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Dans un article du 4 novembre, je partageais ce passage de l'Agenda du 12 novembre 1964 :

J'ai aussi noté quelque chose, une expérience de ce matin. Ça a duré une demi-heure, et pendant cette demi-heure... (Mère cherche ses notes parmi une série de petits bouts de papier)... Tu sais que les gens qui ont une révélation, tout d'un coup leur état de conscience change, et à ce moment-là, ils ont l'impression que tout est changé ; puis, le moment d'après, ou plus ou moins longtemps après, ils s'aperçoivent que tout le travail... (comment dire ?) d'élaboration est à faire ; que c'était seulement comme un éclair de plus ou moins longue durée et qu'il faut le work it out, il faut que ça s'élabore par un processus de transformation. C'est l'idée habituelle.

Et j'ajoutais le commentaire suivant : ''Ça, je suppose que c'est un phénomène que nous avons tous observé des centaines de fois." J'ai souvent appelé cela les "micro-expériences". Des toutes petites choses, apparemment insignifiantes, qui au moment d'être vécues, donnent pourtant immanquablement l'impression de vivre quelque chose d'important, de tout à fait inhabituel...

Vous êtes conviés à un développement tout particulier de la capacité d’observation afin que tout cela ne se passe pas dans un demi-rêve et que vous ne vous éveilliez pas à une vie nouvelle sans savoir comment les choses se sont passées. Au lieu de vous intéresser à des petits phénomènes psychologiques assez vieux jeu, vous serez en présence de découvertes nouvelles d’un intérêt tout particulier. (Carnet de Laboratoire – Sans date – 1958)

Tu veux des résultats terrestres ? Eh bien, deviens conscient de tes cellules. Des toutes petites choses, des mouvements de conscience dans la Matière, vraiment ahurissants. Seulement, on s’en aperçoit quand on est arrivé à ce degré d’attention tout à fait ténu. Carnet de Laboratoire – 20.11.63

Et dans un article du 26 octobre, à propos d'une énième micro-expérience, j'écrivais : "Cent fois, j'ai remarqué que dès que la chose est vue, comprise, l'expérience se retire. C'est ballot !"

Odontonema tubaeforme – Rouge

Aspiration de la Matière à la direction supramentale

La matière insatisfaite et agitée demande un guide puissant pour la mettre en ordre.

Et hier soir, dans le Livre 2 – Chapitre 22 de La vie divine, j'ai trouvé ce passage où Sri Aurobindo attire notre attention sur "le rôle décisif que jouent les plans supérieurs dans l’évolution terrestre et dans les relations ainsi créées entre ces plans et la conscience de l’âme qui évolue. Pour une très grande part, notre développement s’effectue grâce à cette action, supérieure mais cachée, sur le plan terrestre. Tout est contenu dans l’inconscient ou le subconscient, mais en puissance ; l’action des plans supérieurs est un des moyens qui obligent l’émergence à se produire.

[...]

Ce recours, l’action de cette alliance voilée, a lieu principalement dans notre être subliminal et non à la surface ; c’est de là qu’émerge le pouvoir actif de notre conscience, et tout ce qu’il réalise, il le renvoie constamment dans l’être subliminal pour que cela y soit accumulé et développé, et réémerge plus tard sous des formes plus puissantes.

En clair :

1) c'est de notre être subliminal (dans la partie cachée de notre conscience) qu'émerge "le pouvoir actif de notre conscience", et c'est ce pouvoir qui certainement donne toutes ces micro expériences, ces prises de consciences...

2) "tout ce qu’il réalise, il le renvoie constamment dans l’être subliminal"...

Je m'étonnais, et parfois me désespérais, que les expériences ne restent pas... car nous aspirons à nous réaliser ou à réaliser quelques choses et nous ne pouvons nous satisfaire d'expériences qui ne tiennent qu'une fraction de secondes.

Je comprends maintenant que si ces expériences restaient et se transformaient en réalisation, ce serait une réalisation très partielle, très incomplète : elles ne peuvent pas rester, elles disparaissent pour que cela "réémerge plus tard sous des formes plus puissantes."

Personne ne m'a jamais expliqué ! Il aura fallu "le petit bonheur la chance" qu'un beau jour, ou peut-être une nuit 🙂,  je retombe sur ce passage qui explique si clairement les choses.

Ainsi, pour le moment, le travail se fait à l'arrière plan de notre conscience de surface, c'est là que les choses se nouent et se dénouent, s'organisent et se réorganisent. C'est à l'arrière plan de notre conscience, mais nous pouvons en avoir quelques aperçus, si nous savons être plus attentifs. la morale de l'histoire, peut-être, c'est la nécessité d'une patience qui ne se lasse jamais.

La fin de la citation est encore plus extraordinaire :

Cette interaction de notre être caché plus vaste et de notre personnalité de surface est le secret principal du développement rapide qui s’opère en l’homme une fois qu’il a dépassé les stades inférieurs du mental immergé dans la Matière.

Si nous parvenons à correctement mettre en pratique ce secret... alors notre sadhana va faire un bon en avant.

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