Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

J'ai recommencer à recopier Carnet de Laboratoire et j'ai trouvé des choses si intéressantes que je n'attends pas pour les partager. Les dates notées par Satprem renvoient aux Agendas.

Carnet du 23.11.68 :

 J’ai eu une expérience intéressante : toute l’atmosphère, c’était comme si l’air se changeait en Présence divine. Une douceur à faire fondre un rocher. Et c’est l’expérience du corps physique, matériel, tu comprends ? Tout, tout est plein, il n’y a que ça, et nous sommes comme quelque chose de recroquevillé, comme une écorce desséchée, et c’est pour cela qu’on ne sent pas… C’est la guérison du « dessèchement » que je suis en train de chercher. Je sens que c’est fantastique, tu comprends ?… Le sens de la séparation vient de cela (Mère désigne le front).

Et alors le corps essaye d’être fluide, de se fondre...

Pourquoi vont-ils chercher là-haut ce qui est ici ?… Il faut éviter à tout prix que cela devienne une nouvelle religion.

J’ai eu des jours où j’ai vécu toutes les horreurs de la création, une souffrance physique qui dure jour et nuit, et quand on est dans l’état de conscience de cette Présence exclusive : poff ! douleur partie. On change de conscience : ça revient… Et si on reste assez longtemps dans la vraie conscience, le fait physique lui-même disparaît, non seulement la douleur mais le fait. J’ai l’impression d’avoir touché l’expérience centrale.

On aurait la certitude d’avoir touché le Secret suprême seulement si le physique se transformait – d’après la petite expérience, ce devrait être comme cela, mais est-ce que ce serait d’abord un corps ou est-ce que tout doit se transformer ?...

C’est cela serait qui serait la solution de la transformation : un phénomène de conscience.

Est-ce que tu n’as pas peur de devenir folle ?

Si nous pouvions, cesser de cogiter, de fonctionner avec le front, et trouver comment fonctionner autrement, peut-être à partir du ressenti profond dans la poitrine. Dès que la conscience se focalise dans la tête, soit redescendre tout de suite au niveau de la Présence divine dans le cœur, soit au sommet de la tête et au-dessus. Cela aiderait peut-être à se dessèchement.

Cela fait des années, dans mes méditations que j'observe ces tentatives du corps pour se fondre. Parfois, cela aboutit a des sensations de transparences localisées. Pour le moment, j'essaye surtout en intériorisation, immobilisation, mais c'est peut-être possible dans le mouvement, dans les gestes ordinaires de la vie quotidienne... c'est juste une supposition.

Est-ce à dire que l'ouverture au plans supérieurs du mental illuminé, du mental intuitif, du surmental et du supramental... ne sont plus valables ? Je ne crois pas, mais je n'ai pas encore trouvé l'articulation. En tout cas, nous pouvons changer notre focalisation et chercher dedans, dans le corps, au lieu de chercher là-haut. C'est mon instinct principal depuis toujours, et pourtant, je l'ai souvent restreint parce que Mère a dit que plus nous voulions descendre dans la Matière, plus nous devions nous élever dans la conscience. Et dans ses lettres sur la psychanalyse, Sri Aurobindo a bien insisté qu'il fallait, au préalable à la descente, avoir l'expérience positive de la Lumière...

Les indications laissées par Mère laissent entendre que le processus est parfois pour le moins déconcertant, d'où son insistance par ailleurs sur la nécessité de garder l'équilibre. Et puis les secrets, même avec Mère, semblent s'échapper...

Carnet du 21.12.68 :

La seule chose qui est demandé au corps ; c’est cette immobilité totale, transparente.

Ça tombe bien, c'est ce que j'essaye avec le plus d'assiduité même si ce n'est pas très facile d'essayer quelque chose sans savoir comment faire.

Carnet du 21.12.68 :

C’est comme une démonstration par l’évidence de cette merveilleuse Conscience qui vient où tout cela s’évanouit (douleur, souffrance, maladie…). Une démonstration du Pouvoir pour que tout ce vain rêve de la vie telle qu’elle est puisse se changer en une merveille, simplement avec le retournement de la conscience.

Ce n’est pas un « long procédé » : hop ! hop !… comme quelque chose qui se retourne tout d’un coup. Et toutes les choses sont pareilles, rien n’a bougé, excepté la conscience.

On pourrait dire que le corps a l’impression d’être enfermé comme dans une boite, mais il voit au travers. Une boite universelle.

Jusqu’à quel point le corps peut-il se transformer sans la transformation du tout ? Dans quelle mesure la transformation du tout est nécessaire pour la transformation d’un corps. Cela reste à découvrir.

Il semblerait qu’il faille encore un temps formidable pour que tout soit prêt à changer. Et pourtant, c’est presque une promesse que… il va y avoir un changement brusque.

Alors il faut pousser, pousser, pour attraper le secret.

La conscience supramentale est comme un koan, capable d'épouser les paradoxes. Et effectivement, certains textes nous mettent apparemment d'une complexité inouïe, d'une immense difficulté, et d'autres évoquent une toute petite chose, qu'un tout petit déclic ou mécanisme suffit. Et les deux sont sans doute vrais.

Allons-nous oser à demander le secret ? Par ailleurs, Mère nous dit que la conscience corporelle est très timide.

Bixa orellana – Annato

Le monde nouveau

Le résultat de la transformation.

Carnet du 1.01.69 :

C’est venu lentement : comme une Aurore dorée et légère, très légère. Une atmosphère légère. C’est nouveau. (Plus tard Mère a identifié le phénomène et l’a appelé la « Descente de la conscience du surhomme » ou la « Nouvelle Conscience ».)

Carnet du 15.02.69 :

Jamais le corps n’a été si heureux : ces cellules, d’autres cellules, la vie partout, la conscience partout. Ça se promenait d’un corps à l’autre tout à fait libre et indépendant. Une indépendance cellulaire. Je n’avais jamais vécu cette expérience avant. Depuis 91 ans sur la terre, jamais ce corps n’a senti un bonheur pareil : pas de limites, pas d’impossibilités, rien. Tous les autres corps étaient lui. Seulement un jeu de la conscience… qui se promène.

L'âge de Mère est pour moi l'une des choses des plus encourageantes qui soient. Elle nous démontre en effet que l'âge n'est en aucun cas obstacle aux expériences et au progrès de la conscience. Quel âge avons-nous.

Nous avons là une indication du fonctionnement futur... même si, même avec Mère, il ne pouvait pas durer. Mère ne s'est jamais ARRÊTÉE EN ROUTE... aussi sublime soit l'expérience, elle a continué jusqu'au bout. 

Carnet du 19.02.69 :

Le travail consiste à changer la base consciente de toutes les cellules. Le mouvement du changement de base est… il y a presque un affolement dans les cellules. C’est par groupe de cellule ou par partie de faculté.

Lorsque nous comprendrons ce dont il s'agit, cela sera le signe que nous commençons à toucher le processus. Au départ, nous retenons la formule mentalement... et un jour peut-être, cela sera évident.

Carnet du 12.03.69 :

La conscience corporelle est devenue à la fois individualisée et indépendante, c’est-à-dire qu’elle peut entrer dans d’autres corps : une entrée corporelle dans trois ou quatre personnes.

Et cela change tout à fait l’habitude du corps vis-à-vis des « solutions ». Il n’y a plus de sens de disparition après la « mort » parce que la conscience corporelle est devenue indépendante. C’est-à-dire que dans toute substance physique suffisamment développée pour la recevoir, elle peut se manifester là.

Cette paix tranquille est tout à fait indispensable. S’il y a le moindre désir, la moindre préférence, ou le moindre dégoût, c’est tout gâché. Une impersonnalité complète, alors l’individu peut diriger le Pouvoir sur un point précis et il est multiplié dans la Matière. Une multiplication de Pouvoir. Cela explique pourquoi il y a eu eu des individus dans l’évolution, mais il faut que ces individus perdent tout ce qui a été nécessaire pour se former et qu’ils deviennent divins, alors le résultat sera extraordinaire.

Ça cherche des instruments… J’espère beaucoup dans les petits enfants.

Ainsi, au départ, les sagesses ont fait de la conquête du désir un motif psychologique et spirituel. Mais il y a autre chose derrière, d'autrement plus concret. Ce passage a le mérite d'être extraordinairement clair, limpide : être de plus en plus neutre, impersonnel.

C'est curieux, souvent, la direction est donnée, et la méthode est laissée à notre initiative.

Accepterons-nous d'être des instruments ? Et en aurons-nous la capacité ? Encore que, même si des instruments peuvent être au départ un peu plus stables que d'autres, plus résistants, plastiques, ouverts, etc. je doute que cela fasse grande différence pour la Conscience Nouvelle. 

Carnet du 15.03.69 :

Cette Nouvelle Conscience change les choses, mais les change en les laissant les mêmes ! Je ne sais pas comment expliquer.

Cette conscience a commencé quand le corps a perdu le sens de l’individualité séparée. Cela paraît être la base de la manifestation nécessaire.

Ce changement qui ne change rien est un grand mystère. Là encore, lorsque nous "comprendrons", cela signifiera que nous commençons à toucher le processus. 

Perdre notre individualité ? Encore faut-il l'accepter, et ensuite, il faut trouver comment le réaliser. Ou plutôt, le laisser faire. En tout cas, il doit y avoir un processus et nous pouvons en être plus ou moins conscient.

Carnet du 02.04.69 :

Comme si on était gonflé de puissance. Une lumière d’un or profond comme si on la touchait : si elle passe à travers les doigts, on la sent passer. Et alors cette solidité.

Dès que la conscience humaine voulait s’élever, s’élargissait, ça devenait fluide, transparent, éthéré ; ici, cette Nouvelle Conscience, avec une perception infiniment supérieure à l’autre, est solide et concrète.

Au point que le corps a l’impression d’être une autre personne… Mais ça ne suffit pas.

Effectivement, ça ne suffit pas, aucune expérience en soi ne suffit pas et nous sommes toujours en chemin, en chantier 😃 serait sans doute plus exact...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article