Sraddhalu – 251 : Déni de justice

Nous sommes tous plus sensible à telle ou telle cause : l'injustice est souvent l'une des choses qui nous remue le plus, et cette vidéo de Sraddhalu est sur ce point particulièrement réussie 🙂.

Dans la première partie, Sraddhalu traite abondamment de la corruption et de la perversion du système judiciaire en Inde, tout en montrant le parallèle évident avec la situation aux États-Unis et en Europe. La corruption par la cabale du système judiciaire est un phénomène universel et ce sont les mêmes symptômes partout.

À noter, à 16 mn 13, ce passage très intéressant d'une citation de Sri Aurobindo, dont hélas, il ne donne pas la source :

Il y a donc deux choses auxquelles aucun empire ne peut survivre. Deux tensions :

• la tension liée au poids de l'impôt que le peuple ne trouve plus supportable et

• la tension liée à une série de perversions de la justice qui détruisent toute confiance dans les motivations des autorités gouvernementales.

Toute ressemblance avec la situation actuelle ne serait pas fortuite.

Ensuite, Sraddhalu nous explique que lorsque les taxes deviennent insupportables, les révoltes deviennent inévitables et il est alors question de la France.

À 20 mn 55 :

Mais c'est là que les gens commencent à se rebeller. Et ce que j'ai vu en France, c'est que la rébellion prenait la forme d'une volonté de quitter le pays. Il ne s'agit pas encore d'un renversement. Mais on peut voir que les pressions s'intensifient. Donc, si l'évaluation des dépenses est manifestement injuste, si les dépenses elles-mêmes sont exorbitantes, si les recettes sont dépensées d'une manière que les contribuables n'approuvent pas, alors la protection et la justice sont achetées à un prix qui ne vaut pas la peine d'être payé.

Considérez donc cela comme le prix à payer pour acheter la protection et la justice de l'État. À quel moment estimez-vous que cela n'en vaut plus la peine ? Et si, en plus, la protection vous est refusée et la justice vous est refusée, alors l'objet même de l'existence d'un État cesse d'être satisfait. Vous continuez donc à donner de l'argent, mais vous n'obtenez rien en retour en termes de protection ou de justice.

Et à partir de ce moment, le pouvoir en place, à moins qu'il ne revienne sur ses pas, est condamné par le cours inévitable des choses. C'est ce que j'illustre avec l'exemple de la France. À un moment donné, vous êtes en rébellion. Quelle forme cela prendra-t-il ? L'avenir nous le dira. Je m'attends à quelque chose de beaucoup plus important. Je parle uniquement de la France parce que ce sont des exemples que j'ai observés de près. Je m'attends à quelque chose de similaire dans toute l'Europe. Ce qui s'est passé en Roumanie n'est qu'un petit exemple. Une situation similaire se produit en Hongrie, où les élus s'opposent ouvertement aux intérêts de la cabale qui contrôle l'Union européenne, et j'espère que cela se produira bientôt dans tous les pays d'Europe, à moins qu'elle ne revienne sur ses décisions.

Vers la fin de la vidéo, Sraddhalu revient quelques minutes sur Elon Musk et l'apparente querelle avec Donald Trump.

Et enfin Sraddhalu conclut la vidéo de façon magnifique avec quelques citations de Mère sur le thème de la justice et de la Grâce.

Le 20 novembre 1966 [1] en réponse à quelqu'un qui écrit : « Où se trouve la justice sur terre ? » Quelqu'un demande la réponse de la mère : « Nulle part. » Même, et peut-être surtout, la justice humaine n'est pas juste ici sur terre. La justice est remplacée par la grâce divine, car si la justice divine était appliquée, la liberté nécessaire à l'évolution ne pourrait plus être exercée.

[1] Je n'ai trouvé nulle part, ni dans les oeuvres intégrales, ni dans l'Agenda, une quelconque trace de cette phrase. C'est dommage que Sraddhalu donne rarement les sources.

Fascinant. Si la justice divine existait, dit-elle, nous ne serions pas capables de la gérer. C'est la grâce divine qui vous donne la liberté nécessaire à l'évolution. Intéressant. Alors, invoquez la grâce, pas la justice.

C'est un autre message qu'elle transmet. Je vais donc lire ce passage. Quelqu'un pose plusieurs questions. Pourquoi mes pensées ont-elles tendance à dramatiser les choses et à faire une montagne d'une taupinière ? La réponse de la mère : les parties non éclairées de l'être aiment toujours faire cela. Puis, cette personne écrit : « Montrez-moi la véritable manière de faire des efforts. »

Mère : vous devez entraîner votre volonté comme vous entraîneriez vos muscles par des exercices méthodiques. Ne vous autorisez jamais à faire quelque chose une fois que vous avez décidé de ne pas le faire. C'est donc un entraînement de base qu'elle dispense.

Maintenant, la personne écrit : « Justice, justice. Où est la justice ? » Réponse de Mère en français traduite en anglais. Ne réclamez pas la justice, car elle est la conséquence stricte de vos actions. Seule la grâce divine peut vous sortir de vos difficultés. La justice, c'est la conséquence stricte de vos actions.

Le conseil général est de ne pas demander la justice divine ou toute autre forme de justice. Demandez plutôt la grâce divine. La grâce apporte une dimension différente qui complète la justice, qui est beaucoup plus profonde, complète et libre d'amour. Elle apporte également cette dimension de compassion, d'amour, et en particulier lorsqu'elle donne plus que ce que vous méritez.

Et donc, dans un sens, c'est la voie à suivre et cela devrait être notre relation plus profonde avec le divin. Ne dites pas « j'ai besoin de ceci » ou « je veux cela parce que je le mérite ». Vous ne connaissez pas vraiment toute l'histoire. Demandez plutôt la grâce. Et la grâce vous donne toujours plus que ce que vous méritez. Sans la grâce, nous n'aurions pas ce que nous avons. Quoi qu'il en soit, c'est grâce à la grâce que tout cela existe. À proprement parler, vous ne mériteriez jamais ce que vous avez. Même si vous l'avez obtenu par vos propres efforts, vous ne pouvez pas dire que vous le méritez.

Même si quelque chose semble être le fruit de vos propres efforts, acceptez cela comme une manifestation de la grâce et demandez la grâce plus que toute autre chose. Et la grâce vous comblera de plénitude, d'abondance et de tout ce qui est nécessaire pour vous permettre de dépasser vos besoins et vos étroitesses d'esprit afin de vous ouvrir à quelque chose où beaucoup plus peut circuler et vous combler de manière plus joyeuse et plus épanouissante. Que cela soit notre aspiration à la grâce divine pour nous individuellement, pour la nation, pour le pays, pour le monde, pour l'humanité.

Voici quelques extraits trouvés dans les œuvres intégrales de Mère [sauf les Entretiens]

La Mère – Éducation

La grâce est toujours plus proche de la vérité que la justice.

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Paroles de la Mère – Volume 1

Je vous remercie de me faire souvenir que ma situation me donne des devoirs et des responsabilités, mais il vaut mieux faire appel à la Grâce plutôt qu’à la Justice, parce que si celle-ci s’exerçait, bien peu nombreux seraient ceux qui pourraient se tenir debout devant elle.

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Paroles de la Mère – Volume 2

C’est pour l’intervention de la Grâce divine qu’il nous faut prier ; car si la justice se manifestait, peu nombreux seraient ceux qui pourraient se tenir debout devant elle.

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La justice est le déterminisme rigoureusement logique des mouvements de la nature universelle. Les maladies sont ce déterminisme appliqué au corps matériel. L’esprit médical, se basant sur cette justice inéluctable, s’efforce de produire les conditions qui doivent amener logiquement la bonne santé.

La morale agit de même dans le corps social, et la tapasyâ dans le domaine spirituel.

La Grâce divine seule a le pouvoir d’intervenir et de changer le cours de la justice universelle.

La grande œuvre de l’Avatâr est de venir manifester la Grâce divine sur la terre. Être le disciple de l’Avatâr, c’est devenir un instrument de la Grâce divine. La Mère est la grande dispensatrice — par identité — de la Grâce divine dans une parfaite connaissance — par identité — du mécanisme absolu de la justice universelle.

Et par son intermédiaire chaque mouvement de sincère et confiante aspiration vers le Divin appelle en réponse l’intervention de la Grâce.

Qui peut se tenir devant toi, Seigneur, et dire en toute sincérité   : «   Je ne me suis jamais trompé ?   » Combien de fois dans une journée nous faisons des fautes contre ton œuvre et toujours ta Grâce vient les effacer !

Sans l’intervention de ta Grâce, qui ne serait passé maintes fois sous le couperet inéluctable de la loi de justice universelle ?

Chacun représente ici une impossibilité à résoudre, mais comme pour ta divine Grâce tout est possible, ton œuvre ne sera-t-elle point, dans le détail comme dans l’ensemble, l’accomplissement de toutes les impossibilités transformées en divines réalisations ?

15 janvier 1933

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Paroles de la Mère – Volume 3

Seul celui qui a un sens parfait de la vraie justice peut revendiquer le droit d’être obéi.

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Quelques réponses de la Mère – Volume 1

La politique et la soi-disant justice sont encore dans l’humanité ce qui est le plus fermé à la Vérité. Mais leur tour de conversion viendra aussi, peut-être plus tôt qu’on ne pense.

Le 28 mars 1968

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Quelques réponses de la Mère – Volume 2

La justice, la justice, où est la justice ?

Insensé ! n’appelle pas la justice — c’est-à-dire la conséquence rigoureuse de tes actes —, seule la Grâce divine peut te tirer de ta difficulté.

10 juillet 1936

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La Justice universelle nous empêche-t-elle, lorsque nous le voulons, de nous élever au-dessus de l’univers ?

Dans une certaine mesure, oui. Certainement pour s’élever au-dessus de l’univers il faut être tout à fait libéré de la Justice car elle fait partie de l’univers.

25 juillet 1936

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(Le disciple rapporte plusieurs incidents malencontreux. Il termine sa lettre ainsi   :)

Douce Mère, pardonne-moi de prendre la liberté de T’écrire tout cela. Mon cœur pleure au-dedans tandis que j’écris. Assure-nous d’un mot que les choses vont changer. Libère et fais agir Tes Forces salvatrices ; empêche-nous de descendre plus profondément encore dans la confusion et le désordre.

C’est la miséricorde et la grâce que l’on doit demander, et non le pouvoir ou la justice, car si Kâlî se manifestait, qui et qu’est‑ce qui resterait debout !... Avec ma tendresse et mes bénédictions.

8 octobre 1963

4 jours après la publication...

J'ai oublié de mentionner que dans cette vidéo Sraddhalu attire l'attention sur le fait que Sri Aurobindo ne propose aucune solution à cette perversion du système judiciaire. Sur le moment, je n'ai pas prêté attention à ce point, et puis je m'en suis étonné car, effectivement, nous pouvons trouver de nombreux exemples où Sri Aurobindo présente sur à peu près tous les sujets, qu'ils relèvent de la sadhana intérieure ou de la situation politique extérieure, non seulement un diagnostic tout à fait précis de la situation, mais aussi des pistes de solutions. Cette fois-ci, apparemment, Sri Aurobindo n'a proposé aucune solution.

Cela vaut ce que cela vaut, mais je me suis dit que si l'humanité était davantage consciente de son être psychique, le système judiciaire deviendrait caduque. La justice en effet est censée protéger la société contre les criminels, mais tout homme relié a son âme ne pourrait pas commettre ces choses...

Si l'éveil de l'âme se poursuit de façon individuelle, un individu après l'autre, cela risque de prendre des siècles. Par contre, dans Savitri (Livre1. Chant 4), Sri Aurobindo semble laisser entendre que l'éveil de l'âme pourrait être "collectif", un phénomène terrestre. 

Une Voix mal entendue parlera, l’âme obéira,
Une Puissance furtive gagnera la chambre intérieure du mental,
Un charme et une douceur ouvriront les portes closes de la vie
Et la beauté vaincra la résistance du monde,
La lumière-de-vérité capturera la Nature par surprise,
À pas de loup, Dieu contraindra le cœur à la félicité
Et la terre deviendra divine sans s’y attendre.