Le paradis sur terre
Dans cette nouvelle vidéo, Stanislas Berton nous dit des choses plutôt intéressantes sur la nécessité de remettre le Divin au centre de sa vie, sur la nécessité d'obéir à la volonté divine, sur les dangers des pratiques de spiritisme, ou même ce qu'il dit sur le féminisme est entendable. De même, le fait qu'il affirme sa foi chrétienne n'est pas un problème en soi, même si nous pouvons être sceptique, ou perplexe sur la nécessité d'évangéliser, comme si nous étions encore aux temps des premiers chrétiens. Quant à ses propos sur le féminisme... Mais bon... ce n'est sans doute pas très important.
Par contre, lorsqu'il nie la possibilité d'un paradis sur terre, cela mérite discussion et nécessite une réponse.
Pour commencer j'ai trouvé assez paradoxal qu'il termine son intervention en nous invitant à l'espoir... alors que sa négation implique de fait que, selon lui, il n'y a aucun espoir pour la terre, puisqu'il considère, comme d'habitude, que le salut, c'est toujours pour après, et dans l'au-delà.
C'est m'a rendu triste et rappelé le fiasco spiritualiste dont ont parlé Sri Aurobindo, Mère et Satprem. Par exemple :
Je n'ai nullement l'intention de donner ma sanction à cette nouvelle édition du vieux fiasco : une ouverture spirituelle partielle et passagère à l'intérieur, sans un changement vrai et radical de la loi de la nature extérieure.
Sri Aurobindo – Lettres sur le Yoga
Entretien de Mère du 21 avril 1951
Au début de cette lettre, Sri Aurobindo écrit qu’il n’a « pas l’intention de donner sa sanction à une nouvelle édition du vieux fiasco ». Le mot « fiasco » s’applique-t-il à quelque chose de particulier ou de général ?
Cela s’applique à tous les Instructeurs qui sont venus dans le monde. L’un a dit : « J’apporte l’Amour », l’autre a dit : « J’apporte la Paix », l’autre a dit : « J’apporte la Libération », et puis, il y a eu un petit changement au-dedans, quelque chose s’est éveillé à l’intérieur des consciences, mais extérieurement tout est resté exactement le même. C’est cela qui fait le fiasco.
Revenons à notre sujet. À partir de 38 mn 05 : il évoque les utopies meurtrières du marxisme au mondialisme, en passant par le socialisme, le communisme, et le nazisme, qui toutes ont eut cet idéal d'amener le paradis sur terre.
Je cite M. Berton :
"Le socialisme nous dit : on peut atteindre le paradis sur terre en faisant des réformes sociales, par l’égalité…
Le communisme, c’est un peu plus extrême, on va faire la dictature du prolétariat, on va exproprier les bourgeois…
Le nazisme va le dire d’une autre manière, à l’autre bout du spectre, on dit que pour faire le paradis sur terre, il faut éliminer tous les indésirables, les juifs, les handicapés, et puis on va être un élite, une aristocratie aryenne, qui va diriger la société, ça va bien se passer…
Le mondialisme, c’est les hommes dieux, les transhumanistes augmentés, pucés, qui ont accès à la technologie numérique qui peuvent tout comprendre, tout voir, la gouvernance par algorithme, on va avoir le paradis sur terre."
Mais M. Berton ne dit pas un mot sur la possibilité d'une vie divine sur terre, non par des moyens extérieurs et artificiels tels qu'on essayé de le faire ces idéologies, mais par l'évolution de la conscience. Dans La vie divine (entre autre), Sri Aurobindo explique cela d'une façon magistrale et nous pouvons inviter les gens à lire par eux-mêmes et à se faire leur propre opinion. Ils seront sans doute au moins d'accord pour reconnaître que tout ce qu'écrit Sri Aurobindo repose sur une puissante argumentation.
Et si ce pavé de 1000 pages rebute par sa longueur, Mère conseillait vivement d'au moins lire au moins les 6 derniers chapitres qui ont été publié à part sous le titre de L'Évolution spirituelle.
Comment réfuter la négation de M. Berton ?
1. Par la réalité de l'évolution
Nous pouvons par exemple nous appuyer sur les premières pages du chapitre intitulé, L'Évolution de l'homme spirituel. (Livre 2. Chapitre 24 de La vie Divine ou chapitre 2 de L'Évolution spirituelle)
Sri Aurobindo explique que si un observateur s'était trouvé sur terre quand il n'y avait que des gaz et des cailloux... il aurait affirmé que la Vie ne pourrait pas apparaître. Et pourtant elle est apparue.
Quelques millions d'années plus tard, alors qu'il n'y avait que des plantes, le même observateur aurait dit qu'il était impossible que des animaux apparaissent. Et pourtant ils sont apparus.
Quelques millions d'années plus tard, notre observateur, aurait dit qu'il était impossible que le Principe mental émerge de ce florilège d'espèces animales. Et pourtant l'homme est apparu.
Et notre observateur de nos jours nie qu'un être authentiquement spirituel puisse apparaître sur terre, car pour lui, la spiritualité n'est que la fine fleur du développement mental, une excroissance du mental.
Or Sri Aurobindo nous rappelle que la conscience spirituelle existe en soi, et que pour l'instant, le Principe spirituel est encore englué dans notre nature physique, vitale et mentale mais qu'il est inévitable qu'il finisse par émerger totalement, comme le Principe de Vie à émergé et comme le Principe mental à émergé. Et alors, quand le Principe spirituel aura finit sa croissance cachée, lui aussi va émerger et inévitablement donner naissance à une sorte de nouvelle espèce d'être humains, qui sera authentiquement spirituelle.
Maintenant, ce n'est là qu'un piètre résumé des propos de Sri Aurobindo et je vous invite vivement à lire par vous-mêmes les trois paragraphes en question, de la page 900 à 902.
2. Par l'accession à des nivaux de conscience plus élevés
Un peu plus loin dans la vidéo, M. Berton passe vite fait, sans rien dire, sur l'accession à de nouveau niveau de conscience.
Là encore, Sri Aurobindo a parlé de cela avec une grande précision, notamment dans le chapitre 26 de La vie divine, L'Ascension vers le supramental, en expliquant qu'au-dessus de notre mental actuel, ordinaire, nous avons
- le plan de conscience du mental supérieur,
- et puis du mental illuminé,
- du mental intuitif
- et ce qu'il a appelé le surmental, qui est le sommet de notre mental.
Avec plus haut encore, une toute autre conscience, décisive pour notre évolution qu'il a appelé la conscience supramentale, que la Mère appelait parfois la Conscience d'harmonie et que les Rishis védiques des temps anciens appelaient la Conscience-de-Vérité.
Et effectivement, chaque nouveau plan de conscience est caractérisé par une amplification de nos facultés de connaissance.
M. Berton a l'air de se méfier, de redouter ces capacités nouvelles... mais c'est idiot. Toutes les écrivains inspirés, les poètes, les grands musiciens, les savants et bien des grands hommes de l'histoire... ont utilisés ces facultés. Lorsque nous avons une intuition, est-ce que nous allons dire : "Ah ! non, je ne veux pas l'utiliser, c'est un pouvoir supérieur à mes facultés mentales ordinaires !"
Sri Aurobindo explique très bien que nos intuitions descendent tout droit du mental intuitif. Mais ce n'est qu'un tout petit exemple pour nous montrer qu'il ne faut pas se monter le bourrichon avec ces "facultés" nouvelles, elles sont aussi naturelles que manger et respirer. Seulement, au lien d'appartenir à notre nature ordinaire et superficielle, elles appartiennent à notre nature supérieure. Et ce n'est pas si facile que cela de les développer...
Par l'évolution intérieure et spirituelle, l'humanité pourra accéder à de nouveaux niveau de conscience, plus éveillés, plus conscients, et résoudre d'une façon plus intelligente, plus harmonieuse, plus efficace et plus vraie les innombrables difficultés qui nous étreignent. En ce sens, il y a un espoir pour la terre tout entière d'évoluer vers une sorte, pas encore tout à fait le paradis sur terre (ça apparemment, cela sera pour bien plus tard), mais déjà vers quelque chose de tout à fait satisfaisant pour la plupart des hommes.
Nous ne pouvions pas, et nous ne pourrons pas réaliser un idéal si élevé avec une conscience ordinaire, mais il suffit que l'humanité accède à des niveaux de conscience plus évolués, et l'impossible devient possible. Cela ne me semble pas si compliqué à comprendre, ni même si farfelu... en tout cas, Sri Aurobindo et la Mère ont parlé de ces choses en long, en large et en travers.
3. Autres éléments de réponse
La Mère a dit quelque chose qui m'a beaucoup frappé, alors je l'ai retenu.
Elle a dit que si quelque chose était totalement impossible, nous ne pourrions même pas le concevoir...
Elle n'a pas donné plus d'explication mais je suppose que que c'est parce que, quoi que nous puissions voir dans notre monde, une intelligence a commencé par le concevoir. Avant que les choses n'existent dans notre réalité, elles existent dans la pensée.
Donc, si l'idée qu'un paradis sur terre est possible... c'est que cela doit avoir un fondement vrai quelque part. Et ce n'est pas parce que nous n'y avons jamais réussi, que cela n'arrivera jamais.
Et puis, quoique nous voulions réaliser, il faut employer la bonne méthode, s'y prendre de la bonne façon. Si la chose échoue, ce n'est pas nécessairement qu'elle est impossible à réaliser, mais que nous n'avons pas encore trouver les moyens de la réaliser, c'est tout à fait différent.
Pour réaliser un idéal si vaste et si complexe que réaliser le paradis sur terre, il n'est pas étonnant que les méthodes extérieures simplistes des différentes utopies aient toutes échouées. Mais Sri Aurobindo et Mère ont clairement affirmé que si une telle chose devait se réaliser, et ils ont assuré qu'elle se réalisera, cela ne pourra se faire que par des moyens intérieurs.
Les individus qui, dans l’ère nouvelle, contribueront le plus à l’avenir de l’humanité, seront ceux qui reconnaîtront que la destinée et par conséquent le besoin majeur de l’être humain résident dans l’évolution spirituelle, une évolution ou une conversion du type actuel d’humanité en une humanité spiritualisée, tout comme l’homme animal s’est largement converti en une humanité hautement mentalisée.
Ces individus seront comparativement indifférents à une croyance ou à une forme de religion particulière, et laisseront les hommes recourir aux croyances et aux formes vers lesquelles ils sont naturellement attirés. Ils ne tiendront pour essentielle que la foi en la conversion spirituelle. En particulier, ils ne commettront pas l’erreur de penser que ce changement peut être effectué par un mécanisme et des institutions extérieures ; ils sauront et n’oublieront jamais qu’il doit être vécu par chaque homme intérieurement, faute de quoi il ne pourra jamais devenir une réalité.
La Mère – février 1920
Les conditions dans lesquelles les hommes vivent sur la terre sont le résultat de leur état de conscience. Vouloir changer les conditions sans changer la conscience est une vaine chimère. La Mère - Bulletin d'Avril 1952
Depuis des millénaires, nous avons développé des moyens extérieurs, des instruments extérieurs, des techniques de vivre extérieures – et finalement ces moyens et ces techniques nous écrasent. Le signe de l'humanité nouvelle est un renversement de point de vue et la compréhension que les moyens intérieurs, la connaissance intérieure et la technique intérieure peuvent changer le monde et le maîtriser sans l'écraser.
La Mère – Agenda du 3 août 1968
Pour être tout à fait honnête...
1. Même si une vie divine s'avère possible sur terre, même si l'humanité est amenée a expérimenter des niveaux de conscience plus élevés, Sri Aurobindo et la Mère ont reconnu que cela prendrait plusieurs siècles et qu'il y aurait des étapes intermédiaires. Il conviendrait donc d'expliquer en quoi le travail individuel de purification, évolution, transformation que chacun peut faire peut avoir une quelconque importance pour l'Avenir. C'est un sujet difficile qui mériterait des explications, et cet article est déjà bien long.
2. Et puis, de toute façon 😀... ce que nous pensons ou croyons n'a pas grande importance. Ni vous, ni moi, ni M. Berton ni probablement qui que ce soit... en ce sens qu'il m'étonnerait fort que le Divin change son plan selon nos conceptions respectives.
3. Pourtant j'ai tenu à réagir parce que ce propos-là de M. Berton m'est apparu faux, car en contradiction formelle avec l'essence même de toute l’œuvre de Sri Aurobindo et de Mère. Si ce que dit M. Berton est vrai, s'il n'y a aucun paradis possible sur terre, alors tout ce que Sri Aurobindo et Mère on dit et fait est nul et non avenu ; ce qui est pour moi, inconcevable. Je ne pouvais pas laisser passer.
Inconcevable non parce que cela me plaît que cela soit inconcevable. Inconcevable parce que j'ai lu La vie divine et plusieurs autres ouvrages de Sri Aurobindo et que l'argumentation qu'il présente, avec tout le discernement critique dont je suis capable, me paraît irréfutable. En tout cas, autrement plus argumentée que ce que nous dit M. Berton qui, pour réfuter l'idée et la possibilité d'un paradis sur terre, que sur les tentatives ratées des régimes totalitaires. C'est son seul argument. En comparaison des 1000 pages de La vie divine, c'est franchement léger.
Et que dit la tradition chrétienne catholique ?
Et pour terminer, un dernier élément paraît un peu étrange : il semblerait, une fois de plus, que M. Berton méconnaît sa propre tradition religieuse ! En effet, cette idée d'un paradis sur terre, qu'il rejette apparemment en bloc et sans nuance, est pourtant présente dans le catholicisme. J'ai demandé à Grok de me trouver quelques références, et... il y en a – il est vrai, moins sous l'appellation "paradis sur terre" que "parousie" ou plus encore "nouvelle terre". Mais lorsque nous lisons ce qui est dit et annoncé, nous sommes très proches de l'idée d'une sorte de paradis sur terre.
Quelques extraits de ce document :
Apocalypse de Jean : 21, 1-5, traduction officielle liturgique :
« Puis je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’était plus. Et je vis la ville sainte, la Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, parée comme une épouse pour son époux. Et j’entendis une voix forte venant du trône qui disait : "Voici la demeure de Dieu avec les hommes ! Il demeurera avec eux, et ils seront son peuple ; Dieu lui-même sera avec eux, leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus, il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car le monde ancien a disparu." »
*
Isaïe 65, 17-25 :
« Car je vais créer des cieux nouveaux et une terre nouvelle ; on ne se rappellera plus le passé, il ne reviendra plus à l’esprit. [...] Le loup et l’agneau paîtront ensemble, le lion mangera du fourrage comme le bœuf, et le serpent se nourrira de poussière. On ne fera plus de mal ni de violence sur toute ma montagne sainte, dit le Seigneur. »
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Le Catéchisme de l’Église catholique (CEC) aborde la question du "paradis sur terre" dans le contexte de l’eschatologie, en particulier dans les sections sur le Royaume de Dieu et la fin des temps :
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CEC 1042-1045 : Ces paragraphes traitent de la transformation finale de la création. Le CEC affirme que, lors de la Parousie, « l’univers lui-même sera renouvelé » et « la création tout entière participera à la gloire du Christ ressuscité » (CEC 1042). Il précise que « l’univers visible est donc destiné lui aussi à être transformé, "afin que le monde lui-même, restauré dans son état premier, soit, sans plus aucun obstacle, au service des justes" » (CEC 1047, citant Saint Irénée de Lyon).
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CEC 671 : Le Royaume de Dieu, déjà présent dans l’Église, « n’est pas encore achevé "par la puissance de Dieu dans le triomphe sur le mal" ». Le CEC souligne que cet achèvement se réalisera pleinement à la fin des temps, lorsque le Christ reviendra pour établir son Royaume dans sa plénitude.
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Les documents conciliaires, notamment ceux du Concile Vatican II, éclairent cette question :
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Gaudium et Spes (n° 39) : Ce document affirme que « nous ne savons pas le moment de l’achèvement de la terre et de l’humanité, et nous ne connaissons pas la manière dont l’univers sera transformé. [...] Mais il nous est enseigné que Dieu prépare une nouvelle demeure et une terre nouvelle où régnera la justice, et dont la béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent au cœur de l’homme. »
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Lumen Gentium (n° 48) : Ce texte précise que l’Église, en tant que germe du Royaume, attend la « manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ » qui transformera la création entière.
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Certains Pères de l’Église, comme Saint Irénée de Lyon, ont développé une vision optimiste de la création renouvelée. Dans son ouvrage Contre les hérésies (Livre V), Irénée parle d’une restauration de la création où la terre deviendra un lieu de justice et de paix, en lien avec le retour du Christ. Cependant, cette vision reste eschatologique et non millénariste.
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Sainte Hildegarde de Bingen décrit des images eschatologiques, notamment la transformation du monde à la fin des temps. Dans le Scivias (Livre III, Vision 11), elle évoque un renouvellement de la création où Dieu restaure l’harmonie universelle, en lien avec la "terre nouvelle" de l’Apocalypse. Elle parle d’une période de justice et de paix après le jugement final, où la création sera purifiée et glorifiée.
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Sainte Catherine de Sienne, bien qu’elle ne parle pas explicitement d’un "paradis sur terre", elle évoque dans Le Dialogue (chap. 13-15) la restauration finale de l’humanité et du monde à la fin des temps, où Dieu réunira les justes dans une communion parfaite avec Lui. Elle insiste sur la victoire du Christ sur le mal, qui culminera dans l’établissement définitif du Royaume de Dieu. Ses écrits soulignent l’espérance eschatologique d’une création renouvelée, en lien avec la Parousie.
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Saint Jean Bosco, dans certains de ses rêves, notamment le "Rêve des trois époques" (1862), décrit une vision d’un avenir où l’Église triomphera après une période de tribulation, aboutissant à une ère de paix et de sainteté. Bien que ce rêve ne parle pas explicitement d’une "terre nouvelle", il évoque une période de renouvellement spirituel et social sous la guidance divine, souvent interprétée comme une préfiguration de l’accomplissement du Royaume de Dieu.
Pour ceux que cela intéresse, je partage ci-dessous le PDF des réponses de Grok.
En conclusion
Certes, en 2000 ans de christianisme, ces quelques références peuvent sembler bien minces. Toutefois, elles existent et il n'est pas possible de les nier, d'autant que cette promesse de nouveaux cieux et d'une nouvelle terre est très célèbre et je suis à peu près certain qu'il serait possible d'en trouver des allusions dans d'autres religions.
La dernière fois M. Berton évinçait d'un revers de la main l'idée de la Présence divine dans le cœur et cette fois, il rejette sans nuance l'idée qu'un paradis sur terre est possible.
Pourquoi fait-il cela ? Par ignorance ? Je reconnais que son attitude me laisse assez perplexe.
Peut-être est-ce un manque d'humilité ? Après tout c'est un intellectuel, il a écrit des bouquins, il est connu, respecté, invité à parler en public, avec toute l'assurance que donne la réussite, la reconnaissance, le sentiment, apparemment, de savoir...
L’humilité, une parfaite humilité, est la condition de toute réalisation. Le mental est tellement outrecuidant. Il s’imagine tout comprendre, tout savoir. Et s’il agit par idéal pour servir une cause qui lui paraît noble, il est encore plus sûr de lui-même, plus incorrigible, et il est presque impossible de lui faire voir qu’il peut y avoir quelque chose de plus haut encore derrière ses nobles conceptions, son grand idéal altruiste ou autre. Le seul remède, c’est l’humilité. Je ne parle pas de l’humilité de certaines religions, ni de ce Dieu qui rabaisse ses créatures et n’aime les voir qu’à genoux. Quand j’étais enfant, cette sorte d’humilité me révoltait et je refusais de croire à un Dieu qui veut rabaisser sa créature. Il ne s’agit pas de cette humilité-là, mais de reconnaître que l’on ne sait pas, que l’on ne sait rien, qu’il peut y avoir autre chose que ce qui nous paraît actuellement le plus vrai, le plus noble, le plus désintéressé. La vraie humilité qui consiste à se référer constamment au Seigneur, à tout jeter en Lui.
La Mère – Agenda du 21 décembre 1957
C'est très simple, quand on dit aux gens : «Soyez humbles», ils pensent tout de suite à «être humble vis-à-vis des autres hommes», et cette humilité-là est mauvaise. La vraie humilité, c'est l'humilité vis-à-vis du Divin, c'est-à-dire le sens précis, exact, vivant, que l'on n'est rien, que l'on ne peut rien, que l'on ne comprend rien sans le Divin, que même si l'on est un être exceptionnellement intelligent et capable, ce n'est rien en comparaison de la Conscience divine – et ça, on doit le garder toujours, parce que toujours on a la vraie attitude de réceptivité, une réceptivité humble qui n'oppose pas de prétention personnelle au Divin.
La Mère – Agenda du 13 décembre 1967
Ce n'est pas que M. Berton ne dit que des âneries – mis à part des deux aspects que j'ai relevé dans cet article et le précédent, il dit plutôt des choses intéressantes. Et ce n'est pas non plus qu'il n'y a rien de vrai dans les religions, le christianisme, ou le catholicisme, mais c'est plutôt qu'apparemment, certains aspects de la connaissance spirituelle lui échappent, et ce qui est troublant, même quand ils sont issus de sa propre tradition. Mais nous sommes tous ainsi sans doute ; quand nous avons touché un petit bout de la connaissance, cela nous est difficile de nous ouvrir à une connaissance plus grande.
En tout cas, si nous voulons réfuter une idée, une théorie, la moindre des choses est de bien la connaître. Si Sri Aurobindo se trompe lorsqu'il nous dit qu'une vie divine sur terre est non seulement possible, mais l'aboutissement INÉVITABLE de l'évolution, et qu'en plus, il nous dit comment nous pouvons contribuer à cet avènement, la moindre des choses, si nous voulons réfuter ses arguments, c'est d'avoir lu La vie divine qui explique cet avènement divin, ou au moins les 6 derniers chapitres.
De même, si nous nions le fait qu'il soit possible à l'homme d'accéder à de plus hauts niveaux de compréhension, de connaissance, de conscience, la moindre des choses, avant de dire que c'est impossible, est d'avoir lu La synthèse des Yogas, qui est centrée sur les méthodes d'évolution-transformation de notre conscience individuelle.
Essai sur la Guîtâ est aussi intéressant à découvrir dans la mesure où Sri Aurobindo nous dit que la Guîtâ est amenée à libérer l'humanité – peut-être parce qu'il y est question d'une guerre et que l'humanité est en guerre contre des forces qui veulent l'asservir et la détruire. Dans une guerre, il convient d'acquérir certaines qualités, et les propos de Krishna à Arjuna, expliqués par Sri Aurobindo, peuvent s'avérer particulièrement pertinents dans notre situation actuelle.
Et si nous sommes plus intéressés par l'histoire et le développement social des peuples et des nations, Le Cycle humain et L'Idéal de l'Unité humaine sont sans doute les ouvrages les plus adaptés.
Works In French Le Secret du Véda = The Secret of the Veda / Translated from English into French.- 3d Ed.- Pondicherry: Sri Aurobindo Ashram, 2005.- 458 p. L'Agenda de Mère dans 13 volumes ...
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De la philosophie ! laissez-moi vous dire en confidence que jamais, jamais, jamais je n'ai été philosophe18 ..., s'exclamait Sri Aurobindo comme on Lui parlait de son œuvre "philosophique" : "La Vie Divine" n'est pas de la philosophie, mais un FAIT. C’est ce que j'ai réalisé et vu19. (Satprem – Le Matérialisme divin)
18. On Himself, 26.374.
19. Purani, Evening Talks, 1.274
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Pour le reste, je n'ai jamais vu qu'une seule de mes volontés concernant un seul événement majeur dans la conduite des affaires du monde ait échoué à la fin, même si les forces universelles peuvent mettre un long moment à les réaliser. Sri Aurobindo – Lettres à Dilip – 2 novembre 1932