. Ce point fut l'objet d'un article précédent sur la Présence divine dans le cœur. Qu'en tant que chrétien il ait la foi en Christ sauveur est plutôt normal – je ne vois rien de choquant à cela –, mais qu'il ne puisse comprendre qu'il peut y avoir d''autre foi que la sienne, c'est là qu'il y a un problème.  

Par contre, si M. Berton rejette comme hérésie toutes idées spirituelles qui sortent du cadre étroit de ses conceptions, je reste capable d'apprécier certains éléments du christianisme. Par exemple, s'il y a quelque chose que j'aime particulièrement dans les Évangiles, ce sont les paroles de Jésus qui m’apparaissent être intemporelles et particulièrement percutantes. Par exemple ce passage de l'Évangile de Matthieu, chapitre 7, versets 1 à 5 :

Ne jugez pas, pour ne pas être jugés ; de la manière dont vous jugez, vous serez jugés ; de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera. Quoi ! tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ; et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? Ou encore : Comment vas-tu dire à ton frère : “Laisse-moi enlever la paille de ton œil”, alors qu’il y a une poutre dans ton œil à toi ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère.

Alors, si cette idée que l'autre est toujours un miroir contient une once de une vérité, si je ne suis pas dogmatique sur le plan spirituel, cela ne veut pas dire pour autant que je ne le suis dans aucune partie de ma nature mentale, vitale et physique. Ce fut donc l'occasion d'une offrande au Divin de ce qu'il y a de dogmatique en moi. Alors un travail s'est enclenché, et n'est évidemment pas terminé... 

🌸

La leçon de l'histoire ? Gardons-nous de tout dogmatisme... et plutôt que de "nous battre" sur des idées, sur nos conceptions du Divin, tâchons plutôt d'en faire l'expérience.

Voilà, et maintenant, tournons cette page "chrétienne" et revenons dans les articles prochains aux propos plus nourrissants et plus consistants de Sri Aurobindo et de Mère...

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Je vous invite aussi à voir les échanges que j'ai pu avoir dans les commentaires de cette autre interview de M. Berton publiée sur le site de Profession Gendarme. Il est heureux qu'il y ait tout de même des chrétiens moins dogmatiques avec qui il est possible de discuter sans se faire insulter. Il me semble avoir apporté dans cette conversation des éléments sur l'avènement de la nouvelle terre et des nouveaux cieux annoncé par l'Apocalypse de Jean ou d'une vie divine sur terre annoncé par Sri Aurobindo. Ces éléments peuvent être utiles à notre compréhension et apporter aussi beaucoup d'espoir à ceux qui se désespèrent de voir notre monde tomber dans le plus profond désarroi. J'ajoute enfin que ces éléments ne sont pas incompatibles avec les religions des uns et des autres : le sujet spirituel n'est pas un sujet religieux. 

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